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Jamaïque : information sur le traitement réservé aux minorités sexuelles, y compris les lois, la protection offerte par l'État et les services de soutien (2009-décembre 2012)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 11 January 2013
Citation / Document Symbol JAM104262.EF
Related Document(s) Jamaica: Treatment of sexual minorities, including legislation, state protection and support services (2009-December 2012)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Jamaïque : information sur le traitement réservé aux minorités sexuelles, y compris les lois, la protection offerte par l'État et les services de soutien (2009-décembre 2012), 11 January 2013, JAM104262.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/512223a22.html [accessed 4 June 2023]
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1. Lois

Il ressort de certaines sources qu'en Jamaïque, les actes homosexuels entre hommes sont des actes criminels, mais que ceux entre femmes ne le sont pas (ILGA mai 2012, 59; PinkNews 14 sept. 2009). Les Country Report on Human Rights Practices for 2011 du Département d'État des États-Unis précisent néanmoins que [traduction] « la loi interdit les "actes de grossière indécence" (généralement interprétés comme tout contact intime) entre des personnes de même sexe, en public ou en privé » (É.-U. 24 mai 2012, 21). Selon les Country Reports 2011, il y a également une [traduction] « loi "antisodomie" qui interdit les rapports sexuels consentants entre hommes » (ibid.).

La loi qui interdit les actes homosexuels à laquelle des sources font référence est la loi sur les infractions contre la personne (Offences Against the Person Act) (ILGA mai 2012, 59; Pulitzer Center 21 mars 2012). Cette loi, modifiée en 2009, prévoit ce qui suit :

[traduction]

76. Toute personne reconnue coupable du crime abominable qu'est la sodomie, commis avec un être humain ou un animal, est passible d'une peine maximale de dix ans d'emprisonnement et de travaux forcés.

77. Quiconque tente de commettre ledit crime abominable, ou est coupable de toute agression avec l'intention de commettre un tel crime, ou de tout attentat à la pudeur envers une personne de sexe masculin, est coupable d'un délit et est passible d'une peine maximale de sept ans d'emprisonnement, avec ou sans travaux forcés.

[…]

79. Toute personne de sexe masculin qui, en public ou en privé, commet un acte de grossière indécence, ou est partie à la commission d'un tel acte, ou incite, ou tente d'inciter une personne de sexe masculin à commettre un tel acte avec une autre personne de sexe masculin, est coupable d'un délit et est passible, à la discrétion du tribunal, d'une peine maximale de deux ans d'emprisonnement, avec ou sans travaux forcés (Jamaïque 1864).

Selon certaines sources, la loi est [traduction] « rarement appliquée » (The Toronto Star 10 janv. 2012) ou [traduction] « n'est généralement pas appliquée » (É.-U. 24 mai 2012, 21). Une pétition a été déposée en 2011 auprès de la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) de l'Organisation des États américains (OEA) dans le but de contester la loi au nom de deux hommes homosexuels (Pulitzer Center 21 mars 2012; AI 2012; É.-U. 24 mai 2012, 21-22). D'après les Country Reports 2011, [traduction] « [les auteurs] de la pétition soutiennent que la loi criminalise les hommes homosexuels et leur orientation sexuelle, et qu'elle soumet les membres de la communauté gaie, lesbienne, bisexuelle et transgenre (GLBT) à la violence et aux mauvais traitements des autorités et de la population » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur l'état d'avancement de la pétition.

2. Traitement réservé aux minorités sexuelles dans la société
2.1 Attitudes

Il ressort de certaines sources que l'homophobie est courante en Jamaïque (PIA 21 déc. 2012; É.-U. 24 mai 2012, 21; AP 27 déc. 2011). On peut lire dans l'article de l'agence Associated Press (AP) que la Jamaïque est, [traduction] « selon les homosexuels et leurs défenseurs, l'île où l'hostilité à l'égard des homosexuels est de loin la plus importante dans la région des Caraïbes, déjà connue pour ses valeurs conservatrices » (ibid.). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le gestionnaire de programme de Pride in Action (PIA), une ONG de la Jamaïque dont la mission est d'accroître l'autonomie et la confiance des jeunes GLBT qui poursuivent des études postsecondaires, a affirmé que l'homophobie était [traduction] « profondément enracinée » dans la société jamaïcaine pour des raisons historiques et culturelles (21 déc. 2012). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur principal du Forum de Jamaïque pour les lesbiennes, les gais et toutes les minorités sexuelles (Jamaica Forum for Lesbians, All-Sexuals and Gays - J-FLAG), une ONG fondée en 1998, a également affirmé que [traduction] « l'homophobie est encore ancrée solidement dans la culture, ce qui a des effets négatifs sur la façon dont les GLBT sont traités dans tous les aspects de leur vie en Jamaïque » (10 janv. 2013). Il a ajouté que la discrimination envers les minorités sexuelles est [traduction] « généralisée », et ce, dans toutes les régions du pays (J-FLAG 10 janv. 2013).

D'après des sources, certains styles de musique jamaïcains prônent l'homophobie et l'intolérance à l'égard des minorités sexuelles (É.-U. 24 mai 2012, 21; Freedom House 2012; The Independent 12 sept. 2009). On peut lire dans The Independent que certaines chansons reggae incitent à la violence ou à l'assassinat des hommes homosexuels (ibid.).

Des membres du Département de sociologie, de psychologie et de travail social (Department of Sociology, Psychology and Social Work) de l'Université des Indes occidentales ont mené une enquête afin d'examiner les attitudes et les perceptions à l'égard des relations homosexuelles (Boxill et al. 31 juill. 2012, 6). L'enquête a été menée auprès de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus, originaires de toutes les régions de la Jamaïque, qui ont été interviewées d'avril à mai 2012 (ibid.). Selon les résultats de l'enquête, plus de 80 p. 100 des répondants croient que l'homosexualité masculine et féminine ainsi que la bisexualité sont [traduction] « immorales » (ibid., 2). L'enquête a également permis de conclure que 76,7 p. 100 des répondants sont contre la modification de la loi sur la [traduction] « sodomie » et que 65 p. 100 d'entre eux s'opposent à la modification de la charte des droits et libertés fondamentales (Charter of Fundamental Rights and Freedoms) en vue d'y inclure la protection des droits des minorités sexuelles (ibid.). On peut également lire dans l'enquête que 54,1 p. 100 des gens d'affaires interrogés n'engageraient probablement pas de membres des minorités sexuelles parce que cela aurait pour effet de créer un [traduction] « malaise » chez leurs collègues, mais que 65,2 p. 100 d'entre eux [traduction] « ne congédieraient pas quelqu'un en raison de son orientation sexuelle » (ibid., 3, 24).

Des sources signalent que les minorités sexuelles en Jamaïque ne sont généralement pas visibles (JFJ 14 déc. 2012; AIDS-Free World 26 oct. 2011). Dans l'article du quotidien britannique The Independent, on peut lire qu'un homosexuel de la Jamaïque a affirmé que [traduction] « l'omniprésence et la virulence du sentiment antigai dans ce pays l'ont empêché de révéler son homosexualité », même aux membres de sa famille et à ses amis (12 sept. 2009).

Des sources soutiennent que les lesbiennes sont en quelque sorte plus [traduction] « tolérées » (JFJ 14 déc. 2012; PIA 21 déc. 2012). Cependant, sans donner d'exemples précis, le gestionnaire de programme de PIA a affirmé que des cas de lesbiennes victimes de [traduction] « viols correctifs [et de] meurtres » ont été observés (ibid.). Selon le directeur principal de J-FLAG, [traduction] « les lesbiennes sont violées, souvent de façon brutale, et ces viols ne sont pas tous signalés en raison de la stigmatisation et de la honte qui entourent généralement le viol » (10 janv. 2013). La directrice principale du groupe Jamaïcains pour la justice (Jamaicans for Justice - JFJ) a affirmé que même si les lesbiennes sont un peu plus tolérées, leur orientation sexuelle doit demeurer secrète, et elles ne peuvent pas exprimer leur affection en public, par exemple en se tenant la main (14 déc. 2012). Selon PinkNews, un site Web qui publie des nouvelles sur les minorités sexuelles, [traduction] « de nombreuses lesbiennes sont victimes de persécution » (PinkNews 14 sept. 2009).

Des sources font observer qu'il est très rare de voir des transgenres s'afficher en public (PIA 21 déc. 2012; JFJ 14 déc. 2012). La directrice principale de JFJ a fait état de cas d'agression contre des transgenres (ibid.). La directrice principale estime qu'il faudrait que les transgenres ou [traduction] « les travestis fassent preuve d'une grande bravoure pour s'afficher ouvertement » (ibid.).

Des sources signalent que les dirigeants politiques ont fait des déclarations négatives à l'égard des minorités sexuelles (J-FLAG et al. oct. 2011, 5-6; PIA 21 déc. 2012). Cependant, lors de l'élection de 2011 qui l'a menée au pouvoir, la première ministre Portia Simpson Miller a affirmé qu'elle choisirait les membres de son cabinet en fonction de leurs compétences, peu importe leur orientation sexuelle (ibid.; É.-U. 24 mai 2012, 22). Selon les Country Reports 2011, elle a formulé ce commentaire pour réagir à la déclaration de l'ancien premier ministre, selon laquelle il n'accepterait pas qu'un homosexuel fasse partie de son cabinet (ibid.). Pendant la campagne électorale, Portia Simpson Miller avait affirmé qu'elle consentirait à ce que la [traduction] « loi antisodomie» soit réexaminée (ibid.; PIA 21 déc. 2012; HRW 16 juill. 2012).

Il ressort de certaines sources qu'il y a eu, récemment, un accroissement des discussions publiques sur les questions touchant les minorités sexuelles (J-FLAG 10 janv. 2013; PIA 21 déc. 2012; JFJ 14 déc. 2012). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la directrice principale de Jamaicans for Justice (JFJ), une ONG que le haut-commissariat de la Grande-Bretagne à Kingston qualifie de [traduction] « principale organisation de défense des droits de la personne en Jamaïque » (R.-U. [2011]), a estimé qu'il semble que certaines personnes dans la société jamaïcaine soient [traduction] « plus libres » de parler, même s'il est « encore difficile » de le faire (JFJ 14 déc. 2012). Le gestionnaire de programme de PIA a lui aussi souligné que des défenseurs des droits de la personne et des personnes qui s'opposent à l'homophobie font de plus en plus [traduction] « entendre leur voix », ce qui a encouragé d'autres personnes à s'exprimer à leur tour (PIA 21 déc. 2012). Il a toutefois ajouté que l'homophobie existe toujours et que des actes de discrimination et de violence ont toujours lieu (ibid.). Par ailleurs, selon les Country Reports 2011, le fait que la question des minorités sexuelles est abordée davantage dans le discours public [traduction] « n'a pas fait évoluer la situation dans la société » (É.-U. 24 mai 2012, 22).

2.2 Incidents violents

Plusieurs sources signalent que les minorités sexuelles sont la cible d'actes de violence en Jamaïque (AI 2012; Freedom House 2012; É.-U. 24 mai 2012, 22). Freedom House fait observer que [traduction] « la violence à l'égard des gais, des lesbiennes et des transgenres demeure une préoccupation majeure » (2012). Selon Amnesty International (AI), [traduction] « les organisations GLBT ont fait état d'un grand nombre de cas d'attaques, de harcèlement et de menaces à l'endroit des lesbiennes, des hommes homosexuels, des bisexuels et des transgenres » en 2011 (2012). Le directeur principal de J-FLAG a affirmé que son ONG avait relevé des cas [traduction] « [d']attaques collectives, de violence physique, d'évictions de domicile et d'autres violations des droits de la personne » (10 janv. 2013). Selon les Country Reports 2011, les observateurs gouvernementaux et non gouvernementaux ont convenu que la violence à l'égard des minorités sexuelles était [traduction] « généralisée » (É.-U. 24 mai 2012, 22). Les Country Reports 2011 ont également précisé que de nombreux homosexuels ont été contraints de quitter le pays en raison du [traduction] « climat de peur » découlant de la violence à leur égard (ibid., 21). Cependant, le gestionnaire de programme de PIA a affirmé qu'il était possible pour certains membres des minorités sexuelles de s'afficher et de cheminer dans la société sans être victimes de violence, même si [traduction] « certains événements déclencheurs » pourraient mener à des actes de violence (PIA 21 déc. 2012).

J-FLAG fait observer que 39 cas de violations des droits de la personne contre des GLBT lui ont été signalés de janvier à novembre 2012 (J-FLAG 10 janv. 2013). L'ONG a obtenu des renseignements selon lesquels il y a eu 186 cas de violations des droits de la personne à l'égard de GLBT de 2009 à 2011, dont 84 en 2011 (J-FLAG 12 juill. 2012). Le directeur principal de J-FLAG a ajouté que 21 personnes avaient également été expulsées de leur domicile en 2011 (10 janv. 2013).

Des sources signalent que les corps de deux hommes mutilés, qui étaient apparemment des membres de la communauté GLBT, ont été trouvés à New Kingston en juin 2012 (Jamaica Observer 14 juin 2012; OEA 9 juill. 2012). La CIDH de l'OEA soutient que, selon une organisation GLBT locale, huit hommes homosexuels ont été tués d'avril à juillet 2012 (ibid.).

Le corps d'un travesti qui portait des traces de blessures à l'arme blanche a été trouvé en décembre 2010 à St. Andrew (Jamaica Observer 3 déc. 2010; The Jamaica Gleaner 5 déc. 2010). Selon J-FLAG, [traduction] « l'homme était un membre de la communauté gaie et il avait reçu des menaces de mort » (ibid.).

On peut lire dans l'article de l'Association internationale des lesbiennes, des gais, des personnes bisexuelles, trans et intersexuels (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association - ILGA) que de 2009 à 2010, quatre lesbiennes ont été victimes de [traduction] « viols correctifs » en Jamaïque (16 juin 2010).

Le consul honoraire de la Grande-Bretagne en Jamaïque a été retrouvé assassiné en 2009; on aurait laissé à ses côtés une note soutenant que le consul était homosexuel (The Telegraph 11 sept. 2009) et menaçant de mort tous les homosexuels (The Independent 12 sept. 2009; PinkNews 14 sept. 2009). Cependant, il est écrit dans l'article de PinkNews que les forces policières ont déclaré que le meurtre n'était [traduction] « probablement pas un crime homophobe » (ibid.).

2.2.1 Violence collective

Des sources font observer que les minorités sexuelles peuvent être la cible d'actes de violence collective (J-FLAG 10 janv. 2013; JFJ 14 déc. 2012; PIA 21 déc. 2012). Le gestionnaire de programme de PIA a affirmé que l'autojustice et la violence collective étaient [traduction] « courantes » en Jamaïque (ibid.). Selon le directeur principal de J-FLAG, la violence collective à l'égard des minorités sexuelles est [traduction] « un phénomène répandu partout sur l'île » (10 janv. 2013). Dans l'article du journal The Independent, il est écrit qu'au cours des 18 mois précédant septembre 2009, 33 incidents de violence collective contre des homosexuels ont été constatés (12 sept. 2009).

Des articles publiés par les médias signalent qu'en novembre 2012, un étudiant prétendument homosexuel de l'Université des technologies aurait été battu par le personnel de sécurité alors qu'une foule [traduction] « en colère » se trouvait à l'extérieur de la salle (The Jamaica Gleaner 2 nov. 2012; AP 3 nov. 2012; The Jamaica Star 2 nov. 2012) parce qu'il a été surpris dans une [traduction] « position compromettante » avec un autre homme (ibid.; The Jamaica Gleaner 2 nov. 2012). D'après l'AP, deux gardiens de sécurité ont été [traduction] « relevés de leurs fonctions pendant l'enquête policière » (3 nov. 2012).

Human Rights Watch fait remarquer que, selon un reportage diffusé dans un bulletin de nouvelles, en juin 2012, une foule d'environ 100 personnes s'est réunie devant une maison où, apparemment, cinq homosexuels vivaient et que la police a dû intervenir pour protéger les résidants de la foule [traduction] « en colère » (16 juill. 2012).

Il ressort de certaines sources que deux résidences d'hommes prétendument homosexuels ont été envahies par des groupes de personnes en 2010 (ILGA 16 juin 2010; JASL et al. [2010], paragr. 11). Personne n'a été arrêté; cependant, certains homosexuels auraient été placés en détention (ibid.) « "pour leur propre protection" » (ILGA 16 juin 2010).

3. Protection offerte par l'État

Dans un rapport présenté au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies dans le cadre de l'Examen périodique universel de 2010, le gouvernement de la Jamaïque a déclaré ce qui suit :

[version française des Nations Unies]

Le Gouvernement jamaïcain respecte le droit de chacun et ne tolère aucune discrimination ou violence à l'égard de quelque personne ou groupe de personnes que ce soit en raison de son orientation sexuelle. La Constitution prévoit également pour quiconque estimant que ses droits sont bafoués ou risquent de l'être la possibilité de former un recours devant la Cour suprême (ou devant la Court of Appeal) afin d'obtenir le respect de ses droits et réparation.

11. Le Parlement est actuellement saisi d'un projet de loi (portant modification de la Constitution) sur une charte des droits et des libertés, qui vise à offrir une protection plus complète et effective des droits de l'homme et des libertés fondamentales de chacun en Jamaïque (Jamaïque 12 nov. 2010, paragr. 10 et 11)

Cependant, des sources font observer que la charte ne prévoit pas l'absence de discrimination fondée sur l'orientation sexuelle (AI 2012; Boxill et al. 31 juill. 2012, 5).

3.1 Police et appareil judiciaire

Des sources soulignent que la police ne prend souvent aucune mesure concernant les incidents violents contre les minorités sexuelles (É.-U. 24 mai 2012, 21; Freedom House 2012). D'après AI, de nombreux cas de violence, de harcèlement et de menaces [traduction] « ne font pas l'objet d'enquêtes approfondies et rapides » (2012). Selon le directeur principal de J-FLAG, des agents de police ont été les auteurs de 12 des 84 incidents signalés à l'ONG en 2011 (10 janv. 2013).

Dans les Country Reports 2011, on peut lire que [traduction] « les hommes gais hésitent à signaler les incidents dont ils sont victimes parce qu'ils craignent pour leur bien-être physique » (É.-U. 24 mai 2012, 22). De même, il est écrit dans un rapport parallèle présenté au Comité des droits de l'homme des Nations Unies par une coalition d'organisations que les autorités sont [traduction] « inactives » face aux cas de violence contre les lesbiennes et que de nombreux transgenres et lesbiennes « hésitent à signaler les crimes sexuels dont ils sont victimes, de peur que la police leur fasse subir de mauvais traitements ou qu'elle les humilie » (J-FLAG et al. oct. 2011, 13). Le directeur principal de J-FLAG a cependant ajouté que [traduction] « les relations avec la police se sont améliorées puisque leurs interventions ont gagné en efficacité au fil des années, même s'il y a encore des situations où les agents agissent de façon partiale » (J-FLAG 10 janv. 2013). Le directeur principal a également déclaré que [traduction] « notre plus grand défi consiste à faire en sorte que la communauté soit à l'aise de signaler les problèmes à la police » (ibid.).

Le gestionnaire de programme de PIA a affirmé que le système judiciaire en Jamaïque est généralement inefficace, pas uniquement pour les minorités sexuelles, et qu'il fonctionne très lentement, sauf pour les affaires très médiatisées (21 déc. 2012). La directrice principale de JFJ a également soutenu que le système judiciaire de la Jamaïque est [traduction] « extrêmement inefficace » (JFJ 14 déc. 2012). Plusieurs sources signalent qu'il y a un arriéré dans le traitement des dossiers devant être réglés devant les tribunaux (É.-U. 24 mai 2012, 10; JFJ 14 déc. 2012; Freedom House 2012). Selon les Country Reports 2011, il faut des années pour qu'une affaire fasse l'objet d'un procès (É.-U. 24 mai 2012, 9). Le directeur principal de J-FLAG a ajouté que, [traduction] « pour avoir une idée exacte du rôle du système judiciaire, nous devons encore constater comment les tribunaux traiteront les droits des minorités sexuelles dans une vraie affaire » (10 janv. 2013).

La directrice principale de JFJ et le gestionnaire de programme de PIA ont tous les deux affirmé être au courant du fait que J-FLAG avait présenté des séances de sensibilisation aux policiers concernant les minorités sexuelles (JFJ 14 déc. 2012; PIA 21 déc. 2012). Selon le gestionnaire de programme de PIA, cette formation a été donnée dans les postes de police, notamment là où les actes de discrimination se sont multipliés, et il y a eu des [traduction] « améliorations » (ibid.). Il a ajouté qu'il était désormais [traduction] « plus facile de porter plainte à la police, en particulier à Kingston », mais que les membres des minorités sexuelles pouvaient voir leur « style de vie étalé sur la place publique et critiqué » (ibid.).

4. Services de soutien

Le directeur principal de J-FLAG a affirmé que [traduction] « la volonté des GLBT, lorsqu'il s'agit d'intenter des recours pour défendre leurs droits, est très faible », et que les seules organisations auxquelles les personnes peuvent faire appel sont le Conseil jamaïcain indépendant pour les droits de la personne (Independent Jamaica Council on Human Rights - IJCHR), JFJ et J-FLAG (13 janv. 2013). Il a également ajouté que ces organisations sont toutes situées à Kingston, [traduction] « de sorte qu'il est difficile pour les personnes vivant dans les régions rurales d'obtenir du soutien si elles ne sont pas en mesure de se rendre dans la capitale » (ibid.).

J-FLAG se décrit comme étant [traduction] « la première organisation de défense des droits de la personne dans l'histoire de la Jamaïque à répondre aux besoins des GLBT » (J-FLAG s.d.a). J-FLAG joue un rôle de défense auprès du gouvernement de la Jamaïque et s'emploie à faire avancer la réforme juridique (ibid.; PIA 21 déc. 2012). L'organisation offre également un programme d'éducation populaire ainsi que des programmes d'intervention en cas de crise et de soutien (J-FLAG n.d.a). Elle encourage la tolérance et l'acceptation dans la société jamaïcaine (ibid.).

Comme il a été mentionné précédemment, PIA est une ONG qui se consacre aux jeunes GLBT et qui existe officiellement depuis 2008 (PIA 21 déc. 2012). Le gestionnaire de programme de PIA a affirmé que l'organisation répond aux besoins des gais et des lesbiennes qui poursuivent des études postsecondaires (ibid.). Elle s'emploie à accroître l'autonomie et la confiance des jeunes GLBT grâce à la création d'espaces sécuritaires et de groupes de discussion, et elle offre des services liés à la prévention du VIH et à la sensibilisation sur le sujet (ibid.). Elle défend aussi ces jeunes devant l'administration universitaire (ibid.).

On peut lire sur le site Web de J-FLAG que les lesbiennes, les bisexuels ou les [traduction] « femmes en questionnement » peuvent communiquer avec Women for Women (WfW), un organisme qui se consacre « à la mise en place d'un milieu exempt de discrimination, de préjugés et d'injustices sociales » (J-FLAG s.d.b). Le gestionnaire de programme de PIA a ajouté que les organisations de défense des droits de la personne JFJ et Absence de terrorisme d'État (Freedom from State Terrorism - FAST) défendent toutes les deux les droits des minorités sexuelles (21 déc. 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur WfW et FAST.

4.1 Soins de santé

Selon certaines sources, les minorités sexuelles pourraient faire l'objet de discrimination dans le domaine des services de santé (JFJ 14 déc. 2012; Brown et al. avr. 2012, 49). Les Country Reports font remarquer que, selon J-FLAG, les minorités sexuelles peuvent être victimes de harcèlement de la part des fournisseurs de soins de santé (É.-U. 24 mai 2012, 21). Il ressort également de certaines sources que les minorités sexuelles peuvent avoir des difficultés à obtenir des services liés à la prévention ou au traitement du VIH (JFJ 14 déc. 2012; JASL et al. [2010], paragr. 13). Une étude menée par le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida montre que le taux d'infection par le VIH des hommes jamaïcains qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes est d'environ 32 p. 100, alors qu'il était de 1,6 p. 100 dans la population en général en 2007 (Nations Unies 2010, 4).

La directrice principale de JFJ a ajouté que malgré le fait que certaines organisations venant en aide aux personnes atteintes du VIH/sida et le ministère de la Santé (Ministry of Health) tentent [traduction] « de faire augmenter la tolérance », les membres de la communauté GLBT ne sont pas toujours « bien tolérés » dans les cliniques locales (14 déc. 2012). Le gestionnaire du programme de PIA a également affirmé que le ministère de la Santé avait tenté d'éliminer la stigmatisation et la discrimination pour ce qui est de la prévention du VIH, mais que la mise en œuvre des politiques et des règles dépend de l'attitude des gens (21 déc. 2012). Il est écrit dans un communiqué de presse du ministère de la Santé que ce dernier avait organisé des consultations sur la réduction de la stigmatisation et de la discrimination à l'égard des personnes atteintes du VIH/sida (Jamaïque 27 avr. 2011). De plus, selon certains médias, le ministre de la Santé s'est prononcé en faveur de l'abolition de la loi criminalisant les comportements homosexuels, [traduction] « pour le plus grand bien [de tous] » (Mambaonline 5 déc. 2012; GSN 4 déc. 2012).

Par ailleurs, des sources soulignent l'existence d'organisations de soins de santé qui offrent des services spécialisés, notamment aux minorités sexuelles (JFJ 14 déc. 2012; Jamaica Red Cross [nov. 2011]; The Global Forum on MSM & HIV s.d.). Le Jamaican Network of Seropositives (ibid.) et Jamaica AIDS Support for Life font tous les deux de la prévention auprès des personnes atteintes du VIH/sida, et leur fournissent des services de soutien (JFJ 14 déc. 2012). La directrice principale de JFJ a expliqué que ces deux groupes essaient aussi, dans la mesure du possible, de combattre la discrimination (ibid.). Selon la directrice principale, ces organisations sont [traduction] « relativement efficaces » lorsqu'il s'agit d'aider les minorités sexuelles qui ont des problèmes de santé (ibid.). Le gestionnaire de programme de PIA a affirmé que les employés de Jamaica AIDS Support for Life agissent généralement [traduction] « de façon amicale » avec les membres des minorités sexuelles (21 déc. 2012). La Croix-Rouge jamaïcaine (Jamaica Red Cross) fait également remarquer qu'elle offre un [traduction] « espace sécuritaire permettant l'accès volontaire et confidentiel à des services d'aide psychologique et de dépistage » pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, à Kingston, à St. Andrew et à St. Ann (Jamaica Red Cross [nov. 2011]).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

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Boxill, Ian, Elroy Galbraith, Rashalee Mitchell, et Roy Russell. 31 juillet 2012. National Survey of Attitudes and Perceptions of Jamaicans Towards Same Sex Relationships: A Follow-up Study. Kingston : Department of Sociology, Psychology and Social Work, University of the West Indies. [Date de consultation : 14 déc. 2012]

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Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes ont été infructueuses : Farquharson Institute of Public Affairs; Freedom from State Terrorism; Independent Jamaican Council for Human Rights; Jamaican Network of Seropositives.

Sites Internet, y compris : Commonwealth Human Rights Initiative; ecoi.net; GlobalGayz; Human Dignity Trust; Inter Press Service; International Gay and Lesbian Human Rights Commission; Jamaïque — Ministry of Health, Ministry of Justice; Jamaica Information Service; Nations Unies — Refworld.

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