Mali-Niger : une frontière entre conflits communautaires, rébellion et djihad


Yvan Guichaoua, est enseignant - chercheur. Sur ce blog, il partageait en Novembre 2015 son analyse autour des mouvements, de leurs causes, de population depuis le Mali et vers le Niger.Lire l'article . La bande frontalière Mali – Niger est une zone particulièrement crisogène. Les récents évènements de Tabareybarey l’ont rappelé.

Dans le monde des ingénieurs de la paix, choisir le nom que l’on donne à un conflit violent, c’est déjà le résoudre en partie. Un conflit labellisé « agriculteurs-éleveurs » se traite par des négociations sur l’usage des ressources naturelles. Une rébellion séparatiste conduit éventuellement à des révisions constitutionnelles (décentralisation, fédéralisme). Les attaques « terroristes » appellent des réponses musclées, car « on ne négocie pas avec des terroristes ».

Le problème est qu’au Sahel, et ailleurs dans le monde, les conflits violents n’ont que rarement une seule dimension. Ils sont enchevêtrés et mobilisent une myriade de protagonistes aux alliances complexes et mouvantes. Leur attribuer un label et, ainsi, suggérer leur mode de résolution exclusif est donc lourd d’erreurs potentielles.

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Assistance au rapatriement volontaire des réfugiés Maliens au Niger.

Rabi Alassane toute souriante prête pour retourner au pays Photo@UNHCR/Siddo


Rabi, une petite fille Malien âgée de 8 ans, et sa mère sont motivées pour leur départ du Niger vers le Mali. Ainsi la mère affirma qu’elle rejoindra la famille au pays car son marie est rentre de l’exode, « c’est l’occasion pour Rabi de rejoindre son père ces amies d’enfance à l’école primaire du village ».

Le rapatriement volontaire déclenché depuis Novembre 2013 suit son cours dans les camps de réfugiés Maliens vivant au Niger et au niveau du centre urbain de Niamey. Au Guichet Unique (One-Stop-Shop pour les refugies urbain) de Niamey, les opérations de rapatriement volontaire sont effectuées par l’équipe de l’UNHCR, avec le concours des agents de la Direction Régionale de l’Etat Civil et des Réfugiés (DREC). Avant de faciliter les retours, l’UNHCR s’assure que les enfants nés sur le territoire Nigérien obtiennent un acte de naissance et que les enfants réfugiés scolarisés au Niger reçoivent une attestation de scolarité, qui leur permettra de poursuivre leurs scolarités au Mali. Les malades chroniques reçoivent quant à eux une quantité de médicaments couvrant leurs besoins pour les trois premiers mois suivant le retour au Mali ; Tous les candidats au rapatriement reçoivent un Formulaire de Rapatriement Volontaire qui sert à la fois de document d’identité et de document de voyage. Enfin le HCR donne aux réfugiés un viatique de 35.000 FCFA par personne, préalablement au retour.

Pour les réfugiés Maliens qui vivent dans les camps les arguments pour le départ volontaire faciliter par les bureaux du terrain est lies à plusieurs facteurs. Le HCR met à la disposition des réfugiés les informations en sa possession concernant la situation sécuritaire prévalant dans leurs localités d’origine au Mali. Ces informations aident les réfugiés à prendre des décisions informées quant à l’opportunité du rapatriement.

Néanmoins avec ce rapatriement volontaire facilite, depuis Janvier 2016 l’HCR a enregistré 5,002 réfugiés Maliens nouvellement arrivés au Niger, fuyants les hostilités menées par les groupes des insurges dans le nord Mali. Le HCR considère que les conditions générales de sécurités dans le nord-Mali ne sont pas encore propices à la promotion du rapatriement des réfugiés. Ainsi le rôle prépondérant de l’organisation est de faciliter les retours spontanés de réfugiés tout en continuant à apporter la Protection et l’assistance aux réfugiés maliens vivants au Niger.

Un peu d’air frais pour les artisans réfugiés

Le stand des artisans réfugiés lors des journées de l’artisanat


Tazalite, Intikane, Tabareybarey, Mangaize et Niamey. Tous les groupements d’artisans réfugiés maliens sont représentés aux journées de l’Artisanat qui se tiennent en ce moment dans la capitale nigérienne. Tous sauf les groupements d’Abala, sans stock. Avoir du stock suppose d’assurer la régularité des achats de matières premières. Cela suppose aussi en amont que le niveau des ventes permette de réinjecter les fonds nécessaires pour maintenir le rythme de production et cela sans risque pour l’activité et les besoins du ménage. Malgré la permanence d’un système de cotisation au niveau des groupements, la prise de risque est aujourd’hui impossible. Les produits, de grande qualité, sont aujourd’hui souvent bradés.

Lorsqu’ils étaient au Mali, assurer la permanence d’un stock n’était pas un problème. Joaillerie, maroquinerie, sculpture sur bois, l’artisanat Touareg est particulièrement reconnu. On ne trouvera pas un salon de l’artisanat en Afrique de l’Ouest et du Nord sans un stand qui y est consacré. Leur réseau en Europe est aussi dense. « Lorsqu’il y avait une foire à l’étranger, nous nous organisions pour constituer ensemble suffisamment de stock. On se cotisait aussi pour envoyer les produits à l’étranger et même assurer le transport, parfois en avion, pour l’un d’entre nous » explique Agidid artisan du camp Mangaize. Il rajoute : « une fois j’étais en France dans une foire et mon voisin de stand, un Sénégalais qui n’avait pas ses papiers, me demandait pourquoi je n’en profitais pas pour rester. Je lui avais répondu que je n’avais pas besoin de ça car j’étais bien au Mali et que je gagnais bien ma vie ». Agidid sort alors un carnet avec des photos de ces anciennes œuvres dont des « trônes » achetés par certains chefs d’état africains parmi lesquels Mouammar Kadhafi.

A gauche, le siège acheté par Muhammad Kadhafi


Le conflit dans le Nord Mali a provoqué une rupture brutale de leurs activités et de leur réseau, si précieux pour les artisans. « Lorsque la guerre a éclaté, nous avons fui sans rien prendre, même pas un bout de papier. Nous avons perdu tous les numéros de la plupart de nos contacts en Afrique et en Europe ».

Au niveau de leur stand à Niamey, les réfugiés artisans ont reçu la visite et les encouragements du Ministre Nigérien de Tourisme et de l’Artisanat et de l’Ambassadrice des États-Unis au Niger. L’Ambassadrice a d’ailleurs promis d’y envoyer une délégation. Apres quelques journées, la recette n’est pas mirobolante. Le marché de l’artisanat au Niger est d’ailleurs moribond depuis que l’insécurité a anéanti l’industrie touristique. Mais pour les artisans réfugiés, l’essentiel est ailleurs : pouvoir exposer de nouveau leurs produits, se retrouver et échanger sur leur situation. Après le dernier jour d’exposition, rendez-vous est déjà pris avec l’UNHCR pour continuer à rechercher des solutions pratiques. Les représentants des artisans d’Abala vont venir à Niamey pour l’occasion.

Fin de la relocalisation des réfugiés d’Inates vers Tabareybarey


839 réfugiés maliens présents sur le village frontalier d’Inates ont fait le choix d’être relocalisés vers le camp de Tabareybarey. La relocalisation est aujourd’hui achevée. Près de 2000 personnes étaient attendues (http://unhcrniger.tumblr.com/post/137681327244/newly-arrived-malian-refugees-settle-in-to ). Nombreux sont les ménages qui ont préféré rester à Inates ou se rendre ailleurs qu’à Tabareybarey car ils trouvent le camp peu propice au maintien des activités pastorales, principal moyen de subsistance de ces populations. Le camp de Tabareybarey compte aujourd’hui plus de 10,200 personnes soit 20% de plus qu’en 2015 à la même période.
De l’organisation aux témoignages des réfugiés, nous vous proposons une vidéo pour mettre des images et des mots sur ce processus de relocalisation.

First Tripartite Commission Meeting holds in Bamako Première réunion de la commission tripartite entre le Mali, le Niger et le HCR le 12 juin à Bamako

Following the provisions of the first Tripartite Agreement on May 3, 2014 in Niamey for the voluntary repatriation of Malian refugees, the Tripartite Commission met for the first time on June 12 in Bamako. The commission which is charged with overseeing the implementation of favorable voluntary repatriation of Malian refugees adopted its internal rules and regulations and expressed its commitment to reinforce protection monitoring in northern Mali. This is in a bid to follow up on the ongoing peace and stability efforts and to ensure safety and dignity for returning refugees. When conditions would have been fully met in the future, “go and see visits” for refugees and “come and tell visits” for returnees and notables to enable the refugees take informed decisions would be facilitated. .

Comme prévu par l'Accord Tripartite du 3 mai 2014 de Niamey sur le retour volontaire des réfugiés, la Commission Tripartite s'est réunie pour la première fois le 12 juin à Bamako. Cette commission qui veille à la mise en place des conditions favorables au rapatriement volontaire des réfugiés maliens, a fixé son règlement intérieur, et s'est engagée à renforcer le monitoring de protection au Nord Mali. Ceci afin de suivre les efforts de stabilisation pour assurer un retour dans la dignité et la sécurité des réfugiés. Il est notamment prévu à l'avenir, lorsque les conditions seront réunies, d'organiser des visites entre les camps au Niger et les zones de retour au Mali (go-and-see visits, come and tell visits) pour renforcer l'information des réfugiés avant de prendre leur décision

Pour plus d'information, lire le communiqué conjoint
UNHCR meets with partners and donors L'UNHCR réunit ses partenaires et donateurs

On Thursday May 29, 2014, UNHCR organized an information sharing meeting with donors represented in Niger. Representatives of Mali and Nigeria also attended the meeting. The meeting updated the donors on the evolution of the Malian and the Nigerian situations and presented the responses of UNHCR and its partners in terms of protection and assistance. A highlight of the exchange was the need to strengthen synergies between all actors involved with displaced populations (humanitarian, development, communities and the authorities).

Le jeudi 29 mai, l'UNHCR a organisé une réunion d'échange et d'information à destination des donateurs ayant une représentation au Niger. Les représentations du Nigéria et du Mali ont également participé à cette rencontre. Cette réunion a permis de faire le point avec les donateurs sur les évolutions des situations malienne et nigériane et de présenter les réponses de l'UNHCR et de ses partenaires en termes de protection et d'assistance. Un point saillant des échanges a été la nécessité de renforcer les synergies entre l'ensemble des acteurs engagés auprès des populations déplacées (humanitaire, développement, communautés et autorités).

Mali, Niger and the UNHCR sign agreement on repatriation of Malian refugees Le Mali, le Niger et le HCR signent un accord sur le rapatriement des réfugiés maliens

On 3 May 2014, the governments of Mali, Niger and UNHCR signed the tripartite agreement for the voluntary repatriation of Malian refugees. UNHCR welcomes the conclusion of this agreement which provides a legal framework to support spontaneous returns already underway since 2013 and which provides additional protection to returnees.
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Le 3 mai 2014 les Gouvernements du Mali, du Niger, et le HCR ont signé l’accord tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés maliens. Le HCR se réjouit de la conclusion de cet accord qui offre un cadre juridique pour accompagner les retours spontanés déjà amorcés depuis 2013, et qui apporte une protection supplémentaire aux rapatriés.
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De droite à gauche, les représentants du HCR, du gouvernement nigérien et du gouvernement malien procédant à la signature de l'accord. ©UNHCR/A.Belaskri

Looking Back: UNHCR’s Challenges in 2013

In 2013, conflict and natural disaster forced people to flee their homes in places like Syria, the Philippines, Democratic Republic of the Congo, Mali and South Sudan. UNHCR was able to help millions of the affected people, but this would not have been possible without the special partners who supported the agency’s life-saving work.

Fin 2013, la perception d'une sécurité retrouvée reste très contrastée au Nord du Mali. Alors que certains réfugiés ont décidé de rentrer, d'autres arrivent fuyant des affrontements créant un sentiment général d'insécurité chez les populations transhumantes. Au Niger, dans les zones d'accueil d'Intikane et de Tazalite, plus de 2 000 nouveaux réfugiés maliens sont arrivés.