« Les pieds ne vont que là où le cœur aime» (adage Kanuri)

Le Haut- Commissaire recevant le cheval offert par le Chef de Canton (à droite) Photo : Tagaza Djibo

Deux semaines après la visite du Haut-Commissaire de l’UNHCR a Maine Soroa, un échange avec le Chef Canton s’imposait pour revenir sur cet accueil incroyable.

Honorable Chef de canton, l’accueil réservé au Haut-Commissaire à Maine Soroa a été incroyable. Pourquoi cet accueil ?

Dans la semaine du 23 Novembre 2016, nous avons été informés de la visite du Haut-Commissaire dans la ville de Mainé Soroa. Nous avons convoqué notre comité pour organiser la cérémonie d’accueil et il s’est mobilisé pour organiser les cérémonies avec les moyens que nous lui avons donnés. Chemin faisant, le comité a été accompagné par une équipe de l’UNHCR. Le Lundi 12 Décembre 2016 est une journée gravée dans l’histoire de Mainé-Soroa pour avoir accueilli ces honorables hôtes avec à leur tête Monsieur Filippo Grandi accompagné de Monsieur Lawan Magagi, Ministre de l’Action Humanitaire. Cette grande fête et cet accueil chaleureux ont été à l’honneur pour immortaliser cette grande journée.

Vous êtes montés sur les chevaux ce qui est un symbole fort.

Nous ne montons à cheval que pour des occasions exceptionnelles. L’arrivée du Haut-Commissaire est un événement exceptionnel qui est devenu une cérémonie de fête car un adage Kanuri dit: « les pieds ne vont que là où le cœur aime». Le choix de la ville de Maine-Soroa est un honneur qu’il était nécessaire de marquer: nous et nos administrés à cheval et à dos de dromadaires, habillés en tenues traditionnelles pour les hommes et les plus beaux harnachements pour les animaux et au son de l’algaita avec les you-yous des femmes en habits de fêtes et bien parfumées, marquant des pas de danses traditionnelles. Nous avons exprimé ainsi la joie de toutes nos communautés présentes dans la plus grande discipline. Cette journée est inscrite dans le livre historique des importants événements du canton. Dans le futur, cette journée sera une référence pour narrer des faits, des dates et autres. La journée du 12 Décembre 2016 témoigne de la cohésion sociale entre les différentes communautés du canton de Maine Soroa et celles du pays voisin du sud (Nigeria).

Arrivée à Maine Soroa. Photo : Ibrahim Abdou

Vous avez donné le titre honorifique de « Lawan » au Haut-Commissaire. Qu’est-ce que cela signifie et implique ?

Dans l’organigramme de la chefferie traditionnelle, le titre de « Lawan » signifie la bravoure donnée au chef de deuxième dynastie, Bouji Kollomi, le chef historique de Maine Soroa qui a été Lawan. Le titre honorifique de « Lawan » signifie Sous-Chef ou conseiller désigné par le chef de canton. Cette nomination implique une mission que le Chef assigne à cette personne. Il est systématiquement investi visionnaire pour le Chef. Lawan, en kanuri, exprime également celui qui peut générer de la richesse économique. Son rôle est de mobiliser les ressources techniques, financières et humaines comme moyens au service des idées, des projets et du programme du Chef ou du Canton. Il doit aussi développer la cohérence et l’efficience entre les personnes, les écouter et garantir à chacun son intégrité physique et morale. Quatres éléments, symbolise l’intronisation du Lawan comme le veut la coutume : le turban qui signifie la responsabilité ; le sabre signifiant la défense ou la protection ; le couteau pour le partage, l’aide et l’assistance ; le cheval pour la promenade de visite aux administrés du Chef.

Vous avez contribué à l’organisation d’une rencontre entre le Haut-Commissaire et les représentants des autorités traditionnelles Nigérianes. Quel était l’esprit de cette rencontre ?

Rencontre avec les autorités traditionnelles nigériennes et nigérianes. Photo : Ibrahim Abou

Depuis que les événements de Boko Haram se sont produits, les communautés de Diffa ne font qu’accueillir à bras ouverts les réfugiés du Nigéria dont un bon nombre vit à Maine Soroa. Les chefs traditionnels du Nigeria ayant les mêmes traditions, comme la coutume le veut, ils prennent part aux manifestations du canton raison pour laquelle ils étaient présents. La rencontre avec le Haut-Commissaire leur a permis d’exprimer leurs idées et préoccupations, sans barrière, d’écouter le Haut-Commissaire et de prendre notes. Ils ont aussi par la même occasion témoigné de leur reconnaissance au Chef de canton de Maine Soroa et à toutes ses communautés pour avoir accueilli et soulagé plus de 30 000 réfugiés à Maine Soroa. Les échanges ont été fructueux. Les participants étaient satisfaits de la rencontre. Les points sur l’alimentation, la santé, l’hygiène, l’habitat et l’éducation des enfants réfugiés font aussi partie des préoccupations du Haut-Commissaire. L’ensablement des espaces agricoles a aussi été évoqué comme une préoccupation. Le Haut-Commissaire a promis d’examiner tous ces points et que certains seront soumis à d’autres institutions telle que la Banque Mondiale pour appréciation et action. Cela a été une grande opportunité de nous faire entendre et de transmettre les attentes des communautés.

Quels sont les besoins en interventions essentielles que vous adressez à l’endroit de l’UNHCR et de la communauté humanitaire pour l’année 2017 et quelles sont vos propres perspectives à cet effet?

En matière d’élevage nous comptons aller dans le sens de la redistribution sociale du cheptel. Cela nécessite un besoin d’appui de la part des partenaires techniques et humanitaires dans le domaine. Nous souhaitons dans la ville, la réhabilitation des anciens puits et le fonçage de nouveaux points d’eau tel que déjà lancé par le HCR sur les deux sites d’urbanisation créés à Maine. Nous voulons un appui dans le domaine de la production agricole, et dans le cadre de la santé animale pour apporter un nouveau souffle à nos populations. Comme vous le savez, les saisons hivernales à Diffa sont régulièrement déficitaires. Nous entendons œuvrer avec nos communautés pour agir dans la protection et la restauration de la base productive par l’aménagement de sites. Ensuite, il est nécessaire d’agir dans la reprise des activités de développement entrainant l’occupation des jeunes et des femmes. Egalement, nous souhaitons aller dans le sens de la culture de nos valeurs traditionnelles de tolérance et d’équité dans les rapports et la redistribution des avantages pour préserver la quiétude et assurer la pleine installation de la coexistence pacifique.

UN refugee chief praises Niger’s help for refugees

Filippo Grandi says Niger sets a strong example through its hospitality for people fleeing conflict in Mali and Nigeria.

UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi meets forcibly displaced people in Diffa, Niger. © UNHCR/Dustin Okazaki


DIFFA, Niger – Despite facing high levels of poverty and other development challenges of its own, Niger is playing a key role in sheltering refugees fleeing conflicts in the region, the UN refugee chief said during a visit this week.

The West African country provides asylum and refuge to over 165,000 refugees fleeing conflict and persecution in neighbouring Mali and Nigeria.

“It’s very rare to find a country and a people facing so many challenges – security, economic, climatic - surrounded by unstable neighbours, yet providing refuge and maintaining humanitarian values, despite it all,” UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi said during his first visit.

“I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home.”

The region of Diffa, in the south-east of Niger, is a perfect example of this solidarity, as expressed by Grandi on a visit to the region to highlight the Nigerian displacement crisis. Since February 2015, Diffa has been under constant threat from Boko Haram.

The numbers of displaced people in the region has skyrocketed in the past year, reaching over 250,000 by last month. This total includes refugees, returning Niger citizens and people forcibly displaced within the country’s borders. What is exceptional about Diffa is the fact that amongst the displaced, just 7,500 are living in a refugee camp. The majority live side by side with the local population, who also face major challenges.



UNHCR, the UN Refugee Agency, provides assistance and protection to people in need, based on their vulnerability, and not just on their status as refugees. In such a dynamic and volatile context, UNHCR has been forced to rethink the way it operates, and to come up with innovative solutions for all.

In its Urbanization Project, UNHCR works hand-in-hand with the local and community authorities, to provide legal access to land for displaced families, while contributing to improving the local economy.

During a visit to the town of Maine Soroa, in the Diffa region, Grandi met with Amina, a 28-year-old Nigerian refugee who had received a parcel of land and a house under the project. “I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home. I’ve put my daughter in school and I want my family to make our life here.”

To date, over 2,000 families have benefitted from land parcels, whilst the construction of social and sustainable long-term housing began in 2016.

Another such project, which helps not only refugees, but also the local population, is the Gas as Domestic Energy programme. Throughout 2016, over 200,000 of the most vulnerable people across the region of Diffa received gas bottles to use for domestic purposes. UNHCR struck a partnership with a private gas company in Niger to ensure the sustainability of the project.

“If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. “

Not only does the use of gas protect the environment, which is essential in the Lake Chad Basin, but it provides multiple other benefits. “The gas has changed a lot of things in our life,” Bintu, a local woman hosting refugees in her home, told Grandi.

The cost of gas refills is far lower than the price of wood, which means people have more money to invest in other areas. Women and girls are also spared having to gather firewood far from home, where they are vulnerable to assault. It also enables girls to spend more time in school rather than on domestic chores.

The High Commissioner, noting that Diffa had been one of the most prosperous regions in Niger, stressed that: “If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. We cannot afford that. The people cannot afford that. The authorities cannot afford that.”

During a meeting on Sunday with Niger Prime Minister Brigi Rafini in Niamey, Grandi reiterated, that, “Niger is an example that I assure you I will use around the world.”

For more information go to : http://www.unhcr.org/news/latest/2016/12/584ff3cc4/un-refugee-chief-praises-nigers-help-refugees.html

Des artistes nigériens s’engagent pour les déplacés de Diffa

Après une première édition de collecte d’habits pour les enfants réfugiés Malien http://unhcrniger.tumblr.com/post/137550999259/de-la-sc%C3%A8ne-au-camp-de-mangaiz%C3%A9, l’artiste Filo La Diva a réitéré samedi 27 novembre. Pour ce deuxième évènement et entourée par d’autres artistes nigériens l’artiste visait les populations déplacées de la région de Diffa avec un slogan « Diffa, nous sommes tous concernés ». « Cet évènement montre l'engagement de la population de Niamey par la voix des artistes et combien nous sommes attachés à ce que les choses aillent mieux dans cette partie du Niger. En tant qu'artiste, nous n'avons pas un grand moyen financier mais nous avons notre métier à mettre au service de la citoyenneté et de l'engagement social ». Le bureau de l’UNHCR Niger s’engagera à acheminer les habits vers la région de Diffa.

Presence of UNHCR in the Diffa Region Strengthened



For several weeks, a major change has been made by the UNHCR operation in the response in the Diffa region. In August 2015, a first step was taken to shorten the 1,400km distance between the UNHCR Headquarters in Niamey and the Diffa Field Office, through the establishment of a Sub-Delegation office in Zinder to manage the Diffa field operations. 400 kilometres separates the two towns. As Diffa is located just several kilometres from the border with Nigeria, the security situation was the main reason behind the creation of an additional office outside of the region.

Despite the fact that the security situation in the Diffa region remains volatile today, a better understanding of the context and the need to be more present on the ground has led to a major strengthening of the UNHCR presence in Diffa. To-date, fifteen containers have been installed on the compound neighbouring that of the other UN agencies in Diffa town, while 32 UNHCR staff are now permanently positioned in Diffa. Additional staff are expected to join the Office in 2017. In Zinder, UNHCR maintain a minimal presence to aid in transit for missions from Niamey, and to maintain a closer presence, in the situation of a rapid degradation of the security situation.

The Drone:  a Tool Adapted to the Dynamic Situation of Diffa

Drone aerial image of Kindjandi spontaneous site, Route Nationale 1, Diffa Region, Niger, September 2016


Since 2013, the Diffa region in Niger has been receiving displaced persons from Northern Nigeria fleeing the conflict of Boko Haram. Sadly, the situation deteriorated in February 2015 with the first attacks within the region itself, while the population displaced by the violence continues to grow, in particular internally displaced persons.

The displaced population in the region now number over 250,000 people (October 2016), the highest number ever recorded in the region. The Diffa situation is quite unique as refugees, returnees and internally displaced persons (IDPs) are mainly living outside of camps. Just two official camps exist, one for refugees and one for IDPs, however the two camps combined host less than 20,000 people.

In recent months, and in particular following a series of violent attacks in the area of Bosso in the east of the Diffa region in June, the need for enhanced information management has never been so urgent. The attacks and the consecutive population movements drastically changed the operational context. Before this period, the displaced were mainly settled in towns and villages. However, in recent months, over 50 spontaneous sites appeared along the Route Nationale 1, the single paved road running through the region from east to west. Most of the population have settled along this road in search of security. The displaced population is also very mobile, moving from site to site in preventive or post attack movements, as well as for survival as they move in search of assistance.

Since the beginning of the crisis, UNHCR and its information management partner REACH are conducting extensive mapping exercises of all the villages and towns hosting refugees and returnees from Nigeria. The maps provide information regarding the existing infrastructure and the capacity of the infrastructure. Progressively, UNHCR have developed other information management tools such as a 6W matrix to track all activities being implemented in the region at the village level. For the mapping of towns and villages hosting displaced populations, the images used are generally free images obtained on specific online websites. For the mapping of existing towns and villages, this serves as an adequate basis, however it is more complex for the visualisation of open areas hosting newly displaced outside of towns and villages such as the spontaneous sites along the Route Nationale 1. For this reason, UNHCR became interested in the use of a drone to capture up-to-date images of these areas.

To understand the dynamics of the population movements properly, UNHCR decided to contract a local innovative ‘drone mapping’ expert to travel to Diffa. The drone is known as a UAV (Unmanned Aerial Vehicle) drone, T800. It is a small lightweight aircraft of just 2 meters in diameter. It is equipped with a high resolution camera capable of operating automatically without the need for human intervention.



Aziz Kountche, Nigerien drone expert in Diffa region Niger


During the month of September, a series of drone flights were carried out to capture images and video, which were then converted into extremely detailed maps of the various sites and settlements. The drone provided the possibility to rapidly visualize the current situation in the sites. Following the mapping exercise, UNHCR and REACH provided additional detailed information through GPS points for infrastructure and existing services in the sites such as water systems, education, health and sanitation facilities, which were incorporated into the drone image maps in order to identify gaps, for example in terms of the availability of drinking water and availability of latrines according to basic standards. The results aid in the delivery of an appropriate response for the population. The images clearly show the size of the various sites and the numbers of shelters in place.





The process of registration of the displaced population in such a complex and dynamic context is extremely challenging. However, the visibility of the number of shelters per site enables a better analysis of the populations present in the biggest spontaneous sites, thus aiding the registration process.

The drone was also used to provide detailed images for maps of the two existing camps in the region, Sayam Forage refugee camp and Kabelawa IDP camp. Kableawa IDP camp currently hosts around 15,000 people. The population increased dramatically, with much inward and outward population movement in recent months, due to the threat of attack. The use of the drone in this volatile situation has provided an image of the rapid spatial evolution of the camp, which is essential for adequate site planning and adjustment of existing infrastructure.

An additional benefit of the exercise is the identification of environmental issues in the region and especially the availability of wood resources around the spontaneous sites. In the areas surrounding the sites, trees are cut by the vulnerable displaced population who are unable to buy wood for cooking, due to their low purchasing power. The situation is extremely worrying, as even before the crisis and this new demographic pressure on natural resources, the region was facing a serious environmental crisis: two thirds of the region is affected by desertification. In 2016, UNHCR began to implement a gas for domestic energy project in the Diffa region. One in every four inhabitants in the region has benefitted from the project, which is strongly supported by the Regional Directorate of Environment. For some of the sites, the drone images will provide the possibility to monitor the evolution of the environmental situation and the use of wood.

It’s the first time that the office of the UNHCR in Niger has used drone technology. Following an important initial collective learning phase, it is clear to see the multiple benefits of the project. The next drone flight should take place in early 2017, enabling a new visualisation of the situation.

Quel avenir pour la vache Kouri du Lac Tchad ?



La race bovine Kouri est une espèce endémique au bassin du Lac Tchad. Parmi les races bovines d’Afrique, cette race est intéressante en raison de ses particularités biologiques notamment en termes de résistance aux pathologies tropicales. Elle est aussi à la base d’un système de nomadisme particulier, les éleveurs se déplaçant d’une ile à une autre à la recherche de pâturages. Ses cornes flottantes sont exploitées lors des traversées et constituent une caractéristique unique de cet animal. Sa docilité et sa bonne performance laitière en font aussi un animal très prisé par les éleveurs.

La dégradation de la situation sécuritaire sur le Lac Tchad et son évacuation consécutive font peser de sérieux doutes sur l’avenir de la race Kouri, déjà fragilisée lors des phases naturelles de rétrécissement du lac. La race Kouri ne supporte pas les zones dunaires et arides. En temps normal, les bovins passent neuf mois sur douze sur le lac rejoignant la terre ferme uniquement pendant l’hivernage (saison des pluies), période durant laquelle les pâturages deviennent denses. Au-delà de cette période spécifique, les kouris doivent retourner dans leur environnement naturel, aujourd’hui sans les hommes. Comme Oumarou Arami éleveur Nigérien âgé de 45 ans nombreux éleveurs ont dû abandonner leur troupeau sur le Lac occasionnant des pertes automatiques. Oumarou explique : « avec la crise les éleveurs ont perdu des dizaines de milliers de vaches Kouri détournées par les insurgés mais aussi par des voleurs qui ont profité de l’abandon des animaux par leurs propriétaires. Les vaches sont détournées pour être revendues sur des marchés ou abattues pour être transformées en viande boucanée ». En juillet 2016, l’UNHCR et son partenaire Search For Common Ground réalisaient une enquête sur l’augmentation des tensions communautaires dans la région de Diffa. Cette enquête révélait que pour 81% des personnes interrogées, le « vol de bétail » était la première cause des tensions actuelles Cliquez ici .

Une alternative, précaire tant pour la santé animale que pour la sécurité des éleveurs, est de rester en bord de Lac. Mais la concentration des animaux et le déficit fourrager consécutif à la mauvaise campagne 2015 ont provoqué une perte importante du bétail. La saison des pluies 2016 s’achève aussi sur des déficits considérables au nord du Lac.

Anomalie de production de la biomasse au 1er Octobre 2016


La problématique pastorale reste la grande oubliée dans la réponse humanitaire à Diffa. Mis à part le CICR, peu ou pas d’interventions à la hauteur des besoins et des risques sont mises en place. Les éleveurs sont un pilier essentiel de la vie socio-économique de la région de Diffa. Les accompagner rapidement et de manière profonde reste incontournable.

Plus de 302,000 déplacés forcés recensés dans la région de Diffa


Les derniers chiffres du recensement de la population déplacée dans la région de Diffa, publié par le Ministère de l’Intérieur, font état de plus de 302,000 personnes réparties sur 60 sites spontanés, villages et sur les deux camps de Kabelawa et Sayam Forage. Ces chiffres incluent les réfugiés, les retournés nigériens et les déplacés internes. En mai 2016, plus de 250,000 avaient été dénombrés.

L’utilisation de gaz butane pour l’amélioration de la production animale: Régénérence du couvert végétal pour un élevage de qualité


Au Sahel, les recherches ont montré que chez les animaux domestiques la croissance et la reproduction sont surtout affectées par la faible disponibilité et la faible valeur nutritive des pâturages. Quant à la production laitière, son principal facteur limitant est la chaleur. Or, les ligneux à travers l'ombrage offrent un abri propice où les animaux se protègent contre les effets néfastes de la température élevée surtout pendant la saison sèche et chaude. Encore, pendant toute la saison des pluies dans certaines régions du pays, surtout au Sud (où l'espace est exclusivement réservé aux cultures), les animaux, principalement les petits ruminants sont gardés en stabulation et nourris avec le fourrage ligneux. Encore, on constate dans les grandes villes du Niger l'utilisation des Produits Forestiers Non Ligneux pour assurer l'alimentation du bétail. Il s'agit par exemple des feuilles et fruits des espèces comme Faidherbia albida (Gao), Acacia raddiana (kandili en Haoussa et Bisaw en Djerma) qui se vendent sur certains axes routiers et des points à proximité des marchés à bétail. D'autre part, rappelons que depuis Novembre 2011, le Niger a commencé l'exploitation de son pétrole. Ce qui lui permet de produire jusqu'à 300000 tonnes de gaz butane chaque année. L'utilisation de ce gaz butane permettra sans nul doute la régénération des massifs forestiers et des parcs agro forestiers.

D'autre part, rappelons que depuis Novembre 2011, le Niger a commencé l'exploitation de son pétrole. Ce qui lui permet de produire jusqu'à 300000 tonnes de gaz butane chaque année. L'utilisation de ce gaz butane permettra sans nul doute la régénération des massifs forestiers et des parcs agro forestiers. En effet il y aura moins de pression sur les ressources végétales pour des fins énergétiques car rien qu'à Niamey nous consommons environ 334533.50 tonnes de bois énergie par an. L'environnement se régénère et devient beaucoup plus productif. Ce qui contribue efficacement à l'amélioration de la performance de notre système d'élevage à travers une disponibilité permanente de fourrage frais et une réduction d'investissement important (plus de 3.000.000.000 de FCFA par an) de l'Etat pour l'achat de son de blé et de tourteaux de coton afin de pratiquer un élevage moins performant à cause des intempéries climatiques.

Ainsi, les Nigériens pourront Nourrir les Nigériens de façon durable et les sécheresses ne seront plus synonymes des crises alimentaires ou de famines au Niger.

Il est donc temps que les Nigériens prennent conscience de l'importance écologique et économique de la couverture végétale et réagissent rapidement pour sa régénération et sa protection. Nous devrons impérativement réduire l'abattage des ligneux pour des fins énergétiques et consommer le gaz butane dans les ménages.

De même, le gouvernement nigérien doit poursuivre davantage sa politique énergétique préservatrice de l'environnement pour la durabilité de nos systèmes de production en général et le système d'élevage en particulier. Enfin, nous souhaitons tout lecteur du présent article soit vulgarisateur permanent de cette politique d'utilisation de gaz butane dans son milieu pour un environnement sain et productif.

Moussa Illiassou
Direction Générale de l'Environnement et du Développement Durable
www.lesahel.org


L’accès au gaz domestique est une composante essentielle de la stratégie de l’UNHCR au Niger. Pour en savoir plus cliquez ici

Capitaine Grema, chargé de la composante humanitaire à la CNCCAI « La situation de Diffa est unique en son genre »


La problématique des mines et des restes d’explosifs est autant nouvelle qu’entière dans la région de Diffa. Afin de mieux connaitre la situation et rapidement mettre en place des réponses adaptées, l’UNHCR a développé un projet avec la Commission Nationale de Contrôle et de Collecte des Armes Illicites (CNCCAI). Le Capitaine Grema Mahamadou est chargé de la Composante Humanitaire pour la CNCCAI.

Mr Grema, pouvez-vous expliquer le cadre stratégique et opérationnel du projet qui lie la CNCCAI et l’UNHCR ?

Le projet se définit comme un projet à impact rapide sur les aspects de contamination en mines et restes d’explosifs de guerre. Il vise à informer les humanitaires et les populations sur les zones infestées par les mines ainsi que sur les dangers des résidus d’explosifs et de mines. C’est un projet qui s’étend sur neuf mois. Trois ont déjà été écoulés dans le cadre de la phase préparatoire et des premières missions de terrain. Une première cartographie des sites susceptibles de regorger de restes d’explosifs et de mines a aussi été réalisée. Après ce premier travail, nous sommes maintenant dans la phase de rencontre avec les autorités régionales et les responsables des forces de défense pour la mise en œuvre des activités du projet. Un atelier se tiendra à Diffa dans les prochains jours pour discuter des outils d’évaluation des risques et de la mise en place d’un mécanisme de sensibilisation.

Quels sont les méthodes qui seront employées?

Tout d’abord la mise en place de points focaux sur les sites concernés. Nous utiliserons également les radios communautaires dans le cadre des sensibilisations et des panneaux de visibilité seront installés pour matérialiser les zones à risque et les risques eux-mêmes. Une cellule régionale en charge de l’information et du déminage humanitaire sera créée. Elle sera présidée par le Gouverneur et la population civile ainsi que les divisions administratives locales y seront représentées. La cellule aura notamment en charge de recruter et de former les équipes de déminage à travers la CNCCAI.

A quel niveau évaluez vous le risque ?

Pour le moment, il reste impossible d’explorer les zones du lac par conséquent le risque y est d’autant plus élevé car nous ne pouvons donc pas y apporter une solution adéquate. Dans les autres zones, le risque sera réduit sous l’effet de la sensibilisation et de l’information. Par rapport aux actions que la CNCCAI a pu mener dans d’autres zones du Niger la situation à Diffa a-t-elle des particularités ? Nous avons vécu l’expérience d’Agadez qui concernait le déminage de mines anti-char. A Madama, au nord de Diffa sur la frontière Libyenne, un deuxième projet de ce type a été conduit par la CNCCAI dans le cadre du déminage des mines anti-personnel de 1945.

Dans les sites touchés par les affrontements dans le sud et sud-est de la Région de Diffa, il est question d’Engins Explosifs Improvisés et restes d’explosifs de guerre. Nous voyons déjà une grande différence. Ces zones peuvent aussi encore être touchées par d’éventuelles attaques et la zone des îles du lac où devra se dérouler une grande partie de l’opération du déminage reste actuellement à haut risque voire même infranchissable. La situation de Diffa est unique en son genre et assez complexe mais nous comptons bien aller de l’avant. De par cette complexité, il est important de rappeler que l’objectif de ce projet est d’abord d’informer les humanitaires et les populations et de produire une cartographie tous les trois mois qui devra fournir une visibilité des sites infestés. En ce sens, le premier travail est axé sur la sensibilisation. La question de déminage arrivera en temps opportun.