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Mali : information sur la situation des Touareg dans le Sud du pays, y compris à Bamako; traitement des gendarmes d'origine touareg dans l'armée; le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et ses relations avec la gendarmerie; information sur l'obligation pour les Touareg membres de la gendarmerie de prêter main-forte au GATIA et le traitement qui leur est réservé s'ils refusent de le faire (2015-avril 2017)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 10 May 2017
Citation / Document Symbol MLI105799.F
Related Document(s) Mali: Situation of the Tuareg in southern Mali, including Bamako; treatment of Tuareg members of the gendarmerie in the army; the Tuareg Imghad and Allies Self-defence Group (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés, GATIA) and its connection with the gendarmerie; the obligation for Tuareg members of the gendarmerie to assist GATIA and their treatment if they refuse to do so (2015-April 2017)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Mali : information sur la situation des Touareg dans le Sud du pays, y compris à Bamako; traitement des gendarmes d'origine touareg dans l'armée; le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et ses relations avec la gendarmerie; information sur l'obligation pour les Touareg membres de la gendarmerie de prêter main-forte au GATIA et le traitement qui leur est réservé s'ils refusent de le faire (2015-avril 2017), 10 May 2017, MLI105799.F, available at: https://www.refworld.org/docid/598c6f254.html [accessed 21 May 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

D'après un article publié en 2016 par le Centre international pour la paix et les droits de l'homme (CIPADH), une association à but non lucratif qui analyse des problématiques touchant les droits de la personne (CIPADH s.d.), les « préjugés en traitrise » persistent à l'encontre des Touareg au Mali et donnent lieu à des « violences et discriminations » (CIPADH 8 févr. 2016). La même source fait référence à une « méfiance sociétale persistante envers les ressortissants Touaregs » et explique que la population touareg, qui a fui le pays en 2012, lors de la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), « demeure stigmatisée » après son retour au Mali (CIPADH 8 févr. 2016). Dans cet article, on peut lire qu'un « sentiment de suspicion persiste » entre les Maliens du Sud et les Touareg du Nord (CIPADH 8 févr. 2016). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Dans son Rapport mondial 2016, Human Rights Watch rapporte ce qui suit au sujet du Mali :

Les exactions les plus fréquentes et les plus graves ont été commises par des soldats de l'armée et des membres de la milice progouvernementale appelée Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), ciblant majoritairement des hommes issus des groupes ethniques peul et touareg (Human Rights Watch 27 janv. 2016, 3).

Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2016 du Département d'État des États-Unis, la plupart des [traduction] « abus militaires » qui ont ciblé les Peuls, les Touareg, et les Arabes constituaient des « représailles » pour des attaques attribuées aux groupes armés associés à ces ethnies (É.-U. 3 mars 2017, 11).

Dans le même rapport, on peut lire que la [traduction] « discrimination sociétale » a persisté au Mali contre les Touareg noirs (É.-U. 3 mars 2017, 25). La même source rapporte qu'en raison des pratiques traditionnelles de l'esclavage et des relations de servitude héréditaires, certains groupes touareg ont privé les Touareg noirs de leurs libertés civiles au Mali (É.-U. 3 mars 2017, 25). De même, selon un rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies publié en 2012, l'esclavage « demeure une pratique largement répandue » au sein de certaines communautés touareg (Nations Unies 7 janv. 2012, paragr. 17).

1.1 Situation des Touareg dans le Sud du pays, y compris à Bamako

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur la situation des Touareg dans le Sud du pays, y compris à Bamako.

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un directeur de recherche [1] au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), un organisme public français de recherche à caractère pluridisciplinaire (CNRS s.d.), dont les sujets de recherche comprennent l'Afrique saharo-sahélienne, notamment le Mali et les sociétés nomades touareg, et qui se trouvait dans la ville de Bamako en mars 2017, a expliqué ne pas avoir eu connaissance d'exactions commises récemment contre des Touareg à Bamako (directeur de recherche 28 avr. 2017). La même source a aussi rapporté que trois Touareg maliens, des connaissances de longue date qui étaient en mission à Niamey et avec qui il s'était entretenu au cours des derniers jours, avaient eux aussi affirmé ne pas avoir eu connaissance d'exactions commises contre des Touareg à Bamako dernièrement (directeur de recherche 28 avr. 2017). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2. Traitement des gendarmes d'origine touareg dans l'armée

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information au sujet du traitement des gendarmes d'origine touareg dans l'armée.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un journaliste indépendant, spécialiste des relations entre civils et militaires en Afrique de l'Ouest, qui a publié plusieurs articles sur le Mali, a écrit ce qui suit :

[I]l y a une tension entre la gendarmerie et l'armée. La gendarmerie a « la mission prévôtale », ce qui veut dire qu'elle est responsable de jouer la police lors des missions militaires. Beaucoup de militaires sont frustrés par la gendarmerie parce qu'ils ne comprennent pas qu'il ne suffit pas d'arrêter les terroristes et de les mettre en prison, mais qu'il faut des preuves et un procès. La gendarmerie défend donc les droits des citoyens et l'armée a de la difficulté à respecter les droits élémentaires des suspects. Sur le terrain, cela entraîne des tensions avec l'armée. Mais [cela est limité] au centre et dans les quelques régions du nord où la gendarmerie est déployée.

[…] Je présume qu'un gendarme d'origine Touareg doit fréquemment prouver qu'il n'est pas un traître et qu'il ne soutient pas la rébellion. […] Mais, mis à part de la suspicion, je n'ai jamais entendu parler d'un traitement « particulier ».

[…]

[J]'ai vraiment du mal à voir pourquoi un gendarme touareg subirait un traitement particulier de la part de l'armée du fait de son identité « touareg ». Cela peut être plausible, mais tout dépend du groupe dont le gendarme fait partie, de la région où il a été affecté et de s'il a fait défection (ou pas) en 2012. […] [J]'ai rencontré plusieurs gendarmes (et des militaires) d'origine touareg dernièrement et ils ne semblent pas tenir un discours de marginalisation (journaliste indépendant 2 mai 2017).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

3. Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA)

Plusieurs sources affirment que le GATIA a été créé le 14 août 2014 (McGregor 3 avr. 2015; Huffington Post 14 août 2014; UE 17 juin 2016, 6). Selon un article publié en 2016 sur Mali Actu, un site Internet d'information et d'actualités sur le Mali, des responsables du GATIA [Moulay et Haba Laye] ont affirmé que leur groupe a été créé afin de protéger les populations de la communauté Imghad [Imrad] [la plus grande tribu touareg dans le Nord du Mali (Jeune Afrique 16 févr. 2015)] et ses alliés contre des groupes armés (Mali Actu 29 sept. 2016). De même, un article publié en février 2015 par Jeune Afrique rapporte que le GATIA a été créé pour protéger la communauté Imghad contre d'autres groupes armés (Jeune Afrique 16 févr. 2015). Plusieurs sources affirment que le GATIA est présent dans le Nord du Mali (Huffington Post 14 août 2014; Jeune Afrique 17 juin 2016; Clingendael mars 2015, 20).

Selon plusieurs sources, le GATIA soutient le gouvernement malien ou est progouvernemental (Iran Daily 20 mars 2017; McGregor 3 avr. 2015; Libération 3 août 2016). Des sources signalent que le GATIA reconnaît l'intégrité territoriale du Mali (Huffington Post 14 août 2014; Libération 3 août 2016). De même, au cours d'une entrevue qui s'est tenue le 18 janvier 2014 et qui a été publiée sur le site Internet d'information malien Maliweb, le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud, a affirmé que le GATIA « n'est par un mouvement en belligérance avec l'État » et qu'il n'a « aucune revendication à caractère ni indépendantiste, ni sécessionniste, encore moins autonomiste » (Maliweb 22 janv. 2015).

Dans un article publié en 2015 par Terrorism Monitor, une revue bihebdomadaire qui analyse des problèmes liés au terrorisme et à la sécurité en accordant une attention particulière aux sujets [traduction] « non-signalés ou sous-estimés » (Jamestown Foundation s.d.a), Andrew McGregor, titulaire d'un doctorat du Département des civilisations du Proche et du Moyen-Orient (Department of Near and Middle Eastern Civilizations) de l'Université de Toronto (Jamestown Foundation s.d.b), rapporte que le nombre de combattants du GATIA est estimé à mille et que ces derniers proviennent des communautés arabes et touareg (McGregor 3 avr. 2015). De même, d'autres sources écrivent que le GATIA revendique près d'un millier de combattants (Huffington Post 14 août 2014; RFI 15 août 2014). Toutefois, dans un article publié en avril 2016 par Jeune Afrique, il est écrit que selon un rapport confidentiel de la MINUSMA [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali], le GATIA serait composé de « moins de 500 hommes » (Jeune Afrique 29 avr. 2016). Au cours de l'entrevue qui s'est tenue en 2014, le secrétaire général du GATIA a déclaré que le groupe avait « la possibilité de mobiliser beaucoup de ressources humaines » (Maliweb 22 janv. 2015). Selon la même source, le secrétaire général du GATIA a affirmé que des alliés, « surtout des communautés Imouchar, Kelsouk et leurs alliés » ont rejoint la communauté Imghad avec qui un protocole d'alliance a été établi (Maliweb 22 janv. 2015).

Un article publié en 2015 par l'Agence France-Presse (AFP) rapporte que selon un témoignage [2], le GATIA a tenté en avril 2015 de recruter des membres à Tin-Hama [une commune dans la région de Gao, dans le Nord du Mali], mais qu'il s'est « heurté au refus des Kel Essouk [une tribu touareg] » (AFP 2 juin 2015). Selon la même source, des combattants du GATIA auraient « appréhendé de force, tôt le 21 mai [2015], six jeunes de cette communauté [Kel Essouk] » qui ont par la suite été exécutés (AFP 2 juin 2015). De même, dans un rapport conjoint publié en 2015, la MINUSMA et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) signalent que le 21 mai 2015, des éléments du GATIA ont exécuté 6 civils à Tin Hama, en raison de leur appartenance à la communauté Kel-Essouk (Nations Unies déc. 2015, paragr. 4). Toutefois, la même source écrit que les éléments du GATIA responsables de ces exécutions étaient « à la recherche de personnes qu'ils soupçonnaient de complicité avec la CMA [Coordination des mouvements de l'Azawad, qui avait affronté la veille le GATIA à Tin Hama] » (Nations Unies déc. 2015, paragr. 28). Les Country Reports 2016 signalent que le GATIA a commis de [traduction] « graves violations des droits de la personne, y compris des exécutions sommaires » (É.-U. 3 mars 2017, 2).

4. Relations entre la Gendarmerie nationale et le GATIA

Selon le site Internet du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, la Gendarmerie nationale du Mali est une « formation militaire » qui exerce entre autres les missions suivantes :

Veiller à la sûreté publique;
[…]
Exercer la mission prévôtale au sein de l'armée;
Concourir à la mobilisation;
Participer à la défense opérationnelle du territoire;
Participer à la protection civile;
[…] (Mali s.d.).

Dans un article publié en 2016 par Maliweb, on peut lire que la Gendarmerie nationale, « constituée à la fois en force […] de défense et de sécurité publique », est répandue sur tout le territoire malien et participe « activement à la riposte contre toutes sortes d'attaques, mêmes terroristes » (Maliweb 25 mars 2016).

Des sources affirment que l'ambassadeur des États-Unis au Mali, Paul Folmsbee, a demandé au gouvernement malien de rompre tous ses liens avec le GATIA (RFI 29 sept. 2016; Iran Daily 20 mars 2017). Dans l'article publié en 2016 par Radio France internationale (RFI), on peut lire que l'ambassadeur fait référence « à tout lien public et privé » avec le GATIA (RFI 29 sept. 2016).

Selon les Country Reports 2016, le GATIA a reçu de l'équipement et du soutien logistique du gouvernement malien de juillet à septembre 2016 (É.-U. 3 mars 2017, 3). De même, un rapport publié en 2015 par l'Unité de recherche sur les conflits (CRU), une équipe spécialisée de l'Institut néerlandais des relations internationales (Netherlands Institute of International Relations - Clingendael) [3] qui mène des recherches notamment au niveau de l'analyse de crises et de conflits, affirme que le GATIA a été financé et équipé par le gouvernement malien et soutenu par l'armée malienne (Clingendael mars 2015, 20 et 41). Un article publié en mars 2015 par Jeune Afrique rapporte que « [s]elon plusieurs sources sécuritaires » le GATIA est composé de soldats fournis par les Forces armées du Mali (FAMa), ainsi que de véhicules, d'armes et d'uniformes aussi fournis par les FAMa (Jeune Afrique 4 mars 2015). La même source signale que des agents de la MINUSMA ont été surpris de reconnaître, parmi des membres du GATIA blessés dans des combats contre des groupes rebelles, des combattants qui avaient suivi une formation auprès de la Mission de formation de l'Union européenne à Koulikoro pour aider à la reconstruction des FAMa, ce qui établirait des « liens entre les autorités et cette milice », malgré des « dénégations officielles » (Jeune Afrique 4 mars 2015). L'article publié en février 2015 par Jeune Afrique signale que selon une source militaire occidentale à Bamako, des habitants de Tessite [dans la région de Gao] qui avaient vu des membres du GATIA ont affirmé que des combattants de ce groupe proviennent « de l'ancienne milice Delta de [El Hadj] Ag Gamou et d'éléments du Groupe technique inter armes (GTIA) de l'armée malienne » (Jeune Afrique 16 févr. 2015). Selon plusieurs sources, le général [El Hadj] Ag Gamou dirige le GATIA (journaliste indépendant 2 mai 2017; McGregor 3 avr. 2015; Clingendael mars 2015, 41). De même, selon un article publié par RFI, le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud, ne cache pas que « son mouvement est proche d'Alaji Gamou, un Touareg général de l'armée malienne » (RFI 15 août 2014). Selon un rapport sur les groupes armés au Mali, publié en 2016 par l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne (UE), le général El Hadj Ag Gamou, est un haut gradé de l'armée malienne (UE 17 juin 2016, 6). De même, l'article publié en février 2015 par Jeune Afrique affirme qu'officiellement le général [El Hadj] Ag Gamou « est conseill[er] au chef d'état-major général des armées du Mali » et qu'il est le fondateur du GATIA (Jeune Afrique 16 févr. 2015).

Toutefois, un article publié en 2016 par RFI signale que les autorités maliennes « ont toujours rejeté [l]es accusations de collusion [avec le GATIA] » (RFI 29 sept. 2016). De même, selon l'article publié en février 2015 par Jeune Afrique, pour le ministère de la Défense, les allégations de rapprochement entre le GATIA et l'armée malienne « "relèvent d'une pure intox visant à jeter le discrédit sur l'armée malienne" » (Jeune Afrique 16 févr. 2015). Un article publié en 2016 par Mali Actu rapporte qu'au cours d'une rencontre qui s'est tenue le 28 septembre 2016, des responsables du GATIA ont affirmé que le GATIA n'était « pas à la solde de l'État [et] encore moins une milice gouvernementale » et que « le GATIA agi[ssai]t sur le terrain avec des moyens mobilisés auprès des communautés qui le composent et ceux récupérés [chez] l'ennemi et non par ceux de l'État malien » (Mali Actu 29 sept. 2016).

Le journaliste indépendant a expliqué ce qui suit :

Il n'y a pas de liens « formels » entre le GATIA et la gendarmerie. Mais, vu que le GATIA est soutenu indirectement par le gouvernement et qu'il est constitué principalement d'anciens militaires maliens et de milices progouvernementales qui, avant la crise de 2012, recevaient des entraînements des forces de sécurité (incluant la gendarmerie), il est adéquat de dire que le GATIA peut être un proxy groupe [groupe mandataire] du gouvernement. A minima, la gendarmerie soutient moralement le GATIA. Mais les preuves semblent dire que le GATIA a des liens très forts avec la gendarmerie. J'ai moi-même vu des gendarmes dans les camps d'entraînement du Ganda Iso, une des milices incluses dans le GATIA (journaliste indépendant 2 mai 2017).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

4.1 Obligation pour les Touareg membres de la gendarmerie de prêter main-forte au GATIA

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information au sujet d'une obligation pour les Touareg membres de la gendarmerie de prêter main-forte au GATIA.

Le journaliste indépendant a écrit ce qui suit au sujet des Touareg membres de la Gendarmerie nationale et du GATIA :

[P]lusieurs Touaregs [ex-indépendantistes devenus membres de la gendarmerie à l'issue des activités de démobilisation, de désarmement et de réinsertion des années 1990 et 2000] ont quitté la gendarmerie en 2012 à l'issue de la crise et ont rejoint les groupes indépendantistes comme le MNLA. Certains Touaregs, notamment les membres du groupe Imghad, sont restés dans la gendarmerie et luttent contre le MNLA. Le chef du GATIA, le [général El Hadj] Ag Gamou est un Imghad. Il est donc légitime de croire que les Touaregs qui sont restés avec la gendarmerie ont de bonnes relations avec le GATIA.

Le chef du GATIA est lui-même Touareg, tout comme les membres les plus actifs qui sont tous des militaires maliens ayant rejoint le GATIA (journaliste indépendant 2 mai 2017).

En parlant des attentes du GATIA envers les Touareg membres de la Gendarmerie nationale, le journaliste indépendant a fait référence à un possible « soutien tacite », tout en ajoutant que cela restait « nébuleux » parce que « le GATIA est présent dans plusieurs zones où la gendarmerie, comme tous les organismes d'État, ne sont pas déployés » (journaliste indépendant 2 mai 2017). La même source a écrit que « [c]ertains groupes affiliés au GATIA, comme les Ganda Izo, ont une forte rhétorique anti-Touareg », mais que « ces groupes sont des figurants dans le GATIA, qui reste contrôlé par le général [El Hadj Ag] Gamou et les militaires touaregs qui en sont proches » (journaliste indépendant 2 mai 2017). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

4.1.1 Traitement réservé aux gendarmes touareg en cas de refus de prêter main-forte au GATIA

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information au sujet du traitement réservé aux Touareg membres de la gendarmerie qui refusent de prêter main-forte au GATIA.

Le journaliste indépendant a affirmé douter qu'il y a ait des conséquences pour un Touareg membre de la gendarmerie qui refuse de prêter main-forte au GATIA (journaliste indépendant 2 mai 2017). La même source a expliqué ce qui suit :

Il y a plusieurs Touaregs dans la gendarmerie. S'ils ont une certaine pression pour prouver qu'ils sont en faveur de l'État malien, je n'ai jamais entendu dire que le GATIA cherchait à faire pression sur eux. Le GATIA est autonome [face aux] forces de sécurité.

Il n'en reste pas moins que le GATIA est surtout présent dans des zones où la gendarmerie n'est pas déployée. Il est difficile de voir, dans ces conditions, comment ils peuvent « prêter main-forte », mis à part les volontaires qui partent dans les régions du GATIA pour, notamment, entraîner les troupes [maliennes] (journaliste indépendant 2 mai 2017).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Le directeur de recherche au CNRS a expliqué que les renseignements qu'il a fournis au cours de l'entretien téléphonique avec la Direction des recherches représentent son point de vue personnel.

[2] Dans son article, l'AFP écrit que le témoignage provient des familles des victimes, qu'il a été diffusé par le site d'information Siwel, une agence kabyle (touareg d'Algérie), et que le récit « extrêmement détaillé […] n'a pu être vérifié de source indépendante » (AFP 2 juin 2015).

[3] Le Clingendael - Netherlands Institute of International Relations est un think tank qui fournit une analyse des développements mondiaux dans les domaines de la diplomatie économique, de la sécurité internationale et de la gestion des conflits (Clingendael s.d.)

Références

Agence France-Presse (AFP). 2 juin 2015. « Mali : des ONG des droits de l'homme dénoncent de possibles "crimes de guerre" ». (Factiva)

Centre international pour la paix et les droits de l'homme (CIPADH). 8 février 2016. « La stigmatisation des touaregs du Mali, obstacle aux accords de paix ». [Date de consultation : 21 avr. 2017]

Centre international pour la paix et les droits de l'homme (CIPADH). S.d. « Notre mission ». [Date de consultation : 25 avr. 2017]

Clingendael - Netherlands Institute of International Relations. Mars 2015. Grégory Chauzal et Thibault van Damme. The Roots of Mali's Conflict - Moving Beyond the 2012 Crisis. [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Clingendael - Netherlands Institute of International Relations. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 26 avr. 2017]

Centre national de recherche scientifique (CNRS). S.d. « Présentation ». [Date de consultation : 8 mai 2017]

Directeur de recherche, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), France. 28 avril 2017. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

États-Unis (É.-U.). 3 mars 2017. Department of State. « Mali ». Country Reports on Human Rights Practices for 2016. [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Huffington Post. 14 août 2014. « Un nouveau groupe armé créé par des Touaregs dans le nord du Mali ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Human Rights Watch. 27 janvier 2016. « Mali ». Rapport mondial 2016. [Date de consultation : 1er mai 2017]

Iran Daily. 20 mars 2017. « UN Official Says Mali Security Situation Worrying ». (Factiva)

Jamestown Foundation. S.d.a. « About Jamestown's Terrorism Program ». [Date de consultation : 24 avr. 2017]

Jamestown Foundation. S.d.b. « Andrew McGregor ». [Date de consultation : 24 avr. 2017]

Jeune Afrique. 17 juin 2016. Rémi Carayol. « Carte : au centre du Mali, une constellation de groupes armés ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Jeune Afrique. 29 avril 2016. Baba Ahmed. « Mali : le business du cantonnement? ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Jeune Afrique. 4 mars 2015. « Mali : le Gatia, drôle de milice ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Jeune Afrique. 16 février 2015. Baba Ahmed. « Nord du Mali : de l'irrédentisme touareg à la guerre tribale? ». [Date de consultation : 25 avr. 2017]

Journaliste indépendant. 2 mai 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Libération. 3 août 2016. Célian Macé. « À Kidal, la lutte fratricide des Touaregs du Mali ». [Date de consultation : 20 avr. 2017]

Mali. S.d. Ministère de la Sécurité et de la Protection civile. « La Gendarmerie nationale ». [Date de consultation : 13 avr. 2017]

Mali Actu. 29 septembre 2016. « Mali : les leaders du GATIA face à la presse : "Nous ne sommes pas à la solde de l'État, encore moins une milice gouvernementale" ». [Date de consultation : 13 avr. 2017]

Maliweb. 25 mars 2016. « Gendarmerie nationale du Mali : une force humaine au service du peuple ». [Date de consultation : 13 avr. 2017]

Maliweb. 22 janvier 2015. L'Aube. « GATIA à l'Aube : "L'Azawad n'est pas une entité politique" ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

McGregor, Andrew. 3 avril 2015. « GATIA: A Profile of Northern Mali's Pro-Government Tuareg and Arab Militia ». Terrorism Monitor. Vol. 13, No. 7.

Nations Unies. Décembre 2015. Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH). Rapport conjoint sur les événements de Tin Hama les 20 et 21 mai 2015. Date de consultation : 26 avr. 2017]

Nations Unies. 7 janvier 2012. Conseil des droits de l'homme. Rapport de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme sur la situation des droits de l'homme au Mali. [Date de consultation : 27 avr. 2017]

Radio France internationale (RFI). 29 septembre 2016. « Mali : silence des autorités face aux accusations des États-Unis sur le GATIA ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Radio France internationale (RFI). 15 août 2014. « Nord du Mali : naissance d'un groupe armé opposé à l'autodétermination ». [Date de consultation : 10 avr. 2017]

Union européenne (UE). 17 juin 2016. Institut d'études de sécurité. Ibrahim Maïga. « Groupes armés au Mali : au-delà des étiquettes ». Rapport sur l'Afrique de l'Ouest. [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Autres sources consultées

Sources orales : Aberfoyle International Security; anthropologue, spécialiste de la bande saharo-sahélienne; Association malienne des droits de l'homme; The Broker; candidat au doctorat, Université Columbia; chargé de recherche, Institut de recherche pour le développement; chercheur associé, Chaîre Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatique; chercheur associé, Institut Thomas More et Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité; chercheur principal, Clingendael (Netherlands Institute of International Relations); International Crisis Group; Mali - Commission nationale des droits de l'homme; Nations Unies - Mission multidimentionelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali; professeur, Université Humboldt à Berlin; professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne; professeur associé, Université Lehigh; Réseau des défenseurs des droits humains au Mali; Sustainable Security Programme, Oxford Research Group.

Sites Internet, y compris : aBamako; Amnesty International; ecoi.net; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Le Figaro; IHS Jane's 360; International Crisis Group; Jactiv; Mali - portail du gouvernement; Minority Rights Group; Nations Unies - Refworld; Political Handbook of the World 2015; Royaume-Uni - Visas and Immigration; Tamoudre.

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