Le Gouvernement du Niger annonce la fermeture de la Zone d’Accueil de Tazalit



Le Gouvernement du Niger a fait part à l’UNHCR de sa décision de fermeture définitive de la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) maliens de Tazalit. Le 6 octobre 2016 une attaque avait causé le décès de 22 militaires en charge d’assurer la sécurité de la ZAR.

Pour les réfugiés de Tazalit, la relocalisation volontaire vers la Zone d’Accueil d’Intikane est aujourd’hui proposée. Sur le terrain, échanges et sensibilisations auprès des réfugiés de Tazalit et d’Intikane sont en cours. Les discussions se poursuivent entre l’UNHCR et les autorités pour définir les modalités techniques et les actions conjointes pour accompagner la mise en œuvre de cette décision dans la sécurité et la dignité des refugies.

3854 réfugiés maliens sont actuellement présents à Tazalit, 18241 à Intikane.

Rupture évitée pour la cantine scolaire d’Intikane


Avec 1384 élèves, (1 192 enfants réfugiés et 192 Nigériens) et 23 enseignants, l’école de la zone d’accueil des réfugiés de Tahoua est aujourd’hui l’école la plus grande de la région de Tahoua. Elle est aussi la plus mixte avec près de 45% de filles. Au regard de la conjoncture actuelle de manque de ressources, et le départ de nombreux partenaires, la cantine de l’école était menacée de fermeture avec pour conséquence la mise en péril des avancées réalisées depuis 4 ans notamment avec un niveau d’enrôlement particulièrement élevé. Dans leur mode de vie semi-nomade, la mise en place de la cantine à l’école d’Intikane a été un puissant déterminant pour les parents d’inscrire et de maintenir les enfants à l’école, pendant qu’eux-mêmes partent en transhumance ou vaquent à d’autres activités.

La situation a aujourd’hui une fin heureuse. L’organisation allemande ADH a débloqué des fonds d’urgence pour assurer 2 repas quotidiens équilibrés sur le plan nutritionnel pour l’ensemble des élevés au titre de l’année scolaire 2016-2017. L’activité est mise en œuvre par l’ONG allemande ASB avec le support de l’ONG nigérienne ADKOUL, gestionnaire délégué de la ZAR d’Intikane.

La cantine va aussi être équipée en foyers et gaz de cuisine, afin de réduire l’utilisation du bois dans cette zone désertique : l’économie de bois pour l’année scolaire étant estimée à 100m3. 17 emplois sont aussi maintenus.

Cet appui permet de ne pas casser la dynamique en cours et offre une alternative en attendant d’aboutir à une solution durable : celle de l’intégration de l’école d’Intikane dans le programme national des cantines scolaires. Cette intégration suppose la transformation de l’école d’Intikane en école publique nigérienne. Les autorités, particulièrement ouvertes pour permettre l’intégration des réfugiés dans les mécanismes nationaux de provision des services de base, ont déjà donné leur aval. Cette intégration suppose une mise aux normes avant l’année scolaire 2018-2019.

Mali-Niger : une frontière entre conflits communautaires, rébellion et djihad


Yvan Guichaoua, est enseignant - chercheur. Sur ce blog, il partageait en Novembre 2015 son analyse autour des mouvements, de leurs causes, de population depuis le Mali et vers le Niger.Lire l'article . La bande frontalière Mali – Niger est une zone particulièrement crisogène. Les récents évènements de Tabareybarey l’ont rappelé.

Dans le monde des ingénieurs de la paix, choisir le nom que l’on donne à un conflit violent, c’est déjà le résoudre en partie. Un conflit labellisé « agriculteurs-éleveurs » se traite par des négociations sur l’usage des ressources naturelles. Une rébellion séparatiste conduit éventuellement à des révisions constitutionnelles (décentralisation, fédéralisme). Les attaques « terroristes » appellent des réponses musclées, car « on ne négocie pas avec des terroristes ».

Le problème est qu’au Sahel, et ailleurs dans le monde, les conflits violents n’ont que rarement une seule dimension. Ils sont enchevêtrés et mobilisent une myriade de protagonistes aux alliances complexes et mouvantes. Leur attribuer un label et, ainsi, suggérer leur mode de résolution exclusif est donc lourd d’erreurs potentielles.

Pour lire l’intégralité de l’article : Cliquez ici

L’UNHCR présente ses condoléances aux familles des victimes de l’attaque de Tabareybraey

Tel que relayé par les medias internationaux (http://www.rfi.fr/afrique/20160911-niger-mali-attaque-camp-refugies-tabarey-barey ), l’attaque ayant visé un poste de sécurité du camp de Tabareybarey a causé le décès de deux réfugiés, une mère de 3 enfants et un enfant de 5 ans, victimes de balles perdues. Cinq autres réfugiés, dont un dans un état grave, se trouvent actuellement à l’hôpital regional de Tillabéry.

L’UNHCR et les autorités se sont rendues auprès des familles endeuillées et au chevet des blessés. Un dispositif d’accompagnement est d’ores et déjà mis en place. Apres l’attaque de Mangaize en octobre 2014, ce nouvel évènement tragique rappelle une fois de plus que la zone reste particulièrement crisogène.

Nouveaux mouvements de réfugiés maliens vers le Niger

Séance d’écoute et de discussion entre les équipes de protection de l’UNHCR et des femmes chefs de famille


Alors que pour répondre aux demandes d’appui au retour vers le Mali de 902 ménages réfugiés (4369 individus), l’UNHCR avait enclenché un nouveau processus de rapatriement facilité au mois de juillet 2016, le camp d’Abala, dans la région de Tillabery, vient d’accueillir en quelques jours près de 1600 nouveaux arrivants.

Des mouvements d’intensité faible mais continues restaient la norme depuis le début de l’année 2016. Un tel mouvement est donc inquiétant. Les nouveaux arrivants, principalement originaires des zones rurales aux nord d’Andremboukane, décrivent un haut niveau d’insécurité résultant de tensions intercommunautaires et affrontements entre groupes armés.

Pour les candidats au retour, observer l’évolution de la situation est aujourd’hui privilégié comme l’indique Edmond Clair Onana, chef de bureau de l’UNHCR à Abala : « pour le mois d’Aout nous avions 227 ménages de 1225 individus qui avaient émis l’intention de retourner mais suite cet afflux massif de nouveaux arrivants sur le camp nous enregistrons un nombre très élevé de demande de report de la date de retour. Il est de l’ordre de 95% ».

Suite à ce nouveau mouvement, le camp d’Abala devrait franchir la barre de 15,500 personnes soit un niveau jamais égalé depuis le début de la crise au nord Mali en 2012, tout comme celui du nombre de réfugiés maliens aujourd’hui au Niger, plus de 62,000.

Facilitation du rapatriement volontaire dans la Zone d'accueil des réfugiés d’Intikane Région de Tahoua/Niger

Signature des VRF – Refugies Maliens d’Intikane, avant de partir au Mali

Crée en avril 2013 à la suite d’une relocalisation réussie d’environ 5,048 personnes accompagnées de leurs animaux, la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) d’Intikane située dans le département de Tillia à 10 heures de route de Niamey la capitale. Au 31 juillet 2016, la ZAR accueille une population de 18,203 individus composés principalement d’éthnies Touareg (97%), Peulhs (2.8%) et Haoussa (0.2%). Toute cette population est nomade et provient des localités maliennes d’Anderanboukane, Ansongo, Abeibara, Gao, Kidal, Inekar et Menaka et pratique l’élevage comme activité principale. Pour plus d’informations d’Intikane, voir : http://unhcrniger.tumblr.com/post/95717877574/new-report-on-intikane-refugee-hosting-area

Suite à la signature des accords de paix au Mali, et du fait du long séjour au Niger, en mai 2016, 9 ménages de 52 individus avaient manifesté auprès de la Direction Générale de l’Etat Civil, de la Migration et des réfugiés, leurs intentions de retour au Mali, malgré la situation précaire.

Des informations sur la situation sécuritaire et services disponibles dans les zones de retour ont été partagées avec les réfugiés en vue de leur permettre de prendre des décisions de retour éclairées lors du counseling de protection fait par le HCR. Ensuite, l’identification des cas de malades chroniques et de mise à jour et documentation des enfants nés au Niger ou scolarisés a été menée par le HCR sur la ZAR. A cette occasion, 10 autres ménages de 64 individus se sont ajoutés sur la liste des candidats au retour facilité portant ainsi les chiffres à 19 ménages de 116 individus pour lesquels une mission d’assistance a été organisée les 5 et 6 Aout 2016.

A la fin de l’opération, seuls 9 ménages de 53 individus tous d’éthnie Touareg ont maintenu leur intention de retourner au Mali et bénéficié de l’assistance. Les autres ménages ont renoncé au motif que la situation sécuritaire dans leurs zones de retour n’est plus favorable.

Parmi les bénéficiaires du rapatriement facilité, un seul cas de maladie chronique a été identifié et référé au CSI ou il a reçu un appui en médicament pour 3 mois. 8 enfants nés au Niger ont tous reçu leurs actes de naissance et 8 autres enfants scolarisés ont reçu leurs certificats de scolarité.

Au total en 2016 (janvier – aout), le HCR a facilité le rapatriement volontaire de 2,147 réfugiés Maliens. Dans le même temps, le Niger a reçu près de 5,000 nouveaux arrivants pendant la premier 6 mois de 2016. La population totale des réfugiés maliens à la fin de juillet 2016 est 60,818 – le nombre le plus élevé jamais enregistré au Niger.

Il en ressort que la stabilisation de la situation sécuritaire au nord Mali reste l’élément déterminant d’un véritable processus de retour.

10.300 réfugiés de retour dans la région de Ménaka

Un camp de réfugiés maliens (crédit photo AFP)


« Comme le Mali organise prochainement ses élections locales, l’UNHCR au Niger observe un plus grand intérêt des réfugiés maliens à opter pour leur rapatriement volontaire. Comme la plupart des réfugiés au Niger viennent du Cercle de Ménaka, la situation dans cette zone est d'une importance particulière pour nous tous. »

Source:
http://www.studiotamani.org/index.php/politique/7401-10-300-refugies-de-retour-dans-la-region-de-menaka

« Si mon mari ose vendre ma bouteille de gaz, je divorce »

Fatima préparant le repas avec le gaz. ©ASB


C’est une petite révolution qui est en cours dans la zone d’accueil de réfugiés d’Intikane et dans le village de Telemces : depuis quelques jours le gaz est arrivé. Il vient du Niger.

Après les camps de réfugiés maliens d’Abala et Tabareybarey via les ONG ACTED et Plan Niger, c’est donc au tour de la zone particulièrement reculée d’Intikane. C’est l’ONG allemande ASB qui vient de surmonter ce défi en collaboration avec l’entreprise nigérienne SONIHY. Près 20,000 personnes, réfugiés et hôtes, sont concernées. Toutes les dispositions sont déjà prises pour que l’accès au gaz perdure bien après la fin de l’intervention.

Depuis 2013, il est apparu incontournable pour l’UNHCR et ses partenaires d’accompagner le passage du bois vers le gaz des ménages réfugiés et de leurs hôtes : le bois est une énergie domestique qui coute entre trois à quatre fois plus cher que le gaz ; le Niger est frappé par la désertification et les tensions autour des ressources naturelles sont fortes ; la collecte de bois expose les jeunes filles et les femmes aux risques et est aussi un frein à la scolarisation des premières et à l’autonomisation des secondes.

A Intikane, Fatima qui devait marcher plus de 40 minutes par jour pour collecter du bois est claire « si jamais mon mari ose vendre ma bouteille de gaz, je divorce ». Le gain de temps pour les femmes lors de la préparation des repas est aussi considérable.

Des interventions similaires sont aussi en cours dans la région de Diffa, dans le camp de réfugiés de Sayam Forage et le camp de déplacés internes de Kabelawa, en attendant dans les prochaines semaines une intervention d’envergure à destination de plus de 140,000 personnes

Rokia Traoré nommée Ambassadrice de bonne volonté régionale pour le HCR


La chanteuse malienne se fera la voix des réfugiés et des personnes déplacées en Afrique de l'Ouest et centrale

GENEVE / DAKAR, 21 mars (HCR) – Le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a annoncé aujourd’hui la nomination de la chanteuse et compositeure malienne Rokia Traoré en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté régionale pour l’Afrique l’Ouest et centrale.

La musicienne, maintes fois primée, travaille avec le HCR pour sensibiliser le public sur la situation des personnes forcées de se déplacer, particulièrement en Afrique, depuis 2013. Elle a rendu visite à des réfugiés maliens au Burkina Faso, a participé à la cérémonie annuelle de remise de la distinction Nansen du HCR à Genève en 2014, et a soutenu la campagne #JExiste pour mettre fin à l’apatridie d’ici à 2024.

Pour marquer sa nomination en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté, Rokia Traoré a produit une vidéo spéciale pour la chanson titre de son nouvel album “Né So,” qui signifie “Chez soi” en Bambara, sa langue maternelle. Elle dédie cette chanson aux réfugiés maliens déplacés par le conflit qui a éclaté en 2012 au nord-Mali, ainsi qu’aux personnes déplacées à travers le monde. Elle a pris conscience du sort de ses compatriotes après avoir visité le Burkina Faso pendant la Journée Mondiale du Réfugié en 2014. Il y a presque 145,000 réfugiés maliens au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger, et 52,000 déplacés maliens à l’intérieur du Mali.

“C’est un honneur d’assumer ce rôle à un moment si crucial pour les réfugiés,” précise Rokia Traoré, qui est née à Bamako, la capitale malienne, “J’ai vu des milliers de personnes déplacées à l’intérieur du Mali et des réfugiés dans les pays voisins qui ont été forcés de quitter leurs maisons, leurs familles et leur environement.”

“Ils ne sont pas seuls » ajoute-t-elle. « Alors que le monde continue d’être témoin d’un nombre record de personnes déplacées à cause de guerres et de conflits, je suis reconnaissante de pouvoir jouer un rôle en attirant l’attention sur cette crise de réfugiés sans précédent en tant qu’Ambassadrice de bonne volonté.” La chanteuse a aussi mentionner les autres crises qui se déroulent actuellement en Afrique de l’Ouest et centrale, telles que celles en République centrafricaine et au Nigéria, qui nécessitent l’attention et les actions de la communauté internationale. Rokia Traoré a joué dans le monde entier depuis la sortie en 1998 de “Mouneïssa” – le premier de plusieurs albums devenus célèbres.

“Nous sommes profondément reconnaissants des efforts de Madame Traoré au nom des réfugiés et des personnes déplacées du monde entier,” a déclaré Valentin Tapsoba, Directeur du Bureau du HCR pour l’Afrique. “Les Ambassadeurs de bonne volonté partagent la vision et les valeurs qui guident le travail du HCR, et Rokia Traoré a déjà inspiré beaucoup d’autres personnes.”

« Les familles n'ont d'autres choix que de s'adapter en trouvant refuge dans les camps nigériens »

Echanges avec un groupe de réfugiés nouvellement arrivés au niveau du village frontalier d’Inates, Région de Tillabery ( Photo : UNHCR)

Mr Yvan Guichaoua, est enseignant - chercheur à l’université de Kent (Royaume-Uni). Ces travaux se concentrent sur la violence politique collective, les dynamiques des groupes armés et la gouvernance informelle en Afrique de l’Ouest avec une attention toute particulière sur le Sahel. Régulièrement contacté par les medias internationaux pour éclairer sur la situation dans le Nord Mali, il partage aujourd’hui son analyse autour des mouvements de population actuels vers le Niger, de la place des réfugiés dans les discussions intercommunautaires en cours et des perspectives pour le nord Mali.

Mr Guichaoua, alors que dans le nord du Mali les tensions semblent s’être radicalement réduites depuis quelques semaines, nous enregistrons au Niger d’importantes arrivées de nouveaux réfugiés. Comment expliquez-vous cette situation ?
La frontière entre le Mali et le Niger est le théâtre de tensions spécifiques, non résolues, qui débordent les cadres de régulation de la violence des groupes armés signataires des accords d'Alger. C'est toute l’ambiguïté de la crise brutale qui touche le Mali depuis 2012 : elle oppose des mouvements du nord à l’état mais en même temps des communautés du nord entre elles. De nombreuses communautés sont parvenues à cesser les hostilités entre elles, à Alger, mais aussi tout récemment à Anefis, dans la région de Kidal. Mais pas celles qui s'affrontent sporadiquement mais violemment depuis de longs mois dans la région de Menaka / Ansongo. Dans cette zone Touaregs Dawsak et pasteurs Peuls (du Mali mais aussi du Niger) règlent de vieux comptes liés notamment à l'usage des ressources pastorales ou à des vols et violences commis les uns contre les autres. Ces litiges ont été exacerbés par la crise politique puisque de nombreux Dawsak ont rejoint les rangs du Mouvement national de libération de l'Azawad (séparatiste) tandis qu'autant de Peuls rejoignaient le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (djihadiste). Ces deux mouvements se sont très violemment affrontés en 2012, allongeant la liste des griefs réciproques entre communautés. Dans cette région, face à ces cycles violents, les familles n'ont d'autres choix que de s'adapter en trouvant refuge dans les camps nigériens.

Pourquoi ces nouveaux déplacements touchent plus le Niger que le Burkina ou encore la Mauritanie ?
Ces “choix” de déplacement tiennent essentiellement au caractère local des heurts et à la distance des refuges offerts. Côté mauritanien, le retour n'est pas massif du fait de la méfiance de nombreux réfugiés vis-à-vis des forces de sécurité maliennes mais on ne constate pas en parallèle dans la zone frontalière avec le Mali d’éruptions de violence qui viendraient grossir les rangs des réfugiés

Quelle place occupe le retour ou la situation propre des réfugiés dans les discussions intercommunautaires qui se tiennent depuis quelques semaines ?
Pour l'instant, on ne peut pas dire que le sort des populations civiles est au cœur des préoccupations des parties qui ont discuté à Alger, puis Anefis. Les négociations portent essentiellement sur la non-agression réciproque, voire d’hypothétiques réparations pour les dommages matériels infligés aux commerçants lors de pillages. Les optimistes diront que cette étape est nécessaire pour pouvoir ultérieurement aborder la question des réfugiés et déplacés. Et de fait, les mouvements armés sont supposés consulter leur base et les populations pour approfondir la réconciliation. La phase actuelle est critique: c'est maintenant que le travail ingrat de refondation de la gouvernance commence. Si les populations ne voient pas rapidement les dividendes de la paix, non seulement la crise humanitaire se prolongera mais on peut aussi envisager de lourdes répercussions politiques et sécuritaires: les mouvements djihadistes qui continuent d’opérer dans la région seront ravis de récupérer les insatisfaits.

Les populations qui arrivent au Niger sont en général des ménages ruraux et vulnérables. Il est possible que la paix à elle seule ne les amène pas à prendre le chemin du retour. Après la conférence de Paris, peut-on espérer que ce processus de développement inclusif tant attendu au Nord Mali, et cela bien avant le début de cette crise, voit le jour dans un futur proche ?
Les bailleurs sont prêts de nouveau à libérer des ressources pour le développement mais ne semblent pas avoir beaucoup plus d’idées qu'avant sur la manière de les dépenser utilement. Les contenus opérationnels des engagements de Paris sont pour le moins vagues. Mais ce n'est pas à la communauté internationale qu'il revient de piloter le processus mais aux parties concernées. On a vu que les règlements communautaires sont encore balbutiants. De leurs côté, les autorités maliennes ne donnent pas de signe fort de volonté de transformation, alors même qu'il a été montré que la crise malienne n'est pas fortuite: elle est le résultat d’années de gouvernance mortifère. La gestion sécuritaire à court terme ne réussira pas à mettre le pays debout.
Pour accéder aux publications scientifiques et autres articles de presses de Yvan Guichaoua : http://kent.academia.edu/YvanGuichaoua