Liban : information sur le traitement réservé aux membres et aux sympathisants des Forces libanaises (FL) par les autorités libanaises et syriennes et par le Hezbollah (mars 2005-octobre 2007)

Dans une communication écrite du 10 octobre 2007 adressée à la Direction des recherches, un professeur spécialiste du Moyen-Orient au bureau de Madrid (Espagne) du centre international de Tolède pour la paix (Centro Internacional de Toledo para la Paz – CITpax), a déclaré ne connaître aucun cas récent de mauvais traitements infligés à des membres des Forces libanaises (FL) par les autorités libanaises ou par le Hezbollah. Le professeur a ensuite affirmé

[traduction]

qu'il était un temps, à la fin de la guerre civile libanaise (1975-1989), où les membres des FL étaient arrêtés, emprisonnés et harcelés. Ce n'est plus le cas depuis que Dr Samir Ja'ja' [également translittéré comme Geagea], le commandant des FL, a été libéré [en juillet 2005] (professeur 10 oct. 2007).

L'Agence France-Presse (AFP) signale que la population chrétienne maronite du Liban est divisée entre les partisans des FL de Samir Geagea, un important rival du Hezbollah, et ceux de Michel Aoun, qui a tissé des liens avec le Hezbollah (AFP 21 sept. 2006; ICG 25 juill. 2006). Les FL font partie du bloc majoritaire au parlement libanais, lequel comprend aussi le Courant du futur de Saad al-Hariri, le Parti socialiste progressiste de Walid Jumblatt et les Phalanges libanaises (Le Monde 20 déc. 2006; ICG 21 déc. 2006). L'opposition, quant à elle, comprend le Hezbollah, l'Amal, le Courant patriotique libre de Michel Aoun et plusieurs petits partis pro-syriens (ibid.).

+ la suite des élections générales libanaises de juin 2005, trois membres des FL auraient été atteints de coups de feu; deux d'entre eux auraient succombé à leurs blessures (AFP 3 juill. 2005). Le tireur était un partisan d'un groupe politique chrétien rival dirigé par Suleiman Franjieh, qui s'était allié à Michel Aoun (ibid.). Suleiman Franjieh avait refusé de reconnaître sa défaite électorale face aux FL, dans le nord du Liban (ibid.). Suleiman Franjieh et les FL ont tous deux condamné la fusillade (ibid.).

En février 2007, le quotidien beyroutin L'Orient-Le Jour a signalé qu'un tireur non identifié avait ouvert le feu sur la résidence de Samir Geagea, à Kesrouan, pendant que ce dernier donnait une entrevue télévisée (8 févr. 2007). Aucun blessé n'a été signalé (ibid.). Aucune information additionnelle sur cet incident n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Traitement par les autorités libanaises

Dans une communication écrite du 25 octobre 2007 adressée à la Direction des recherches, un professeur adjoint en sciences sociales à l'université libanaise américaine (Lebanese American University – LAU) a déclaré que

[traduction]

depuis le retrait des troupes syriennes du Liban en avril 2005 et la remise en liberté concomitante du dirigeant des FL, Samir Ja'ja', le 26 juillet 2005, les FL et leurs partisans ne sont plus persécutés. Les membres et les partisans des FL sont libres de s'organiser et de s'associer sur le plan politique sans qu'aucune organisation gouvernementale ou non gouvernmentale ne les gêne (professeur adjoint 25 oct. 2007).

Le 18 juillet 2005, le parlement libanais a adopté une loi amnistiant le dirigeant des FL, Samir Geagea, au nom de la réconciliation nationale (Le Monde 20 juill. 2005). Samir Geagea avait déjà purgé 11 années de prison pour avoir assassiné le premier ministre Rachid Karamé en 1989 (ibid.).

En avril 2006, un groupe d'étudiants membres des FL auraient été arrêtés et battus par l'armée libanaise au cours d'une fête qui visait à célébrer leur victoire aux élections étudiantes de la LAU (L'Orient-Le Jour 4 avr. 2006). L'Orient-Le Jour signale que l'armée libanaise a arrêté huit étudiants, dont certains auraient été battus, les a détenus dans les locaux de la police militaire à Jisr el-Bacha, puis, les a relâchés le même soir en les avertissant de ne pas exprimer leurs opinions politiques (ibid.). Aucune information additionnelle sur ce cas n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

En novembre 2006, les autorités libanaises ont arrêté des dizaines de membres des FL au cours d'un exercice d'entraînement militaire (Al-Manar 27 nov. 2006; Daily Star 1er déc. 2006). D'après le Daily Star de Beyrouth, ces derniers ont été arrêtés pour possession d'armes américaines et israéliennes (ibid.). La station de télévision du Hezbollah, al-Manar, a signalé que les arrestations ont eu lieu à la suite de la diffusion, par une organisation étudiante affiliée aux FL, de [traduction] " déclarations semi-militaires semblables à celles faites par certains de leurs dirigeants politiques " (27 nov. 2006). D'après al-Manar, des membres des FL auraient déclenché des émeutes visant les bureaux du Courant patriotique libre (al-Manar 27 nov. 2006), dirigé par le général Michel Aoun (Le Monde 20 déc. 2006). Le Daily Star signale qu'à la fin de novembre 2006, les étudiants membres des FL, du Courant patriotique libre et du Hezbollah se sont rencontrés à l'université St-Joseph afin d'entamer des pourparlers (1er déc. 2006).

Toutefois, les tensions ont persisté au cours des semaines suivantes et trois étudiants ont été blessés lors d'une rixe opposant des partisans du Courant patriotique libre à ceux des FL (L'Orient-Le Jour 19 déc. 2006).

Traitement par les autorités syriennes

L'AFP a signalé qu'en septembre 2005, une journaliste et [traduction] " partisane des Forces libanaises, parti anti-syrien ", a été gravement blessée par l'explosion d'une bombe placée dans sa voiture (25 sept. 2005). Un autre journaliste anti-syrien aurait été tué, quelques mois auparavant, en juin 2005 par une bombe placée dans sa voiture (ibid.).

En octobre 2005, L'Orient-Le Jour a révélé que des assaillants inconnus avaient gravement battu un partisan des FL à Wadi Chahrour (6 oct. 2005). De son lit d'hôpital, la victime aurait déclaré qu'au moins un des agresseurs avait un accent syrien (L'Orient-Le Jour 6 oct. 2005). Aucune information additionnelle ou corroborante sur cet incident n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

En 2006, Samir Geagea aurait déclaré que les FL allaient " continuer à résister ", face à la non-reconnaissance du Liban par la Syrie (AFP 24 sept. 2006).

Selon un article de l'AFP, paru en août 2006, la presse officielle syrienne accusait Samir Geagea et ses FL d'avoir reçu l'aide du Mossad et de la CIA et de comploter avec ceux-ci en vue de perpétrer des actes de violence en Syrie (7 août 2006). Toutefois, aucune information corroborante n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Relations avec le Hezbollah

Dans une communication écrite du 25 octobre 2007 adressée à la Direction des recherches, le professeur adjoint en sciences sociales à la LAU a fait remarquer qu'il ne connaissait aucun cas de mauvais traitements infligés par le Hezbollah aux membres et aux sympathisants des FL. Le professeur adjoint a ajouté que [traduction] " les deux partis et leurs cadres sont séparés géographiquement " (professeur adjoint 25 oct. 2007).

Pendant la campagne militaire d'Israël contre le Hezbollah, menée au Liban au cours de l'été 2006, les FL ont participé à des opérations de sauvetage visant à aider des chiites qui s'enfuyaient de leur maison, dans le sud (AFP 13 août 2006). Un porte-parole des FL a précisé que les FL, tout en appuyant totalement les chiites " sur le plan humain ", elles condamnaient la position géopolitique du Hezbollah (ibid.).

En septembre 2006, Samir Geagea a contesté la victoire autoproclamée du Hezbollah dans sa guerre avec Israël et a plutôt qualifié le conflit de " catastrophe " nationale (AFP 24 sept. 2006).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 24 septembre 2006. " Liban : un chef chrétien antisyrien conteste la "victoire" du Hezbollah ". (Factiva)
_____. 21 septembre 2006. " Lebanon's Divided Christians Feel Rudderless ". (Factiva)
_____. 13 août 2006. " Au Liban, la solidarité avec les réfugiés n'évite pas les crispations communautaires ". (Factiva)
_____. 7 août 2006. " Violente diatribe syrienne contre les Forces du 14 mars au Liban ". (Factiva)
_____. 25 septembre 2005. " Lebanon Attack Shocks Press Freedom Group ". (Factiva)
_____. 3 juillet 2005. " Second Death from Post-Election Shooting in Lebanon ". (Factiva)

Al-Manar Television [Beyrouth, en arabe]. 27 novembre 2006. " Lebanese Forces Party Members Said Arrested During Firearms Training ". (Factiva/BBC Monitoring Newsfile)

Daily Star [Beyrouth]. 1er décembre 2006. Iman Azzi. " USJ Student Leaders Agree to Disagree Over Claims of Hizbullah "Espionage" On Campus; FPM Had Threatened Legal Action Unless an Apology Was Made ". (Factiva)

International Crisis Group (ICG). 21 décembre 2006. " Policy Briefing: Lebanon at a Tripwire ". [Date de consultation : 22 oct. 2007]
_____. 25 juillet 2006. Israel/Palestine/Lebanon: Climbing Out of the Abyss. (Middle East Report No. 57). [Date de consultation : 22 oct. 2007]

Le Monde [Paris]. 20 décembre 2006. " La fracture libanaise ". (Factiva)
_____. 20 juillet 2005. " Samir Geagea, l'ancien chef des forces libanaises, est amnistié après 11 ans de prison ". (Factiva)

L'Orient-Le Jour [Beyrouth]. 8 février 2007. " Tirs contre la résidence de Geagea à Bzoummar (Kesrouan) ". [Date de consultation : 9 févr. 2007]
_____. 19 décembre 2006. " Trois étudiants blessés à la faculté de droit de Jal el-Dib ". [Date de consultation : 19 déc. 2006]
_____. 4 avril 2006. " Solida condamne les "violences exercées par l'armée contre les étudiants des Forces libanaises" ". [Date de consultation : 4 avr. 2006]
_____. 6 octobre 2005. " Un partisan FL enlevé et battu à Wadi Chahrour par des inconnus " à l'accent syrien " ". [Date de consultation : 6 oct. 2005]

Professeur. 10 octobre 2007. Toledo International Centre for Peace (CITpax) [Madrid]. Communication écrite.

Professeur adjoint. 25 octobre 2007. Université libanaise américaine, Beyrouth. Communication écrite.

Autres sources consultées

Sources orales : L'Association libanaise des droits de l'homme, la Fondation pour les droits de l'homme et le droit humanitaire au Liban (Foundation for Human and Humanitarian Rights Lebanon) ainsi que des professeurs en sciences politiques de la LAU et de l'université St-Joseph à Beyrouth n'ont pas répondu à des demandes d'information dans les délais prescrits pour cette réponse.

Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), Arabic News, Association libanaise des droits de l'homme, British Broadcasting Corporation (BBC), Canadian Lebanese Human Rights Federation (CLHRF), Courrier international, États-Unis -Department of State, European Country of Origin Information Network (ecoi.net), Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Forces libanaises (FL), Foundation for Human and Humanitarian Rights Lebanon, Haaretz, Human Rights Watch (HRW), Institut européen de recherche sur la coopération méditéranéenne et euro-arabe, Lebanese Foundation for Peace (LFP), Lebanese Information Center (LIC), Middle East Report, Naharnet, World News Connection (WNC).

Publication : Political Handbook of the World 2007.