Ethiopie: Une nouvelle loi aide les réfugiés à déclarer les événements de la vie
Les réfugiés peuvent désormais recevoir des certificats de naissance, de décès et de mariage, une première historique qui leur accordera un meilleur accès aux services.
ADDIS ABABA, Éthiopie - Ariat Ochocka Odulla berce dans ses bras son bébé de 18 jours, Angakuny. Trop petit pour comprendre les aléas de la vie, il est l'un des premiers réfugiés, accueillis de longue tradition en Ethiopie, à recevoir un certificat de naissance. En l'absence de ce document essentiel pour elle-même et ses autres enfants, Ariat a pu se rendre compte combien il est difficile d'accéder aux services de base en tant que réfugiée à Addis-Abeba.
Lorsqu'elle est allée enregistrer sa fille dans une école d'Addis-Abeba, on lui a demandé de produire son certificat de naissance.
« Je leur ai dit que je n'en avais pas car je suis une réfugiée du Soudan du Sud », a-t-elle expliqué. Elle a dû frapper à plusieurs portes avant d'être finalement aidée par le directeur de l'école. Il a compris sa situation et a écrit une lettre officielle à l'école. « Ma fille ne sera enregistrée qu’à cette condition. C'est pourquoi les certificats de naissance sont si importants. »
Ethiopie: Grâce à une campagne d'enregistrement historique, les réfugiés déclarent les événements les plus importants de la vie (Dana Hughes, productrice / Diana Diaz, rédactrice en chef)
Ariat a fui sa maison à Malakal, au Soudan du Sud, lorsque la guerre civile a éclaté en 2013. « Nous avons vu des gens mourir dans notre région. Les morts nous ont fait peur et nous avons dû fuir », a-t-elle déclaré. Elle avait trois enfants à l'époque. « J'ai porté mon plus jeune bébé dans un panier sur ma tête, j'ai enveloppé mon autre enfant dans le dos et je me suis enfuie pour sauver ma vie », ajoute-t-elle. Fuyant aux côtés d'un groupe de femmes avec leurs enfants et d'autres personnes blessées par balles, elle a été séparée de son fils aîné et de son mari qui ont fui dans une autre direction.
Des années plus tard, Ariat est désormais témoin d'un tournant crucial dans son long voyage pour la survie. Pour elle et plus de 883 000 réfugiés vivant en Éthiopie, l'accès aux documents juridiques enregistrant des événements de la vie - tels que les certificats de naissance et de décès, les livrets de mariage et les jugements de divorce - leur permet de reconstruire leur vie et de faire partie de la société.
« Ces certificats sont le seul moyen de nous identifier. »
« En veillant à ce que les réfugiés soient inclus dans le système national d'enregistrement, le Gouvernement éthiopien a fait un grand pas en avant dans l'amélioration de l'environnement de protection des réfugiés en Éthiopie », a déclaré Clementine Nkweta Salami, la Représentante du HCR en Éthiopie, lors de la cérémonie de lancement à Addis-Abeba. Des documents ont également été délivrés aux réfugiés dans chacun des 26 camps et autres zones urbaines où ils résident.
Cette nouvelle politique s'inscrit dans le cadre d'un engagement pris il y a un peu plus d'un an par tous les membres de l'Assemblée générale des Nations Unies. L'Éthiopie a pris neuf engagements concrets conformément au Cadre d’action global pour les réfugiés (CRRF). La réalisation de l'Engagement en matière de documentation est un jalon important qui aidera les réfugiés à accéder aux services essentiels ainsi qu’aux possibilités de formation professionnelle et d'emploi.
« Auparavant, la politique menée par l'Éthiopie était simplement basée sur la prise en charge et l'accueil des réfugiés dans les camps », a déclaré Ato Zenynu Jamal, directeur adjoint de la Commission éthiopienne pour les réfugiés. « Cela montre que notre engagement constant se poursuivra envers nos voisins qui fuient les conflits, les catastrophes créées par l’homme et les désastres naturels. »
Plus de la moitié des réfugiés en Éthiopie sont des enfants de moins de 18 ans. Avec cette première historique pour l'Éthiopie, l'avenir de bébé Angakuny et de 70 000 autres enfants réfugiés nés ici au cours de la dernière décennie sera plus prometteur.
« Je suis très heureuse que mon fils soit parmi les premiers réfugiés sud-soudanais à avoir été reconnu et qu'on lui ait remis un document juridique », a déclaré Ariat.
« Ces types de documents sont les seuls moyens dont nous disposons pour être identifiés et avoir accès aux quelques services que nous recevons. C'est comme s’ils nous accordaient la vie, ils sont notre identité. »