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Pakistan : information sur le traitement que réserve la société aux couples infertiles; information sur la légalité de la fécondation in vitro (FIV) et du recours aux donneurs de sperme (2011-janvier 2014)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 10 February 2014
Citation / Document Symbol PAK104760.EF
Related Document(s) Pakistan: Treatment of infertile couples by society; legality of in vitro fertilization (IVF) and the use of sperm donors (2011-January 2014)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Pakistan : information sur le traitement que réserve la société aux couples infertiles; information sur la légalité de la fécondation in vitro (FIV) et du recours aux donneurs de sperme (2011-janvier 2014), 10 February 2014, PAK104760.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/54ca281e4.html [accessed 22 May 2023]
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1. Traitement des couples infertiles par la société

Des sources signalent que la prévalence de l'infertilité au Pakistan est d'environ 22 p. 100, un pourcentage qui comprend l'infertilité primaire (prévalence de 4 p. 100) et l'infertilité secondaire (prévalence de 18 p. 100) (Ali et al. 2011, 11; Khalid et Qureshi 2012; Sami et Ali 2012). L'infertilité secondaire s'entend de l'incapacité à concevoir un enfant pendant au moins un an chez les couples qui ont déjà eu un enfant, alors que l'infertilité primaire s'entend des couples qui n'ont jamais pu avoir d'enfant (Sami et Ali janv. 2006, 19; Dawn 10 nov. 2013).

Diverses études signalent que les Pakistanais comprennent mal les causes de l'infertilité (Khalid et Qureshi 2012; Ali et al. 2011; Sami et Ali 2012, sect. 1). Selon un sondage mené à Rawalpindi [au Pendjab] auprès de 316 hommes et femmes demandant un traitement pour l'infertilité, et dont les résultats ont été publiés en 2012 par des chercheurs d'Islamabad, 40 p. 100 des femmes et 20 p. 100 des hommes comprenaient correctement les causes de l'infertilité, et 80 p. 100 des répondants de sexe masculin tenaient leur épouse pour responsable de l'infertilité de leur couple (Khalid et Qureshi 2012). Dans une étude menée auprès de 447 hommes et femmes dans deux hôpitaux de soins tertiaires de Karachi, et dont les résultats ont été publiés en 2011, des chercheurs constatent que les personnes sondées croyaient que le tabagisme (24 p. 100), les djinns (30 p. 100), la magie noire (38 p. 100) ou l'utilisation, par le passé, de contraceptifs oraux (53 p. 100) ou de dispositifs intra-utérins par une femme (61 p. 100) pouvaient causer l'infertilité (Ali et al. 2011). Parmi les répondants, 86 p. 100 ont affirmé que la société reproche seulement aux femmes l'infertilité d'un couple, et ils sont 57 p. 100 à croire que l'infertilité d'une femme est un motif valide pour qu'un homme prenne une deuxième épouse (ibid.). Dans une étude de 2006 menée par des chercheurs de l'Université de l'Aga Khan [à Karachi] sur les perceptions et les expériences de 104 femmes de Karachi qui ont souffert d'infertilité secondaire, les répondantes ont affirmé que les femmes [traduction] « portent le fardeau de l'infertilité » et que les femmes stériles peuvent être menacées de divorce, évincées hors de chez elles ou rejetées par leurs maris au profit d'une deuxième épouse (Sami et Ali 2012, Sec. 3.4.1).

L'étude menée dans des hôpitaux de Karachi affirme que [traduction] « la méconnaissance de l'infertilité [...] explique pourquoi un opprobre si fort est attaché à l'infertilité dans la société [pakistanaise] » (Ali et al. 2011, 5). Les participantes de l'étude de l'Université de l'Aga Khan ont signalé un manque de soutien de la part de leurs familles et de leurs maris et une [traduction] « attitude négative » de la part de la société, qui les ont menées à envisager le suicide (Sami et Ali 2012, sect. 3.4.2). Une participante a dit avoir été tenue à l'écart des mariées durant des mariages, de peur qu'elle transmette un [traduction] « "mauvais présage" » aux mariées (ibid., sect. 3.4.1). Les chercheurs concluent que [traduction] « l'infertilité secondaire jette non seulement l'opprobre sur les femmes, mais [qu']elle met également en péril la stabilité de leur mariage » (ibid., sect. 4). De même, l'étude menée dans des hôpitaux de Karachi conclut que l'infertilité est une cause courante de [traduction] « désaccords conjugaux » (Ali et al. 2011, 6). La même étude affirme également que les nouveaux mariés qui sont incapables d'avoir un enfant immédiatement après le mariage subissent la pression de la société, car une grossesse qui se produit immédiatement après le mariage est [traduction] « une attente courante de la structure familiale conjointe au Pakistan » (ibid., 5).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d'anthropologie de l'Université Yale spécialiste des questions entourant l'infertilité et les techniques de procréation assistée dans le monde musulman a écrit que l'infertilité est [traduction] « un état très stigmatisant pour les couples au Pakistan » et qu'être « sans enfant n'est pas une situation enviable » (professeure 5 févr. 2014). Elle a ajouté que les femmes sont habituellement tenues pour responsables de l'infertilité du couple, malgré des taux élevés d'infertilité masculine, et qu'elles sont [traduction] « souvent raillées et ostracisées dans leurs communautés » (ibid.).

2. FIV et don de sperme au Pakistan

La professeure d'anthropologie a affirmé que la FIV est légale au Pakistan, mais qu'elle demeure une [traduction] « technique très mal vue », en plus d'être inaccessible pour la majorité des gens en raison de son coût élevé (ibid.). Elle a également écrit que le don de sperme ou toute autre forme d'aide d'une tierce partie (don d'ovule, don d'embryon ou maternité de substitution) ne sont pas pratiqués (ibid.). Elle a expliqué qu'il y a [traduction] « une interdiction éthique musulmane sunnite généralisée concernant l'aide à la procréation par une tierce partie dans le monde musulman », tant pour les hommes que pour les femmes, et que le « Pakistan suit l'exemple de la majorité sunnite; les techniques de don n'y sont donc pas accessibles » (ibid.).

Selon la professeure,

[traduction]

[l]es techniques impliquant un donneur sont considérées comme haram, ou interdites par la religion, et sont de graves péchés. Le don de sperme, en particulier, est un péché, car il viole la généalogie patrilinéaire, la succession et la descendance, qui ressortent du mandat de l'islam. [...] [L']interdiction du don de sperme s'appuie sur des édits religieux (fatwas) stricts, qui ont interdit toute forme de procréation assistée par une tierce partie (ibid.).

La professeure a ajouté que l'utilisation du sperme ou d'ovules d'une tierce partie est [traduction] « largement reconnue » comme étant une forme de zina, ou de sexualité illicite, effectivement considérée comme un acte d'adultère (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements appuyant cette déclaration.

Selon un article de 2013 publié par le journal Dawn, du Pakistan, la FIV est généralement considérée comme [traduction] « taboue », mais cette pratique devient de plus en plus répandue (Dawn 10 nov. 2013). Interviewé dans l'article du Dawn, l'administrateur général du Centre médical australien de conception et d'infertilité (Australian Concept Infertility Medical Centre) [situé à Karachi] a affirmé que la FIV est permise par l'islam, mais qu'il n'y a pas de don de sperme ou d'ovules au Pakistan (ibid.). L'administrateur général a remarqué une croissance de la demande pour la FIV dans de petites villes du Pendjab, mais il a ajouté que la demande ne se manifeste pas encore dans les [traduction] « régions reculées du Pakistan » (ibid.). L'article du Dawn et l'Associated Press of Pakistan (APP) signalent tous deux qu'à la fin de 2013, le Conseil d'idéologie islamique (Council of Islamic Ideology - CII) du Pakistan a tranché que la FIV était permise à certaines conditions (ibid.; APP 6 nov. 2013). Le Dawn, citant un membre du CII qui est aussi président du Conseil des oulémas du Pakistan (Pakistan Ulema Council), précise que la FIV peut être permise pour les couples mariés utilisant leurs propres sperme et ovules et que la maternité de substitution et le don de sperme ou d'ovules ne sont [traduction] « pas du tout permis » (10 nov. 2013).

Dans l'étude menée à Rawalpindi auprès de 316 hommes et femmes demandant un traitement contre l'infertilité, les chercheurs ont constaté que les répondants estimaient que l'insémination intra-utérine était culturellement [traduction] « répréhensible » même lorsque la procédure était effectuée avec le sperme du mari (Khalid et Qureshi 2012). Les techniques de reproduction assistées étaient jugées [traduction] « inacceptables du point de vue religieux et culturel » chez les populations rurales (ibid.). Selon l'étude menée dans des hôpitaux de Karachi, environ la moitié des répondants qui connaissaient la FIV considéraient que la procédure n'était pas socialement acceptable [traduction] « en raison de la croyance selon laquelle elle n'est pas permise par l'islam ou qu'elle peut utiliser du sperme ou des ovules étrangers » (Ali et al. 2011, 6). L'étude précise également que les techniques de procréation assistée sont permises par l'islam si elles n'utilisent pas de dons de tierces parties (ibid.).

La professeure d'anthropologie a écrit que toute personne connue pour avoir eu recours à un don d'une tierce partie pour concevoir un enfant, même à l'étranger, s'expose à des [traduction] « peines sévères » au Pakistan, car elle sera considérée comme ayant violé les lois interdisant la zina [ordonnance sur les hududs (Pakistan's Hudud Ordinance)] (professeure 5 févr. 2014). Elle a ajouté que la vie de telles personnes et de tout enfant conçu avec un don d'une tierce partie serait en [traduction] « péril » au Pakistan, conformément à la loi (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements appuyant cette déclaration.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Ali, Sumera, Raafay Sophie, Ayesha M. Imam, Faisal I. Khan, Syed F. Ali, Annum Shaikh et Syed Farid-ul-Hasnain. 2011. « Knowledge, Perceptions and Myths Regarding Infertility Among Selected Adult Population in Pakistan: a Cross-Sectional Study ». BMC Public Health. Vol. 11, article no 760. [Date de consultation : 3 févr. 2014]

Associated Press of Pakistan (APP). 6 novembre 2013. « Sex Change Surgery, Cloning Unlawful: CII ». [Date de consultation : 7 févr. 2014]

Dawn. 10 novembre 2013. Sumaira Jajja. « IVF Clinics - In Business Big Time ». (Factiva)

Khalid, S.N. et I.Z. Qureshi. 2012. « Perceptions of Infertile Couples Regarding Infertility and Intrauterine Insemination (IUI) in a Rural Population and Services at Government Hospitals in Punjab, Pakistan ». Human Reproduction. Vol. 27 (suppl. 2). [Date de consultation : 3 févr. 2014]

Professeure d'anthropologie, Yale University. 5 février 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Sami, Neelofar et Tazeen Saeed Ali. 2012. « Perceptions and Experiences of Women in Karachi, Pakistan Regarding Secondary Infertility: Results from a Community-based Qualitative Study ». Obstetrics and Gynecology International. Vol. 2012, article 108756. [Date de consultation : 3 févr. 2014]

_____. Janvier 2006. « Psycho-Social Consequences of Secondary Infertility in Karachi ». Journal of Pakistan Medical Association. Vol. 56, no 1. [Date de consultation : 3 févr. 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre le Lahore Institute of Fertility and Endocrinology ont été infructueuses.

Sites Internet, y compris : Centre des droits reproductifs; ecoi.net; Hellenic Journal of Psychology; The Nation; Nations Unies - Haut-Commissariat aux droits de l'homme; Shirkat Gah.

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