Des réfugiés ivoiriens appellent au désarmement, à la réconciliation et à une hausse de la prime de retour

Articles d'actualité, 10 février 2014

© HCR/S.Momodu
Des réfugiés ivoiriens attendent l'arrivée d'un groupe de diplomates au camp de Little Wlebo, dans le comté de Maryland, au Libéria.

CAMP DE RÉFUGIÉS DE PTP, Libéria, 10 février (HCR) Des réfugiés ivoiriens vivant au Libéria ont appelé au désarmement des anciens combattants, à un renforcement des efforts pour la réconciliation nationale et une hausse de la prime de rapatriement. Ces mesures, selon eux, encourageraient à davantage de retours vers la Côte d'Ivoire.

Bien que le HCR facilite le rapatriement volontaire de réfugiés ivoiriens, plus de 52 000 personnes demeurent dans quatre camps et diverses communautés au Libéria. Plusieurs 220 000 Ivoiriens ont fui vers le Libéria il y a trois ans après l'annonce contestée des résultats de l'élection présidentielle à la fin 2010, ce qui avait mené à des violences entre les partisans rivaux des deux candidats, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

« Nous voulons rentrer chez nous, sans devoir fuir à nouveau », a expliqué Guie Patrice Gnomble, un représentant des réfugiés au camp de réfugiés de PTP dans l'est du Libéria, devant un important groupe de visiteurs, incluant des diplomates et des travailleurs humanitaires internationaux, en début de semaine dernière. « Nous appelons au désarmement de tous les combattants [en Côte d'Ivoire], y compris les donsos [milice locale] », a-t-il ajouté.

La visite, organisée par le HCR, visait à donner aux visiteurs une idée plus précise de la situation à l'intérieur des camps et à faire entendre la voix des réfugiés sur les problèmes auxquels ils sont confrontés, y compris une crise alimentaire grandissante.

Au camp de réfugiés de Little Wlebo, Elisabeth Kouya Nogbado, la porte-parole des réfugiés, a indiqué aux visiteurs que les réfugiés souhaitaient une augmentation de la prime de retour qu'ils reçoivent, de la part du HCR, à l'arrivée en Côte d'Ivoire. Les adultes reçoivent 150 dollars. Les enfants et adolescents âgés de moins de 18 ans reçoivent 100 dollars. Elle a expliqué que cet argent était nécessaire afin d'améliorer leurs chances pour la réinsertion. Elle a également demandé que les diplômes acquis par les réfugiés au Libéria puissent être reconnus en Côte d'Ivoire.

Toutefois, certains réfugiés ont expliqué qu'ils ne pourraient pas retourner en Côte d'Ivoire avant les élections présidentielles et législatives prévues pour 2015. « Nous avons fui au Libéria en quête d'un refuge à la suite de violences post-électorales. Je ne retournerai pas dans mon pays avant que des élections pacifiques aient lieu », a expliqué Blaise, un réfugié âgé de 30 ans. Les réfugiés ivoiriens ont également évoqué leurs préoccupations sur les conflits fonciers lors d'une réunion en octobre dernier dans la ville de Zwedru, à l'est du Libéria. Plus de 100 chefs traditionnels et aînés du Libéria et de la Côte d'Ivoire avaient participé à cette réunion.

Le Président Alassane Ouattara et d'autres hauts représentants de la Côte d'Ivoire, y compris l'Ambassadeur Kapieletien Soro durant la visite de la semaine dernière, ont exhorté les réfugiés à rentrer en Côte d'Ivoire. Ils ont réaffirmé le rétablissement de la paix et de la stabilité dans leur pays. L'année dernière, le HCR a organisé des visites de reconnaissance en Côte d'Ivoire pour que les réfugiés puissent se rendre compte par eux-mêmes des conditions de retour. Des missions de témoignage ont également été organisées pour que d'anciens réfugiés se rendent au Libéria et informent les réfugiés sur les efforts menés pour la paix, la réconciliation et la reconstruction en Côte d'Ivoire.

Parallèlement, le HCR continue à aider les réfugiés les plus démunis avec un budget opérationnel réduit car HCR est également engagé dans des situations d'urgence humanitaire en Syrie, au Soudan du Sud et en Afrique centrale. Le HCR vient en aide aux réfugiés dans le cadre d'activités pour augmenter les moyens d'existence, comme l'agriculture et l'élevage de volailles.

« Nous faisons notre possible pour aider les réfugiés à rentrer chez eux et à reconstruire une nouvelle vie », explique Khassim Diagne, le Représentant du HCR au Libéria. « En 2013, nous avons rapatrié 18 273 réfugiés, soit un nombre plus élevé que notre objectif de rapatriement de 16 000 personnes pour l'année. Pour 2014, nous intensifions notre collaboration avec les autorités ivoiriennes afin d'assurer que les réfugiés soient informés de façon plus objective sur leurs régions d'origine. Cela leur permettra de prendre la décision de rentrer en Côte d'Ivoire en toute connaissance de cause. »

Des représentants des Gouvernements du Libéria et de la Côte d'Ivoire ainsi que du HCR se rencontreront dans les prochaines semaines à Abidjan, la capitale ivoirienne, afin de discuter du rapatriement et des préoccupations des réfugiés.

Par Sulaiman Momodu à Monrovia, Libéria

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Au total, près de 70 000 réfugiés ivoiriens ont déjà fui vers l'est du Libéria depuis l'élection présidentielle de fin novembre.

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Le nombre final de réfugiés qui seront emmenés à Bahn dépendra du nombre de personnes souhaitant être réinstallées depuis des villages proches de la frontière entre la Côte d'Ivoire et le Libéria. Initialement, la plupart des réfugiés ont été accueillis par les communautés hôtes et ils ont vécu au côté des habitants. Le mauvais état des routes a compliqué l'acheminement des biens de secours par les institutions humanitaires. Les stocks de vivres, de médicaments et d'eau ont baissé, rendant les conditions de vie difficiles aussi bien pour la population locale que pour les réfugiés.

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