Les réfugiés, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et les apatrides sont en première ligne de l’urgence climatique. Nombre d’entre eux vivent dans des zones climatiques sensibles, où ils ne disposent généralement pas des ressources nécessaires pour s’adapter à un environnement de plus en plus inhospitalier.
Catastrophes naturelles et déplacement
Au cours de la dernière décennie, les événements météorologiques ont déclenché en moyenne 21,5 millions de nouveaux déplacements* chaque année – plus de deux fois plus que les déplacements causés par les conflits et la violence.
*Le terme de « nouveaux déplacements » fait référence au nombre de mouvements observés. Une personne peut être contrainte de se déplacer plus d’une fois, chaque mouvement comptant pour un nouveau déplacement.
La plupart des personnes déplacées par des catastrophes restent dans leur pays d’origine, vivant souvent dans des zones fortement exposées aux risques météorologiques, tels que les inondations et les tempêtes. Certaines d’entre elles ne peuvent pas rentrer chez elles et deviennent des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, tandis qu’un plus petit nombre cherche la sécurité dans d’autres pays et peut avoir besoin d’une protection internationale.
Multiplication des risques
Outre les effets directs de catastrophes plus fréquentes et plus intenses sur les déplacements forcés, le changement climatique accentue d’autres facteurs de déplacement, à savoir l’aggravation de la pauvreté, l’insécurité alimentaire, les pénuries d’eau et l’accès à d’autres ressources naturelles dont dépendent les communautés pour leur survie.
Ces phénomènes multiples frappent les économies des pays ainsi que les revenus des ménages individuels, ce qui laisse les communautés vulnérables avec une capacité limitée et une aide gouvernementale insuffisante pour pouvoir se remettre sur pied. Associés à des facteurs politiques et socio-économiques, ils peuvent pousser les pays dans une succession de crises et exacerber l’instabilité et les vulnérabilités préexistantes.
Le HCR fournit protection et assistance aux réfugiés et autres personnes déplacées par les effets du changement climatique et les aide à accroître leur résilience face aux futures catastrophes.
Pacte Mondial sur les réfugiés
Le Pacte mondial sur les réfugiés, adopté à une majorité écrasante par l’Assemblée Générale des Nations Unies en décembre 2018, aborde expressément les déplacements dus au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Il reconnaît que « le climat, la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles interagissent de plus en plus avec les facteurs des déplacements de réfugiés ».
« Nous devons investir dès maintenant dans les mesures de préparation afin d’atténuer les besoins de protection futurs et d’empêcher de nouveaux déplacements liés au climat. Attendre que les catastrophes surviennent n’est pas une option. »
Filippo Grandi, Commissaire des Nations unies pour les réfugiés
Les régions les plus menacées
La majorité des personnes relevant de la compétence du HCR résident dans les régions les plus menacées au monde, telles que :
L’action climatique du HCR
Le HCR appelle les Etats à prendre des mesures urgentes et collectives pour lutter contre le changement climatique et atténuer son impact sur la vie et les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes à travers le monde. Nous exhortons également les Etats à renforcer leur protection et leur assistance en faveur des personnes déracinées par les catastrophes et les effets du changement climatique.
En janvier 2020, le Haut Commissaire pour les réfugiés a nommé Andrew Harper Conseiller spécial pour l’action climatique afin de piloter le programme d’action climatique du HCR, qui se concentre sur trois domaines principaux :
« Réfugiés climatiques » ?
Le terme « réfugié » est définit comme tout personne qui, « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité » (Convention de 1951 relative au statut des réfugiés). Dans certains cas, la définition s’étend aux personnes fuyant des « événements troublant gravement l’ordre public » (Convention de l’OUA de 1969, Déclaration de Carthagène de 1984).
Le changement climatique affecte les personnes à l’intérieur de leur propre pays et entraîne généralement des déplacements internes avant de contraindre les populations à se déplacer au-delà des frontières. Dans certaines situations, les critères pour l’obtention du statut de réfugié de la Convention de 1951 ou les critères plus larges des cadres juridiques régionaux peuvent être applicables. Certaines personnes peuvent notamment prétendre au statut de réfugié lorsque les effets du changement climatique interagissent avec le conflit et la violence. À partir de son étude « In Harm’s Way », le HCR a publié en 2020 des considérations juridiques pour guider l’interprétation et orienter le débat international à ce sujet. Néanmoins, le terme « réfugié climatique » n’est pas reconnu par le HCR, et il serait plus juste de parler de « personnes déplacées par les catastrophes naturelles et le changement climatique ».