L’Université de Diffa s’engage pour l’avenir de sa région



Dans des contextes de crise humanitaire, l’attention se focalise très souvent, pour faire bref, sur « ce qui ne va pas ». Diffa n’échappe pas à cela. Pourtant, loin des clichés et du fatalisme, dans cette région, bel et bien debout après plus de 3 années extrêmement éprouvantes, les initiatives, les innovations, la vitalité intellectuelle et culturelle sont omniprésentes. L’Université de Diffa en est le parfait exemple. Malgré son existence récente, elle insuffle une dynamique ancrée dans son environnement lui permettant de jouer un rôle important dans l’accompagnement la région à se projeter dès aujourd’hui vers l’avenir. Tisser des relations avec le monde universitaire est un élément important pour l’UNHCR. Au Niger, l’organisation collabore avec les Universités de Niamey et Tahoua, notamment pour l’accueil des élèves réfugiés maliens ou pour offrir des terrains de stage aux étudiants. Elle est en contact régulier avec l’Université d’Agadez particulièrement engagée dans les problématiques migratoires. Afin d’améliorer sa maitrise du contexte d’intervention à accompagner la dynamique en cours, l’UNHCR entend progressivement renforcer sa collaboration avec l’Université de Diffa.

Environnement, écologie, agronomie sont les principaux domaines que couvre l’Université de Diffa, mais son engagement va bien au-delà. Le Professeur Ali Mahamane est le recteur de l’Université de Diffa. Ce blog lui a donné carte blanche pour qu’il nous présente les actions menées par l’Université.

Première promotion d’étudiants de l’Université


L’Université de Diffa a été créée par la Loi n°2014-40 du 19 Août 2014 avec comme mission de relever les défis environnementaux et écologiques. Les responsables ont été nommés le 16 janvier 2015. L’installation de l’Université de Diffa a démarré au moment même où la secte Boko Haram attaquait la ville de Diffa le 6 Février 2015. Mais ces attaques n’ont pas empêché la poursuite des activités de l’Université dont l’un des rôles est la prise en charge des problèmes de la société. Pour que la population se sente, soutenue moralement l’Université de Diffa a organisé un atelier international de validation des curricula de ses offres de formations à Diffa les 23, 24 et 25 août 2015 en présence des éminences de 14 Universités de la Sous - Région Ouest Africaine. Ceci a permis de décrisper un tant soit peu la psychose créée par Boko Haram et montrer qu’à Diffa on peut organiser une rencontre internationale dans la quiétude.

Par la suite, les Autorités Administratives Régionales de Diffa ont posé la question de savoir : quelle pourrait être la contribution de l’Université de Diffa pour le retour de la paix dans le bassin du Lac Tchad ? Ces Autorités ont souligné qu’à leur avis, la communauté scientifique doit et peut nécessairement s’impliquer car elle peut apporter une contribution pour accompagner les succès militaires. Afin de concrétiser sa mission de service publique devant prendre en charge les préoccupations pressantes de la société, toute la communauté universitaire de Diffa a salué cette volonté des Autorités Régionales d’impliquer l’Université de Diffa dans la résolution du conflit dans le Bassin du Lac Tchad.

C’est ainsi que l’Université de Diffa a organisé du 2 au 4 Novembre 2015 à Diffa un «Colloque international sur la culture de la paix dans le Bassin du Lac Tchad ». Plus de 100 participants relevant de 19 Universités, 14 Institutions nationales et internationales et 7 ONG et Associations nationales et internationales en provenance de 11 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Espagne, Etats Unis d’Amérique, France, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Tchad) ont pris part à ce colloque. L’objectif du colloque était d’une part de proposer des idées qui seront soutenues par les partenaires pour accompagner les populations et d’autre part de mettre en place un réseau sous régional à même d’organiser des colloques tournants sur les 4 pays (Cameroun, Niger, Nigeria et Tchad) afin de mener une réflexion permanente sur les questions de paix et de développement dans le Bassin du Lac Tchad.

Au cours du colloque, plus de 14 communications sont présentées, suivies des travaux dans trois (3) commissions, ce qui a permis de formuler vingt deux (22) recommandations, déclinées en cadre logique, adressées aux Autorités des pays membres du bassin de Lac Tchad, aux Partenaires Techniques et Financiers, aux ONG et Associations et aux Chercheurs afin que chacun joue un rôle déterminant dans l’accompagnement des populations victimes de l’extrémisme violent. Les Actes du Colloque, le Rapport Général et le Cadre Logique ont été édités grâce à un financement du PDEVII/USAID.

Pour un suivi efficace et permanent de la mise en œuvre des recommandations, nous avons mis en place une Cellule Paix et Développement à l’Université de Diffa. Cette cellule évoluera à terme vers un Institut International pour la Paix, le Dialoque et le Développement (2IP2D) dont l’argumentaire a été remis à la hiérarchie. A la suite du colloque de novembre 2015, l’Université de Diffa a organisé un « Symposium international sur la sécurité dans le Bassin du Lac Tchad » les 14 et 15 mai 2016 à Diffa, symposium qui a vu la participation des chefs traditionnels et des Commandements des détachements militaires des 4 pays du Bassin du Lac Tchad (Cameroun, Niger, Nigéria, Tchad).

L’Université de Diffa a bénéficié d‘un renforcement de capacité suite à un séjour aux USA du 16 au 21 mai 2016 du Recteur dans le cadre du International Visitor Programme (#IVLP) pour rencontrer plusieurs Institutions en charge d’étudier et de prévenir l’extrémisme violent. Aussi, l’Université de Diffa a participé activement à diverses rencontres sur la Paix, la Sécurité et le Développement au Niger et dans les pays de la sous Région : (1) Colloque d’inauguration des activités du Centre National d’Etudes Stratégiques et de Sécurité (CNESS) à Niamey, les 25 et 26 juillet 2016 ; (2) Sommet Régional de la jeunesse sur la lutte contre l’extrémisme violent à Maiduguri, Nigeria, du 28 au 30 novembre 2016 ; (3) Colloque Régional sur la Radicalisation et l’Extrémisme Violent au Sahel organisée par la Mission des Nations Unies pour le Mali et le Sahel (MISAHEL) et le G5 Sahel à Niamey du 8 au 10 décembre 2016 ; (4) Workshop sur l’engagement des acteurs de la société civile dans les programmes de réhabilitation et de réinsertion des délinquants extrémistes violents et le retour des combattants terroristes étrangers, les 13 et 14 décembre 2016 à Lagos, Nigéria.

L’Université de Diffa collabore avec les Autorités Régionales, les Organisations de la Société Civile, les ONG et Associations qui interviennent sur le terrain dans la Région de Diffa. Les activités se rapportent au renforcement des capacités des communautés villageoises en agro-écologie, en agroforesterie, des séances de sensibilisation sur la Régénération Naturelle Assistée (RNA), sur la protection de l’environnement, la gestion rationnelle et la surveillance des ressources pastorales et hydriques, appui à la restauration et le renforcement des moyens d’existence et à la relance des activités économiques, la gestion de conflits et le renforcement de la cohésion sociale.

Production de plants en pépinières par les étudiants de l’Université de Diffa


Ambitions et projets futurs pour l’Université de Diffa : (1) améliorer la connexion internet compte tenu de notre situation géographique pour un échange permanent avec le reste du pays et du monde, (2) assurer une meilleure visibilité et le rayonnement de l’Université de Diffa à travers des animations scientifiques permanentes, des formations de qualité, des publications scientifiques de haute facture, (3) exécuter le Plan stratégique que nous avons élaboré pour l’Université jusqu’à l’horizon 2025 avec l’aide de nos partenaires, (4) mettre en place un Incubateur qui consiste en des fermes expérimentales qui contribueront au développement de l’entreprenariat des jeunes et même de formation de courtes durées à l’intention des déscolarisés et des non scolarisés qui vont maitriser parfaitement les techniques agricoles. Ces jeunes à leur tour vont disséminer, par la pratique, ces différentes techniques et contribuer ainsi à résorber le désœuvrement des jeunes qui ne seront plus tentés par des aventures aux lendemains incertains (exode rural, migrations clandestines, trafic et consommation des stupéfiants, enrôlement par des groupes extrémistes, etc.). La réussite de ces jeunes contribuera à booster le taux de scolarisation et dans un bref avenir le développement socioéconomique de la Région toute entière ; (5) comme on l’a fait en son temps avec le colloque sur la culture de la paix dans le bassin du Lac Tchad, nous comptons organiser un Symposium international sur la déradicalisation et la réinsertion des repentis à Diffa dans les tous prochains mois pour accompagner la nouvelle dynamique amorcée par les plus Hautes Autorités de notre Pays.
Professeur Ali Mahamane
Recteur de l’Université de Diffa http://www.univ-diffa.ne

IKEA Foundation and UNHCR put ‘Better Shelters’ to the test in the Diffa region

IKEA designed “Better Shelters” in Maine Soroa, Diffa Region

In the region of Diffa, UNHCR have been providing emergency shelter assistance to vulnerable refugees and displaced persons since the first refugees crossed the border fleeing Boko Haram violence in Northern Nigeria in 2013. In 2016 alone, over 65,000 people in the Diffa region benefitted from UNHCR emergency shelters.

However, it is widely agreed that emergency shelters are not a long-term or sustainable solution, particularly in such harsh climatic conditions, with temperatures often reaching as high as 48 degrees Celsius in the dry season, regular sandstorms, and flooding in the rainy season. Made of plastic sheeting, sticks of wood and rope, emergency shelters are estimated to last just 6 months. With around 250,000 displaced spread across the region, 4 years since the arrival of the first forcibly displaced, humanitarian actors are constantly battling to meet the needs. . In view of this “Sisyphean task”, many of those involved in the response (field actors and donors) are now displaying the first signs of weariness. For UNHCR, to engage in both transitional and long-term solutions is thus essential.

To innovate and improve, humanitarian organizations must seek out alternative solutions, creating partnerships with actors other than the traditional ones. Truly innovative solutions can be found, when experts from varying fields work together to address a problem. This is what led not-for-profit IKEA Foundation and UNHCR to work together over the past five years, to develop a longer-lasting ‘flat pack’ shelter. These new ‘Better Shelters’ have received much praise from both humanitarians and beneficiaries, and were awarded the ‘Beazley Design of the Year’ award from London’s Design Museum for 2016.

The UNHCR operation in Niger received 100 IKEA designed ‘Better Shelters’ in 2016. In November, UNHCR shelter experts provided training to refugees and field staff on the construction of ‘Better Shelters’. The shelter can be assembled by four people in just four hours. These shelters have a longer life-span than emergency shelters – estimated to be at least 3 years. With an interior space of 17.5 sq m, these shelters are composed of a steel frame with insulated polypropylene panels. A solar panel on the roof provides four hours of light, and allows mobile phone charging via a USB port. In remote areas like Diffa, access to electricity is a radical change.

Composition of an IKEA flat pack ‘Better Shelter’ for refugees

“Fati Boulama is a displaced person with Niger nationality. She had been living in Nigeria prior to the outbreak of conflict and was forced to return. She is now living with her husband and her three children in the town of Maine Soroa, not far from the Nigeria border. She benefited from the UNHCR “urbanization program” which not only provides housing but also plots and deeds in a legal and sustainable manner. Fati has her own plot, but until some weeks ago was living in a makeshift hut made of straw. She recently received an IKEA house and is extremely happy: “this shelter protects me and the children from the cold and from the rain. Before we were always worried when the cold season and the rainy season approached”. Fati, her husband and three children, intend to settle in Niger permanently.

Fati Boulama, Nigerien returnee, mother of 3 children, with her husband, at the site of Guidan Kadji, with their new IKEA / UNHCR ‘Better Shelter’

Traditionally, houses in the Diffa region were made using just mud. This helps to regulate the temperature – producing heat inside during the cold season, and keeping the interior cool during the hot season. However, most houses are now made using mud for the walls but with metal sheeting for the roof. When discussing the benefits of the IKEA ‘Better Shelter’, Fati pointed out that “the metal sheeting increases the heat in the interior of the houses during the hot season. This new shelter is made from better material; it protects us well from the rain. We received our shelter during the rainy season, now we will wait to see how resistant it is to the heat”.

It is important that relationship between UNHCR and IKEA foundation grows and adapts. In the UNHCR Niger operation, standard shelter kits are gradually being adapted to the local context by the refugees themselves. For the ‘Better Shelters’, an initial assessment will be undertaken in the hot season to gather feedback and ideas from the refugees, which can be shared with IKEA Foundation, to grow and improve the response. Some interesting things have already been observed, such as refugees using their solar panels to earn a small amount of money, by charging a small fee to neighbours to recharge their phones. The evolution/transformation of the ‘Better Shelters’ will be observed with interest, with the goal of providing a better service.

Malian Refugees from Tazalite welcomed by refugee community in Intikane following voluntary relocation

Young malian refugees prepare to depart from Tazalit to Intikane refugee hosting area in the Tahoua region, as part of a voluntary relocation process, January 2017 (Boubacar Siddo, UNHCR)


Malian refugees who have been residing in the ‘refugee hosting area’ of Tazalit, many for over 4 years, are currently moving towards the second hosting area of Intikane, following the decision of the Government of Niger to close Tazalit hosting area. In October 2016, a violent attack was carried out against the military security point at Tazalit, which resulted in the tragic loss of 22 military personnel. For security reasons, the Government took the decision in November to close the hosting area, giving the refugees the option to move to Intikane, joining over 18,000 refugees already residing in the area. UNHCR has been supporting the voluntary relocation of those refugees who have decided to relocate, ensuring adherence to international protection principles.

The relocation process began on the 21st of January and will be completed this week (31st of January 2017). So far, over 1,000 refugees have been assisted to make the journey to Intikane. The decision to relocate is voluntary, and thus not all refugees have decided to move. UNHCR and partners carried out multiple awareness raising sessions with both the refugee and local populations regarding the process. For those refugees who decide not to move to Intikane, UNHCR will continue to support them in terms of the provision of refugee identity cards, ensure that they can access civil documentation services, and assist them to develop a community based protection mechanism, in collaboration with the local police force and community authorities. However, other forms of assistance and distribution will no longer be delivered in Tazalit.

The two refugee hosting areas in Tahoua region were initially established as an ‘alternative to camps’ option, specifically for nomadic, pastoralist – predominantly Touareg refugees, to enable them to continue their traditional way of life, with their livestock, in Niger. Thus during the relocation process, UNHCR also assisted with the transportation of over 550 small livestock. Larger animals will be brought on foot over the coming days.

The relocation process presents many challenges, most particularly in terms of the capacity to provide basic services to the newly arriving refugees, as well as those already there, including the local population. UNHCR and partners have been working on improving basic infrastructure at Intikane since the arrival of the first refugees in 2012, in order to ensure that the refugees can benefit from services at the same level as local population. With the arrival of more refugees from Tazalit, it is essential that UNHCR and other humanitarian and development actors engage in a communal plan and vision, to improve the local infrastructure – benefitting both local and host populations, and to ensure that the refugee population can become gradually self-sufficient, through various livelihoods interventions, and support for pastoral activities.

For the newly arriving refugees from Tazalit, the refugee leaders of Intikane have iterated that they will be warmly welcomed. According to Adrouhamane Ag Mohamed, a refugee leader in Intikane, “we see the relocation like a reunification of two of Mali peoples, fleeing the same threats in our country. We have always had good relations, which will enable us to live in harmony in Intikane”. He emphasized the fact that “challenges exist in terms of access to water and grazing land for livestock” however, with the support of the authorities’, UNHCR and partners, he and the other leaders believe that solutions can be found.

Following the relocation process, UNHCR will carry out a BIMS (Biometric Identity Management System) verification process of all of the refugee populations at Intikane. Refugees will be issued with biometric identity cards, which are an important protection tool. This new system was piloted in Niamey in November 2016, where over 3,000 urban refugees were granted biometric identity cards. IT will now be scaled up to include all Malian refugees present in Niger.

« Un enregistrement de qualité est le gage de la qualité des services fournis aux réfugiés »

Photo : prise de données biométriques à Niamey


Dans les standards de l’UNHCR, tous les deux ans, une opération de vérification des réfugiés présents dans le pays d’asile est réalisée. Entre temps, les technologies et les solutions évoluent. Parmi ces solutions, BIMS qui signifie Biometric Identity Management System. Francois Diatta, Chargé de l’enregistrement et de la gestion de l’information pour l’opération de l’UNHCR au Niger nous en dit plus.

Pourquoi BIMS alors que l’enregistrement biométrique est déjà en place au niveau des réfugiés maliens ?
BIMS vient remplacer l’ancien système d’enregistrement biométrique «Bio-registrator». BIMS offre plus de fiabilité sur les données du bénéficiaire car contrairement à l’ancien système biométrique qui se limite seulement à la prise d’empreintes digitales de deux doigts, il tient aussi en compte l’identification de l’iris des yeux, la photo d’identité du bénéficiaire et la prise des empreintes des dix doigts. Un enregistrement de qualité est le gage de la qualité des services fournis aux réfugiés. Un réfugié qui n’est pas enregistré ne peut faire valoir ses droits. BIMS permet aussi d’assurer un meilleur accompagnement des retours dans le pays d’origine via la centralisation des données entre les différentes opérations de l’UNHCR.

Pourquoi cet exercice de vérification ?
Bien que l’enregistrement soit continu et se fait automatiquement lors de l’arrivée de nouveaux réfugiés, l’exercice de vérification permet de mettre à jour les données reflétant le vécu du réfugié et de procéder à la vérification physique de tous les bénéficiaires. Cette vérification physique de l’ensemble des réfugiés permet ensuite à l’opération de mieux calibrer ses interventions.

Cet exercice de vérification vise-t-il d’autres objectifs ?
Avec cet exercice, l’opération couple vérification et délivrance d’une carte d’identité de réfugié, comme document individuel, pour tous les refugies âgés de 14 ans et plus. Cette carte de réfugié a validité de 3 ans à la différence des attestations jusqu’ici en vigueur qui avaient une validité de 6 mois. Cette période validité courte était contraignante tant pour les réfugiés que pour l’UNHCR et le Gouvernement du Niger qui, via la Direction Régionale de l’Etat Civil de la Migration et des Réfugiés, octroi le statut de réfugiés. Fournir aux réfugiés des cartes d’identité d’une validité de 3 ans est un nouvel exemple des efforts du Gouvernement du Niger pour assurer un cadre de protection favorable.

Quels sont les étapes du processus de vérification ?
La vérification s’est d’abord réalisée à Niamey au cours des mois de novembre et décembre. D’importantes séances de formation ont eu lieu en amont. Le choix de Niamey s’apparentait à de la formation-action. Originellement, il était prévu d’enclencher ensuite avec les trois camps de la région de Tillabery mais l’actualité nous a rattrapé. La fermeture de la ZAR de Tazalite et la relocalisation volontaire des réfugiés vers Intikane vont nous amener à nous rendre dans les prochains jours dans cette ZAR (http://unhcrniger.tumblr.com/post/154166395464/le-gouvernement-du-niger-annonce-la-fermeture-de ). L’exercice de vérification prend ici tout son sens avec cette population additionnelle et donc un besoin automatique d’ajustement des infrastructures de base.

Du soleil pour de l’eau dans la ZAR d’Intikane



Le Niger a été pionnier dans le domaine de l’énergie solaire notamment sous l’impulsion d’un scientifique dont l’Université de Niamey porte le nom : le Professeur Abdou Moumouni. Le Professeur Moumouni était un précurseur notamment pour ce qui concerne la thermodynamique, technique utilisant des miroirs faisant converger les rayons du soleil pour chauffer un dispositif lequel produit de l’électricité. Malgré ce passé glorieux, le solaire est aujourd’hui particulièrement sous-utilisé au Niger alors que les conditions s’y prêtent. Bien que pour l’éclairage public ou encore l’électrification des centres de santé, le solaire soit de plus en plus utilisé, les investissements restent timides pour des infrastructures plus conséquentes.

Grâce à l’appui du Bureau de la coopération Suisse au Niger, l’UNHCR, l’ONG allemande ASB, le bureau d’étude nigérien Consultations Plus et la DRHA de Tahoua ont tenté ensemble le pari : celui d’installer le système de pompage d’eau hybride le plus important du Niger. A Eukinawane, un champ solaire composé de 144 panneaux de 205 Wc (watt-crête) a été installé pour refouler de l’eau potable à plus 7260 metres afin de desservir plus de 20,000 personnes vivant dans la Zone d’Accueil des Réfugiés maliens d’Intikane, la population hote ainsi que leurs nombreux troupeaux, dans la mesure où la ZAR d’Intikane a été créée spécialement pour répondre aux besoins spécifiques d’une population pastorale.

Par hybride, il est entendu que le pompage se réalise soit à travers le solaire soit à travers un générateur. Mais dans le cas de l’installation de l’Eukinawane, le recours au générateur devrait être particulièrement limité. Balla Souley Bassirou est le Directeur General de Consultations Plus « à la vue du rendement de pompage actuel de la station seulement avec le solaire, selon nos calculs et nos prévisions, le recours au groupe ne sera pas nécessaire tant pour la consommation humaine qu’animale ».

Le coût total de l’intervention de la phase d’étude à la mise en route du système est de 85 000 000 FCFA soit environ 130,000 euros. Comme le confirme Yonoudjoum Monodjomi Médard, expert WASH pour l’UNHCR au Niger, l’investissement va être rapidement rentabilisé : « en prenant en compte les coûts de réparation, de carburant (environ 1500 litres par mois), de lubrifiant, les pièces et les filtres à changer et le suivi par les opérateurs, sur les trois dernières années on estime la moyenne des dépenses mensuelles de l’ancien système à plus de 6,500,000 FCFA soit près de 10,000 euros. Je précise ici que je ne prends pas en compte le remplacement du générateur et de la pompe qui à eux seuls nous ont couté 18,000,000 FCFA soit plus de 27,000 euros l’année passée. En d’autres termes dans un an, l’investissement qui vient d’être fait devrait être rentabilisé».

L’UNHCR travaille à l’intégration socio-économique des réfugiés maliens dans leur espace d’accueil. Cette intégration suppose d’une part de permettre aux acteurs publics ou privés d’assurer eux-mêmes la provision des services aux réfugiés et d’autre part que les réfugiés s’acquittent, autant que possible et au même titre que leurs hôtes, des coûts inhérents à ces services. Pour assurer l’accès à l’eau aux réfugiés, la station solaire d’Eukinawane facilite indéniablement l’activité de l’opérateur en réduisant considérablement les coûts de gestion et de maintenance ce qui va permettre de réduire le prix de l’eau pour les réfugiés et la population hôte. L’objectif est atteint.

« Les pieds ne vont que là où le cœur aime» (adage Kanuri)

Le Haut- Commissaire recevant le cheval offert par le Chef de Canton (à droite) Photo : Tagaza Djibo

Deux semaines après la visite du Haut-Commissaire de l’UNHCR a Maine Soroa, un échange avec le Chef Canton s’imposait pour revenir sur cet accueil incroyable.

Honorable Chef de canton, l’accueil réservé au Haut-Commissaire à Maine Soroa a été incroyable. Pourquoi cet accueil ?

Dans la semaine du 23 Novembre 2016, nous avons été informés de la visite du Haut-Commissaire dans la ville de Mainé Soroa. Nous avons convoqué notre comité pour organiser la cérémonie d’accueil et il s’est mobilisé pour organiser les cérémonies avec les moyens que nous lui avons donnés. Chemin faisant, le comité a été accompagné par une équipe de l’UNHCR. Le Lundi 12 Décembre 2016 est une journée gravée dans l’histoire de Mainé-Soroa pour avoir accueilli ces honorables hôtes avec à leur tête Monsieur Filippo Grandi accompagné de Monsieur Lawan Magagi, Ministre de l’Action Humanitaire. Cette grande fête et cet accueil chaleureux ont été à l’honneur pour immortaliser cette grande journée.

Vous êtes montés sur les chevaux ce qui est un symbole fort.

Nous ne montons à cheval que pour des occasions exceptionnelles. L’arrivée du Haut-Commissaire est un événement exceptionnel qui est devenu une cérémonie de fête car un adage Kanuri dit: « les pieds ne vont que là où le cœur aime». Le choix de la ville de Maine-Soroa est un honneur qu’il était nécessaire de marquer: nous et nos administrés à cheval et à dos de dromadaires, habillés en tenues traditionnelles pour les hommes et les plus beaux harnachements pour les animaux et au son de l’algaita avec les you-yous des femmes en habits de fêtes et bien parfumées, marquant des pas de danses traditionnelles. Nous avons exprimé ainsi la joie de toutes nos communautés présentes dans la plus grande discipline. Cette journée est inscrite dans le livre historique des importants événements du canton. Dans le futur, cette journée sera une référence pour narrer des faits, des dates et autres. La journée du 12 Décembre 2016 témoigne de la cohésion sociale entre les différentes communautés du canton de Maine Soroa et celles du pays voisin du sud (Nigeria).

Arrivée à Maine Soroa. Photo : Ibrahim Abdou

Vous avez donné le titre honorifique de « Lawan » au Haut-Commissaire. Qu’est-ce que cela signifie et implique ?

Dans l’organigramme de la chefferie traditionnelle, le titre de « Lawan » signifie la bravoure donnée au chef de deuxième dynastie, Bouji Kollomi, le chef historique de Maine Soroa qui a été Lawan. Le titre honorifique de « Lawan » signifie Sous-Chef ou conseiller désigné par le chef de canton. Cette nomination implique une mission que le Chef assigne à cette personne. Il est systématiquement investi visionnaire pour le Chef. Lawan, en kanuri, exprime également celui qui peut générer de la richesse économique. Son rôle est de mobiliser les ressources techniques, financières et humaines comme moyens au service des idées, des projets et du programme du Chef ou du Canton. Il doit aussi développer la cohérence et l’efficience entre les personnes, les écouter et garantir à chacun son intégrité physique et morale. Quatres éléments, symbolise l’intronisation du Lawan comme le veut la coutume : le turban qui signifie la responsabilité ; le sabre signifiant la défense ou la protection ; le couteau pour le partage, l’aide et l’assistance ; le cheval pour la promenade de visite aux administrés du Chef.

Vous avez contribué à l’organisation d’une rencontre entre le Haut-Commissaire et les représentants des autorités traditionnelles Nigérianes. Quel était l’esprit de cette rencontre ?

Rencontre avec les autorités traditionnelles nigériennes et nigérianes. Photo : Ibrahim Abou

Depuis que les événements de Boko Haram se sont produits, les communautés de Diffa ne font qu’accueillir à bras ouverts les réfugiés du Nigéria dont un bon nombre vit à Maine Soroa. Les chefs traditionnels du Nigeria ayant les mêmes traditions, comme la coutume le veut, ils prennent part aux manifestations du canton raison pour laquelle ils étaient présents. La rencontre avec le Haut-Commissaire leur a permis d’exprimer leurs idées et préoccupations, sans barrière, d’écouter le Haut-Commissaire et de prendre notes. Ils ont aussi par la même occasion témoigné de leur reconnaissance au Chef de canton de Maine Soroa et à toutes ses communautés pour avoir accueilli et soulagé plus de 30 000 réfugiés à Maine Soroa. Les échanges ont été fructueux. Les participants étaient satisfaits de la rencontre. Les points sur l’alimentation, la santé, l’hygiène, l’habitat et l’éducation des enfants réfugiés font aussi partie des préoccupations du Haut-Commissaire. L’ensablement des espaces agricoles a aussi été évoqué comme une préoccupation. Le Haut-Commissaire a promis d’examiner tous ces points et que certains seront soumis à d’autres institutions telle que la Banque Mondiale pour appréciation et action. Cela a été une grande opportunité de nous faire entendre et de transmettre les attentes des communautés.

Quels sont les besoins en interventions essentielles que vous adressez à l’endroit de l’UNHCR et de la communauté humanitaire pour l’année 2017 et quelles sont vos propres perspectives à cet effet?

En matière d’élevage nous comptons aller dans le sens de la redistribution sociale du cheptel. Cela nécessite un besoin d’appui de la part des partenaires techniques et humanitaires dans le domaine. Nous souhaitons dans la ville, la réhabilitation des anciens puits et le fonçage de nouveaux points d’eau tel que déjà lancé par le HCR sur les deux sites d’urbanisation créés à Maine. Nous voulons un appui dans le domaine de la production agricole, et dans le cadre de la santé animale pour apporter un nouveau souffle à nos populations. Comme vous le savez, les saisons hivernales à Diffa sont régulièrement déficitaires. Nous entendons œuvrer avec nos communautés pour agir dans la protection et la restauration de la base productive par l’aménagement de sites. Ensuite, il est nécessaire d’agir dans la reprise des activités de développement entrainant l’occupation des jeunes et des femmes. Egalement, nous souhaitons aller dans le sens de la culture de nos valeurs traditionnelles de tolérance et d’équité dans les rapports et la redistribution des avantages pour préserver la quiétude et assurer la pleine installation de la coexistence pacifique.

Filippo Grandi: “Data is at the heart good decision-making”



On 12 December 2016, the UN High Commissioner for Refugees, Filippo Grandi, visited Diffa region in Niger. Here, the forcibly displaced population is spread across more than 100 sites in a stretch of arable land along the border with Nigeria. He used the opportunity to highlight the importance of data in protecting and assisting more than 250,000 persons (refugees, IDPs, and Niger nationals that returned from Nigeria as a result of conflict).

“Throughout my visit, our team in Diffa provided me with a wide range of information on each site we passed or visited. In Diffa town, a Data Centre on Forced Displacement was established in 2013, funded by UNHCR, and implemented by our partner REACH.

Data is at the heart of good decision-making. Only with accurate information can we make the right decisions on how to support displaced people in Niger and elsewhere. And eventually, we should enable people, including refugees, IDPs, and persons at risk of statelessness, to access their own data – so that they can make informed decisions about their lives and that of their children.

UNHCR has made data collection and analysis a priority for the organization by putting in place a multi-year strategy for the collection and use of good data, placing people - refugees and others - at the centre of these efforts.

We believe that access to information is almost as important as security, food and water when it comes to ensuring protection for the displaced and their families. With accurate information, refugees and other displaced people can be made aware of their rights, where they can receive assistance, the conditions they face, and where they can access safety. UNHCR aims to work with them and share the information we obtain through assessments and evaluations, and also to give them the means to manage their own personal information and protect their identities, and help them become part of the global information community.

We are also working with our partners – states, UN agencies and NGOs, to ensure that data is made available, that it meets the needs for decision-making, and most importantly, is shared in an transparent and responsible way. In that respect, the Diffa Data Centre is an excellent example of UNHCR’s efforts to improve data and information and bring digital empowerment to the people it serves.”

For more information:
http://www.diffa-forced-displacement.info/
http://data.unhcr.org/SahelSituation

UN refugee chief praises Niger’s help for refugees

Filippo Grandi says Niger sets a strong example through its hospitality for people fleeing conflict in Mali and Nigeria.

UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi meets forcibly displaced people in Diffa, Niger. © UNHCR/Dustin Okazaki


DIFFA, Niger – Despite facing high levels of poverty and other development challenges of its own, Niger is playing a key role in sheltering refugees fleeing conflicts in the region, the UN refugee chief said during a visit this week.

The West African country provides asylum and refuge to over 165,000 refugees fleeing conflict and persecution in neighbouring Mali and Nigeria.

“It’s very rare to find a country and a people facing so many challenges – security, economic, climatic - surrounded by unstable neighbours, yet providing refuge and maintaining humanitarian values, despite it all,” UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi said during his first visit.

“I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home.”

The region of Diffa, in the south-east of Niger, is a perfect example of this solidarity, as expressed by Grandi on a visit to the region to highlight the Nigerian displacement crisis. Since February 2015, Diffa has been under constant threat from Boko Haram.

The numbers of displaced people in the region has skyrocketed in the past year, reaching over 250,000 by last month. This total includes refugees, returning Niger citizens and people forcibly displaced within the country’s borders. What is exceptional about Diffa is the fact that amongst the displaced, just 7,500 are living in a refugee camp. The majority live side by side with the local population, who also face major challenges.



UNHCR, the UN Refugee Agency, provides assistance and protection to people in need, based on their vulnerability, and not just on their status as refugees. In such a dynamic and volatile context, UNHCR has been forced to rethink the way it operates, and to come up with innovative solutions for all.

In its Urbanization Project, UNHCR works hand-in-hand with the local and community authorities, to provide legal access to land for displaced families, while contributing to improving the local economy.

During a visit to the town of Maine Soroa, in the Diffa region, Grandi met with Amina, a 28-year-old Nigerian refugee who had received a parcel of land and a house under the project. “I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home. I’ve put my daughter in school and I want my family to make our life here.”

To date, over 2,000 families have benefitted from land parcels, whilst the construction of social and sustainable long-term housing began in 2016.

Another such project, which helps not only refugees, but also the local population, is the Gas as Domestic Energy programme. Throughout 2016, over 200,000 of the most vulnerable people across the region of Diffa received gas bottles to use for domestic purposes. UNHCR struck a partnership with a private gas company in Niger to ensure the sustainability of the project.

“If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. “

Not only does the use of gas protect the environment, which is essential in the Lake Chad Basin, but it provides multiple other benefits. “The gas has changed a lot of things in our life,” Bintu, a local woman hosting refugees in her home, told Grandi.

The cost of gas refills is far lower than the price of wood, which means people have more money to invest in other areas. Women and girls are also spared having to gather firewood far from home, where they are vulnerable to assault. It also enables girls to spend more time in school rather than on domestic chores.

The High Commissioner, noting that Diffa had been one of the most prosperous regions in Niger, stressed that: “If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. We cannot afford that. The people cannot afford that. The authorities cannot afford that.”

During a meeting on Sunday with Niger Prime Minister Brigi Rafini in Niamey, Grandi reiterated, that, “Niger is an example that I assure you I will use around the world.”

For more information go to : http://www.unhcr.org/news/latest/2016/12/584ff3cc4/un-refugee-chief-praises-nigers-help-refugees.html

Le Gouvernement du Niger annonce la fermeture de la Zone d’Accueil de Tazalit



Le Gouvernement du Niger a fait part à l’UNHCR de sa décision de fermeture définitive de la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) maliens de Tazalit. Le 6 octobre 2016 une attaque avait causé le décès de 22 militaires en charge d’assurer la sécurité de la ZAR.

Pour les réfugiés de Tazalit, la relocalisation volontaire vers la Zone d’Accueil d’Intikane est aujourd’hui proposée. Sur le terrain, échanges et sensibilisations auprès des réfugiés de Tazalit et d’Intikane sont en cours. Les discussions se poursuivent entre l’UNHCR et les autorités pour définir les modalités techniques et les actions conjointes pour accompagner la mise en œuvre de cette décision dans la sécurité et la dignité des refugies.

3854 réfugiés maliens sont actuellement présents à Tazalit, 18241 à Intikane.

« Il faut tenir compte du contexte historique quand on observe les flux migratoires »



Les flux migratoires qui traversent le Niger sont aujourd’hui regardés de près mais très souvent la lecture est biaisée par un manque de finesse dans l’analyse. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) est particulièrement active au Niger. Giuseppe Loprete en est le chef de mission. Il apparait intéressant de prendre aujourd’hui le temps de profiter de l’expertise de l’organisation pour discuter chiffres, tendances de mouvements et protection internationale.

Mr Loprete, dans le dernier rapport statistique de l’OIM sur les flux migratoires à travers le Niger, nous pouvons voir qu’il a été observé le mouvement de plus de 417,000 personnes depuis le début de l’année. Alors que les débats autour de la pression migratoire sur l’Europe sont à leur paroxysme, ces chiffres sont très souvent repris sans analyse par des acteurs extérieurs. Pouvez-vous nous aider à mieux les appréhender ?

Les flux migratoires traversant le Niger sont divers et complexes. Le Niger étant un Etat Membre de la CEDEAO, espace de libre circulation, voit venir beaucoup de migrants des pays de la CEDEAO. Les routes entre le Niger, l’Algérie, la Libye, le Mali et le Burkina, entre autres, sont des routes de migrations anciennes qui datent de bien avant les pressions migratoires sur l’Europe. Il faut tenir compte du contexte historique quand on observe les flux migratoires.

Il est important de préciser que les observations de l’OIM se concentrent sur deux localités : Arlit et Séguidine, où sont observés les flux dans un sens comme dans l’autre. Il ne s’agit pas ici de contrôle de l’immigration qui relève de l’Etat.





Dans les flux migratoires qu’observe l’OIM on peut distinguer plusieurs ‘catégories’ de migrants.

En ce qui concerne les individus « sortants », il y a premièrement les migrants allant vers la Libye et l’Algérie pour des raisons économiques, afin de travailler sur place ; une migration donc généralement circulaire/saisonnière. Les migrants Nigériens sont principalement dans cette catégorie. Ils suivent une tradition de migration économique circulaire bien établie dans les régions frontalières. Il est assez commun d’aller travailler dans ces deux pays à partir du Niger pendant plusieurs années avant de retourner au Niger. Les personnes effectuant cette migration s’engagent à faire aussi des voyages courts en Libye et en Algérie pour s’approvisionner en marchandises qui sont ensuite revendues au Niger. Selon les observations de l’OIM, 42,000 personnes effectuant ce type de migration circulaire, ont transité les deux points de monitoring des flux depuis février 2016.

Deuxièmement, on trouve les migrants de l’Afrique de l’Ouest allant vers la Libye ou l’Algérie et qui ont souvent l’intention d’aller en Europe. La plupart sont des citoyens de la CEDEAO et peuvent librement circuler au Niger. Cependant la plupart qui entrent en Libye le font sans visa valide et seront ainsi en situation irrégulière. De la frontière Libyenne ils se dirigent vers Tripoli avec l’intention de prendre un bateau allant vers l’Italie. La majorité de ces migrants payent la grande partie de leur voyage dès leur départ d’Agadez, car la difficulté du terrain désertique (absence de routes, climat difficile, manque de réseau téléphonique) fait qu’ils sont dépendants de transport organisé pour arriver en Libye. Ces migrants représentent une grande partie des flux avec 180 000 migrants observés depuis février 2016.

Enfin, les migrants « entrants ». Ce chiffre reflète le nombre de personnes qui sont observées dans les Points de Monitoring des Flux dans le sens Libye-Niger / Algérie-Niger et non les entrées sur le territoire nigérien en général. Il s’agit ici soit des travailleurs Nigériens mentionnés ci-dessus soit des migrants Ouest Africains qui retournent vers leur lieu d’origine. Ces migrants Ouest Africains ont soit travaillé en Libye et la situation actuelle les a incité à partir, soit ils ont avaient l’intention de faire la traversée vers l’Europe mais ont été découragés par les conditions difficiles et parfois violentes en Libye. Selon les observations aux points de monitoring, ce chiffre s’élève à 100 000 personnes.





Au cours des dernières semaines, il apparait dans le rapport statistique que les mouvements se sont drastiquement réduits. Quel en est selon vous l’explication ou les explications?



Les flux migratoires ne sont généralement pas constants. La baisse actuelle peut être expliquée par plusieurs facteurs qui influencent les mouvements des personnes à travers la zone, mais toutes ces explications possibles restent à vérifier. Il faut prendre en compte notamment les tendances saisonnières, l’existence d’une multitude de routes et de réseaux de passeurs ou encore les opérations menées par les autorités pour la mise en œuvre de la loi sur le trafic illicite de migrants ce qui signifie contrôle et arrestation de passeurs présumés. Mais comme je l’ai mentionné, nous observons les flux sur deux localités depuis le début de l’année 2016, et l’observation sur plus long terme permettra sans aucun doute d’identifier des tendances plus claires.

OIM et UNHCR travaille étroitement dans le cadre du référencement des potentiels réfugiés identifiés dans la région d’Agadez. Au milieu de ces mouvements importants, il apparait que cette catégorie de personnes ne représente qu’une très faible proportion du flux. Moins d’une quinzaine de cas ont été référencés depuis le début mais il reste fort probable que nombreux échappent encore aux deux organisations. Quels sont pour vous les principaux défis à relever pour identifier les personnes qui pourraient bénéficier de la protection internationale et donc réduire pour elles les risques d’une traversée hasardeuse ?

Nous nous félicitons de la coopération établie avec le HCR. Les agents de profilage qui enregistrent les migrants qui demandent l’assistance au retour volontaire au sein de nos centres ont par exemple été conjointement formés par les collègues du HCR et de l’OIM. Aussi, nous avons conjointement adapté les outils de profilage et d’enregistrement des migrants, afin d’assurer une identification des besoins de protection internationale.

Chaque migrant avec qui nous communiquons est informé sur les possibilités de demander la protection et sa situation individuelle est évaluée au moment de l’enregistrement au regard des critères de protection. Comme je l’ai décrit, nous rencontrons avant tout des migrants économiques venants des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le confirment nos statistiques. Nous avons depuis le début de l’année référencé 13 personnes qui demandaient la protection internationale, mais celles-ci n’ont soit pas été évaluées comme éligibles en raison de l’absence de réunion des critères pertinents, soit ont décidé d’abandonner leur requête.

La priorité pour l’OIM est donc, selon moi, de continuer le travail de sensibilisation sur les risques de la migration dans des conditions irrégulières et l’existence d’alternatives, en coopération avec tous les partenaires.