Cameroon

Cameroun : Extrême-Nord, Rapport de situation No. 28, décembre 2022 – janvier 2023

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Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période duer décembre 2022 au 31 janvier 2023. Le prochain rapport sera publié en mars 2023.

FAITS SAILLANTS

• Entre décembre 2022 et janvier 2023, plus de 5 300 personnes se sont déplacées à cause de l’insécurité dans la région.

• Les personnes affectées par les inondations ont amorcé leur retour dans leurs localités d’origine à la suite du retrait continu des eaux.

• Le ministère de la Santé publique a annoncé la fin de l’épidémie de choléra dans la région. Toutefois, la surveillance épidémiologique se poursuit.

• Deux cas de polio de type vaccinal ont été enregistrés dans les districts de santé de Mokolo (Mayo-Tsanaga) et de Yagoua (Mayo-Danay).

• Plus de 1 300 réfugiés nigérians du camp de Minawao ont été rapatriés en janvier 2023.

CONTEXTE HUMANITAIRE

L’insécurité causée par les attaques répétées de groupes armés non-étatiques (GANE) a perduré dans les départements de Mayo-Sava, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari en décembre 2022 et janvier 2023. Selon des sources sécuritaires, au moins 53 incidents impliquant les GANE ont été rapportés en décembre 2022 et 57 en janvier 2023, soit une augmentation notable par rapport à novembre 2022 (43 incidents). Il s’agit généralement d’incursions et attaques dans des villages, ainsi que des embuscades sur les axes routiers, particulièrement les jours de marché. Les localités situées à proximité des monts Mandara (Mayo-Sava et Mayo-Tsanaga) ainsi que du Lac Chad ont continué d’être les plus affectées, en dépit des nombreuses actions des forces de défense et de sécurité (FDS).

A cela s’ajoute la criminalité rurale et urbaine qui est restée élevée, particulièrement dans le Mayo-Sava, et dans les villes de Kousseri et Maroua. Comme cela est souvent observé, une augmentation d’incidents liés à la criminalité a été observée à la veille des fêtes de fin d’année et du Nouvel an. Des tensions et violences intercommunautaires isolées, autour des activités agro-pastorales et du pouvoir coutumier, ont également été rapportées à travers la région, particulièrement dans le Logone et Chari et dans le Mayo-Sava. Dans la plupart des cas, l’intervention des autorités locales a permis de contenir rapidement la situation. L’impact de ces incidents, particulièrement ceux liés aux attaques des GANE sur les populations civiles, reste très important. Au moins 27 civils ont été tués, 31 blessés, et 32 enlevés1 généralement avec demande de rançon. A cela s’ajoutent les pillages de bétail, de récoltes et d’autres biens des populations locales.

L’une des conséquences majeures de cette insécurité se traduit par la persistance des déplacements des populations. Entre décembre 2022 et janvier 2023, le mécanisme de réponse rapide (RRM) a enregistré plus de 5 300 personnes nouvellement déplacées à travers la région. Des déplacements transfrontaliers sont également rapportés. Au 31 janvier 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a fait état de plus de 16 000 camerounais2 qui ont trouvé refuge au Nigeria depuis juillet 2022, fuyant l’insécurité dans les localités frontalières du Cameroun. Le HCR a également rapporté l’arrivée continue de ressortissants nigérians, en moyenne 300 nouveaux réfugiés par mois, dans son centre de transit de Bourenguel, non loin du camp de réfugiés de Minawao. Ces arrivées concernent en grande majorité des Nigérians qui vivaient déjà sur le territoire camerounais (hors camps) et qui ont été obligés de se déplacer à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire dans leurs zones d’accueil. Des personnes nouvellement arrivées du Nigéria, et qui ont fait face à la même dynamique sécuritaire, sont également concernées. En collaboration avec les autorités camerounaises et nigérianes, le HCR a facilité les 20 et le 24 janvier 2023, le rapatriement volontaire de plus de 1 300 réfugiés nigérians (soit 340 ménages) du camp de Minawao vers certaines zones du Nigéria.

Trois mois après la fin des inondations, les populations ont engagé depuis décembre 2022, une dynamique de retour vers leurs localités et villages d’origine. Les inondations entre août et octobre 2022 avaient affecté plus de 314 000 personnes dans les départements du Logone et Chari (227 620), dans le May- Danay (85 141) et dans le Mayo-Tsanaga (1 337). Les sites de recasement temporaire dans la ville de Kousseri (Logone et Chari), qui abritaient plus de 28 700 personnes déplacées internes (PDI), sont en cours de désengorgement. Néanmoins, bien que le pourcentage des départs soit compris entre 45 et 98%, les départs restent moins importants sur le site de Goré qui n’a enregistré que 10% de retour sur les 6 354 PDI qu’il abritait. Cela se justifierait par la proximité de la localité de provenance et du fleuve Logone qui permet aux PDI de continuer leurs activités agricoles, de pêche ou de commerce. Toutefois, un nombre important de ces PDI a entamé la fabrication des briques pour la reconstruction de leurs maisons. Bien que les inondations soient terminées, les impacts sur le long terme restent une préoccupation pour les communautés affectées qui peinent à reprendre une vie normale. Les besoins en abris, en vivres et en eau, hygiène et assainissement (EHA) ont été identifiés comme prioritaires dans les zones de retours. Par ailleurs, au regard du caractère cyclique des inondations dans la région, il est indispensable que des actions concertées et coordonnées de réduction des risques soient mises en place en vue de limiter les impacts futurs. Une des inquiétudes de la communauté humanitaire est liée au fait que dans beaucoup de cas les personnes affectées retournent dans des zones connues pour être à risque d’inondation. Le retrait des eaux dans l’ensemble des zones touchées a également permis la reprise progressive des mouvements des humanitaires par voie routière vers les différentes zones préalablement inaccessibles, notamment les localités de Makary,
Mada, Fotokol, Blangoua et Hilé Alifa. Une évaluation de la route Maroua- Kousseri passant par Zina et Logone Birni est, par ailleurs, envisagée comme voie alternative à la route nationale numéro 1 qui passe par Waza.

Sur le plan sanitaire, le système de gestion des incidents (SGI) choléra a déclaré la fin de l’épidémie de choléra dans la région à la fin de janvier 2023. En effet, aucun nouveau cas n’a été rapporté après le dernier enregistré à Kolofata le 9 décembre (plus de 6 semaines sans nouveau cas). Au total, 503 cas, dont 18 décès, ont été rapportés au cours de cette épidémie déclarée en janvier 2022 dans les districts sanitaires de Fotokol, Kolofata, Mada, Makary, Mokolo et Mora. La région étant à risque permanent d’épidémie, le centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies (CERPLE) a décidé de maintenir la surveillance épidémiologique de la maladie. Par ailleurs, les districts de santé de Mokolo (Mayo-Tsanaga) et de Yagoua (Mayo-Danay) ont enregistré deux cas de polio de type vaccinal respectivement en décembre 2022 et en janvier 2023. Les autorités sanitaires, appuyées par les partenaires humanitaires, ont organisé la première phase de la campagne de vaccination de riposte du 27 au 29 janvier 2023. D’autres phases sont planifiées pour les prochains mois.

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