16 000 réfugiés ont rejoint le Cameroun après des affrontements au nord-est du Nigéria

Articles d'actualité, 3 mars 2015

© HCR/D.Mbaiorem
Des réfugiés nigérians au camp de Minawao dans la région de l'Extrême-Nord au Cameroun. Un regain de violences a forcé des milliers de personnes à fuir la région.

DAKAR, Sénégal, 3 mars (HCR) Le HCR a déclaré mardi qu'environ 16 000 réfugiés nigérians ont rejoint la région de l'Extrême-Nord au Cameroun ce week-end après avoir fui des attaques au nord-est du Nigéria entre les forces armées régionales et les insurgés.

Les autorités affirment que d'autres réfugiés continuent de traverser ces zones frontalières extrêmement instables, principalement dans les zones frontalières isolées de Makaria, Logone Birni et Fotokol juste au sud du lac Tchad et sous le coup d'attaques répétées par les insurgés nigérians depuis plusieurs semaines.

Le HCR travaille avec les autorités camerounaises pour transférer les réfugiés aussi vite que possible, loin des zones de conflit vers un site de transit à Kousseri. Kousseri se trouve à 90 kilomètres de la frontière et à 370 kilomètres au nord de Minawao, où le gouvernement camerounais et le HCR ont déjà établi un camp de réfugiés.

« A cause du conflit actuel entre les forces armées et les insurgés sur le territoire camerounais, le HCR n'a pas accès aux zones frontalières où les réfugiés sont arrivés », a indiqué Adrian Edwards, porte-parole du HCR, aux journalistes à Genève, avant d'ajouter qu'avec ses partenaires humanitaires, dont le Programme alimentaire mondial, International Medical Corps, IEDA Relief et Public Concern, l'agence pour les réfugiés s'apprête à procéder à un enregistrement des réfugiés sur le site de transit et à fournir une aide d'urgence aux nouveaux arrivants en matière de santé, de nutrition, d'eau et d'alimentation.

Les convois de transfert depuis la frontière jusqu'à Kousseri commenceront mercredi. Suite aux procédures d'identification des réfugiés, le HCR organisera le transfert quotidien de 2 000 réfugiés jusqu'au camp de Minawao où la construction en urgence pour des abris et des infrastructures d'assainissement sont déjà en cours. A Minawao, le HCR fournira également des articles de secours, comprenant des couvertures, des ustensiles de cuisine et du savon. Le camp abrite actuellement 32 600 réfugiés nigérians.

Adrian Edwards a indiqué que le gouvernement camerounais continue de fournir les escortes essentielles aux convois humanitaires et de transfert des réfugiés afin d'assurer une protection physique aux réfugiés et au personnel humanitaire.

« Compte tenu de l'évolution rapide de la situation sécuritaire dans la région et des afflux de réfugiés encore attendus, nous envisageons avec les autorités la possibilité d'établir un second camp de réfugiés, plus loin de la région frontalière instable. Compte tenu de la rareté de l'eau aux alentours de Minawao, le HCR recherche un emplacement pour un second camp qui fournira des niveaux suffisants d'eau potable pour une population réfugiée à croissance rapide dans la région camerounaise de l'Extrême-Nord », a-t-il indiqué.

Une fois les identifications achevées, ces tout derniers mouvements de population devraient augmenter le nombre total de réfugiés nigérians au Cameroun jusqu'à près de 66 000, dont 41 571 d'entre eux ont déjà été enregistrés par le HCR.

Parallèlement au Niger, des attaques d'insurgés survenues début février dans les villes de Bosso et Diffa ont encore aggravé la situation humanitaire dans la région, avec le déplacement interne d'une population estimée à 50 000 personnes vers la ville de Zinder (située à 500 kilomètres à l'ouest de la ville de Diffa) et à travers la région de Diffa. Les équipes du HCR rapportent que les populations retournent progressivement vers leurs foyers à Diffa, tandis que la ville de Bosso demeure quasiment vidée de ses habitants.

Le HCR, avec les autorités régionales, les agences des Nations Unies et les ONG partenaires, a mené une évaluation rapide dans la région de Diffa sur les sites accueillant les personnes déplacées. La situation est particulièrement inquiétante autour du Lac Tchad, notamment au Nord de Bosso, à cause de la présence de mines antipersonnel. L'accès à ces populations, qui ont d'urgence besoin de nourriture, d'eau et d'abris, est très limité. Une hausse vertigineuse des prix de la nourriture et des produits de première nécessité sur les marchés locaux aggrave encore davantage la situation socio-économique difficile des personnes déplacées comme des communautés d'accueil.

A l'ouest de la région de Diffa, en partenariat avec la Commission Nationale d'Eligibilité, le transfert volontaire des réfugiés depuis des villages d'accueil frontaliers jusqu'au camp de réfugiés de Sayam Forage commencera d'ici quelques jours. Le camp est situé à 50 kilomètres au nord de la frontière. « Le HCR travaille également établir un autre site pour accueillir des réfugiés et des personnes déplacées internes, au cas où la situation dans la région de Diffa se détériorerait davantage », a indiqué Adrian Edwards.

D'après les autorités, plus de 100 000 personnes ont trouvé refuge au Niger ces deux dernières années, y compris des réfugiés nigérians et des Nigériens rapatriés. La semaine dernière, l'état d'urgence en cours dans la région de Diffa a été prolongé pour trois mois supplémentaires par le Parlement du Niger.

Le conflit au nord-est du Nigéria a également forcé près de 18 000 personnes à fuir vers l'ouest du Tchad, dont plus de 15 000 depuis début janvier après les attaques majeures contre la ville de Baga dans l'Etat nigérian de Borno. A ce jour, plus de 3 800 d'entre elles ont été transféreés vers le site de Dar es Salam. De plus, près d'un million de personnes sont déplacées internes dans le nord-est du Nigéria, selon l'Agence nigériane de Gestion des Situations d'Urgence (Nigeria Emergency Management Agency).

• FAITES UN DON •

 

• COMMENT NOUS AIDER • • RESTEZ INFORMÉS •

Nigéria : Les victimes du conflit

Un an après que le Gouvernement nigérian a déclaré l'état d'urgence dans les Etats de l'Adamaoua, de Borno et de Yobe au nord du pays, la violence continue à déplacer des populations à l'intérieur du Nigéria et vers les pays voisins, le Cameroun , le Tchad et le Niger où se trouvent désormais quelque 22 000 réfugiés nigérians. Les civils pris au piège dans leur pays sont confrontés à des attaques récurrentes commises par les insurgés, avec des enlèvements et des assassinats puis, à la mi-avril 2014, l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans une école de Chibok, dans l'Etat de Borno.

Hélène Caux du HCR s'est récemment rendue dans la région pour y rencontrer quelques-unes parmi les 250 000 personnes déplacées internes, y compris des étudiants pris dans les violences. Les personnes avec lesquelles elle s'est entretenue lui ont parlé de leurs craintes, des atrocités et des souffrances qu'elles ont endurées ou dont elles ont été témoins. Les gens ont parlé de leurs maisons et de leurs champs détruits, d'attaques à la grenade sur des marchés, de mise à mort d'amis et de proches et, enfin, d'arrestations arbitraires. Tous leurs témoignages traduisent un sentiment de terreur. Il a été difficile pour Hélène Caux de photographier des personnes vivant dans la peur constante d'être attaquées. « L'équilibre est fragile entre recueillir leur témoignage, le publier et les protéger », explique-t-elle.

Nigéria : Les victimes du conflit

Les enfants réfugiés centrafricains tout juste arrivés au Cameroun souffrent de malnutrition

Les réfugiés centrafricains arrivent au Cameroun en nombre croissant, dans un état de grande faiblesse physique. Ils passent des semaines voire des mois cachés dans la brousse, où il leur était difficile de trouver de la nourriture et de l'eau. Ils dorment en plein air. Ils ne peuvent pas retourner chez eux. Parmi ces réfugiés, les plus vulnérables sont les enfants âgés de moins de cinq ans. Rencontrer ces enfants émaciés est bouleversant. Ils ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence après s'être nourris de racines et de feuilles. Selon les estimations, environ 40% des enfants récemment arrivés souffrent de malnutrition. Pour certains, le voyage est de trop. Le HCR aide à sauver des vies dans l'est du Cameroun. Avec Médecins Sans Frontières, le HCR appuie un centre d'aide nutritionnelle à Batouri. MSF y envoie des enfants depuis son dispensaire de la ville frontalière de Gbiti, où se trouvent environ 20 000 sur les 80 000 réfugiés centrafricains arrivés au Cameroun. Le dispensaire de Gbiti est débordé. Les partenaires étendent la capacité du centre d'aide nutritionnelle, qui traite environ 100 enfants. Davantage encore arrivent chaque jour et le HCR a monté des tentes pour y abriter les enfants et leurs Mamans. Le photographe Frédéric Noy s'est rendu la semaine dernière à Gbiti et Batouri. Il y a capturé la série suivante d'images saisissantes et évocatrices.

Les enfants réfugiés centrafricains tout juste arrivés au Cameroun souffrent de malnutrition

2014 : Les réfugiés centrafricains subissent des attaques alors qu'ils fuient au Cameroun

Chaque semaine, environ 10 000 musulmans traversent la frontière vers l'est du Cameroun pour échapper à la violence qui déchire la République centrafricaine (RCA). Beaucoup parmi les nouveaux arrivants racontent avoir été attaqués à plusieurs reprises lors de la fuite en exil. Les miliciens anti-balaka ont bloqué les routes principales vers le Cameroun, forçant les civils à trouver d'autres itinéraires à travers la brousse. Beaucoup marchent durant deux à trois mois pour rejoindre le Cameroun. Ils arrivent en état de malnutrition et ils portent des blessures de machettes ou par balles.

Le HCR et ses partenaires ont mis en place des cliniques mobiles supplémentaires aux points de passage frontière pour fournir des soins d'urgence dès l'arrivée des réfugiés. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés appuie également des dispensaires publics qui sont submergés par le nombre de réfugiés et leur mauvais état de santé.

Parallèlement, le HCR a transféré quelque 20 000 réfugiés qui vivaient en plein air dans les zones frontalières de Garoua Bouai et de Kenzou. Ils se trouvent désormais dans de nouveaux sites à Lolo, Mborguene, Gado et Borgop dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua.

Depuis début 2014, le Cameroun a reçu près de 70 000 réfugiés centrafricains. Ce chiffre s'ajoute aux 92 000 réfugiés arrivés lors de précédents afflux survenus depuis 2004 pour échapper aux groupes rebelles et aux bandits qui écumaient le nord de leur pays.

Paul Spiegel et Michele Poletto, employés du HCR, se sont récemment rendus dans l'est du Cameroun et ils ont pris les photos suivantes avec leur iPhone ou un appareil photo.

2014 : Les réfugiés centrafricains subissent des attaques alors qu'ils fuient au Cameroun

Cameroun : les réfugiés de l'ethnie mbororoPlay video

Cameroun : les réfugiés de l'ethnie mbororo

Des bergers nomades centrafricains ont fui la violence sévissant dans leur pays et ils ont trouvé refuge au Cameroun.
Cameroun : une crise silencieusePlay video

Cameroun : une crise silencieuse

Au Cameroun, plus de 60 000 réfugiés ont fui la République centrafricaine après des attaques systématiques menées par des gangs armés. Malgré les atrocités incessantes, cette crise est passée quasiment inaperçue auprès de la communauté internationale. Sans doute a-t-elle été occultée par le conflit au Darfour. Le HCR tente de répondre aux immenses besoins.
Cameroun : les réfugiés de l'ethnie mbororoPlay video

Cameroun : les réfugiés de l'ethnie mbororo

Des bergers nomades centrafricains ont fui la violence sévissant dans leur pays et ils ont trouvé refuge au Cameroun.