Capitaine Grema, chargé de la composante humanitaire à la CNCCAI « La situation de Diffa est unique en son genre »
La problématique des mines et des restes d’explosifs est autant nouvelle qu’entière dans la région de Diffa. Afin de mieux connaitre la situation et rapidement mettre en place des réponses adaptées, l’UNHCR a développé un projet avec la Commission Nationale de Contrôle et de Collecte des Armes Illicites (CNCCAI). Le Capitaine Grema Mahamadou est chargé de la Composante Humanitaire pour la CNCCAI.
Mr Grema, pouvez-vous expliquer le cadre stratégique et opérationnel du projet qui lie la CNCCAI et l’UNHCR ?
Le projet se définit comme un projet à impact rapide sur les aspects de contamination en mines et restes d’explosifs de guerre. Il vise à informer les humanitaires et les populations sur les zones infestées par les mines ainsi que sur les dangers des résidus d’explosifs et de mines. C’est un projet qui s’étend sur neuf mois. Trois ont déjà été écoulés dans le cadre de la phase préparatoire et des premières missions de terrain. Une première cartographie des sites susceptibles de regorger de restes d’explosifs et de mines a aussi été réalisée. Après ce premier travail, nous sommes maintenant dans la phase de rencontre avec les autorités régionales et les responsables des forces de défense pour la mise en œuvre des activités du projet. Un atelier se tiendra à Diffa dans les prochains jours pour discuter des outils d’évaluation des risques et de la mise en place d’un mécanisme de sensibilisation.
Quels sont les méthodes qui seront employées?
Tout d’abord la mise en place de points focaux sur les sites concernés. Nous utiliserons également les radios communautaires dans le cadre des sensibilisations et des panneaux de visibilité seront installés pour matérialiser les zones à risque et les risques eux-mêmes. Une cellule régionale en charge de l’information et du déminage humanitaire sera créée. Elle sera présidée par le Gouverneur et la population civile ainsi que les divisions administratives locales y seront représentées. La cellule aura notamment en charge de recruter et de former les équipes de déminage à travers la CNCCAI.
A quel niveau évaluez vous le risque ?
Pour le moment, il reste impossible d’explorer les zones du lac par conséquent le risque y est d’autant plus élevé car nous ne pouvons donc pas y apporter une solution adéquate. Dans les autres zones, le risque sera réduit sous l’effet de la sensibilisation et de l’information.
Par rapport aux actions que la CNCCAI a pu mener dans d’autres zones du Niger la situation à Diffa a-t-elle des particularités ?
Nous avons vécu l’expérience d’Agadez qui concernait le déminage de mines anti-char. A Madama, au nord de Diffa sur la frontière Libyenne, un deuxième projet de ce type a été conduit par la CNCCAI dans le cadre du déminage des mines anti-personnel de 1945.
Dans les sites touchés par les affrontements dans le sud et sud-est de la Région de Diffa, il est question d’Engins Explosifs Improvisés et restes d’explosifs de guerre. Nous voyons déjà une grande différence. Ces zones peuvent aussi encore être touchées par d’éventuelles attaques et la zone des îles du lac où devra se dérouler une grande partie de l’opération du déminage reste actuellement à haut risque voire même infranchissable. La situation de Diffa est unique en son genre et assez complexe mais nous comptons bien aller de l’avant.
De par cette complexité, il est important de rappeler que l’objectif de ce projet est d’abord d’informer les humanitaires et les populations et de produire une cartographie tous les trois mois qui devra fournir une visibilité des sites infestés. En ce sens, le premier travail est axé sur la sensibilisation. La question de déminage arrivera en temps opportun.