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Sénégal : 1) Problèmes actuels entre le Sénégal et la Mauritanie. 2) Conséquences de cette situation sur les citoyens sénégalais

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Research Directorate, Immigration and Refugee Board, Canada
Publication Date 1 November 1989
Citation / Document Symbol SEN2452
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Sénégal : 1) Problèmes actuels entre le Sénégal et la Mauritanie. 2) Conséquences de cette situation sur les citoyens sénégalais, 1 November 1989, SEN2452, available at: https://www.refworld.org/docid/3ae6aafa58.html [accessed 21 May 2023]
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1) Le 9 avril 1989, un incident frontalier causant la mort de deux Sénégalais, suivi d'arrestations et de violents conflits entre Sénégalais résidant en Mauritanie et Mauritaniens, a déclenché une série d'affrontements meurtriers entre le Sénégal et la Mauritanie ["Senegal: Mauritanian Border Incident", West Africa, 24-30 avril 1989: 665.]. Ces affrontements violents ont continué tout au long du mois d'avril 1989, sur des bases économiques et raciales [Guérivière J. de la, 1989, "Les affrontements entre Sénégalais et Mauritaniens", Le Monde, 27 avril 1989; Medlock R. 1989, "Economic and Racial Time Bomb Explodes", Financial Times, 28 avril 1989; Bessis S. 1989, "Le Sénégal, la Mauritanie et leurs boucs émissaires", Le Monde diplomatique, mai 1989.]. L'ampleur du conflit a surpris tous les observateurs, car le résultats des violences se sont comptés par centaines de morts et milliers de réfugiés de part et d'autre de la frontière [ Diallo S. 1989, "Mauritanie-Sénégal: après le cauchemar", Jeune Afrique, no. 1480, 17 mai 1989; Smith S. 1989, "Le fleuve Sénégal frontière de la haine", Libération, 23 mai 1989; Kabundi M. 1989, "Le conflit Sénégal-Mauritanie: une honte pour toute l'Afrique", Le Devoir, 24 mai 1989; Fritscher F. 1989, "Le président Taya a lancé un appel `à l'unité nationale et à la concorde'", Le Monde hebdomadaire, 5-10 mai 1989.]. En fait le conflit a rapidement été envenimé par la revanche après l'incident frontalier du 9 avril: des boutiques mauritaniennes (Naars, comme les appelent les Sénégalais) ont été attaquées pour protester contre la mort des deux Sénégalais, puis les ressortissants sénégalais et autres Noirs vivant en Mauritanie (appelés par ces derniers les Kwaris) ont été à leur tour victimes d'attaques souvent meurtrières, et ainsi de suite jusqu'à ce que les gouvernements intéressés interviennent par le biais de leurs forces armées respectives [ Blunt E. 1989, "In the Midst of the Madding Crowd", Africa Events, juin 1989; Kpatindé F. 1989, "Sénégal: au départ était la chienlit", Jeune Afrique, 9 août 1989; "Dakar Under Curfew After Revenge Killings", Globe and Mail, 29 avril 1989.].

Les évènements de ce printemps ont eu des répercussions tout au long de l'été et jusqu'à aujourd'hui. La Mauritanie a commencé, après les émeutes raciales d'avril, à expulser ses ressortissants noirs, même ceux qui ne sont pas Sénégalais ["Senegal-Mauritania", West Africa, 31 juillet-8 août 1989; Andriamirado S. 1989, "Comment Nouakchott et Dakar ont géré la crise", Jeune Afrique, 2 août 1989.]. En juillet 1989, une décision de Genève favorable au Sénégal concernant un différent frontalier entre ce pays et la Mauritanie a encore envenimé les relations entre les deux nations ouest africaines à peine remises d'émeutes sanglantes [Noble K.B. 1989, "Second Border Dispute Adds to Senegal's Troubles", New York Times, 17 août 1989.]. Le Sénégal coupait toute relation diplomatique avec la Mauritanie à la fin d'août 1989 en réaction à l'expulsion par le gouvernement mauritanien de l'ambassadeur sénégalais ["Senegal Cuts Diplomatic Ties in Dispute with Mauritania", Globe and Mail, 23 août 1989; Guérivière J. de la, 1989, "La rupture diplomatique avec Nouakchott accroît la tension dans la région", Le Monde, 23 août 1989.]. Cette rupture diplomatique a été suivie d'une escalade du conflit et de rumeurs de guerre entre les deux pays [Perret T. 1989, "Escalade entre Nouakchott et Dakar", Libération, 23 août 1989.]. Hosni Moubarak, nouvellement élu président de l'Organisation de l'unité africaine, s'affaire toujours sans succès à rétablir des liens entre le Sénégal et la Mauritanie [Kpatindé F. 1989, "Moubarak entre en lice", Jeune Afrique, 18 septembre 1989.].

2) Les citoyens sénégalais ont été les premières victimes des troubles entre le Sénégal et la Mauritanie, puisque pour eux, les incidents qui continuent depuis avril 1989 signifient massacres et déportations [Khan J. 1989, "Un affrontement local compromettra-t-il le sommet", La Presse, 6 mai 1989; "Sénégal: manifestations", Libération, 25 avril 1989; "Senegal's Fragile Calm After Massacre", Manchester Guardian Weekly, 14 mai 1989.]. En effet, 38 Mauritaniens contre 400 Sénégalais ont payé de leur vie leur situation de minorité ethnique ["Senegalese, Mauritanians Airlifted to Safety", Globe and Mail, 1er mai 1989.]. Des mesures d'urgence d'évacuation ont dû être prises pour assurer la sécurité des Sénégalais en Mauritanie, dont plus de 700 avaient été bléssés [Idem; "Mauritanian Rioters Stab, Club 40 Senegalese to Death" Globe and Mail, 27 avril 1989.]. Quelques 40 000 Sénégalais vivant en Mauritanie ont été rapatriés en mai 1989 ["Repatriation Carried Out to Ease Racial Tension", Globe and Mail, 8 mai 1989; "The Tragic Aftermath", West Africa, 15-21 mai 1989.], alors que plusieurs milliers étaient expulsés par les autorités mauritaniennes ["Mauritania and Senegal: Expelled", The Economist, 10 juin 1989.]. Les principales victimes des violences inter-raciales ont été les Noirs mauritaniens, pour la plupart des Sénégalais, qui se sont vu brutalement déracinés de leur domicile pour se retrouver sans travail dans un Sénégal déjà au prise avec des problèmes de chômage [Liman Z. 1989, "Le grand exode des Noirs mauritaniens", Jeune Afrique, no. 1485, 21 juin 1989; Andriamirado S. 1989, "Sénégal/Mauritanie: sans patrie, sans papiers, sans travail", Jeune Afrique, no. 1487, 5 juillet 1989.]. L'atmosphère de revanche et de tension inter-raciale est toujours forte aujourd'hui et les possibilités d'attaques armées toujours sérieuses, comme l'indique un récent rapport [Sorgue P. et G. Guérin, 1989, "La lutte armée tente les expulsés mauritaniens", Libération, 8 août 1989.].

NOTES

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