- Taille du texte | | |
- English
L'exode des Togolais ralentit ; les agences humanitaires se pressent pour héberger les nouveaux arrivés
Articles d'actualité, 6 mai 2005
COTONOU, Bénin, 6 mai (UNHCR) – Le flux de réfugiés en provenance du Togo a ralenti ces derniers jours. Cependant, la pression s'accroît pour les travailleurs humanitaires : en pleine saison des pluies, il faut construire encore davantage d'abris et améliorer les conditions de vie des nouveaux arrivés au Bénin et au Ghana.
Ces deux derniers jours, le nombre de Togolais fuyant au Bénin et au Ghana pour échapper au climat d'insécurité consécutif aux élections a fortement diminué. Au total, 22 600 réfugiés sont à présent enregistrés dans ces deux pays : ils ont fui depuis le 26 avril, à l'annonce des résultats des élections togolaises. Le nombre de réfugiés s'élève à 12 000 personnes au Bénin, et 10 681 au Ghana.
Hier, 355 personnes supplémentaires sont arrivées à Hilakondji, et 218 autres à Aflao, au Ghana. La nuit dernière, les points de passage officiels aux frontières étaient calmes et tranquilles.
Au Bénin, 67 pour cent des réfugiés togolais sont hébergés par des familles d'accueil. A peu près 3 500 autres personnes ont été transférées vers les camps de Comé (1 344) et Lokossa (2 146) au sud-ouest. Le camp de Comé est au maximum de sa capacité. Le camp de Lokossa accueille, quant à lui, une moyenne de 350 réfugiés par jour.
L'UNHCR et ses partenaires travaillent d'arrache-pied pour agrandir le camp de Lokossa afin de lui permettre d'accueillir 5 000 réfugiés, et davantage si nécessaire. Le camp est bâti sur un terrain de 40 acres ; le sol y est inégal et couvert d'une forêt dense, avec des palmiers atteignant 7 mètres de haut. L'équipe de l'UNHCR, les volontaires de la Croix-Rouge, des scouts, des ingénieurs et autres agences humanitaires ont travaillé des heures et des heures pour déblayer le terrain avant que les bulldozers n'aplanissent le sol afin de dresser des tentes pour les nouveaux arrivés.
« C'est très dur », a déclaré Medesse Bossede, employé de l'UNHCR sur le terrain. Il a travaillé 15 heures par jour ces dix derniers jours. « Les réfugiés nous mettent sous pression pour les loger et, à notre tour, nous poussons nos limites à l'extrême pour achever les tâches, surtout car l'afflux a coïncidé avec la saison des pluies ». Il a ajouté que le travail est gratifiant car les réfugiés sont finalement logés.
Néanmoins, ces deux derniers jours, les fortes pluies ont transformé le sol en boue et il est encore plus pénible de travailler rapidement. Le transport du matériel est également difficile : les pluies ont partiellement emporté la terre rougeâtre, la route menant au camp est glissante et parsemée de nids de poule.
Le site dispose maintenant de l'électricité, pour les réfugiés, mais aussi pour permettre de rattraper le temps perdu et continuer à travailler après la tombée de la nuit. Au fur et à mesure que le sol est dégagé, des tentes auparavant établies trop près les unes des autres à cause du manque de place sont démontées et ré-agencées avec davantage d'espace entre elles.
Les améliorations se poursuivent à Lokossa et Comé, avec l'installation de latrines supplémentaires, de douches et de robinets. Des espaces de jeu ont été également construits pour les enfants, qui constituent la moitié de la population des réfugiés.
Mercredi, un convoi de 10 camions de l'UNHCR transportant du stock pour 5 000 personnes est arrivé du Ghana au Bénin. Huit des 10 camions ont été déchargés hier dans un entrepôt proche du camp de Lokossa. Ce matériel de secours en provenance de l'entrepôt régional de l'UNHCR au Ghana comprend des tentes, des couvertures, des bâches en plastique, des nattes de sol, des jerricans, des ustensiles de cuisine et du savon.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a fourni aux deux camps deux tonnes de maïs, une tonne de fèves et la même quantité d'huile. La nourriture est distribuée et les réfugiés peuvent à présent préparer leurs propres repas, pour la première fois depuis leur arrivée au Bénin.
L'UNHCR ouvre aujourd'hui un bureau sur le terrain à Lokossa, afin de mieux gérer le camp en pleine extension. L'équipe de l'agence sera alors présente sur place et évitera le trajet quotidien de 106 km entre Cotonou et le camp.
Le gouvernement du Bénin a également envoyé un représentant permanent à Comé : il sera responsable de la gestion du camp, et notamment des questions liées à la sécurité, un sujet qui inquiète certains réfugiés. Ils craignent en effet que la proximité du camp avec le Togo ne les mette en danger.
300 réfugiés supplémentaires se sont établis à Hilakondji, à la frontière avec le Bénin, sur des terres appartenant à l'église. Quelque 600 réfugiés sont hébergés par des parents à Cotonou, mais beaucoup ont demandé de l'aide, particulièrement en ce qui concerne l'éducation. L'UNHCR estime qu'au moins un tiers des réfugiés togolais à Cotonou fréquentait l'école, avant de devoir quitter le pays. Certains préparent des examens et l'UNHCR discute avec les autorités éducatives béninoises pour déterminer la meilleure façon de les aider.
Au Ghana, presque tous les réfugiés ont trouvé abri et aide de première nécessité dans leur famille ou chez des amis.
Par Fati Kaba à Cotonou