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Burundi : information sur l'ensemble des quartiers de Bujumbura, y compris sur l'origine ethnique et la situation socioéconomique de leurs habitants (2014-septembre 2016)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 15 September 2016
Citation / Document Symbol BDI105629.EF
Related Document(s) Burundi: List of all the neighbourhoods of Bujumbura, including the ethnicity and socio-economic status of the inhabitants of those neighbourhoods (2014-September 2016)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Burundi : information sur l'ensemble des quartiers de Bujumbura, y compris sur l'origine ethnique et la situation socioéconomique de leurs habitants (2014-septembre 2016), 15 September 2016, BDI105629.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/57f78fe04.html [accessed 28 May 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Liste des quartiers de Bujumbura

Des sources expliquent qu'une loi adoptée en 2014 sur la réorganisation des communes dans la ville de Bujumbura a réduit à trois le nombre de communes (IGIHE 28 août 2014; Burundi AGnews 18 déc. 2014; Radio Isanganiro 28 août 2014), qui était auparavant de 13 (ibid.; Burundi AGnews 18 déc. 2014). Les trois communes sont Muha, Mukaza et Ntahangwa (ibid.; Radio Isanganiro 28 août 2014; IGIHE 28 août 2014). Des sources précisent que chaque commune se divise ainsi :

Muha

Kanyosha

Kinindo

Musaga

Mukaza

Buyenzi

Bwiza

Nyakabiga

Rohero

Ntahangwa

Cibitoke

Kamenge

Gihosha

Ngagara

Kinama

Buterere (ibid.; AGnews 18 déc. 2014; Radio Isanganiro 20 juill. 2015)

Selon Publications de presse burundaise (PPB), un site Internet d'information burundais, les « chefs-lieux » [ou administrations municipales] de Muha, Mukaza et Ntahangwa sont Kanyosha, Rohero et Kamenge, respectivement (s.d.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

2. Origine ethnique et situation socioéconomique

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur l'origine ethnique et la situation socioéconomique des habitants de la ville de Bujumbura.

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une chercheuse au niveau postdoctoral à l'Institut néerlandais d'étude sur la criminalité et l'application de la loi (Netherlands Institute for the Study of Crime and Law Enforcement - NSCR) qui a effectué des travaux de recherche sur la jeunesse urbaine dans des contextes soumis aux conséquences de la guerre et de la violence, plus particulièrement au Burundi, et sur les réfugiés touchés par la guerre en Europe, a affirmé que, selon ses connaissances, lesquelles procèdent [traduction] « largement d'études longitudinales et qualitatives approfondies », « les caractéristiques socioéconomiques, ethniques et politiques ne sont pas aisément établies à l'échelle des communes […] [i]l est plus courant de spécifier les caractéristiques à l'échelle des "zones" ou des "quartiers" »; elle a précisé que les renseignements qu'elle communiquait au sujet des quartiers « ne doivent pas être considérés comme immuables ou incontestables » (chercheuse au niveau postdoctoral 13 sept. 2016). La même source a exprimé les opinions suivantes quant à la [traduction] « "réputation" des zones » :

[traduction]

Rohero et Kinindo sont réputés abriter les segments plus riches de la population, mais la meilleure façon de les caractériser serait peut-être de dire qu'il s'agit essentiellement de quartiers de classe moyenne. Certaines parties de Rohero sont réputées être destinées aux riches ainsi qu'aux expatriés au mode de vie haut de gamme.

Ngagara, dans le secteur nord de la ville, a été établi pour abriter des acteurs du milieu social et des militaires de l'arrière-pays burundais (le quartier a été construit dans les années 1950). Ce legs d'urbanisme influe encore sur sa composition aujourd'hui. Il est dit que de nombreux habitants entretiennent des liens avec (d'anciens) membres des forces militaires et d'autres personnes qui avaient réussi à tirer parti du programme de logement.

Gihosha a plus récemment acquis la réputation de quartier de « fonctionnaires », après la guerre civile de 1993-2005. Certaines personnes ont acheté des terres ou des maisons durant la guerre et ont réussi à tirer profit du statut de plus en plus enviable du quartier.

Buyenzi et Bwiza sont réputées abriter de nombreux Congolais et Africains de l'Ouest, bien que des Burundais y vivent également. Ces quartiers sont généralement moins affluents que ceux que j'ai mentionnés précédemment; il est fréquent de voir un certain nombre de familles partager une parcelle de terre.

Buyenzi est surtout connu comme un endroit où les mécaniciens font affaire.

À Bwiza, il y a notamment de nombreux bars. Les maisons seraient un peu plus chères que dans les secteurs situés plus au nord et au sud du centre-ville : Musaga, Cibitoke, Kamenge, Kinama et Buterere.

Musaga, Cibitoke, Kamenge, Kinama et Buterere ont la réputation d'être des quartiers relativement pauvres. Il s'agit de zones qui ont été durement touchées durant la guerre civile.

Kamenge abriterait de nombreux Congolais et d'autres Africains (bien que certains résidants considérés comme « congolais » vivent à Bujumbura depuis des générations). Durant la guerre, Kamenge a acquis la réputation de bastion des rebelles hutus et a été presque entièrement détruit. Il convient de noter que la zone géographique appelée Kamenge a changé au cours des années récentes, compte tenu de l'expansion rapide de Bujumbura.

Buterere a éprouvé des difficultés attribuables aux inondations au cours des dernières années. Il est difficile de caractériser Kanyosha et Nyakabiga de façon simple, peut-être en raison de la situation socioéconomique quelque part à michemin, qui connaît aussi des extrêmes (ibid.).

Selon la même source,

[traduction]

[p]our ce qui est de l'origine ethnique, à ma connaissance, il n'y a jamais eu de recensement de la population au terme duquel il était possible d'obtenir des renseignements précis ou moins précis sur la composition ou sur le nombre de Hutus, de Tutsis et de Twas (et d'autres groupes ethniques) au Burundi. Par conséquent, il n'y a aucune façon d'établir si la « zone x, y ou z est principalement peuplée de Hutus, tandis que les zones l, m et n sont surtout peuplées de Tutsis ». Quoi qu'il en soit, dans la vie de tous les jours, les quartiers sont associés à des groupes ethniques spécifiques. Les associations et généralisations sont en partie fondées sur les projets (coloniaux) d'urbanisme qui ont favorisé certains groupes au détriment d'autres. En outre, le nettoyage [ethnique] survenu durant la guerre civile a eu d'importantes répercussions dans divers quartiers. Durant cette période, les quartiers de Nyakabiga, Ngagara, Musaga et Cibitoke ont été désignés comme tutsis. Kamenge et Kinama ont pour leur part été désignés comme hutus. Bien que la ségrégation ethnique ait pris fin en même temps que la guerre, les divisions ayant vu le jour durant celleci étaient parfois encore utilisées pour attribuer des étiquettes ethniques à certains quartiers de la ville. Récemment, les données relatives au vote, aussi contestées soient-elles, ont également joué un rôle dans l'assertion des étiquettes ethniques; les partis politiques tendent à être associés à des groupes ethniques précis (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens ni aucun renseignement additionnel.

Sans donner d'autres détails, la chercheuse au niveau postdoctoral a déclaré que

[c]ertains quartiers sont souvent qualifiés de « contestataires ». Ce terme a surtout commencé à être employé après les « manifestations » qui se sont déroulées en avril et en mai 2015. Dans certains discours officiels et non officiels, ces « quartiers contestataires » sont ceux désignés durant la guerre comme étant des quartiers tutsis. Or, des manifestations ont également eu lieu dans d'autres quartiers, ce qui donne à penser que l'inclusion ou l'exclusion de quartiers au titre de cette catégorie fait partie de la stratégie politique visant à accentuer ou à atténuer l'importance de l'origine ethnique (ibid.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une doctorante au Centre d'études africaines (African Studies Centre) à l'Université de Leyde, aux Pays-Bas, qui a effectué des travaux de recherche sur des sujets comme les régions rurales du Burundi touchées par la guerre, les conflits territoriaux liés aux réfugiés et la gouvernance des terres, a affirmé que, selon ses connaissances et ses recherches,

[l]es « quartiers contestataires » (quartiers de manifestants), comme on les appelle, ont été désertés par de nombreux jeunes et par de nombreuses familles en raison des fréquentes opérations des forces policières et du service de « documentation » (service national de renseignement), ainsi que de la milice Imbonerakure (aile jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD [Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie], à prédominance hutue) (doctorante 5 sept. 2016).

De même, Human Rights Watch écrit que

[la] [p]olice et les forces militaires, souvent accompagnées de membres de la ligue jeunesse du parti au pouvoir, l'Imbonerakure, ont procédé à des arrestations arbitraires à grande échelle durant des opérations de recherche. Ces opérations ont également donné lieu à de nombreuses exécutions sommaires. De nombreux résidants ont quitté leurs quartiers, craignant de nouvelles opérations policières ou militaires (25 févr. 2016).

Selon la doctorante,

La situation socioéconomique dans les quartiers de Bujumbura est très difficile, et ce, sans parler des nombreuses populations locales déplacées : (i) certaines familles ont déserté ce qu'on appelle les « quartiers contestataires » pour se réinstaller à Bujumbura dans des quartiers moins violents et moins névralgiques sur le plan politique; (ii) d'autres ont plutôt abandonné leurs maisons et renoncé à leurs activités à Bujumbura pour se réinstaller en milieu rural, perdant habituellement d'importantes sources de revenus (emplois, réseau social, maisons et autres biens); et (iii) parmi ceux qui en ont les moyens (grâce à leur réseau social, à leurs ressources financières, à leurs relations politiques), des familles entières ou des épouses et des enfants ont choisi la voie de l'exil à titre de réfugiés inscrits ou non inscrits [à l'étranger] (doctorante 5 sept. 2016).

La source d'information allemande Deutsche Welle (DW) mentionne également que les quartiers Cibitoke, Ngagara, Mutakura, Musaga et Nyakabiga se vident « progressivement » de leurs habitants, car ceuxci « craignent de se faire arrêter, enlever ou tuer par des hommes habillés en uniforme de la police » (DW 30 mai 2016). Dans un article publié sur Iwacu, un site Internet d'information de Bujumbura, l'écrivain et journaliste burundais Roland Rugero précise que Buyenzi a été décrite comme « traditionnellement une commune "calme", du fait de sa trop grande mixité sociale (ainsi que Bwiza, dans une moindre mesure) » (Rugero 26 avr. 2015). L'International Business Times (IBTimes), une publication d'information numérique de New York, fait observer que Buyenzi est [traduction] « un quartier à prédominance musulmane » et que, durant le conflit ethnique opposant les Hutus et les Tutsis au cours des années 1990, la commune [traduction] « était appelée le quartier "suisse" de Bujumbura, du fait de sa neutralité générale, étant donné que les résidants affirmaient s'identifier en tant que musulmans, et non en tant que Hutus ou que Tutsis » (IBTimes 26 mai 2015). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens. M. Rugero a en outre expliqué que les communes de Rohero, de Kinindo et de Gihosha ont été décrites comme « plutôt "bourgeoises", les habitants [préférant] rester dans leurs enclos » (26 avr. 2015). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Burundi Africa Generation News (Burundi AGnews). 18 décembre 2014. « Burundi: Désormais Bujumbura Mairie compte 3 communes ». [Date de consultation : 31 août 2016]

Chercheuse au niveau postdoctoral, Netherlands Institute for the Study of Crime and Law Enforcement. 13 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Deutsche Welle (DW). 30 mai 2016. Eric Topona. « Des perquisitions suscitent la peur à Bujumbura ». [Date de consultation : 9 sept. 2016]

Doctorante, African Studies Centre, Leiden University. 5 septembre 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Human Rights Watch. 25 février 2016. « Burundi: Abductions, Killings, Spread Fear ». [Date de consultation : 8 sept. 2016]

IGIHE. 28 août 2014. Alida Sabiteka. « Bientôt la Mairie de Bujumbura composée de 3 communes ». [Date de consultation : 9 sept. 2016]

International Business Times (IBTimes). 26 mai 2015. Elsa Buchanan. « Burundi Elections 2015: Violence Spills into Bujumbura's Muslim District for First Time ». [Date de consultation : 8 sept. 2016]

Publication de presse burundaise (PPB). S.d.a. Alfred Nimbona et Yvette Irambona. « Elles volent actuellement de leurs propres ailes ». [Date de consultation : 31 août 2016]

Radio Isanganiro. 20 juillet 2015. « Les communes de la Mairie de Bujumbura réduites à trois ». [Date de consultation : 31 août 2016]

_____. 28 août 2014. Marc Niyonkuru. « Les communes de la Mairie seront Muha, Mukaza et … mais ». [Date de consultation : 31 août 2016]

Reuters. 5 août 2015. « Official Killed in Burundi as Crisis Deepens ». [Date de consultation : 8 sept. 2016]

Rugero, Roland. 26 avril 2015. « Manifestations anti-3ème mandat à Bujumbura, ce dimanche : Rwasa reste la clé ». Iwacu. [Date de consultation : 8 sept. 2016]

VICE News. 9 novembre 2015. Kayla Ruble. « Violence Spreads in Burundi as Rwanda Warns of Genocide Risks ». [Date de consultation : 8 sept. 2016]

Autres sources consultées

Sources orales : chercheur, Conflict Prevention and Risk Analysis Division, Institute for Security Studies; historien, Raspail, Institut des mondes africains.

Publications : Oxford Country Economic Forecasts.

Sites Internet, y compris : African Development Bank; African Public Radio; African Union - Department of Economic Affairs, Department of Social Affairs, Peace and Security Department; Agence Bujumbura News; All Africa; Amnesty International; La Banque mondiale; BBC; Burundi - ambassade à Washington, Agence de promotion de l'investissement, Assemblée nationale, Bureau du Sénat, consul honoraire à Toronto, Institut de statistiques et d'études économiques, ministère des Finances, du Budget et de la Privatisation, ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le SIDA, Régie nationale des postes; Canada - haut-commissariat au Kenya; East African Community; ecoi.net; École française de Bujumbura; The Economist; États-Unis - Central Intelligence Agency, Library of Congress; Factiva; Fonds monétaire international; France - ambassade à Bujumbura, ministère des Affaires étrangères et du Développement international; Freedom House; The Guardian; The Heritage Foundation; International Crisis Group; Jane's Intelligence Review; Le Monde; Nations Unies - Refworld, ReliefWeb; Net Press; The New York Times; The Norwegian Council for Africa; Observatoire économique et statistique d'Afrique subsaharienne; Petit Futé; Public Radio International; Radio France internationale; Radio Netherlands Worldwide; Reporters sans frontières; Reuters; Taiwan - Ministry of Foreign Affairs; The Washington Post; wazaonline.com; World Policy Institute.

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