Du soleil pour de l’eau dans la ZAR d’Intikane



Le Niger a été pionnier dans le domaine de l’énergie solaire notamment sous l’impulsion d’un scientifique dont l’Université de Niamey porte le nom : le Professeur Abdou Moumouni. Le Professeur Moumouni était un précurseur notamment pour ce qui concerne la thermodynamique, technique utilisant des miroirs faisant converger les rayons du soleil pour chauffer un dispositif lequel produit de l’électricité. Malgré ce passé glorieux, le solaire est aujourd’hui particulièrement sous-utilisé au Niger alors que les conditions s’y prêtent. Bien que pour l’éclairage public ou encore l’électrification des centres de santé, le solaire soit de plus en plus utilisé, les investissements restent timides pour des infrastructures plus conséquentes.

Grâce à l’appui du Bureau de la coopération Suisse au Niger, l’UNHCR, l’ONG allemande ASB, le bureau d’étude nigérien Consultations Plus et la DRHA de Tahoua ont tenté ensemble le pari : celui d’installer le système de pompage d’eau hybride le plus important du Niger. A Eukinawane, un champ solaire composé de 144 panneaux de 205 Wc (watt-crête) a été installé pour refouler de l’eau potable à plus 7260 metres afin de desservir plus de 20,000 personnes vivant dans la Zone d’Accueil des Réfugiés maliens d’Intikane, la population hote ainsi que leurs nombreux troupeaux, dans la mesure où la ZAR d’Intikane a été créée spécialement pour répondre aux besoins spécifiques d’une population pastorale.

Par hybride, il est entendu que le pompage se réalise soit à travers le solaire soit à travers un générateur. Mais dans le cas de l’installation de l’Eukinawane, le recours au générateur devrait être particulièrement limité. Balla Souley Bassirou est le Directeur General de Consultations Plus « à la vue du rendement de pompage actuel de la station seulement avec le solaire, selon nos calculs et nos prévisions, le recours au groupe ne sera pas nécessaire tant pour la consommation humaine qu’animale ».

Le coût total de l’intervention de la phase d’étude à la mise en route du système est de 85 000 000 FCFA soit environ 130,000 euros. Comme le confirme Yonoudjoum Monodjomi Médard, expert WASH pour l’UNHCR au Niger, l’investissement va être rapidement rentabilisé : « en prenant en compte les coûts de réparation, de carburant (environ 1500 litres par mois), de lubrifiant, les pièces et les filtres à changer et le suivi par les opérateurs, sur les trois dernières années on estime la moyenne des dépenses mensuelles de l’ancien système à plus de 6,500,000 FCFA soit près de 10,000 euros. Je précise ici que je ne prends pas en compte le remplacement du générateur et de la pompe qui à eux seuls nous ont couté 18,000,000 FCFA soit plus de 27,000 euros l’année passée. En d’autres termes dans un an, l’investissement qui vient d’être fait devrait être rentabilisé».

L’UNHCR travaille à l’intégration socio-économique des réfugiés maliens dans leur espace d’accueil. Cette intégration suppose d’une part de permettre aux acteurs publics ou privés d’assurer eux-mêmes la provision des services aux réfugiés et d’autre part que les réfugiés s’acquittent, autant que possible et au même titre que leurs hôtes, des coûts inhérents à ces services. Pour assurer l’accès à l’eau aux réfugiés, la station solaire d’Eukinawane facilite indéniablement l’activité de l’opérateur en réduisant considérablement les coûts de gestion et de maintenance ce qui va permettre de réduire le prix de l’eau pour les réfugiés et la population hôte. L’objectif est atteint.

« Les pieds ne vont que là où le cœur aime» (adage Kanuri)

Le Haut- Commissaire recevant le cheval offert par le Chef de Canton (à droite) Photo : Tagaza Djibo

Deux semaines après la visite du Haut-Commissaire de l’UNHCR a Maine Soroa, un échange avec le Chef Canton s’imposait pour revenir sur cet accueil incroyable.

Honorable Chef de canton, l’accueil réservé au Haut-Commissaire à Maine Soroa a été incroyable. Pourquoi cet accueil ?

Dans la semaine du 23 Novembre 2016, nous avons été informés de la visite du Haut-Commissaire dans la ville de Mainé Soroa. Nous avons convoqué notre comité pour organiser la cérémonie d’accueil et il s’est mobilisé pour organiser les cérémonies avec les moyens que nous lui avons donnés. Chemin faisant, le comité a été accompagné par une équipe de l’UNHCR. Le Lundi 12 Décembre 2016 est une journée gravée dans l’histoire de Mainé-Soroa pour avoir accueilli ces honorables hôtes avec à leur tête Monsieur Filippo Grandi accompagné de Monsieur Lawan Magagi, Ministre de l’Action Humanitaire. Cette grande fête et cet accueil chaleureux ont été à l’honneur pour immortaliser cette grande journée.

Vous êtes montés sur les chevaux ce qui est un symbole fort.

Nous ne montons à cheval que pour des occasions exceptionnelles. L’arrivée du Haut-Commissaire est un événement exceptionnel qui est devenu une cérémonie de fête car un adage Kanuri dit: « les pieds ne vont que là où le cœur aime». Le choix de la ville de Maine-Soroa est un honneur qu’il était nécessaire de marquer: nous et nos administrés à cheval et à dos de dromadaires, habillés en tenues traditionnelles pour les hommes et les plus beaux harnachements pour les animaux et au son de l’algaita avec les you-yous des femmes en habits de fêtes et bien parfumées, marquant des pas de danses traditionnelles. Nous avons exprimé ainsi la joie de toutes nos communautés présentes dans la plus grande discipline. Cette journée est inscrite dans le livre historique des importants événements du canton. Dans le futur, cette journée sera une référence pour narrer des faits, des dates et autres. La journée du 12 Décembre 2016 témoigne de la cohésion sociale entre les différentes communautés du canton de Maine Soroa et celles du pays voisin du sud (Nigeria).

Arrivée à Maine Soroa. Photo : Ibrahim Abdou

Vous avez donné le titre honorifique de « Lawan » au Haut-Commissaire. Qu’est-ce que cela signifie et implique ?

Dans l’organigramme de la chefferie traditionnelle, le titre de « Lawan » signifie la bravoure donnée au chef de deuxième dynastie, Bouji Kollomi, le chef historique de Maine Soroa qui a été Lawan. Le titre honorifique de « Lawan » signifie Sous-Chef ou conseiller désigné par le chef de canton. Cette nomination implique une mission que le Chef assigne à cette personne. Il est systématiquement investi visionnaire pour le Chef. Lawan, en kanuri, exprime également celui qui peut générer de la richesse économique. Son rôle est de mobiliser les ressources techniques, financières et humaines comme moyens au service des idées, des projets et du programme du Chef ou du Canton. Il doit aussi développer la cohérence et l’efficience entre les personnes, les écouter et garantir à chacun son intégrité physique et morale. Quatres éléments, symbolise l’intronisation du Lawan comme le veut la coutume : le turban qui signifie la responsabilité ; le sabre signifiant la défense ou la protection ; le couteau pour le partage, l’aide et l’assistance ; le cheval pour la promenade de visite aux administrés du Chef.

Vous avez contribué à l’organisation d’une rencontre entre le Haut-Commissaire et les représentants des autorités traditionnelles Nigérianes. Quel était l’esprit de cette rencontre ?

Rencontre avec les autorités traditionnelles nigériennes et nigérianes. Photo : Ibrahim Abou

Depuis que les événements de Boko Haram se sont produits, les communautés de Diffa ne font qu’accueillir à bras ouverts les réfugiés du Nigéria dont un bon nombre vit à Maine Soroa. Les chefs traditionnels du Nigeria ayant les mêmes traditions, comme la coutume le veut, ils prennent part aux manifestations du canton raison pour laquelle ils étaient présents. La rencontre avec le Haut-Commissaire leur a permis d’exprimer leurs idées et préoccupations, sans barrière, d’écouter le Haut-Commissaire et de prendre notes. Ils ont aussi par la même occasion témoigné de leur reconnaissance au Chef de canton de Maine Soroa et à toutes ses communautés pour avoir accueilli et soulagé plus de 30 000 réfugiés à Maine Soroa. Les échanges ont été fructueux. Les participants étaient satisfaits de la rencontre. Les points sur l’alimentation, la santé, l’hygiène, l’habitat et l’éducation des enfants réfugiés font aussi partie des préoccupations du Haut-Commissaire. L’ensablement des espaces agricoles a aussi été évoqué comme une préoccupation. Le Haut-Commissaire a promis d’examiner tous ces points et que certains seront soumis à d’autres institutions telle que la Banque Mondiale pour appréciation et action. Cela a été une grande opportunité de nous faire entendre et de transmettre les attentes des communautés.

Quels sont les besoins en interventions essentielles que vous adressez à l’endroit de l’UNHCR et de la communauté humanitaire pour l’année 2017 et quelles sont vos propres perspectives à cet effet?

En matière d’élevage nous comptons aller dans le sens de la redistribution sociale du cheptel. Cela nécessite un besoin d’appui de la part des partenaires techniques et humanitaires dans le domaine. Nous souhaitons dans la ville, la réhabilitation des anciens puits et le fonçage de nouveaux points d’eau tel que déjà lancé par le HCR sur les deux sites d’urbanisation créés à Maine. Nous voulons un appui dans le domaine de la production agricole, et dans le cadre de la santé animale pour apporter un nouveau souffle à nos populations. Comme vous le savez, les saisons hivernales à Diffa sont régulièrement déficitaires. Nous entendons œuvrer avec nos communautés pour agir dans la protection et la restauration de la base productive par l’aménagement de sites. Ensuite, il est nécessaire d’agir dans la reprise des activités de développement entrainant l’occupation des jeunes et des femmes. Egalement, nous souhaitons aller dans le sens de la culture de nos valeurs traditionnelles de tolérance et d’équité dans les rapports et la redistribution des avantages pour préserver la quiétude et assurer la pleine installation de la coexistence pacifique.

Filippo Grandi: “Data is at the heart good decision-making”



On 12 December 2016, the UN High Commissioner for Refugees, Filippo Grandi, visited Diffa region in Niger. Here, the forcibly displaced population is spread across more than 100 sites in a stretch of arable land along the border with Nigeria. He used the opportunity to highlight the importance of data in protecting and assisting more than 250,000 persons (refugees, IDPs, and Niger nationals that returned from Nigeria as a result of conflict).

“Throughout my visit, our team in Diffa provided me with a wide range of information on each site we passed or visited. In Diffa town, a Data Centre on Forced Displacement was established in 2013, funded by UNHCR, and implemented by our partner REACH.

Data is at the heart of good decision-making. Only with accurate information can we make the right decisions on how to support displaced people in Niger and elsewhere. And eventually, we should enable people, including refugees, IDPs, and persons at risk of statelessness, to access their own data – so that they can make informed decisions about their lives and that of their children.

UNHCR has made data collection and analysis a priority for the organization by putting in place a multi-year strategy for the collection and use of good data, placing people - refugees and others - at the centre of these efforts.

We believe that access to information is almost as important as security, food and water when it comes to ensuring protection for the displaced and their families. With accurate information, refugees and other displaced people can be made aware of their rights, where they can receive assistance, the conditions they face, and where they can access safety. UNHCR aims to work with them and share the information we obtain through assessments and evaluations, and also to give them the means to manage their own personal information and protect their identities, and help them become part of the global information community.

We are also working with our partners – states, UN agencies and NGOs, to ensure that data is made available, that it meets the needs for decision-making, and most importantly, is shared in an transparent and responsible way. In that respect, the Diffa Data Centre is an excellent example of UNHCR’s efforts to improve data and information and bring digital empowerment to the people it serves.”

For more information:
http://www.diffa-forced-displacement.info/
http://data.unhcr.org/SahelSituation

UN refugee chief praises Niger’s help for refugees

Filippo Grandi says Niger sets a strong example through its hospitality for people fleeing conflict in Mali and Nigeria.

UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi meets forcibly displaced people in Diffa, Niger. © UNHCR/Dustin Okazaki


DIFFA, Niger – Despite facing high levels of poverty and other development challenges of its own, Niger is playing a key role in sheltering refugees fleeing conflicts in the region, the UN refugee chief said during a visit this week.

The West African country provides asylum and refuge to over 165,000 refugees fleeing conflict and persecution in neighbouring Mali and Nigeria.

“It’s very rare to find a country and a people facing so many challenges – security, economic, climatic - surrounded by unstable neighbours, yet providing refuge and maintaining humanitarian values, despite it all,” UN High Commissioner for Refugees Filippo Grandi said during his first visit.

“I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home.”

The region of Diffa, in the south-east of Niger, is a perfect example of this solidarity, as expressed by Grandi on a visit to the region to highlight the Nigerian displacement crisis. Since February 2015, Diffa has been under constant threat from Boko Haram.

The numbers of displaced people in the region has skyrocketed in the past year, reaching over 250,000 by last month. This total includes refugees, returning Niger citizens and people forcibly displaced within the country’s borders. What is exceptional about Diffa is the fact that amongst the displaced, just 7,500 are living in a refugee camp. The majority live side by side with the local population, who also face major challenges.



UNHCR, the UN Refugee Agency, provides assistance and protection to people in need, based on their vulnerability, and not just on their status as refugees. In such a dynamic and volatile context, UNHCR has been forced to rethink the way it operates, and to come up with innovative solutions for all.

In its Urbanization Project, UNHCR works hand-in-hand with the local and community authorities, to provide legal access to land for displaced families, while contributing to improving the local economy.

During a visit to the town of Maine Soroa, in the Diffa region, Grandi met with Amina, a 28-year-old Nigerian refugee who had received a parcel of land and a house under the project. “I had no hope when I fled Nigeria, but now I feel at home. I’ve put my daughter in school and I want my family to make our life here.”

To date, over 2,000 families have benefitted from land parcels, whilst the construction of social and sustainable long-term housing began in 2016.

Another such project, which helps not only refugees, but also the local population, is the Gas as Domestic Energy programme. Throughout 2016, over 200,000 of the most vulnerable people across the region of Diffa received gas bottles to use for domestic purposes. UNHCR struck a partnership with a private gas company in Niger to ensure the sustainability of the project.

“If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. “

Not only does the use of gas protect the environment, which is essential in the Lake Chad Basin, but it provides multiple other benefits. “The gas has changed a lot of things in our life,” Bintu, a local woman hosting refugees in her home, told Grandi.

The cost of gas refills is far lower than the price of wood, which means people have more money to invest in other areas. Women and girls are also spared having to gather firewood far from home, where they are vulnerable to assault. It also enables girls to spend more time in school rather than on domestic chores.

The High Commissioner, noting that Diffa had been one of the most prosperous regions in Niger, stressed that: “If we don’t invest in the future of the children, of the young people, then the risk is that we slide back into insecurity. We cannot afford that. The people cannot afford that. The authorities cannot afford that.”

During a meeting on Sunday with Niger Prime Minister Brigi Rafini in Niamey, Grandi reiterated, that, “Niger is an example that I assure you I will use around the world.”

For more information go to : http://www.unhcr.org/news/latest/2016/12/584ff3cc4/un-refugee-chief-praises-nigers-help-refugees.html

Le Gouvernement du Niger annonce la fermeture de la Zone d’Accueil de Tazalit



Le Gouvernement du Niger a fait part à l’UNHCR de sa décision de fermeture définitive de la Zone d’Accueil des Réfugiés (ZAR) maliens de Tazalit. Le 6 octobre 2016 une attaque avait causé le décès de 22 militaires en charge d’assurer la sécurité de la ZAR.

Pour les réfugiés de Tazalit, la relocalisation volontaire vers la Zone d’Accueil d’Intikane est aujourd’hui proposée. Sur le terrain, échanges et sensibilisations auprès des réfugiés de Tazalit et d’Intikane sont en cours. Les discussions se poursuivent entre l’UNHCR et les autorités pour définir les modalités techniques et les actions conjointes pour accompagner la mise en œuvre de cette décision dans la sécurité et la dignité des refugies.

3854 réfugiés maliens sont actuellement présents à Tazalit, 18241 à Intikane.

« Il faut tenir compte du contexte historique quand on observe les flux migratoires »



Les flux migratoires qui traversent le Niger sont aujourd’hui regardés de près mais très souvent la lecture est biaisée par un manque de finesse dans l’analyse. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) est particulièrement active au Niger. Giuseppe Loprete en est le chef de mission. Il apparait intéressant de prendre aujourd’hui le temps de profiter de l’expertise de l’organisation pour discuter chiffres, tendances de mouvements et protection internationale.

Mr Loprete, dans le dernier rapport statistique de l’OIM sur les flux migratoires à travers le Niger, nous pouvons voir qu’il a été observé le mouvement de plus de 417,000 personnes depuis le début de l’année. Alors que les débats autour de la pression migratoire sur l’Europe sont à leur paroxysme, ces chiffres sont très souvent repris sans analyse par des acteurs extérieurs. Pouvez-vous nous aider à mieux les appréhender ?

Les flux migratoires traversant le Niger sont divers et complexes. Le Niger étant un Etat Membre de la CEDEAO, espace de libre circulation, voit venir beaucoup de migrants des pays de la CEDEAO. Les routes entre le Niger, l’Algérie, la Libye, le Mali et le Burkina, entre autres, sont des routes de migrations anciennes qui datent de bien avant les pressions migratoires sur l’Europe. Il faut tenir compte du contexte historique quand on observe les flux migratoires.

Il est important de préciser que les observations de l’OIM se concentrent sur deux localités : Arlit et Séguidine, où sont observés les flux dans un sens comme dans l’autre. Il ne s’agit pas ici de contrôle de l’immigration qui relève de l’Etat.





Dans les flux migratoires qu’observe l’OIM on peut distinguer plusieurs ‘catégories’ de migrants.

En ce qui concerne les individus « sortants », il y a premièrement les migrants allant vers la Libye et l’Algérie pour des raisons économiques, afin de travailler sur place ; une migration donc généralement circulaire/saisonnière. Les migrants Nigériens sont principalement dans cette catégorie. Ils suivent une tradition de migration économique circulaire bien établie dans les régions frontalières. Il est assez commun d’aller travailler dans ces deux pays à partir du Niger pendant plusieurs années avant de retourner au Niger. Les personnes effectuant cette migration s’engagent à faire aussi des voyages courts en Libye et en Algérie pour s’approvisionner en marchandises qui sont ensuite revendues au Niger. Selon les observations de l’OIM, 42,000 personnes effectuant ce type de migration circulaire, ont transité les deux points de monitoring des flux depuis février 2016.

Deuxièmement, on trouve les migrants de l’Afrique de l’Ouest allant vers la Libye ou l’Algérie et qui ont souvent l’intention d’aller en Europe. La plupart sont des citoyens de la CEDEAO et peuvent librement circuler au Niger. Cependant la plupart qui entrent en Libye le font sans visa valide et seront ainsi en situation irrégulière. De la frontière Libyenne ils se dirigent vers Tripoli avec l’intention de prendre un bateau allant vers l’Italie. La majorité de ces migrants payent la grande partie de leur voyage dès leur départ d’Agadez, car la difficulté du terrain désertique (absence de routes, climat difficile, manque de réseau téléphonique) fait qu’ils sont dépendants de transport organisé pour arriver en Libye. Ces migrants représentent une grande partie des flux avec 180 000 migrants observés depuis février 2016.

Enfin, les migrants « entrants ». Ce chiffre reflète le nombre de personnes qui sont observées dans les Points de Monitoring des Flux dans le sens Libye-Niger / Algérie-Niger et non les entrées sur le territoire nigérien en général. Il s’agit ici soit des travailleurs Nigériens mentionnés ci-dessus soit des migrants Ouest Africains qui retournent vers leur lieu d’origine. Ces migrants Ouest Africains ont soit travaillé en Libye et la situation actuelle les a incité à partir, soit ils ont avaient l’intention de faire la traversée vers l’Europe mais ont été découragés par les conditions difficiles et parfois violentes en Libye. Selon les observations aux points de monitoring, ce chiffre s’élève à 100 000 personnes.





Au cours des dernières semaines, il apparait dans le rapport statistique que les mouvements se sont drastiquement réduits. Quel en est selon vous l’explication ou les explications?



Les flux migratoires ne sont généralement pas constants. La baisse actuelle peut être expliquée par plusieurs facteurs qui influencent les mouvements des personnes à travers la zone, mais toutes ces explications possibles restent à vérifier. Il faut prendre en compte notamment les tendances saisonnières, l’existence d’une multitude de routes et de réseaux de passeurs ou encore les opérations menées par les autorités pour la mise en œuvre de la loi sur le trafic illicite de migrants ce qui signifie contrôle et arrestation de passeurs présumés. Mais comme je l’ai mentionné, nous observons les flux sur deux localités depuis le début de l’année 2016, et l’observation sur plus long terme permettra sans aucun doute d’identifier des tendances plus claires.

OIM et UNHCR travaille étroitement dans le cadre du référencement des potentiels réfugiés identifiés dans la région d’Agadez. Au milieu de ces mouvements importants, il apparait que cette catégorie de personnes ne représente qu’une très faible proportion du flux. Moins d’une quinzaine de cas ont été référencés depuis le début mais il reste fort probable que nombreux échappent encore aux deux organisations. Quels sont pour vous les principaux défis à relever pour identifier les personnes qui pourraient bénéficier de la protection internationale et donc réduire pour elles les risques d’une traversée hasardeuse ?

Nous nous félicitons de la coopération établie avec le HCR. Les agents de profilage qui enregistrent les migrants qui demandent l’assistance au retour volontaire au sein de nos centres ont par exemple été conjointement formés par les collègues du HCR et de l’OIM. Aussi, nous avons conjointement adapté les outils de profilage et d’enregistrement des migrants, afin d’assurer une identification des besoins de protection internationale.

Chaque migrant avec qui nous communiquons est informé sur les possibilités de demander la protection et sa situation individuelle est évaluée au moment de l’enregistrement au regard des critères de protection. Comme je l’ai décrit, nous rencontrons avant tout des migrants économiques venants des pays de l’Afrique de l’Ouest comme le confirment nos statistiques. Nous avons depuis le début de l’année référencé 13 personnes qui demandaient la protection internationale, mais celles-ci n’ont soit pas été évaluées comme éligibles en raison de l’absence de réunion des critères pertinents, soit ont décidé d’abandonner leur requête.

La priorité pour l’OIM est donc, selon moi, de continuer le travail de sensibilisation sur les risques de la migration dans des conditions irrégulières et l’existence d’alternatives, en coopération avec tous les partenaires.

Des artistes nigériens s’engagent pour les déplacés de Diffa

Après une première édition de collecte d’habits pour les enfants réfugiés Malien http://unhcrniger.tumblr.com/post/137550999259/de-la-sc%C3%A8ne-au-camp-de-mangaiz%C3%A9, l’artiste Filo La Diva a réitéré samedi 27 novembre. Pour ce deuxième évènement et entourée par d’autres artistes nigériens l’artiste visait les populations déplacées de la région de Diffa avec un slogan « Diffa, nous sommes tous concernés ». « Cet évènement montre l'engagement de la population de Niamey par la voix des artistes et combien nous sommes attachés à ce que les choses aillent mieux dans cette partie du Niger. En tant qu'artiste, nous n'avons pas un grand moyen financier mais nous avons notre métier à mettre au service de la citoyenneté et de l'engagement social ». Le bureau de l’UNHCR Niger s’engagera à acheminer les habits vers la région de Diffa.

Presence of UNHCR in the Diffa Region Strengthened



For several weeks, a major change has been made by the UNHCR operation in the response in the Diffa region. In August 2015, a first step was taken to shorten the 1,400km distance between the UNHCR Headquarters in Niamey and the Diffa Field Office, through the establishment of a Sub-Delegation office in Zinder to manage the Diffa field operations. 400 kilometres separates the two towns. As Diffa is located just several kilometres from the border with Nigeria, the security situation was the main reason behind the creation of an additional office outside of the region.

Despite the fact that the security situation in the Diffa region remains volatile today, a better understanding of the context and the need to be more present on the ground has led to a major strengthening of the UNHCR presence in Diffa. To-date, fifteen containers have been installed on the compound neighbouring that of the other UN agencies in Diffa town, while 32 UNHCR staff are now permanently positioned in Diffa. Additional staff are expected to join the Office in 2017. In Zinder, UNHCR maintain a minimal presence to aid in transit for missions from Niamey, and to maintain a closer presence, in the situation of a rapid degradation of the security situation.

Rupture évitée pour la cantine scolaire d’Intikane


Avec 1384 élèves, (1 192 enfants réfugiés et 192 Nigériens) et 23 enseignants, l’école de la zone d’accueil des réfugiés de Tahoua est aujourd’hui l’école la plus grande de la région de Tahoua. Elle est aussi la plus mixte avec près de 45% de filles. Au regard de la conjoncture actuelle de manque de ressources, et le départ de nombreux partenaires, la cantine de l’école était menacée de fermeture avec pour conséquence la mise en péril des avancées réalisées depuis 4 ans notamment avec un niveau d’enrôlement particulièrement élevé. Dans leur mode de vie semi-nomade, la mise en place de la cantine à l’école d’Intikane a été un puissant déterminant pour les parents d’inscrire et de maintenir les enfants à l’école, pendant qu’eux-mêmes partent en transhumance ou vaquent à d’autres activités.

La situation a aujourd’hui une fin heureuse. L’organisation allemande ADH a débloqué des fonds d’urgence pour assurer 2 repas quotidiens équilibrés sur le plan nutritionnel pour l’ensemble des élevés au titre de l’année scolaire 2016-2017. L’activité est mise en œuvre par l’ONG allemande ASB avec le support de l’ONG nigérienne ADKOUL, gestionnaire délégué de la ZAR d’Intikane.

La cantine va aussi être équipée en foyers et gaz de cuisine, afin de réduire l’utilisation du bois dans cette zone désertique : l’économie de bois pour l’année scolaire étant estimée à 100m3. 17 emplois sont aussi maintenus.

Cet appui permet de ne pas casser la dynamique en cours et offre une alternative en attendant d’aboutir à une solution durable : celle de l’intégration de l’école d’Intikane dans le programme national des cantines scolaires. Cette intégration suppose la transformation de l’école d’Intikane en école publique nigérienne. Les autorités, particulièrement ouvertes pour permettre l’intégration des réfugiés dans les mécanismes nationaux de provision des services de base, ont déjà donné leur aval. Cette intégration suppose une mise aux normes avant l’année scolaire 2018-2019.

The Drone:  a Tool Adapted to the Dynamic Situation of Diffa

Drone aerial image of Kindjandi spontaneous site, Route Nationale 1, Diffa Region, Niger, September 2016


Since 2013, the Diffa region in Niger has been receiving displaced persons from Northern Nigeria fleeing the conflict of Boko Haram. Sadly, the situation deteriorated in February 2015 with the first attacks within the region itself, while the population displaced by the violence continues to grow, in particular internally displaced persons.

The displaced population in the region now number over 250,000 people (October 2016), the highest number ever recorded in the region. The Diffa situation is quite unique as refugees, returnees and internally displaced persons (IDPs) are mainly living outside of camps. Just two official camps exist, one for refugees and one for IDPs, however the two camps combined host less than 20,000 people.

In recent months, and in particular following a series of violent attacks in the area of Bosso in the east of the Diffa region in June, the need for enhanced information management has never been so urgent. The attacks and the consecutive population movements drastically changed the operational context. Before this period, the displaced were mainly settled in towns and villages. However, in recent months, over 50 spontaneous sites appeared along the Route Nationale 1, the single paved road running through the region from east to west. Most of the population have settled along this road in search of security. The displaced population is also very mobile, moving from site to site in preventive or post attack movements, as well as for survival as they move in search of assistance.

Since the beginning of the crisis, UNHCR and its information management partner REACH are conducting extensive mapping exercises of all the villages and towns hosting refugees and returnees from Nigeria. The maps provide information regarding the existing infrastructure and the capacity of the infrastructure. Progressively, UNHCR have developed other information management tools such as a 6W matrix to track all activities being implemented in the region at the village level. For the mapping of towns and villages hosting displaced populations, the images used are generally free images obtained on specific online websites. For the mapping of existing towns and villages, this serves as an adequate basis, however it is more complex for the visualisation of open areas hosting newly displaced outside of towns and villages such as the spontaneous sites along the Route Nationale 1. For this reason, UNHCR became interested in the use of a drone to capture up-to-date images of these areas.

To understand the dynamics of the population movements properly, UNHCR decided to contract a local innovative ‘drone mapping’ expert to travel to Diffa. The drone is known as a UAV (Unmanned Aerial Vehicle) drone, T800. It is a small lightweight aircraft of just 2 meters in diameter. It is equipped with a high resolution camera capable of operating automatically without the need for human intervention.



Aziz Kountche, Nigerien drone expert in Diffa region Niger


During the month of September, a series of drone flights were carried out to capture images and video, which were then converted into extremely detailed maps of the various sites and settlements. The drone provided the possibility to rapidly visualize the current situation in the sites. Following the mapping exercise, UNHCR and REACH provided additional detailed information through GPS points for infrastructure and existing services in the sites such as water systems, education, health and sanitation facilities, which were incorporated into the drone image maps in order to identify gaps, for example in terms of the availability of drinking water and availability of latrines according to basic standards. The results aid in the delivery of an appropriate response for the population. The images clearly show the size of the various sites and the numbers of shelters in place.





The process of registration of the displaced population in such a complex and dynamic context is extremely challenging. However, the visibility of the number of shelters per site enables a better analysis of the populations present in the biggest spontaneous sites, thus aiding the registration process.

The drone was also used to provide detailed images for maps of the two existing camps in the region, Sayam Forage refugee camp and Kabelawa IDP camp. Kableawa IDP camp currently hosts around 15,000 people. The population increased dramatically, with much inward and outward population movement in recent months, due to the threat of attack. The use of the drone in this volatile situation has provided an image of the rapid spatial evolution of the camp, which is essential for adequate site planning and adjustment of existing infrastructure.

An additional benefit of the exercise is the identification of environmental issues in the region and especially the availability of wood resources around the spontaneous sites. In the areas surrounding the sites, trees are cut by the vulnerable displaced population who are unable to buy wood for cooking, due to their low purchasing power. The situation is extremely worrying, as even before the crisis and this new demographic pressure on natural resources, the region was facing a serious environmental crisis: two thirds of the region is affected by desertification. In 2016, UNHCR began to implement a gas for domestic energy project in the Diffa region. One in every four inhabitants in the region has benefitted from the project, which is strongly supported by the Regional Directorate of Environment. For some of the sites, the drone images will provide the possibility to monitor the evolution of the environmental situation and the use of wood.

It’s the first time that the office of the UNHCR in Niger has used drone technology. Following an important initial collective learning phase, it is clear to see the multiple benefits of the project. The next drone flight should take place in early 2017, enabling a new visualisation of the situation.