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Au nord de l'Equateur, des équipes mobiles font connaître leurs droits aux réfugiés colombiens

Les débats clés, 19 février 2010

© HCR/S.Aguilar
Dans le nord de l'Equateur, un réfugié colombien contemple son nouveau visa de réfugié. Dans la province de Sucumbios, des brigades mobiles d'enregistrement composées de fonctionnaires équatoriens traitent en une journée une demande d'asile, ce qui peut habituellement durer des mois.

NUEVO LOJA, Equateur, 18 février (HCR) Quatre ans après son arrivée en Equateur après avoir fui sa maison en Colombie voisine, Mariela a retrouvé foi en l'avenir grâce à une opération pionnière mise en œuvre par les autorités. Ce programme a simplifié de façon spectaculaire la procédure de reconnaissance du statut de réfugié.

Le programme d'enregistrement amélioré est géré par le Gouvernement équatorien et il est appuyé financièrement et techniquement par le HCR. Unique en Amérique latine, ce programme envoie des brigades mobiles dans des régions reculées du pays, où elles interviewent des demandeurs d'asile colombiens. Elles prennent souvent une décision sur le statut des réfugiés en une journée et délivrent immédiatement les visas de réfugié.

Pour Mariela, qui est âgée de 47 ans, le visa de réfugié lui apporte un statut juridique et les droits qui l'accompagnent -, ce dont elle manquait précédemment. Mariée depuis 18 ans à un mari violent, elle se sent désormais capable d'en référer aux autorités locales pour bénéficier d'une protection.

« Je travaille de 4h du matin à 21h. Et je n'ai rien », a-t-elle expliqué. « Mon mari gère l'argent du ménage et il me gère moi aussi. Toutefois j'aimerais bien avoir quelque chose qui m'appartienne. Je souhaite également apprendre, c'est mon souhait le plus cher. Avant quand je n'avais pas de visa, j'avais peur. »

Ces quatre derniers mois, les membres de ces brigades d'enregistrement amélioré ont délivré plus de 11 000 visas de réfugié à des Colombiens vivant dans une région reculée du nord de l'Equateur et bordant la Colombie. Dans la même journée, ces équipes mènent des interviews, procèdent aux enregistrements et déterminent l'éligibilité en tant que réfugié en évaluant leur situation. Précédemment, le traitement habituel de cette procédure de requérants d'asile pouvait durer des années.

Cette opération est menée depuis juillet 2009 et elle a permis d'enregistrer des milliers de personnes ayant besoin d'une protection internationale. Avant ce contact avec les brigades d'enregistrement, la plupart des demandeurs d'asile vivaient en marge de la société, car ils manquaient d'un statut de réfugié reconnu officiellement et ils n'avaient pas accès aux services publics. Dans la province de Sucumbios, dans le nord du pays, quelque 5 000 demandeurs d'asile seulement avaient reçu des visas de réfugié entre 2000 et 2008, un chiffre que les brigades d'enregistrement ont dépassé en quelques mois.

Le succès des brigades est dû à leur capacité à se rendre auprès des communautés isolées dans une région manquant souvent d'infrastructures de base, comme des routes goudronnées ou l'eau courante, ainsi qu'à leur rapidité à déterminer le statut de réfugiés et à délivrer ces visas essentiels.

Dans le cas de Mariela, les demandes d'asile pouvaient précédemment durer durant des mois, voire des années, à cause d'un manque de ressources et de l'éloignement de ces régions où vivent les requérants d'asile.

Avec son mari et ses deux fils, Mariela a fui sa maison située à Huila, un département de Colombie, lorsqu'un groupe armé a tué leur propriétaire puis menacé leur famille. Après avoir voyagé en bus durant une semaine, la famille est entrée en Equateur où a commencé la reconnaissance de leur statut de réfugié, une procédure longue et lente.

Malgré l'obtention de visas de réfugié et un cadre juridique plus sensible aux besoins des réfugiés, les obstacles subsistent. De nombreux réfugiés continuent à être confrontés à des difficultés pour accéder aux services publics à cause de la bureaucratie et de préjugés persistants. Deborah Elizondo, la déléguée du HCR en Equateur, a indiqué que le défi consiste désormais à prolonger le succès de l'opération d'enregistrement mobile en assurant que les demandeurs d'asile et les réfugiés aient effectivement accès à leurs droits et à la protection accordés par l'Etat.

« Grâce à la volonté politique de l'Etat équatorien, la protection a été étendue aux personnes qui restaient invisibles dans la région frontalière au nord du pays. Sans aucun doute, cette opération constitue un puissant système de protection », a indiqué Deborah Elizondo. « En 2010, le défi sera d'encourager les personnes à exercer leurs droits dans les faits. Il n'y aura pas de solutions immédiates, mais nous appuirons les efforts du Gouvernement équatorien pour identifier des solutions durables. »

Par Sonia Aguilar à Nueva Loja

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Colombie : Vivre dans les «barrios»

Après plus de quarante ans de guerre civile, la Colombie recense l'une des plus grandes populations de personnes déplacées au monde. Plus de deux millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons ; beaucoup d'entre elles ont quitté des régions rurales éloignées pour aller chercher une sécurité relative dans les villes.

Les familles de personnes déplacées échouent la plupart du temps dans des taudis à la périphérie des grandes villes, où elles vivent dans un grand dénuement. Juste à la sortie de Bogota, des dizaines de milliers de personnes déplacées vivent dans les bidonvilles de Los Altos de Cazuca et de Los Altos de Florida. Les déplacé internes n'ont pratiquement pas accès aux services de santé, d'éducation ou de logement décent. La sécurité est également un problème, des gangs et des groupes armés contrôlant les bidonvilles et prenant souvent pour cible les jeunes.

L'UNHCR travaille en collaboration avec les autorités dans une dizaine de communes à travers la Colombie afin de s'assurer que les droits des personnes déplacées soient respectés, y compris leur accès aux services de base : la santé, l'éducation et la sécurité.

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Les populations indigènes en Colombie

Forcés de fuir la violence sévissant sur leurs territoires, les peuples indigènes en Colombie luttent pour éviter une rupture de leurs liens communautaires et culturels. On compte environ un million de personnes indigènes en Colombie. Elles appartiennent à 80 groupes différents et composent l'un des héritages autochtones les plus riches et les plus variés au monde. Mais le conflit armé interne frappe particulièrement sévèrement ces populations indigènes.

Comme de nombreux Colombiens, les peuples indigènes n'ont souvent pas d'autre choix que celui de fuir leurs terres pour échapper à la violence. Le déplacement forcé est tout spécialement tragique pour eux car ils sont attachés à leurs terres ancestrales par des liens très forts. Souvent leur survie économique, sociale et culturelle dépend de la préservation de ces liens. Selon l'Association nationale indigène colombienne (ONIC), quelque 18 groupes ethniques minoritaires se trouvent en danger réel d'extinction. L'UNHCR travaille avec eux pour les aider dans leur lutte à rester sur leurs terres ou pour reconstruire leur vie quand ils ont été forcés à fuir.

L'UNHCR aide aussi des réfugiés indigènes accueillis dans des pays voisins comme le Panama, l'Equateur, le Vénézuela et le Brésil. L'UNHCR développe une stratégie régionale pour mieux répondre aux besoins spécifiques des populations indigènes durant l'exil.

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Réfugiés invisibles au Panama

La guerre civile en Colombie a forcé des millions de personnes à fuir de chez elles, dont des centaines de milliers qui ont cherché refuge dans d'autres pays de la région.

Au Panama, le long de la frontière avec la Colombie, la région de Darien est recouverte d'une épaisse jungle inhospitalière et accessible uniquement par bateau. Néanmoins, de nombreux Colombiens sont venus jusque-là pour trouver refuge, après avoir fui les groupes armés irréguliers qui contrôlent de vastes territoires de jungle de l'autre côté de la frontière.

De nombreuses familles réfugiées au Darien font partie de minorités éthniques de Colombie - indigènes ou afro-colombiennes - qui ont été particulièrement affectées par le conflit et déplacées en grand nombre. Ces dernières années, un nombre croissant de réfugiés colombiens ont également rejoint la capitale, Panama City.

Environ 12 500 Colombiens relevant du mandat de l'UNHCR se trouvent au Panama, mais beaucoup préfèrent ne pas se faire connaître des autorités et rester cachés. Venir en aide à cette population « invisible » est l'un des plus grands défis que rencontre l'UNHCR non seulement au Panama, mais aussi en Equateur et au Vénézuela.

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Le chef du HCR António Guterres se rend en Equateur avant la Journée mondiale du réfugié et rend hommage à ce pays pour l'accueil qu'il réserve aux réfugiés.
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Angelina Jolie rencontre des réfugiés colombiens en Equateur durant sa première visite dans ce pays en tant qu'Envoyée spéciale du Haut Commissaire pour les réfugiés António Guterres.
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L'Ambassadrice de bonne volonté du HCR Angelina Jolie est retournée dans le nord de l'Equateur, où elle a recontré des réfugiés colombiens.