Middle East

Environnement opérationnel

 
Les conflits armés et les déplacements à grande échelle qu’ils provoquent continuent de caractériser la sous-région du Moyen-Orient. Les situations d’urgence de niveau 3, qui impliquent l’ensemble du système, déclarées par le Comité permanent interorganisations (IASC) pour l’Iraq, la République arabe syrienne (Syrie) et le Yémen, demeurent en vigueur, toutes les trois s’étant encore aggravées en 2017, une tendance qui risque de se confirmer en 2018.
 
En Iraq, les conditions de sécurité et l’environnement de protection restent fluctuantes, avec de graves risques pour la protection des Iraquiens déplacés, des déplacés internes rapatriés et des réfugiés. En dépit du succès de la reprise du Gouvernorat de Ninewa en août 2017, plus de 833 000 personnes demeurent déplacées en raison de la crise de Mossoul, et ont besoin de protection et d’assistance. Le pays continue de faire face à de multiples crises humanitaires, avec l’opération militaire en cours à l’ouest du Gouvernorat d’Anbar et la poursuite des violences dans les territoires disputés. Même si l’on constate un regain d’intérêt pour les retours, l’environnement de  protection pour les civils reste précaire du fait des risques sécuritaires qui persistent, des destructions massives des bâtiments et des infrastructures essentielles, de la peur suscitée par les groupes armés progouvernementaux et du danger d’attaques à l’encontre de personnes qui semblent avoir des liens familiaux avec des extrémistes. Le HCR continuera d’améliorer l’espace de protection dans les camps et les zones urbaines, en apportant une assistance aux personnes vulnérables et en cherchant une solution pour tous les groupes relevant de sa compétence.
 
En Israël, malgré quelques formes limitées de protection dont bénéficient les demandeurs d’asile érythréens et soudanais, il est à craindre que l’environnement de protection ne se détériore encore, avec la poursuite de l’application de politiques et de législations destinées à encourager les départs.
 
La Syrie connaît actuellement la plus vaste crise humanitaire et de réfugiés au monde. Le conflit en est à sa septième année, avec 6,15 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Plus de 1,3 million de personnes ont été nouvellement déplacées pendant le premier semestre de 2017. Au total, 13,5 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire et il reste essentiel de disposer d’un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave. En septembre 2017, plus de 5,1 millions de réfugiés syriens étaient enregistrés en Égypte, en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie.
 
Malgré les conditions de sécurité incertaines en Syrie, quelques zones de relative stabilité apparaissent. On estime que 600 000 déplacés internes et plus de 30 000 réfugiés sont spontanément rentrés chez eux pendant le premier semestre 2017. Néanmoins, les conditions de retour dans la sécurité et la dignité ne sont pas encore réunies et le HCR n’encourage ni ne facilite le retour des réfugiés en Syrie pour le moment. L’organisation accroît la protection et l’assistance en Syrie, des déplacés internes et des réfugiés, qui peuvent rentrer spontanément et volontairement, tout en poursuivant ses programmes en faveur des déplacés internes et des personnes récemment déplacées.
 
Dans les pays d’asile, le Plan régional pour les réfugiés et la résilience (3RP) demeure l’outil régional de coordination et de planification pour répondre aux besoins de protection et de résilience des réfugiés syriens en Égypte, en Iraq, en Jordanie, au Liban et en Turquie. En 2018, le plan 3RP se concentrera, comme par le passé, sur la recherche d’innovations et il s’emploiera à favoriser l’efficacité, tout en encourageant des synergies entre la résilience et la programmation humanitaire.
 
La crise humanitaire au Yémen s’est aggravée en 2017, exacerbée par la menace d’une famine et une flambée majeure de choléra. Le rythme des frappes aériennes et des affrontements armés a connu une nette escalade, qui a entraîné de nouveaux déplacements, de très nombreuses pertes civiles et une crise aiguë de protection. 
 
Le déclin persistant et qui va en s’aggravant de la situation économique du Yémen, l’effondrement des services essentiels et la destruction des infrastructures ont avant tout affecté les civils, avec 20,7 millions de personnes qui ont maintenant besoin d’une assistance humanitaire ou d’une protection, soit une augmentation de près de 2 millions depuis la fin de 2016. L’accès humanitaire continue d’être menacé par l’insécurité qui règne dans le pays, les retards et les interférences dans la fourniture de l’assistance humanitaire. En 2018, la situation au Yémen devrait rester caractérisée par une situation d’urgence complexe et prolongée, avec des besoins humanitaires sans précédent.
 
Près de deux millions de civils sont déplacés à l’intérieur du pays, dont 84 pour cent depuis plus d’un an. Quelque 950 000 déplacés internes ont regagné leur région d’origine, parfois dans des conditions précaires. Le HCR et ses partenaires ont observé une augmentation des besoins de protection, avec un nombre inégalé de personnes ayant recours à des mécanismes d’adaptation négatifs, en particulier face à une insécurité alimentaire galopante et la poursuite du conflit.
 
Le Yémen accueille aussi plus de 280 000 réfugiés et demandeurs d’asile, principalement originaires de Somalie, qui souffrent de l’escalade du conflit, de l’insuffisance des services essentiels et de la dégradation économique, autant de facteurs qui ont affaibli l’environnement de protection. Malgré la guerre et l’insécurité qui rendent les conditions dans le pays peu propices à l’asile, on estime que quelque 60 000 personnes sont arrivées au Yémen en 2017. Le HCR a donc entrepris d’élargir la portée d’une campagne régionale d’information, afin de sensibiliser aux risques de la traversée depuis la Corne de l’Afrique vers le Yémen et à l’intérieur du pays déchiré par la guerre.
 
Dans ce contexte, le HCR a commencé à appliquer un programme d’aide au retour volontaire des réfugiés somaliens au Yémen  et continuera en 2018 de porter assistance aux réfugiés à travers ce programme.
 
Dans le cadre de la réponse aux déplacés internes, le HCR étant responsable des modules de la protection, et des abris/articles non alimentaires/ et de la coordination  et de la gestion des camps, il continuera d’aider toutes les personnes relevant de sa compétence, y compris les déplacés internes, les déplacés internes rapatriés et les membres de la communauté hôte. Le HCR continuera à diriger l’intervention multisectorielle et de protection pour les réfugiés et les demandeurs d’asile en milieu urbain, de même que dans le camp de réfugiés de Kharaz, dans le but de maintenir l’espace d’asile actuel.

Réponse et mise en œuvre

 
Les opérations en Iraq, en Israël, en Jordanie, au Liban, en République arabe syrienne et au Yémen sont présentées dans des pages distinctes.

Dans le contexte des six pays du Conseil de coopération du Golfe, le HCR collaborera avec les gouvernements, les institutions nationales et le secteur privé pour élargir l’espace de l’asile et de la protection au bénéfice des personnes relevant de sa compétence. Il encouragera un engagement multilatéral élargi et mènera des initiatives de plaidoyer visant à guider le discours public. En parallèle, le HCR collaborera étroitement avec les organisations de la société civile, par le biais du Réseau de la société civile pour les déplacements, ainsi qu’avec des organisations régionales, notamment la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique, pour explorer des domaines de coopération destinés à relever les défis du déplacement des populations dans la région.