Grâce à l'alphabétisation, des réfugiées centrafricaines au Congo améliorent leur avenir
Articles d'actualité, 19 décembre 2013
Bétou, Congo, 18 décembre (HCR) – Le Congo accueille déjà près de 11 000 réfugiés centrafricains depuis le début des affrontements à Bangui en mars 2013. La plupart de ces réfugiés vivent désormais à Bétou, un petit village du département de la Likouala, au nord du Congo.
A leur arrivée, le HCR et ses partenaires ne leur offrent pas seulement un toit ainsi que des vivres et des soins médicaux mais aussi l'accès à une éducation de base et à une formation professionnelle. Grâce à ces programmes, des centaines de femmes centrafricaines apprennent à lire et à écrire en français.
Les réfugiés centrafricains au Congo arrivent depuis Bangui, la capitale, ou encore des villages de la Lobaye, la région frontalière avec le département congolais de la Likouala. Souvent, ils arrivent à Bétou après plusieurs jours de marche en forêt ou de navigation sur le fleuve Oubangui. Plus de la moitié d'entre eux sont des femmes. Comme dans toutes les guerres, les femmes centrafricaines ont été les premières à fuir pour protéger leurs enfants des exactions et des pillages.
« Parmi les réfugiées centrafricaines dernièrement arrivées, 95 % sont analphabètes », commente Fredy Yamandé, animateur social chez AAREC, une ONG partenaire du HCR. Dans un pays longtemps déchiré par la guerre civile, l'accès à l'éducation primaire n'est pas toujours garanti en République centrafricaine.
La majorité des femmes issues des zones rurales n'ont pas terminé l'école primaire. « Pour moi, l'école, ça n'a jamais été plus que cette porte lointaine que j'apercevais dans mon village et que je n'ai jamais pu franchir ! » raconte Bénédicte, en souriant. Bénédicte a 30 ans, elle est venue se réfugier à Bétou le 13 décembre 2013, accompagnée de ses quatre enfants, de son mari et des familles de ses amies Sylvia et Jannis, originaires du même quartier de Mbata, une localité de la Lobaye. « Moi, j'ai dû arrêter l'école au CM2, quand j'ai eu mon premier bébé. Du coup, je ne me rappelle de rien du tout ! » ajoute Sylvia, 22 ans.
Les réfugiées centrafricaines sont pour autant conscientes de l'importance de maîtriser la langue française. L'accès à l'alphabétisation améliorerait leur avenir et celui de leurs enfants. « Même si nous sommes cultivateurs, nous devrions au moins pouvoir lire ce qui est écrit sur l'emballage des médicaments que nous donnons à nos enfants ! » regrette Jannis, 25 ans, mère de quatre enfants.
Grâce au HCR, leur exil au Congo est l'occasion de changer cette situation. Depuis septembre 2013, le HCR et son partenaire AAREC offrent à tous les Centrafricains d'assister à des cours d'alphabétisation au sein du centre Refoso, une initiative locale créée en 2009. Des centaines de réfugiés de la République démocratique du Congo (RDC) voisine exilés eux aussi à Bétou en ont déjà profité.
« Les bénéficiaires peuvent intégrer trois niveaux selon leurs connaissances préalables. Les débutants sont encadrés par des professeurs qui maîtrisent le français et le sango, parlé en République centrafricaine, ou le lingala, parlé en RDC, pour que tout le monde se sente à l'aise », explique Fredy. Parmi les formateurs, trois réfugiés centrafricains ont été récemment recrutés pour renforcer l'équipe de Refoso composée de quatre formateurs de la RDC et de deux ressortissants congolais.
Les cours ont lieu tous les jours de la semaine dans trois lieux différents : soit dans l'un des deux sites aménagés par le HCR, soit dans l'un des quartiers du village où 60% des Centrafricains ont trouvé des familles d'accueil, des parents proches ou éloignés, auprès desquels séjourner pendant l'exil.
A Bétou, Sylvia, Bénédicte et Jannis pourront non seulement apprendre à lire et à écrire, mais aussi à coudre, à coiffer, à tricoter ou encore à entretenir un maraîchage. Leurs enfants pourront intégrer les écoles publiques du village aux côtés des enfants congolais. Ce n'est pas seulement leur avenir mais aussi celui de la République centrafricaine qu'elles construiront pendant leur exil au Congo.
Par Louise Culot, à Bétou