Ce rapport a été produit par OCHA, en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 31 octobre 2022. Le prochain rapport sera publié en janvier.
FAITS SAILLANTS
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Plus de 4 500 personnes ont été forcées de se déplacer au cours du mois d’octobre à la suite des conflits dans la région.
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Le Ministère de la santé publique a notifié 271 cas de choléra et 14 décès au 31 octobre dans les districts de santé de Fotokol, Mada, Mokolo et Mora.
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Plus de 38 000 ménages (200 072 personnes) sont affectés par les inondations dans les départements du Mayo-Danay, Mayo-Tsanaga et Logone et Chari.
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Plus de 18 200 maisons et des milliers d’hectares de champs ont été détruits, ainsi que 126 établissements scolaires inondés dans les départements affectés par les inondations.
CONTEXTE HUMANITAIRE
La région de l’Extrême-Nord reste marquée par la persistance des activités des groupes armés non-Etatiques (GANE), ainsi que des opérations militaires menées par les forces de défense et de sécurité (FDS) avec comme conséquences des pertes en vies humaines, des enlèvements, de nombreux dégâts matériels ainsi que des mouvements des populations. Dans le département du Logone et Chari, une tendance à l’augmentation des attaques des GANE visant des pêcheurs est particulièrement observée. Toutefois, c’est le département du Mayo- Sava qui a enregistré le plus grand nombre d’incidents sécuritaires. Environ 4 513 personnes se sont déplacées suite aux conflits au cours du mois d’octobre, et leurs besoins restent peu couverts en raison des faibles financements et de l’accès limité aux zones concernées.
Les tensions intercommunautaires dans la localité de Goudou-Goudoum dans le département du Mayo-Kani ont également entrainé le déplacement d’environ de 250 ménages vers le canton de Kadaye entre le 4 et le 6 octobre. Ce département, sensible aux conflits intercommunautaires, fait l’objet d’un suivi particulier par les autorités à travers des descentes de sensibilisation sur le vivre ensemble et la paix afin de prévenir la dégradation de la situation.
Une épidémie de choléra a été confirmée dans la région en octobre 2022. Redoutée depuis des mois à cause de la proximité avec Nigeria voisin où sévissait déjà l’épidémie, le district de santé de Fotokol dans le département du Logone et chari a été le premier à être affecté. Par la suite, les districts de santé de Mora et Kolofata (Mayo- Sava), Mokolo dans le camp des réfugiés de Minawao (Mayo-Tsanaga), Mada (Logone et chari) ont été touchés. Au 31 octobre, le Ministère de la santé publique (MINSANTE) a notifié 14 décès et 271 cas, dont la grande majorité provenait du camp des réfugiés de Minawao (112 cas) et le site des personnes déplacées internes (PDI) de Magdeme dans le district de Mora (94 cas). Une réunion de crise a été convoquée et présidée par le Gouverneur de la région le 17 octobre, avec l’ensemble des parties prenantes y compris les humanitaires afin de faire le bilan de la situation et coordonner la réponse. La mobilisation des acteurs humanitaires aux côtés des services techniques de la santé et de l’eau et énergie, a permis d’apporter une réponse rapide et efficace face à l’épidémie. Les appuis divers dans la surveillance épidémiologique et les investigations, le renforcement des capacités diagnostiques des laboratoires par la fourniture des réactifs et de tests de dépistage rapide (TDR), la mise à disposition de ressources humaines, le renforcement des capacités du personnel, la fourniture en intrants eau hygiène et assainissement (EHA), l’appui à la prise en charge des cas, et les activités visant la prévention et le contrôle de l’infection, y compris les campagnes de sensibilisation et de vaccination se poursuivent.
Concernant les inondations qui ont commencé depuis le mois d’août, une baisse du niveau des eaux est observée suite à l’arrêt des pluies dans le département du Mayo-Danay tandis que la tendance est à la détérioration de la situation dans le Logone et Chari, qui connait des crues avec des impacts importants. Dans la ville de Kousseri, une dizaine de quartiers sont totalement ou partiellement inondés. Plus de 150 villages des arrondissements de Zina, Logone Birni, Makary et Blangoua sont également inondés et plusieurs autres menacés. Les impacts évalués sont d’environ 18 276 maisons détruites, 126 établissements scolaires inondés privant 32 813 enfants (15 826 filles) à d’accès à l’éducation, 27 400 hectares de champs détruits, 5 886 animaux morts, 294 points d’eau inondés et 1 194 latrines englouties. Les inondations au Tchad voisin ont également entrainé le déplacement de plusieurs ressortissants tchadiens qui ont trouvé refuge aux cotés des PDI installés dans 10 sites de recasement mis en place par les autorités locales dans la ville de Kousseri. Selon les premières évaluations menées par le mécanisme de réponse rapide (RRM) ainsi que plusieurs acteurs, les besoins prioritaires des populations affectées par les inondations sont l’EHA, les vivres, les abris et les articles ménagers essentiels (AME). Les acteurs humanitaires sous la coordination de OCHA accompagnent les autorités à tous les niveaux dans la réponse aux 38 031 ménages affectées par les inondations.
Avec l’arrêt des pluies, une relative amélioration de l’accès physique est observée dans les arrondissements Makari (via Biamo), Blangoua et Logone Birni (centre). En revanche, les arrondissements de Zina et Fotokol ne sont accessibles que par voie fluviale. Dans le Mayo-Danay, des attaques des pirogues par les hippopotames ont occasionné la mort de deux personnes par noyade. Cette situation dissuade de plus en plus le recours à la voie fluviale comme alternative. Par ailleurs, les déplacements via le Tchad voisin ont été suspendus suite aux tensions signalées à la suite des manifestations populaires contre le régime de transition. La suspension a été levée en fin octobre après le retour de l’accalmie.
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