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Des centaines de personnes quittent le Ghana pour retourner au Togo
Articles d'actualité, 10 mai 2005
GENEVE/COTONOU, 10 mai (UNHCR) – L'exode togolais s'est considérablement ralenti. Quelque 850 Togolais réfugiés au Ghana sont rentrés au pays estimant que les conditions de sécurité s'y sont améliorées. Par contre, les Togolais réfugiés au Bénin ne se disent pas prêts à rentrer au Togo.
On a dénombré, au total, quelque 23 300 réfugiés togolais au Bénin et au Ghana voisins, depuis le 26 avril, lorsque les violences ont débuté à l'annonce des résultats des élections. Plus de la moitié d'entre eux – 12 483 – ont trouvé refuge au Bénin, et 10 856 au Ghana.
Ces deux derniers jours, le Ghana n'a connu que 18 arrivées nouvelles au poste frontière principal d'Aflao. Une tendance inverse a débuté ce week-end : 600 réfugiés sont retournés, ce dimanche, à Lomé, de l'autre côté de la frontière, et 250 autres, lundi ; la plupart emportaient leurs effets personnels.
« Les personnes de retour au Togo ont déclaré avoir entendu à la radio que Lomé était calme tandis que d'autres voulaient rentrer pour travailler lundi », a expliqué, mardi, Jennifer Pagonis, la porte-parole de l'UNHCR, aux journalistes présents à Genève. Et d'ajouter : « Beaucoup de réfugiés travaillaient à Lomé durant la journée et se rendaient au Ghana pour passer la nuit : ils s'y sentaient, disaient-ils, plus en sécurité. »
Presque tous les réfugiés togolais au Ghana vivent à présent chez des parents ou des amis. Dans la région d'Aflao, quelque 700 réfugiés hébergés par des familles d'accueil ont reçu de l'aide matérielle de l'UNHCR : des couvertures, des nattes de sol, des moustiquaires, des jerricans et des ustensiles de cuisine. D'autres agences humanitaires ont également aidé les familles d'accueil pour leur permettre de mieux supporter l'impact de l'afflux de réfugiés.
Mercredi, une équipe d'évaluation de la situation alimentaire, composée de membres du gouvernement ghanéen, des Services de secours catholique, du Programme alimentaire mondial, de l'UNICEF et de l'UNHCR, parcourra un tronçon de 200 km le long de la frontière, de Jasikan, dans le nord, à Aflao, au sud. Après avoir analysé les besoins alimentaires des réfugiés dans cette région, ils organiseront une distribution alimentaire ciblée pour les plus démunis.
Au Bénin, 162 nouvelles arrivées ont été enregistrées, ce lundi, au poste frontière principal d'Hilakondji, ce qui représente une diminution très nette par rapport au contingent quotidien de plus de 1 000 personnes lors des premiers jours de l'afflux. Aucun retour n'a été signalé : les réfugiés déclarent qu'ils ne sont pas prêts à retourner au Togo dans la situation politique actuelle.
« J'étais sensée être de service, mais j'ai pris peur et je ne suis pas allée travailler. Quand je rentrerai, je vais probablement perdre mon travail », a déclaré une sage-femme de Lomé. Un autre réfugié, un enseignant, a ajouté : « Je me suis enfui de la salle des professeurs. Je ne sais pas ce qui nous attend maintenant. Nous préférons avoir perdu notre travail plutôt que la vie. »
Le délégué régional de l'UNHCR, Rafik Saïdi, a déclaré : « Maintenant que l'urgence initiale est terminée et que l'afflux diminue, nous pouvons nous concentrer sur l'amélioration des conditions de vie des nouveaux arrivés. »
Plus de 3 500 réfugiés vivent actuellement dans des camps au Bénin – Comé, à présent au maximum de sa capacité, et Lokossa, où la population augmente de façon constante. L'UNHCR travaille à l'amélioration des conditions de vie dans les camps : il réorganise la disposition des tentes à Lokossa et organise la collecte des déchets ainsi que l'évacuation des eaux usées dans les deux camps et au centre de transit d'Hilakondji.
On estime à quelque 7 300* le nombre de réfugiés togolais qui vivent en dehors des camps, dont plus de 500 à Cotonou, et environ 350 dans la région de Tchetti, au nord du poste frontière principal. Certains d'entre eux sont hébergés par des amis et des parents, mais ont peur de ne pas pouvoir continuer à bénéficier de cette hospitalité.
« Au début, ils ont l'air de vous accepter », explique une sage-femme de Lomé, qui est logée par une ancienne patiente de Cotonou. « Mais si la situation se prolonge, nous pourrions nous sentir chassés. »
Un autre réfugié, un homme d'une trentaine d'années, ajoute : « Je suis hébergé par un ami béninois, mais c'est un peu difficile de trouver de la nourriture. Il n'a pas d'emploi, et avec ce dont il dispose, il ne tiendra pas le coup longtemps. Le matin, j'attends qu'il me propose quelque chose à manger. Ce sera bien pour moi si je trouve quelque chose à faire. »
Et puis, il y a d'autres inquiétudes. « L'école, c'est très important pour moi ! », a déclaré un étudiant en langues étrangères de Lomé. « Je voudrais continuer mes études et retrouver les moyens de me former. » Il fait écho aux inquiétudes d'autres étudiants réfugiés : ils craignent de ne pas pouvoir finir l'année scolaire et de rater leurs examens à cause du climat d'insécurité qui règne dans leur pays.
L'UNHCR travaille avec le gouvernement béninois pour aider ces étudiants à poursuivre leurs études. L'agence pour les réfugiés soutient aussi le renforcement des systèmes sanitaires et médicaux pour que les communautés locales puissent mieux supporter l'afflux de réfugiés.
Par Jennifer Pagonis et Julie Leduc
* selon les statistiques du 11 mai