Soigner les plus vulnérables : orphelins à Brazzaville

Articles d'actualité, 12 septembre 2011

© HCR/D.L.Biciu
Les enfants à l'orphelinat doivent participer à la préparation des repas et au nettoyage.

BRAZZAVILLE, Congo, 12 septembre (HCR) Durant sa vie courte mais traumatisante, Alphonse a été forcé de fuir son pays, il a perdu sa Maman et a été accusé de sorcellerie. Toutefois ce réfugié âgé de 12 ans est désormais entouré et pris en charge.

Il vit au Centre d'Insertion et de Réinsertion des Enfants Vulnérables (CIREV), l'un des cinq orphelinats financés par le HCR dans la capitale du Congo et qui prend en charge les enfants orphelins les personnes les plus vulnérables parmi les vulnéralbes.

Les parents d'Alphonse étaient originaires du Rwanda, mais il est né en exil. Il y a environ 10 ans, il est arrivé à Impfondo au nord du Congo avec sa mère et son beau-père. Après leur arrivée, sa mère est décédée. Alphonse a été abandonné au bureau du HCR d'Impfondo.

Il avait été placé dans une famille d'accueil qui l'a rejeté, l'accusant de sorcellerie une dénonciation récurrente au Congo, car c'est un moyen de se décharger de la responsabilité d'élever un enfant ou de soigner une personne âgée. Cela signifie également qu'Alphonse a été ostracisé, jusqu'à ce que le HCR n'intervienne et ne le place au CIREV.

Les orphelinats comme le CIREV, un établissement public, ne peuvent promettre un brillant avenir aux bénéficiaires, comme les enfants des rues, mais ils fournissent un hébergement, de la nourriture, une éducation, la solidarité et la protection. Par ailleurs, les enfants peuvent s'identifier à d'autres enfants et se faire des amis, parmi les Congolais ou les réfugiés.

« Malheureusement le suivi psychologique est inexistant ici », explique Barthelemy Peya, le Directeur du CIREV, en soulignant également le manque d'infrastructures et de personnel spécialisé dans les orphelinats, où de nombreux enfants, tout spécialement les réfugiés, ont besoin d'une aide psychologique pour soigner un traumatisme profond. « Tout ce que nous pouvons faire, c'est les garder aussi longtemps que possible, selon nos moyens », ajoute-t-il.

La plupart des orphelinats à Brazzaville sont gérés par des congrégations religieuses, y compris le centre d'accueil « Notre Dame de Nazareth ». Cette habitation est devenue une maison de fortune pour les petits malheureux. Sur 500 m² environ, cour comprise, s'entassent quelque 52 enfants, de quelques mois jusqu'à 17 ans. Leurs activités quotidiennes tournent autour des cours scolaires dans un espace improvisé, apprendre à faire la cuisine, le ménage et des jeux. Parmi eux, 12 sont enregistrés comme réfugiés auprès du HCR Congo.

« Les enfants sont amenés chez nous par les travailleurs sociaux, les paroisses, la police », explique Soeur Marie-Thèrese, maître des lieux. « Nous n'avons pas les moyens pour faire face à tous les problèmes, mais notre défi majeur n'est pas seulement d'arriver à les nourrir et abriter correctement, mais surtout de les élever dans le respect d'autrui. »

Agée de 11 ans, Yvette, qui est également rwandaise, vit au centre Notre Dame depuis deux ans avec ses deux frères et ses sœurs. Elle aime les mathématiques et le français. Elle est animée d'un réel esprit de compétition. Lors de la visite du HCR, elle s'est plainte de n'être que deuxième de sa classe de français.

La même situation règne au Centre Yamba Ngai. L'infrastructure modeste abrite 42 enfants, y compris des nourrissons. La capacité d'accueil est de seulement 20 places. « Nous fonctionnons à plus de 100% de nos moyens réels », souligne Soeur Marie Lourdes, la responsable. « Mais nous ne pouvons pas laisser les enfants à la rue, ce sera encore pire pour eux. Nous sommes devant le mur et, pour passer, nous devons souvent le casser. » Six petits réfugiés de Burundi, deux garçons et quatre filles, entre 4 et 13 ans, ont été placés ici par le HCR Brazzaville. Frères et sœurs, ils ont été abandonnés devant le bureau du HCR, un soir de mai 2011, et une solution d'urgence a dû être trouvée.

Les activités de protection pour les enfants sont organisées depuis 1998, après les guerres civiles qui ont secoué toute la région de l'Afrique centrale. Au Congo, le HCR prend en charge des enfants réfugiés non seulement à Brazzaville en milieu urbain, mais aussi à Bétou et Impfondo en milieu rural. Dans ce cas, ils sont placés exclusivement en familles d'accueil, car les centres d'accueil n'y existent pas. Au total, 214 enfants réfugiés orphelins, séparés de leurs familles ou non accompagnés bénéficient de l'aide du HCR.

« Le HCR fait son possible pour aider les centres d'accueil des enfants à travers les enfants réfugiés qui y sont placés », explique Esther Benizri, chargée de protection au HCR de Brazzaville. « En effet, il est difficile d'aider un enfant réfugié et de ne rien faire pour les autres. » Le but principal est d'assurer, autant que possible, des conditions minimales de bien-être. Le HCR mène également des enquêtes d'évaluation, pour établir l'intérêt supérieur de l'enfant, afin de l'aider à trouver une solution durable pour son avenir.

Par Daniela Livia Bîciu à Brazzaville, Congo

• FAITES UN DON •

 

• COMMENT NOUS AIDER • • RESTEZ INFORMÉS •

Enfants

Les enfants représentent près de la moitié de la population relevant de la compétence du HCR. Ils ont besoin de soins spécifiques.

Rapatriement en RDC depuis l'Angola

Le HCR a repris le programme de rapatriement librement consenti pour les réfugiés angolais vivant en République démocratique du Congo (RDC). Quelque 43 000 Angolais ont fait part de leur souhait de rentrer chez eux dans le cadre d'un projet qui avait été suspendu il y a quatre ans pour diverses raisons. Un premier groupe de 252 civils angolais a quitté le 4 novembre 2011 le centre de transit du HCR de la ville de Kimpese, à l'ouest de la RDC. Ils ont traversé la frontière quelques heures plus tard et ont été chaleureusement accueillis par des fonctionnaires et des habitants de Mbanza Congo. Au cours des deux premières semaines de l'opération de rapatriement, plus de 1 000 réfugiés angolais sont rentrés chez eux depuis la province du Bas-Congo à l'ouest et de Katanga au sud. Sur les 113 000 réfugiés angolais vivant dans les pays de la région, 80 000 sont hébergés par la RDC.

Rapatriement en RDC depuis l'Angola

Exode de réfugiés congolais vers le Rwanda

Pendant la première décade de mai 2012, plus de 6500 réfugiés sont arrivés au Rwanda en provenance de la République démocratique du Congo (RDC), fuyant les combats entre l'armée congolaise et des troupes en rébellion. En coopération avec divers partenaires de Nations Unies et avec les autorités rwandaises, le HCR s'est employé à fournir à ces réfugiés une aide humanitaire dès le début de la crise, et aussi à trouver une solution au problème dans l'attente d'un retour sûr.

Certains des réfugiés ont marché des jours pour rejoindre Goma-Gisenyi, une ville à cheval sur la frontière et point de passage entre la RDC et le Rwanda, en emportant quelques maigres effets - matelas, vêtements et peut-être un ou deux jouets pour les enfants. Les photos présentées ici ont été prises à la frontière ainsi qu'au centre de transit de Nkamira, situé à 22 kilomètres de là en territoire rwandais. Les possibilités d'accueil de ce centre sont médiocres : 5400 personnes seulement peuvent y trouver place, de surcroît dans des abris de fortune. Cependant, la population y croît sans cesse à mesure que de nouveaux réfugiés franchissent chaque jour la frontière.

Exode de réfugiés congolais vers le Rwanda

Kigémé : Pour les réfugiés congolais, un lieu d'accueil façonné dans les collines

Au Rwanda, le camp de réfugiés de Kigémé, dans la Province du sud, a dû être rouvert en juin 2012. En effet, depuis la fin avril, des milliers de civils congolais ont franchi la frontière pour échapper aux affrontements armés opposant les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo (RDC) aux rebelles du mouvement M23. Implanté le long d'une colline préalablement terrassée, le camp accueille actuellement une population de plus de 14 000 réfugiés. Il n'a pas subi de contrecoup notable après les récents combats dans l'est de la RDC, lors desquels le M23 s'est emparé de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de s'en retirer. Tandis que la plupart des réfugiés adultes habitant le camp appellent de leurs voeux une paix durable dans leur région, les jeunes désirent quant à eux poursuivre leur scolarité. Par centaines, ils suivent donc des cours de rattrapage en vue d'intégrer le système rwandais d'instruction primaire et secondaire, ce qui exige d'apprendre des langues qu'ils ne parlent pas. Dans un camp où plus de 60% de la population est âgée de moins de 18 ans, cet enseignement aide des enfants traumatisés à aller de l'avant, à s'instruire et à nouer des amitiés.

Kigémé : Pour les réfugiés congolais, un lieu d'accueil façonné dans les collines