Karl Steinacker, Représentant de l’UNCHR quitte le Niger après 4 années dédiées au service des réfugiés et des déplacés. Karl laisse derrière lui le souvenir d’un grand professionnel, une personnalité créatrice, plaçant l’humain et la solidarité au centre de toute prise de décision. « La globalisation est surtout le partage des valeurs communes et la solidarité avec les plus pauvres » mentionnait-il lors du Discours d'acceptation de Karl Steinacker durant la Cérémonie de remise de la médaille « Chevalier du Ordre de Mérite du Niger ». Pour lire l’intégralité de son discours cliquez ici.
Mr. Karl Steinacker, the Representative of UNHCR has left Niger after 4 years of dedicated service to refugees and displaced persons in Niger. Karl leaves behind in the memory of a true professional, a creative personality placing humanism and solidarity at the centre of all of his decisions. Before his departure, in an interview with UNHCR headquarters, Karl describes some of the achievements of UNHCR in Niger, some of his fondest memories and some of the most important lessons he has learned. “Go out and communicate; be humble and proud” – a key message of his conduct, and that of the operation he has left. To read the full interview, click here.
Comment lier urgence et développement ? Question centrale des humanitaires mais qui trouve rarement de réponses. A Diffa, d’ouest en est, l’UNHCR met en place un mécanisme d’accès au gaz domestique de proximité, autonome et durable à destination de 25.000 ménages (déplacés et hôtes), près de 175.000 personnes soit un habitant sur quatre incluant les déplacés. Avec cette intervention Diffa sera la région du Niger avec le meilleur accès au gaz, nigérien. Près de 70.000 personnes, ont déjà été touchées.
Un principe simple pour une réponse durable … et flexible
A travers un partenariat gagnant-gagnant avec le secteur privé, l’intervention s’attaque en même temps à la demande et à l’offre. L’UNHCR subventionne aux familles le goulot d’étranglement qui les empêche d’utiliser le gaz à savoir l’achat du kit initial (bouteille de 6 kg consigné, réchaud et bruleur), 24,000 FCFA (environ 40 euros) soit près de 80 % du salaire minimum nigérien ; en parallèle, le secteur privé ayant de nouveaux clients fait les investissements pour s’installer durablement et étendre son réseau de distribution dans une zone où il ne serait jamais allé. Quand le mécanisme est en place, tout devient facile, même pour répondre en urgence comme cela a été le cas au cours du mois de juin avec l’arrivée dans la ville de Diffa de milliers de déplacés en provenance de Bosso. Près de 800 familles hôtes ont reçu le kit initial pour les accompagner dans l’accueil.
Libérer du pouvoir d’achat, libérer du temps
Diffa fait face à une crise économique profonde. « L’argent ne circule plus » comme on dit au Niger. Le pouvoir d’achat des ménages se contracte. Le niveau d’endettement est tellement fort que les crédits ne se font plus. Mauvais signe. On réduit les rations pour nourrir tout le monde. Pour les ménages pauvres, l’achat de bois pèse lourd sur leur pouvoir d’achat. Il est, après l’alimentation, leur seconde dépense, loin devant celles de santé et d’éducation.
Retournées nigériens installés dans la ville de Diffa, Ibrahim et sa femme Atcha Fadji ont reçu leurs kits ils y a près de 2 mois. Ils viennent dans un point de vente pour échanger leur bouteille vide contre une pleine. Comme l’explique Atcha Fadji , le constat est clair: « Avant d’avoir cette bouteille de gaz, chaque mois on devait payer au moins 14.000 FCFA pour acheter du bois. Avec le gaz, on peut dire que ça va nous couter 3000 FCFA par mois. L’argent que l’on n’utilise plus pour le bois, on l’utilise pour acheter plus de nourriture». Le sac de 25kg de riz coute actuellement 11.000 FCFA a Diffa, l’impact sur la sécurité alimentaire des ménages est donc automatique.
Atcha Fadji est aussi catégorique, cette bouteille de gaz a transformé son quotidien « le temps que je passe à cuisiner aujourd’hui est au moins réduit de moitié. Avant il me fallait au moins deux heures pour préparer un repas. Aujourd’hui avec le gaz, en une heure c’est déjà fini ». Son mari, Ibrahim, est ravi. Il l’est d’autant plus que dans leur couple s’était lui qui allait acheter le bois.
Sur un autre point de vente de Diffa, un groupe d’enfants plaisante autour de leur charriot transportant des bouteilles de gaz. Dans leurs familles, c’était à eux que revenait la tâche d’aller chercher du bois. Kaouram est la plus jeune du groupe mais pas la moins bavarde. Quand on demande aux enfants qu’est-ce qu’ils pensent du gaz, Kaouram parle d’abord du gain d’argent pour sa famille avant de rebondir sur la réduction de la corvée « avec le bois, le problème c’est qu’il fallait aller tous les jours le chercher. Aujourd’hui on revient changer la bouteille juste une ou deux fois par mois».
Pour les enfants vivant sur les sites spontanées le long de la nationale 1, le gaz devient un outil fort pour les protéger. Chargés de la corvée, et vivant dans un environnement à l’agonie, ils passent pour beaucoup plus de deux ou trois heures chaque jour loin de leurs foyers pour ramasser du bois mort ou couper du bois vert. Les abus et violences en tout genre sont fréquents. Le gaz limite les risques leur permettant de ne pas s’éloigner de leur foyer.
Des populations prêtent aux changements, l’environnement va pouvoir prendre un second souffle
Quand les interventions autour du gaz sont présentées lors de forums d’échanges au Niger ou ailleurs, les mêmes remarques sont souvent faites à l’encontre de l’UNHCR. On peut les résumer en une phrase « les populations rurales nigériennes ne sont pas prêtent à utiliser le gaz ». Pourtant sur le terrain, l’enthousiasme est impressionnant. Tout le monde a compris, et très vite, l’avantage du gaz. Les représentants des communautés des prochains sites de distribution appellent régulièrement le bureau de Diffa de l’UNHCR pour savoir quand vient leur tour. Ceux qui ne rentrent pas dans la planification aussi.
Actuellement, en dehors des bénéficiaires accompagnés par l’UNHCR, les points de vente de Diffa enregistrent chacun au moins 100 nouveaux clients par semaine. Beaucoup viennent de loin. L’intervention est d’une si grande ampleur qu’elle a fait baisser le prix du gaz dans la région. Elle fait aussi baisser celui du bois. Un appui à la reconversion est prévu pour les petits revendeurs.
Pour des personnes qui n’y sont pas habituées, l’utilisation du gaz n’est pas sans risque. Jusqu’à présent aucun incident n’a été signalé pour les 70.000 personnes touchées. Un important dispositif de sensibilisation et de suivi a été mis en place. Il couple diffusion de spots via les radios communautaires, théâtre participatif, porte-à-porte de mobilisateurs communautaires et bientôt ligne verte.
Dans la région de Diffa, avant la crise des déplacés, la demande en bois était 30% plus élevée à ce que pouvait produire la nature. Aujourd’hui, la situation est donc catastrophique. Le long de la route nationale 1, les arbres sont coupés en masse mais les déplacés n’ont pas d’alternative et en sont parfaitement conscients « De voir tous les arbres que l’on coupe, bien sûr cela nous fait de la peine » confirme Amina déplacée d’Assaga, « mais comment peut-on faire pour cuisiner ?» conclue-t-elle. Le gaz est en passe d’arrivée à Assaga. Selon les estimations de la Direction Régionale de l’Environnement de Diffa, l’intervention de l’UNHCR permettra dès l’année prochaine à juguler totalement l’écart entre la demande et l’offre de bois dans la région. La partie est cependant loin d’être gagnée, la situation à Diffa reste dynamique pour ne pas dire imprévisible.
Mairou Malam Ligari, est le Président du Conseil Régional de la région de Diffa. Les Conseils Régionaux sont récents au Niger. Ils sont le dernier grand pas réalisé vers la décentralisation et ont en charge la planification des actions de développement au niveau régional. Dans la pratique, le processus de transfert des compétences vers les Conseils Régionaux rencontre des difficultés. Les humanitaires, à Diffa comme dans les autres régions du Niger, apprennent progressivement à appréhender ce nouvel acteur mais les habitudes restent parfois tenaces. Dans le contexte « hors-camp » de Diffa, le Conseil Régional est un acteur incontournable, son Président co-préside d’ailleurs avec le Gouverneur le Comité Régional de Coordination et de Gestion des Réfugiés.
Monsieur le Président, comment va votre région?
Ma région vit des moments difficiles parce que nous avons connu plusieurs attaques au cours des dernières semaines, notamment celle de Bosso du 3 juin. Les insurgés, que l’on pensait affaiblis, ont fait de nouveau parler d’eux. Ces incidents ont fait resurgir de nouvelles urgences et la région est aujourd’hui à un moment critique d’un point de vue humanitaire avec des besoins toujours plus importants à couvrir.
Comment le Conseil Régional qui est l’organe en charge de la planification du développement opère dans un moment durant lequel on ne parle que d’urgence ?
Aujourd’hui le Conseil Régional est à cheval entre l’urgence et le développement. Nous ne pouvons pas faire le choix de l’un ou de l’autre. Nous devons nous aussi nous adapter à ce contexte qui demande des réponses spécifiques. Mais parce que l’urgence finira par passer, on ne peut l’aborder seule car cela nous entrainerait automatiquement vers le cercle vicieux pauvreté-crise. Mis à part les situations extrêmes, Il faut déjà d’envisager le moment pré-crise. Nous devons tous assurer le plaidoyer pour aller dans ce sens.
Quelles sont les actions orientées vers le développement qui selon vous sont nécessaires et possibles de réaliser dans le contexte actuel ?
Il faut bien entendu travailler sur les activités génératrices de revenus pour que les gens puissent renforcer leur propre prise en charge. Mais bien sûr parce que le contexte économique est difficile, il faut d’abord travailler sur la consolidation des activités qui peuvent être porteuses. Les interventions à caractère social, indispensables pour les plus vulnérables, peuvent servir à créer de l’emploi et promouvoir la croissance au niveau de la région. Je parle ici des projets autour de l’immobilier et de la construction de logements sociaux.
Est-ce que vous sentez que vous avez l’oreille attentive des humanitaires ?
Je pense que, de plus en plus, nous arrivons à nous comprendre. Il y avait peu d’humanitaires à Diffa avant cette crise. Il a fallu que chacun apprenne à se connaitre, à appréhender les approches et les méthodes de travail, mais aujourd’hui nous sommes sur une collaboration positive. Cette situation favorise leur promptitude dans leurs activités et des efforts en termes de communication. La prochaine étape est que les partenaires s’adapte et intègre le Plan de Développement Régional que vient d’élaborer la région. C’est d’ailleurs le premier plan régional dont se dote Diffa, c’est donc aussi nouveau pour les acteurs humanitaires. Il est important que nous puissions aller tous dans le même sens pour en assurer une bonne mise en œuvre et la recherche de complémentaire sous l’égide du Conseil Régional.
A l’occasion de la Journée Mondiale du Réfugié, la radio nigérienne « Studio Kalangou » a promené son micro dans l’école Dar Salam 2 de Niamey qui accueillait cette année les festivités. A travers des discussions avec des acteurs diverses, le studio Kalangou a proposé à ses auditeurs un focus intéressant sur les réfugiés maliens de Niamey.
Vous ecoutez Studio Kalangou
(Volker Turk – UNHCR Assistant High Commissioner for Protection)
From the 6th to 8th of June, the Governments of Nigeria, Cameroon, Chad and Niger, as well as UNHCR and representatives of national, international and regional organizations met in Abuja, Nigeria for the Regional Protection Dialogue on the Lake Chad Basin. The Dialogue culminated in a strong Action Statement (see link below for full text) on the part of the Governments, and a commitment to establishing Action Plans at the national level within 6 months of its adoption.
The Lake Chad basin has been the arena for Boko Haram insurgency for the past seven (7) years. Initially confined to the North East of Nigeria, the violence has spilled over into the neighboring countries of Niger, Chad and Cameroon. The insurgency has resulted in the displacement of over 2.7 million people in the region, and a death toll estimated to be in excess of 25,000 people.
Niger witnessed the first attacks on its soil in February 2015 and has been victim of an estimated 115 attacks since then in the Diffa region. In May 2016, there were over 241,000 displaced persons in the region although it is expected that this number has increased following the recent attacks in Bosso town on the 3rd of June 2016. These figures include at least 127,000 internally displaced persons (IDPs). It is now estimated that 1 in every 2 people in the region is displaced. The objective of the dialogue was to identify the most urgent protection risks in the Lake Chad Basin resulting from the conflict, and to agree on measures at the local, national and regional level to improve protection measures to meet the needs of the affected populations, in particular refugees and IDPs.
The Action Statement reaffirmed the commitment of the states to the various principles and standards pertaining to refugee and IDPs protection, most notably the 1951 Convention relating to the Status of Refugees and its 1967 Protocol, the 1969 OAU Refugee Convention, the 2009 Kampala Convention on IDPs, and the 1954 and 1961 Conventions on Statelessness.
The key areas prioritized in the Action Statement are: forced displacements and freedom of movement in conflicts, civil-military coordination and the civilian character of refugee and IDP hosting areas, persons with specific protection risks, comprehensive solutions approaches and the right to nationality and documentation.
The Action Statement emphasizes the need for continuous monitoring of security measures to ensure compliance with international standards, whilst strengthening collaboration between government and humanitarian actors and coordination at the regional level. It stresses the importance of achieving a balance between security and respect for the right to asylum, and in particular the principle of non-refoulement in emergency situations.
The need for capacity development and training is a theme throughout the Action Statement, in particular for security forces including the Multi National Joint Task Force. In addition to security, the need for access to justice is a central priority of the Statement. The need for stronger community participation is pivotal, in particular in terms of the identification of people with specific protection risks, most notably children – of whom there are over 200,000 either separated or unaccompanied, as a direct result of the conflict in the region.
In the ever changing context, the need to support the link between humanitarian response and development and the achievement of durable solutions is emphasized, as a short to medium term solution to this conflict is unlikely. Just over one year on from the Abidjan Declaration on the Eradication of Statelessness 2015, the prevention and reduction of statelessness is a key element of the Statement, with commitments made to simplify birth registration and civil documentation processes, and renewed efforts in terms of awareness raising campaigns.
The Ministerial segment of the dialogue was chaired by the Vice-President of the Federal Republic of Nigeria and attended by UNHCR Assistant High Commissioner for Protection. The delegation from Niger included the newly appointed Minister of Humanitarian Affairs, the Secretary General of the Ministry of Interior, the Director General of Child Protection, the Director of Internal Migration and Refugees and the Secretary General of the Diffa region, as well as the Director de Cabinet of the Minister of Interior. Additionally, representatives of UNHCR, UNICEF, OCHA and IRC Niger participated in the dialogue, which was facilitated by UNHCR. As per the commitments made in the Action Statement, the Niger government is expected to establish a National Action Plan within the next 6 months, to include concrete steps towards the achievement of the overall objectives outlined and agreed upon in Abuja.
AFP:
Silence de mort, rues et maisons désertées, cadavres d'humains en putréfaction, carcasses de chiens et de chèvres à l'abandon… Attaquée début juin par Boko Haram, Bosso est depuis une ville fantôme où se croisent l'armée nigérienne et de rares habitants.
Une sandale a été abandonnée au milieu de la cour d'une concession. Des casseroles, marmites et bidons sont éparpillés sur le sol. A l'intérieur d'une des maisons faites de terre et de paille, un matelas et des verres de thé brisés.
Derrière une tôle ondulée, une chèvre se décompose dégageant une odeur nauséabonde. A l'entrée, un sac entier de poisson fumé est éventré. Les habitants sont partis vite.
Attaquée par les jihadistes nigérians de Boko Haram le 3 juin, Bosso, dans le sud-est du Niger, est située à quelques centaines de mètres à peine du Nigeria et des bases arrière du groupe islamiste armé. Elle avait déjà été victime de plusieurs attaques jihadistes par le passé.
La ville de 6.000 habitants, qui accueillait 20.000 réfugiés et déplacés internes, s'est vidée en quelques heures le 4 juin au petit matin.
- Civils tués -
Officiellement, le bilan est de 26 soldats nigériens et nigérians tués, mais des civils aussi ont péri. Le corps d'un homme est encore présent dans un bâtiment du siège communal. Des témoins parlent d'autres corps disséminés dans la ville.
“Les cadavres jonchaient les rues”, explique Abdelaziz Zembada, 50 ans, petit commerçant revenu à Bosso pour voir si les conditions du retour sont réunies.
Il a perdu sa fille de quatre ans. “On habite en face de la gendarmerie ciblée par la secte. Un voisin m'a conseillé d'aller chez lui. J'ai pris deux de mes enfants, Madame en a pris une. On est partis le temps de revenir la chercher (une autre de ses filles, ndlr), c'est là où l'obus est tombé. Ma fille était dedans avec les deux enfants de mon voisin… Elle n'a pas encore été inhumée”, raconte-t-il.
L'armée a été submergée par l'attaque de Boko Haram. La caserne a été saccagée. On y découvre deux véhicules blindés ainsi que plusieurs camions et voitures brûlés. Les bâtiments et notamment les dortoirs ont été incendiés, seuls restent visibles des carcasses de lits.
Tous les bâtiments publics (gendarmerie, préfecture, mairie) ont aussi été saccagés. Comme une école de campagne de l'Unicef et le centre de santé où quelqu'un a marqué à la craie sur un tableau noir: “Boko Haram”. Les jihadistes se sont également emparés de la plupart des 200 tonnes de céréales destinées aux populations dans le besoin et stockées dans un magasin.
- ‘les militaires sont là’ -
L'armée nigérienne dit avoir réinvesti les lieux, sans dévoiler ses effectifs. “Les militaires sont là. Un effectif conséquent, un dispositif nouveau, un autre moral”, assure le ministre de l'Intérieur Mohamed Bazoum qui a conduit dans la cité une délégation d'une trentaine de véhicules, composée de deux ministres, députés et de personnel des agences onusiennes et d'ONG.
“D'ici quelques semaines, nous allons repeupler Bosso et les populations retourneront à leurs activités”, assure-t-il. Sur place, les soldats sourient et lèvent le poing en signe de confiance.
Lors de la visite de la caserne saccagée, une vive discussion oppose le colonel de gendarmerie au préfet. “Partout où vous êtes, il y a un plan de défense. C'est ça qu'il faut mettre en oeuvre. Pas plus!”, déclare le colonel. “C'est facile de dire ça!” lui rétorque le préfet soulignant qu'il a défendu la place jusqu'à 21H00 le 3 juin avant de décrocher.
Dans le dédale des rues sablonneuses, on ne croise personne ou presque. Nourris par l'armée, quelques vieillards qui n'ont pas pu fuir attendent le retour de leurs proches.
Des habitants font le va-et-vient entre les villes voisines pour récupérer des affaires, comme El Hadj Abba Makani qui charge tout ce qu'il peut sur un vieux 4x4. “La nuit du 3, on l'a passée sur le toit et le matin on a fui à pied avec toute la famille”, raconte ce commerçant nigérian, aux deux épouses et dix enfants. “On a peur mais si tout le monde revient, on reviendra”.
“On est découragés. On veut que les gens reviennent”, assure Souleymane Salissa, coiffeur, qui fait aussi fonctionner un petit groupe électrogène pour charger les téléphones. Sa boutique et sa maison ont été pillées mais il est revenu et survit grâce à la clientèle des soldats.
“On veut qu'on nous aide en nourriture, en eau et qu'on arrange la téléphonie mobile et l'électricité”, poursuit-il, confiant en l'avenir: “On voit que ça va mieux même si hier on a entendu des rafales. Si on entend +Allahou Akhbar+ (Dieu est le plus grand, crié par des combattants de Boko Haram), c'est là qu'on doit s'inquiéter!”
Combien de personnes ont été forcées de se déplacer à Diffa, Toumour et sur la route nationale 1 depuis les attaques survenues au début du mois juin dans la commune de Bosso ? Les estimations varient entre 40,000 et 70,000 personnes. Combien aussi sont-elles celles s’étant réfugiées dans la commune de Maine Soroa, à l’ouest de la ville de Diffa, suite à l’attaque, moins médiatisée, du 6 juin sur le village frontalier nigérian de Kanama?
En parallèle de la délivrance de l’assistance d’urgence, depuis le 15 juin, sous l’égide de la Direction Régionale de l’Etat Civil et des Réfugiés des équipes composées d’agents d’enregistrement de l’UNCHR et des agents de l’état civil nigériens se sont déployés sur les différents sites d’accueil. Via le « porte-à-porte », l’objectif de l’intervention est d’identifier, recenser et documenter tous les ménages déplacés. Alors que certains sites accueillaient déjà avant les derniers évènements des populations en provenance de dizaines de villages différents, la participation des représentants des chefferies est aussi centrale dans cet exercice. Les résultats sont attendus en début de semaine prochaine.
Venus au Niger depuis 2012, les réfugiés maliens se sont établis en milieu urbain, dans les camps de Tillabéry et dans les zones d’accueil de Tahoua. De concert avec les autorités nigériennes, les zones d’accueil d’Intikane et de Tazalite ont été créées pour offrir aux réfugiés des espaces de vie plus larges que les camps leur permettant de maintenir leur mode de vie, et leurs activités liées à l’élevage. Cette disposition favorable à leur mobilité pouvait créer une distension des liens selon qu’ils nomadisent plus ou moins loin du centre administratif des zones d’accueil. Double éloignement donc après celui causé par l’exil.
Depuis l’extension de son réseau dans les départements de Tillia et Tassara dans la région de Tahoua, la société Moov a permis de raccourcir les distances entre les zones d’accueil et leur environnement proche comme éloigné. Garder un contact étroit avec les proches resté au nord-Mali et s’informer sur la situation ; connaitre les activités dans les zones d’accueil telles que les enquêtes, les sensibilisations ou les distributions lorsqu’ils nomadisent avec leur bétail ; faciliter les échangés commerciaux avec la ville de Tahoua grâce à la possibilité d’interagir avec les commerçants sans se déplacer ; voilà ce qu’a permis aujourd’hui l’extension du réseau téléphonique. Akighe Afie Janicet, Conseiller Commercial de Moov au Niger : “ en 2013, la Société Moov avait proposé au HCR d’élargir son réseau pour y inclure les camps et les zones d’accueil de réfugiés maliens. Le HCR a accepté dans le souci de leur donner le droit à communiquer. Moov a par la suite réalisé des investissements importants pour assurer la couverture dans ces zones reculés. Moov est donc devenu le premier fournisseur de téléphonie mobile pour la population des réfugiés au Niger ».
La création des zones d’accueil a permis aux réfugiés de maintenir leur mode de vie et leurs activités, leurs conditions de vie sont aujourd’hui globalement satisfaisantes. Le processus d’autonomisation est lancé, l’autogestion doit donc être renforcée. La possibilité de joindre les réfugiés par téléphone permet aux équipes de l’UNHCR et de ses partenaires d’optimiser les missions depuis Tahoua, à 3 heures de route d’Intikane et 5 de Tazalite, mais aussi de pouvoir être informé rapidement en cas d’urgence.
Depuis l’extension du réseau, Moov et l’UNHCR ont enclenché une nouvelle phase de réflexion collective et étudie notamment la mise en place d’un système de cash transfer via le mobile.
Cet exemple de collaboration montre à lui seul que la mise en place de partenariat gagnant-gagnant avec les opérateurs économiques est un levier essentiel pour accompagner l’intégration des réfugiés dans la vie socio-économique du Niger et cela même dans les zones les plus reculées.
United Nations agencies, the Regional Directorate of Civil Status and Refugees and NGO partners have been carrying out rapid registrations of displaced persons who continue to arrive to Diffa town, following the eruption of the violence in the south-east part of the region over the weekend. There are currently at least 17,000 people who have been registered, amongst whom at least 2,600 are children. As other groups of displaced continue to arrive in the town, registration activities are ongoing.
The local population of Diffa town is estimated to be around 55,000 inhabitants. The situation and arrival of these people is thus putting extreme pressure on the basic services and infrastructure available. Some displaced people are being hosted by family or relatives in the city, however most of the displaced are settling outdoors in precarious conditions, seeking shade to protect them from the sun and the temperatures exceeding 40 degrees Celsius. Even before this massive population movement, a lot of local households in Diffa town were already hosting displaced families from Nigeria.
The majority of the newly displaced communities are coming from Bosso, Yebi and Toumour, east of Diffa town. They are estimated to be at least 50,0000. For this population, the capacity to reach Diffa is also linked with the availability of funds for transportation.
In the whole region, the security situation is currently unclear. UNHCR and other humanitarian actors are working closely with the national authorities to develop a joint emergency response both in and outside Diffa town. However, mobility outside Diffa town and in the east part of region is extremely restricted.
NIAMEY, Niger, June 7 (UNHCR) - Tens of thousands of people have fled their homes in south-east Niger following a series of attacks in recent days by Boko Haram insurgents on the town of Bosso in the troubled Diffa region, the UN Refugee Agency said today.
The attacks occurred on Friday, Sunday and Monday (June 3, 5 and 6). As of today (June 7) the situation in Bosso is unclear. UNHCR warned last month that the security and humanitarian situation was worsening in the Diffa Region.
“We have not been working directly in Bosso since February 2015, when the insurgency spread from Nigeria to Niger, but we operate through local implementing partners to deliver help,” UN spokesperson Adrian Edwards told a news briefing in Geneva.
Edwards said that the Refugee Agency is working with the authorities and partners on a coordinated response to the displacement. A UNHCR emergency team will be deployed to the Diffa region this week.
The most recent attacks follow rising violence in and around Bosso in recent weeks. An assault on May 31 in the nearby town of Yebi that killed nine people and forced an estimated 15,000 residents and displaced people to seek shelter in Bosso. Many had been evacuated a year ago from islands in Lake Chad for security reasons.
An estimated 50,000 people fled Friday’s attack, mainly walking westwards to Toumour, some 30 kilometres west of Bosso. Many people are traumatized and worried about their safety. People are sleeping in the open and urgently need shelter and other assistance.
Some of the displaced have moved on from Toumour and are heading to the town of Diffa, which is located 140 kilometres west of Bosso, and northwards towards Kabelawa where a camp for the internally displaced is near capacity with some 10,000 people.
“The welfare of these people and others forced to flee the violence in Bosso is of great concern,” Edwards told reporters at the briefing. “Insecurity and lack of access have long hampered humanitarian operations in parts of the Diffa region, though Bosso is the only area where we do not implement projects directly,” he added.
There are at least 240,000 displaced people in Diffa Region, including Nigerian refugees, returnees and the internally displaced. Before the latest attack on Bosso, one in every three inhabitants of the Diffa region was forcibly displaced.
Since February last year, UNHCR has been providing protection and assistance to the displaced in Bosso through local and international NGO partners.
Edwards stressed that additional support from the donor community is urgently required. “This is a desperately poor area where the general insecurity has destroyed the socio-economic fabric. The self-reliance capacity of the displaced and their hosts is extremely limited,” he said.
The attacks on Bosso came just ahead of the start of a high-level meeting from Monday to Wednesday in Abuja to discuss the major protection challenges in the Lake Chad basin, including Niger.
Organized by the Nigerian government, with technical support from UNHCR, the dialogue participants include senior officials from Nigeria, Chad, Cameroon and Niger.
Quartier « Pays-Bas » à Niamey, dernière semaine du mois de mai. Une concession de familles nigériennes accueille une équipe de cinéma allemande pour tourner un film sur un jeune réfugié malien. Cela peut paraitre confus mais ça coule de source : la situation dans le nord Mali n’est pas propice pour réaliser un tournage, les atmosphères des concessions peuvent se retrouver à Niamey ; l’Allemagne est en première ligne dans l’accueil des réfugiés en Europe ; pour le quartier « Pays-Bas » … son nom lui a été donné car il est situé dans une cuvette où l’eau rigole lors des pluies.
Le film va donc retracer le parcours d’un jeune réfugié malien : depuis son pays natal qu’il a dut fuir pour s’affranchir de la guerre et de l’oppression ; jusqu’à l’Allemagne et le processus complexe d’intégration. « Ré-humaniser » les statistiques, voilà l’un des objectifs de ce long-métrage tel que l’explique la réalisatrice Feo Aladag : « la problématique des réfugiés est trop souvent dépersonnalisée. On oublie que derrières ces chiffres impressionnants se cachent des parcours de vie unique qui ont amené chacun à faire ou pas le choix de l’exil ».
Le film sera diffusé sur la télévision publique allemande et devrait toucher autour de cinq millions de téléspectateurs. L’industrie du cinéma et la télévision publique allemande ont su tisser de bonnes relations de collaboration permettant d’assurer production de qualité et importante audience. Alors que les images d’accueil, tout sourire et les bras ouverts, des réfugiés sur les quais de gares allemands semblent déjà loin, cette production revêt un caractère particulièrement fort pour accompagner la société allemande vers ce nouveau, nécessaire mais complexe vivre-ensemble.
Lors du tournage, dans la concession du quartier Pays-Bas, le vivre ensemble était bel et bien présent comme le décrit Feo Aladag : « les familles de la concession ont été formidables. Très vite chacun à trouver sa place et à contribuer non seulement à la bonne ambiance de tournage mais aussi à sa bonne réalisation. Malgré un délai très court, nous avons fini avec 2 jours d’avance, ce qui est très rare dans notre travail ».
Via ce blog, nous vous tiendrons informé de la sortie du film.
Depuis l’ouverture du camp de Sayam Forage le 30 décembre 2014, peu de ménages réfugiés faisaient le choix de s’y rendre. Après les premières relocalisations, 1400 réfugiés y vivaient. A la fin du mois d’avril 2016, ils étaient un peu moins de 2000. Plusieurs raisons expliquaient alors cette faible inclinaison des réfugiés à vouloir s’installer à Sayam Forage : son éloignement de la frontière (plus de 50 km selon les normes internationales) signifiait un nouvel éloignement du foyer ; l’économie commençait à souffrir mais était encore très résiliente permettant aux populations hôtes d’accueillir les déplacés et aux déplacés de pouvoir prendre en charge une partie de leurs besoins; l’assistance venait très souvent en complément aux besoins que les ménages ne pouvaient assurer eux-mêmes.
Il y a aujourd’hui des signes qui ne trompent pas. Pour le seul mois de mai, plus de 2000 personnes ont demandé à être relocalisées vers Sayam Forage. 1478 s’y sont rendu depuis Gagamari. Pour les autres, en provenance du village voisin de Chétimari, le processus est en cours, et les rangs des candidats à la relocalisation grossissent. Mahamadou Guide Adamou est chef d’équipe de l’UNHCR à Diffa « lors des entretiens, il ressort que ce nouvel engouement à vouloir rejoindre le camp est principalement lié à des raisons de survie des ménages qui ne reçoivent pas suffisamment d’assistance ou même pas du tout, et qui ne peuvent plus se prendre en charge du fait de la dégradation de l’économie. Il ressort aussi des entretiens que la réputation qui entourait le camp de Sayam Forage est en train de changer. Les informations que reçoivent les réfugiés sont que les conditions de vie y sont bonnes. De notre côté, il faut donc prendre cette nouvelle donne en considération et augmenter graduellement les capacités d’accueil du camp ».