Du soleil pour de l’eau dans la ZAR d’Intikane
Le Niger a été pionnier dans le domaine de l’énergie solaire notamment sous l’impulsion d’un scientifique dont l’Université de Niamey porte le nom : le Professeur Abdou Moumouni. Le Professeur Moumouni était un précurseur notamment pour ce qui concerne la thermodynamique, technique utilisant des miroirs faisant converger les rayons du soleil pour chauffer un dispositif lequel produit de l’électricité. Malgré ce passé glorieux, le solaire est aujourd’hui particulièrement sous-utilisé au Niger alors que les conditions s’y prêtent. Bien que pour l’éclairage public ou encore l’électrification des centres de santé, le solaire soit de plus en plus utilisé, les investissements restent timides pour des infrastructures plus conséquentes.
Grâce à l’appui du Bureau de la coopération Suisse au Niger, l’UNHCR, l’ONG allemande ASB, le bureau d’étude nigérien Consultations Plus et la DRHA de Tahoua ont tenté ensemble le pari : celui d’installer le système de pompage d’eau hybride le plus important du Niger. A Eukinawane, un champ solaire composé de 144 panneaux de 205 Wc (watt-crête) a été installé pour refouler de l’eau potable à plus 7260 metres afin de desservir plus de 20,000 personnes vivant dans la Zone d’Accueil des Réfugiés maliens d’Intikane, la population hote ainsi que leurs nombreux troupeaux, dans la mesure où la ZAR d’Intikane a été créée spécialement pour répondre aux besoins spécifiques d’une population pastorale.
Par hybride, il est entendu que le pompage se réalise soit à travers le solaire soit à travers un générateur. Mais dans le cas de l’installation de l’Eukinawane, le recours au générateur devrait être particulièrement limité. Balla Souley Bassirou est le Directeur General de Consultations Plus « à la vue du rendement de pompage actuel de la station seulement avec le solaire, selon nos calculs et nos prévisions, le recours au groupe ne sera pas nécessaire tant pour la consommation humaine qu’animale ».
Le coût total de l’intervention de la phase d’étude à la mise en route du système est de 85 000 000 FCFA soit environ 130,000 euros. Comme le confirme Yonoudjoum Monodjomi Médard, expert WASH pour l’UNHCR au Niger, l’investissement va être rapidement rentabilisé : « en prenant en compte les coûts de réparation, de carburant (environ 1500 litres par mois), de lubrifiant, les pièces et les filtres à changer et le suivi par les opérateurs, sur les trois dernières années on estime la moyenne des dépenses mensuelles de l’ancien système à plus de 6,500,000 FCFA soit près de 10,000 euros. Je précise ici que je ne prends pas en compte le remplacement du générateur et de la pompe qui à eux seuls nous ont couté 18,000,000 FCFA soit plus de 27,000 euros l’année passée. En d’autres termes dans un an, l’investissement qui vient d’être fait devrait être rentabilisé».
L’UNHCR travaille à l’intégration socio-économique des réfugiés maliens dans leur espace d’accueil. Cette intégration suppose d’une part de permettre aux acteurs publics ou privés d’assurer eux-mêmes la provision des services aux réfugiés et d’autre part que les réfugiés s’acquittent, autant que possible et au même titre que leurs hôtes, des coûts inhérents à ces services. Pour assurer l’accès à l’eau aux réfugiés, la station solaire d’Eukinawane facilite indéniablement l’activité de l’opérateur en réduisant considérablement les coûts de gestion et de maintenance ce qui va permettre de réduire le prix de l’eau pour les réfugiés et la population hôte. L’objectif est atteint.
Rupture évitée pour la cantine scolaire d’Intikane
Avec 1384 élèves, (1 192 enfants réfugiés et 192 Nigériens) et 23 enseignants, l’école de la zone d’accueil des réfugiés de Tahoua est aujourd’hui l’école la plus grande de la région de Tahoua. Elle est aussi la plus mixte avec près de 45% de filles. Au regard de la conjoncture actuelle de manque de ressources, et le départ de nombreux partenaires, la cantine de l’école était menacée de fermeture avec pour conséquence la mise en péril des avancées réalisées depuis 4 ans notamment avec un niveau d’enrôlement particulièrement élevé. Dans leur mode de vie semi-nomade, la mise en place de la cantine à l’école d’Intikane a été un puissant déterminant pour les parents d’inscrire et de maintenir les enfants à l’école, pendant qu’eux-mêmes partent en transhumance ou vaquent à d’autres activités.
La situation a aujourd’hui une fin heureuse. L’organisation allemande ADH a débloqué des fonds d’urgence pour assurer 2 repas quotidiens équilibrés sur le plan nutritionnel pour l’ensemble des élevés au titre de l’année scolaire 2016-2017. L’activité est mise en œuvre par l’ONG allemande ASB avec le support de l’ONG nigérienne ADKOUL, gestionnaire délégué de la ZAR d’Intikane.
La cantine va aussi être équipée en foyers et gaz de cuisine, afin de réduire l’utilisation du bois dans cette zone désertique : l’économie de bois pour l’année scolaire étant estimée à 100m3. 17 emplois sont aussi maintenus.
Cet appui permet de ne pas casser la dynamique en cours et offre une alternative en attendant d’aboutir à une solution durable : celle de l’intégration de l’école d’Intikane dans le programme national des cantines scolaires. Cette intégration suppose la transformation de l’école d’Intikane en école publique nigérienne. Les autorités, particulièrement ouvertes pour permettre l’intégration des réfugiés dans les mécanismes nationaux de provision des services de base, ont déjà donné leur aval. Cette intégration suppose une mise aux normes avant l’année scolaire 2018-2019.
Mobilisation nigérienne pour l’éducation des enfants maliens d’Intikane
La zone d’accueil des refugiées d’Intikane (ZAR) est aujourd’hui totalement intégrée dans son terroir d’accueil. Un bon indicateur pour lire cette intégration est celui de la mobilisation des acteurs nationaux autour de la ZAR. C’est actuellement le cas pour l’éducation. L’ONG nigérienne Hed Tamat vient d’apporter une contribution de 6,950,000 CFA (plus de 10,000 euros) pour soutenir la scolarisation des enfants réfugiés et nigériens de l’école d’Intikane. Cet appui est destiné à assurer le paiement des primes de motivation des enseignants et a couvrir une partie des besoins en vivres de la cantine.
Cet appui de l’ONG Hed Tamat est en soit doublement symbolique : comme le confirme le Coordinateur de l’ONG Hed Tamat, il est indéniablement tourné vers le futur: « appuyer l’éducation, c’est appuyer l’avenir. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons de plus en plus à l’éducation sur cette Zone d’Accueil des Réfugiés, en marge des investissements que nous y faisons déjà en matière de soutien aux activités génératrices de revenus» ; Il renverse les habitudes : une structure nationale venant accompagner les efforts d’une organisation internationale faisant face à une réduction drastique de ses fonds pour les réfugiés maliens.
L’éducation dans la zone d’accueil des réfugiés d’Intikane s’apparente à une véritable « succès story ». Avec plus de 1200 élèves, l’école d’Intikane est la plus grande de la région de Tahoua : le taux de scolarisation au primaire des enfants réfugiés d’Intikane est passé de 8% au Mali à 78% au Niger. Mais après 4 ans au Niger, les enfants ont grandi et un nouveau besoin apparait : la continuité vers le secondaire. La Direction Régionale des Enseignements Secondaires de Tahoua vient de faire la demande à son Ministère pour l’ouverture d’un collège dans la localité voisine de Telemces. La mutualisation des efforts se poursuit.
« Si mon mari ose vendre ma bouteille de gaz, je divorce »
C’est une petite révolution qui est en cours dans la zone d’accueil de réfugiés d’Intikane et dans le village de Telemces : depuis quelques jours le gaz est arrivé. Il vient du Niger.
Après les camps de réfugiés maliens d’Abala et Tabareybarey via les ONG ACTED et Plan Niger, c’est donc au tour de la zone particulièrement reculée d’Intikane. C’est l’ONG allemande ASB qui vient de surmonter ce défi en collaboration avec l’entreprise nigérienne SONIHY. Près 20,000 personnes, réfugiés et hôtes, sont concernées. Toutes les dispositions sont déjà prises pour que l’accès au gaz perdure bien après la fin de l’intervention.
Depuis 2013, il est apparu incontournable pour l’UNHCR et ses partenaires d’accompagner le passage du bois vers le gaz des ménages réfugiés et de leurs hôtes : le bois est une énergie domestique qui coute entre trois à quatre fois plus cher que le gaz ; le Niger est frappé par la désertification et les tensions autour des ressources naturelles sont fortes ; la collecte de bois expose les jeunes filles et les femmes aux risques et est aussi un frein à la scolarisation des premières et à l’autonomisation des secondes.
A Intikane, Fatima qui devait marcher plus de 40 minutes par jour pour collecter du bois est claire « si jamais mon mari ose vendre ma bouteille de gaz, je divorce ». Le gain de temps pour les femmes lors de la préparation des repas est aussi considérable.
Des interventions similaires sont aussi en cours dans la région de Diffa, dans le camp de réfugiés de Sayam Forage et le camp de déplacés internes de Kabelawa, en attendant dans les prochaines semaines une intervention d’envergure à destination de plus de 140,000 personnes
A Different Kind of Refugee Settlement
In 2012, hundreds of thousands of people fled northern Mali to seek safety from an armed rebellion and insurgency that included Islamist militants associated with Al Qaeda. These displaced people, many of whom were received as refugees in neighboring countries, posed unique challenges for groups who wanted to help them. Many northern Malians are nomadic herders who move throughout the year as they seek good grazing land for their livestock. When they fled Mali, they came with not only their families, but also their animals.
In Niger, UNHCR set up refugee camps to provide shelter and emergency assistance to people fleeing the war, but soon learned there were groups of nomadic refugees living along the Mali-Niger border. They weren’t safe there, but were hesitant to move further inland to a refugee camp if they couldn’t bring their herds of cattle and camels.
So the UN and Nigerien government came up with a new plan. They decided to allow pastoral communities to bring their entire herds – thousands of animals, all told – into Niger. The government agreed to grant the refugees access to vast pasture lands, some 600 square kilometers at Intikane alone. The land was good for animals, but was sparsely inhabited because of poor access to water. In exchange, UNHCR agreed to rehabilitate a well that could provide water to the local community and the refugees, as well as to their livestock.
Today, Intikane hosts 14,500 Malian refugees – more than any refugee camp in Niger. Refugees can settle freely and move with their herds, and they and local Nigeriens benefit from the water infrastructure, clinic, and school UNHCR has opened. The Intikane school has grown to become the largest in Tahoua region, and attendance rates among refugee children are higher than they were back in Mali before the conflict.
We arrived at Intikane just as the first rains of the season were bringing trees back to life. The refugees’ tents were scattered across the valley, not lined up close together. It looked like a typical Malian village, not a refugee camp.
Several dozen Tuareg men and boys came on camel back to greet our caravan. Together with local authorities, refugee leaders showed us the rehabilitated well, and the pumping station that provides drinking water for the refugees, a nearby village, and a watering post where cattle, camels, and donkeys were drinking from low metal troughs. The refugees told me that having water and grazing land for their livestock enabled them to provide for their families, and they described how much they preferred this to living in a camp.
The United States is the single largest donor to refugee programs in Africa, and we fully encourage UNHCR’s efforts to work with governments to establish alternatives to camps. In fact, for many years now, the United States has been working to implement a policy that seeks to develop and strengthen models of refugee assistance outside of camps. We believe there should be more places, like Intikane, that allow refugees to organize their own communities, and live with the greater dignity and independence.
About the Author: Catherine Wiesner serves as Deputy Assistant Secretary of State for Population, Refugees, and Migration.
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Peuls d’Intikane
La population réfugiée malienne présente au Niger est souvent associée aux Touaregs. Ils représentent le groupe majoritaire dans les camps de réfugiés de Tillabery et les zones d’accueil du Nord Tahoua. Mais tout comme au Mali, ils cohabitent au Niger avec des songhaïs, des arabes, des Hausas et des Peuls. Nous nous arrêtons un instant sur ces derniers et vous proposons une galerie de photos réalisés dans la zone d’accueil des réfugiés d’Intikane (Photos de Titouan Lamazou et Harandane Dicko).
New Report on Intikane refugee hosting area: Observing the sphere standards after all
The conflict in Mali which erupted in January 2012 led to the creation of three traditional refugee camps (Abala Mangaize, Tabareybarey) and two so-called “refugee hosting areas” (Zone d’Accueil des Réfugiés, ZAR, in French). The hosting areas are located in Tahoua region with Intikan in Tillia Department which covers an area of approximately 276 ha and a density of 25 persons/ha being UNHCR’s flagship operation in Niger. Intikane has the distinction of not being a camp, but a Hosting Area, which is an experimental concept, in order to adapt to the sociocultural and economic specificities of nomadic refugees. In Intikane unlike in a camp, people live dispersed and have the choice to move wherever they want within the perimeters covered by the area. UNHCR issued a report ( http://data.unhcr.org/SahelSituation/download.php?id=901 ) recently on the living conditions of more than13,000 nomadic refugees living with their livestock (cows, sheep, goats, horses, camels, sheep and donkeys) in the area. In all its missions, the UNHCR implements standards of humanitarian assistance in various areas of intervention (water and sanitation, health, nutrition, shelter / NFI, education) to protect and assist people concerned by its mandate. In the case of ZAR, it became evident that due to the nomadic and agro-pastoral specificity of the Tuareg people, the implementation of Sphere standards poses challenges which leads to this question: Are the Sphere standards applicable in the hosting area of Intikane? And if so, what provisions can further improve and assess the progress of assistance provided in the best compliance to nomadic lifestyle? Download the report here. “http://data.unhcr.org/SahelSituation/download.php?id=901”
Taps in the Intikane Refugee Hosting Area. ©UNHCR
Relocalisation des nouveaux réfugiés maliens d’Agando à Intikane: 1740 personnes de 242 ménages relocalisés à ce jour
Jusqu’au 24 juillet 2014, 242 ménages de 1740 individus ont été transférés d’Agando frontière avec le Mali vers la zone d’accueil d’Intikane [ZAR]. L'opération qui se poursuit dans son 10eme jour ce vendredi Juillet 2014 a progressé sans problèmes selon le bureau de terrain UNHCR à Tahoua. Jusqu'à présent, plus de la moitié de la population estimée à 3000 à être relogée a rejoint Intikane. L'opération est réalisée d'une manière ordonnée à savoir : elle débute par l’enregistrement des candidats au transfert, un examen médical à Agando et à l'arrivée au niveau de la ZAR d’Intikane elle se poursuit avec l’enregistrement dans la base de données proGres, la distribution de matériaux pour les abris, d'articles non alimentaires et autres besoins essentiels. L’ UNHCR et ses partenaires poursuivent à l’endroit des nouveaux réfugiés réticents une campagne de sensibilisation soutenue afin de les convaincre quitter la localité d’Agando, très près de la frontière malienne, zone militaire et réputée dangereuse.
Photo © UNHCR Juin 2014: En route pour ZAR intikane
Beginning of the relocation of refugees from Agando to Intikane | Début de la relocalisation des réfugiés d’Agando vers Intikane | The relocation of Malian refugees currently at Agando to the Hosting Area in Intikane started on Saturday July 19, 2014 . About 3,000 displaced persons are involved by the operation which is expected to last 9 days. UNHCR and its partners have taken all measures to ensure that they are received in the best conditions at Intikane. A medical team is accompanying the convoy. |
La relocalisation des réfugiés maliens présents à Agando vers la Zone d’ Accueil des Réfugiés d’ Intikane a débuté ce samedi 19 juillet 2014. Près de 3000 déplacés sont concernés par cette opération qui devrait durer 9 jours. L'UNHCR et ses partenaires ont pris toutes les dispositions pour assurer leur accueil dans les meilleures conditions à Intikane. Une équipe médicale accompagne le convoi. |
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