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Nigéria : information sur les enlèvements avec demande de rançon, y compris leur fréquence et le profil des victimes et des ravisseurs; information sur les mesures prises par les autorités (2013-juillet 2014)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 31 July 2014
Citation / Document Symbol NGA104917.EF
Related Document(s) Nigeria: Kidnapping for ransom, including frequency, profile of victims and kidnappers; response by authorities (2013-July 2014)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Nigéria : information sur les enlèvements avec demande de rançon, y compris leur fréquence et le profil des victimes et des ravisseurs; information sur les mesures prises par les autorités (2013-juillet 2014), 31 July 2014, NGA104917.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/546dc1694.html [accessed 30 May 2023]
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1. Aperçu

D'après l'étude de 2013 sur les tendances mondiales en matière de criminalité publiée par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, la police du Nigéria a recensé, de 2007 à 2012, le nombre d'enlèvements suivants à l'échelle nationale :

277 en 2007

309 en 2008

703 en 2009

738 en 2010

aucune donnée en 2011

600 en 2012 (Nations Unies 15 mai 2014).

Freedom House signale que le Nigéria a enregistré l'un des taux d'enlèvement les plus élevés au monde en 2013 (Freedom House 2014). On peut lire dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2011 publiés par le Département d'État des États-Unis que les enlèvements et la violence liée aux enlèvements au Nigéria représentaient de [traduction] « graves » problèmes (24 mai 2012, 52). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le directeur administratif de la Fondation CLEEN (CLEEN Foundation), une ONG du Nigéria qui favorise la sécurité publique, la responsabilisation et la justice, et qui mène une enquête annuelle sur la sécurité et la criminalité à l'échelle nationale au Nigéria, a souligné que les enlèvements avec demande de rançon sont devenus [traduction] « omniprésents » au cours de la dernière décennie (CLEEN Foundation 10 juill. 2014). L'enquête de 2013 de la Fondation CLEEN sur la sécurité et la criminalité, au cours de laquelle 11 518 Nigérians ont été interviewés, a permis de conclure qu'à l'échelle nationale, 3 p. 100 des répondants avaient été victimes d'enlèvement ou de tentative d'enlèvement (ibid.). Il ressort de l'enquête que la région du Sud-Ouest et Lagos affichaient le taux d'incidence le plus élevé (5 p. 100), le Sud-Est et le Sud-Sud arrivant au deuxième rang (4 p. 100) (ibid.). D'après NYA International, un service-conseil d'intervention et de gestion de crise qui fournit une aide dans les cas d'enlèvement, entre autres (NYA International s.d.), le Nigéria arrive au premier rang des pays pour ce qui est [traduction] « des enlèvements avec demande de rançon », selon des articles de sources ouvertes de nouvelles datant de la première moitié de 2014 (ibid. juin 2014, 2). Des sources affirment que les enlèvements ne sont pas tous signalés (The Economist 14 sept. 2014; É.-U. 9 juin 2014; CLEEN Foundation 10 juill. 2014).

2. Enlèvements avec demande de rançon

Le rapport sur le Nigéria du Conseil consultatif de sécurité outre-mer (Overseas Security Advisory Council - OSAC) du Département d'État des États-Unis fait observer que les enlèvements avec demande de rançon ont lieu partout au pays (É.-U. 9 juin 2014). Les Country Reports 2011 signalent que le nombre d'enlèvements avec demande de rançon [traduction] « a augmenté partout au pays », même dans le Nord (ibid. 24 mai 2012, 21). Dans un compte rendu envoyé à la Direction des recherches en réponse à une demande d'information, un professeur adjoint de criminologie de l'Université de l'Alberta dont les recherches sont axées sur les enlèvements au Nigéria [1] a déclaré que les enlèvements avec demande de rançon sont devenus [traduction] « changeants, diffus, imprévisibles et répandus dans le Sud du Nigéria » (10 juill. 2014, 3). Freedom House souligne que des enlèvements [traduction] « ont été commis sans relâche » en 2013, en particulier dans le delta du Niger et dans les États d'Abia, d'Imo et d'Anambara, dans le Sud-Est du pays (2014). Selon l'OSAC, les enlèvements commis par des organisations criminelles en vue d'obtenir une rançon et un gain financier sont particulièrement courants dans les États de Lagos, d'Edo, de Bayelsa, de Delta et de Rivers (É.-U. 9 juin 2014). La même source attire l'attention sur le fait que la région métropolitaine de Lagos a connu une [traduction] « hausse marquée » des cas d'enlèvements en 2013, tout comme les États voisins (ibid.). Selon les conseils aux voyageurs du gouvernement du Royaume-Uni concernant le Nigéria, la partie méridionale du pays, [traduction] « même dans les zones relativement sûres de Lagos », affiche des taux élevés de crimes de rue violents, y compris des enlèvements (R.-U. 27 juin 2014). Un article publié par l'Economist fait observer que les mesures de sécurité accrues dans les États du Sud-Est ont poussé les gangs vers l'Ouest jusqu'à Lagos, où les enlèvements avec demande de rançon se sont aggravés en 2013 (14 sept. 2013).

2.1 Cibles des enlèvements avec demande de rançon

Freedom House affirme que les principales cibles des enlèvements sont les personnalités politiques, les personnes nanties et les étrangers (2014). Des sources soulignent qu'il y a eu une hausse du nombre de Nigérians issus de la [traduction] « classe moyenne » ciblés en 2013 (É.-U. 9 juin 2014; The Economist 14 sept. 2013), en particulier à Lagos (ibid.). Au dire du directeur administratif de la Fondation CLEEN, de plus en plus de citoyens [traduction] « relativement inconnus » ont aussi été pris pour cible (10 juill. 2014). Le professeur adjoint a précisé que [traduction] « "le potentiel" d'une personne d'être prise pour cible en vue d'un enlèvement dépend, entre autres, de sa classe sociale ainsi que de sa valeur d'un point de vue économique, culturel ou symbolique » (10 juill. 2014, 3). Les personnes prises pour cible en vue d'un enlèvement avec demande de rançon comprennent :

les Nigérians connus et les membres de leur famille (É.-U. 9 juin 2014; NOPRIN 15 juill. 2014);

les ressortissants étrangers (NYA International juin 2014, 4; R.-U. 27 juin 2014; É.-U. 9 juin 2014) et les expatriés (ibid.);

les familles nanties (VOA 31 déc. 2012; NOPRIN 15 juill. 2014) ou les personnes [traduction] « perçues » comme étant riches (R.-U. 27 juin 2014) ou les [traduction] « cibles perçues comme ayant une grande valeur » (É.-U. 24 mai 2012, 7);

les politiciens (É.-U. 24 mai 2012, 7; CLEEN Foundation 10 juill. 2014; professeur adjoint 10 juill. 2014, 8) et les membres de leur famille (ibid.; CLEEN Foundation 10 juill. 2014);

les représentants du gouvernement (ibid.);

les proches de personnes célèbres (É.-U. 24 mai 2012, 7);

les gens d'affaires (ibid., 21), les étrangers du milieu des affaires (R.-U. 27 juin 2014) ou les employés d'entreprises [traduction] « influentes » (CLEEN Foundation 10 juill. 2014);

les résidents étrangers, les médecins et les enseignants (É.-U. 24 mai 2012, 21);

les chefs religieux (ibid.; Freedom House 2014).

2.2 Enlèvements avec demande de rançon liés à des motifs politiques

2.2.1 Nord du Nigéria

Dans le Nord, des enlèvements ont été commis par le groupe militant Ansaru, un groupe dissident du Boko Haram (É.-U. 9 juin 2014; ISS 18 févr. 2014), ainsi que par le Boko Haram lui-même (ibid.). Un rapport de l'Institute for Security Studies (ISS), une organisation à but non lucratif située en Afrique du Sud qui cherche à [traduction] « améliorer la sécurité humaine » en Afrique en effectuant de la recherche indépendante et de l'analyse stratégique et en donnant des conseils (ISS s.d.), précise que ces enlèvements comprenaient des enlèvements avec demande de rançon (ISS 18 févr. 2014). D'après le rapport de l'OSAC, les enlèvements dans le Nord du pays sont [traduction] « généralement des actes de terrorisme » (É.-U. 9 juin 2014). Il ressort d'un rapport de la Fondation Jamestown (Jamestown Foundation) que les enlèvements avec demande de rançon seraient une source [traduction] « lucrative » de financement pour le Boko Haram (Jamestown Foundation 12 mai 2014). Reuters cite le sous-secrétaire d'État des États-Unis aux Affaires africaines (African Affairs) qui a affirmé [traduction] « "soupçonner le [Boko Haram] de survivre grâce à des activités criminelles très lucratives qui comprennent les enlèvements" » (Reuters 1er juill. 2014). Dans les régions du Nord-Est du Nigéria, le Boko Haram a enlevé des touristes étrangers, des représentants du gouvernement de niveau intermédiaire et des prêtres, selon la Fondation Jamestown (Jamestown Foundation 12 mai 2014). Il a également dirigé des enlèvements [traduction] « collectifs », comme en avril 2014 lorsque le groupe a enlevé plus de 250 filles (ibid.; AFP 1er juill. 2014). L'armée du Nigéria aurait arrêté une personne relativement à des enlèvements, soit un homme d'affaires soupçonné de diriger une cellule du renseignement du Boko Haram (ibid.; Reuters 30 juin 2014).

2.2.2 Delta du Niger

Des militants de la région du delta du Niger ont eu recours à des enlèvements d'employés de sociétés pétrolières, dont certains avec demande de rançon, afin d'exiger un plus grand contrôle sur les ressources de la région (professeur adjoint 10 juill. 2014, 5; É.-U. 24 mai 2012, 20, 23) ou d'exprimer leur mécontentement à l'égard de problèmes comme l'absence de développement économique et le contrôle exercé sur les revenus du pétrole (ibid., 23). Des sources signalent que les travailleurs de l'industrie du pétrole et du gaz de la région du delta du Niger, dans le Sud du pays, sont la cible de tels enlèvements (R.-U. 27 juin 2014; ISS 18 févr. 2014; professeur adjoint 10 juill. 2014, 5), en particulier les expatriés travaillant dans l'industrie du pétrole (ibid.). Il est aussi écrit dans les Country Reports 2011 que les criminels de la région du delta du Niger ont également recours aux enlèvements avec demande de rançon pour [traduction] « obtenir de force le paiement de services tels que les services de protection et d'intimidation des électeurs pendant les élections » (É.-U. 24 mai 2012, 23).

Il est précisé dans les Country Reports 2011 que, bien que l'amnistie du gouvernement offerte aux militants du delta du Niger en 2009 ait été acceptée par de nombreux groupes et qu'elle ait contribué à la diminution de la violence, des groupes militants ont continué à commettre des enlèvements et des meurtres (ibid., 2). Cependant, au dire du directeur administratif de la Fondation CLEEN, même si les militants ont obtenu l'amnistie, les enlèvements, [traduction] « en tant que crimes à but lucratif, se sont poursuivis » (10 juill. 2014).

3. Enlèvements « éclair » et enlèvements « opportunistes » avec demande de rançon

Au dire du professeur adjoint, les enlèvements [traduction] « opportunistes » dans le Sud du Nigéria sont « apolitiques », en plus d'être une « pure entreprise commerciale » (professeur adjoint 10 juill. 2014, 6). Selon l'OSAC, les [traduction] « enlèvements éclair » supposent l'enlèvement des victimes pendant une courte période afin d'en tirer un petit gain financier et seraient « de plus en plus fréquents » (É.-U. 9 juin 2014). Le professeur adjoint a décrit plusieurs types d'enlèvements opportunistes avec demande de rançon :

les enlèvements [traduction] « bien orchestrés » qui ciblent des personnes nanties et les membres de leur famille;

les enlèvements organisés par la famille même de la victime nantie;

les « enlèvements aléatoires », dans le cadre desquels les victimes sont détenues jusqu'à ce qu'elles-mêmes ou un membre de leur famille versent le montant exigé pour la remise en liberté (professeur adjoint 10 juill. 2014, 6-7).

Les auteurs de ce genre d'enlèvements comprendraient notamment :

les gangs criminels (CLEEN Foundation 10 juill. 2014; É.-U. 24 mai 2012, 21), parfois appelés les [traduction] « sectes », qui ont « étendu la portée de leurs activités à l'extérieur des principaux États du delta du Niger » (ibid.);

les groupes de militants du delta du Niger ou les anciens militants qui se sentent exclus du programme d'amnistie du gouvernement (NOPRIN 15 juill. 2014);

les jeunes sans emploi (professeur adjoint 10 juill. 2014, 6).

3.1 Traitement réservé aux victimes enlevées

Un article de l'Economist souligne que les victimes d'enlèvement éclair sont [traduction] « rarement détenues pendant plus de deux semaines » et que la plupart des victimes sont libérées après avoir versé la rançon (14 sept. 2014). Des sources signalent d'autres types de traitement que les ravisseurs réservent aux victimes enlevées :

des victimes sont agressées sexuellement (CLEEN Foundation 10 juill. 2014);

des victimes sont assassinées après le versement de la rançon (The Guardian 29 juin 2014; The Punch 4 juin 2014; The Eagle Online 10 mars 2014);

des victimes sont blessées ou tuées par leurs ravisseurs (É.-U. 24 mai 2012, 52; É.-U. 9 juin 2014).

4. Mesures prises par les autorités, y compris leur efficacité

4.1 Lois contre les enlèvements

Certains États auraient mis en oeuvre des lois contre les enlèvements qui prévoient de longues peines de prison et parfois la peine de mort pour les personnes qui sont reconnues coupables (Freedom House 2014; É.-U. 24 mai 2012, 7). Des sources affirment que les États du Sud suivants ont adopté des lois contre les enlèvements :

les États d'Akwa Ibom, d'Abia, d'Anambra et d'Imo (AllAfrica 4 nov. 2013; É.-U. 24 mai 2012, 7; The Punch 9 mars 2013), en 2009 (ibid.);

le Bayelsa en 2013 (ibid.);

le Rivers (É.-U. 24 mai 2012, 7; AllAfrica 4 nov. 2013);

l'Edo et l'Enugu (ibid.);

le Delta (ibid.; NAN 17 avr. 2013) en 2013 (ibid.);

l'Ondo, depuis 2010 (AllAfrica 21 mars 2014).

Selon l'OSAC, les groupes criminels ne craignent pas de faire l'objet de poursuites judiciaires pour leurs crimes (É.-U. 9 juin 2014). Le journal nigérian The Punch attire l'attention sur le fait que, selon des [traduction] « observateurs politiques, [...] aucune déclaration de culpabilité sérieuse » n'a été prononcée dans les États du delta du Niger ayant adopté des lois prévoyant la peine de mort pour les infractions d'enlèvement (The Punch 9 mars 2013). Dans un article publié par AllAfrica, le gouverneur de l'État d'Edo a déclaré que la principale difficulté est de faire appliquer les lois sur les enlèvements (AllAfrica 4 nov. 2013). Des sources affirment que, malgré l'existence, dans de nombreux États du Sud, de lois contre les enlèvements, il y a peu de déclarations de culpabilité pour des affaires d'enlèvement (Freedom House 2014; É.-U. 24 mai 2012, 7).

Selon des sources, en mai 2013, le procureur général et commissaire à la justice de l'État de Lagos a fait une déclaration publique dans laquelle il a affirmé que le gouvernement de Lagos était prêt à traduire en justice le premier groupe de présumés ravisseurs arrêtés dans l'État (Lagos 8 mai 2013; NAN 2 mai 2013) et que 45 enquêteurs de police avaient été formés en vue d'améliorer la qualité des enquêtes policières portant sur les enlèvements (ibid.). Dans sa déclaration publique, il a affirmé que l'on [traduction] « exagérait » le nombre d'enlèvements dans l'État et il a conseillé aux proches de victimes d'enlèvement de s'adresser à la police au lieu de verser une rançon (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur les poursuites relatives à des enlèvements dans l'État de Lagos.

4.2 Efforts déployés par la police et arrestations

Au dire du professeur adjoint, en raison de la structure du système unifié de police du Nigéria, les gouverneurs d'État [traduction] « ne peuvent exercer un contrôle direct sur les services de police de leur territoire » et ils dépendent par conséquent du gouvernement fédéral du Nigéria pour déployer des forces en cas d'enlèvement (10 juill. 2014, 8-9). On peut lire dans les Country Reports 2011 que le ministère des Affaires policières (Ministry of Police Affairs) a annoncé de nouvelles mesures afin de remédier au problème du nombre croissant d'enlèvements, comme des services de police communautaire, de la formation, de l'équipement ainsi que le déploiement d'agents spécialement formés dans les zones où le nombre d'enlèvements est élevé (É.-U. 24 mai 2012, 7-8). Cependant, il est écrit dans le rapport que, [traduction] « à la fin de l'année, la police semblait n'avoir piloté aucun programme contre les enlèvements » (ibid., 8).

La Voix de l'Amérique (VOA) souligne que, dans la région du delta du Niger, des groupes de civils armés (appelés « bakassi ») collaborent avec les services gouvernementaux de sécurité afin de réduire le nombre de crimes, y compris les enlèvements; toutefois, ces groupes n'auraient reçu aucune formation officielle, feraient l'objet de [traduction] « peu de supervision », auraient battu de présumés contrevenants et leur auraient extorqué de l'argent (31 déc. 2012). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur le recours à des groupes armés pour s'attaquer au problème des enlèvements.

La source nigériane de nouvelles en ligne THISDAY Live fait état de deux incidents dans le cadre desquels de présumés ravisseurs de l'État de Lagos ont été agressés et tués par la foule lorsqu'ils se sont fait prendre (10 mai 2014). Un autre journal nigérian, le Daily Newswatch, attire l'attention sur une autre affaire dans le cadre de laquelle un présumé ravisseur [traduction] « a échappé au lynchage » dont il aurait fait l'objet de la part d'une foule, grâce à l'intervention des policiers (6 mai 2014). D'après THISDAY Live, le procureur général de l'État de Lagos a fait une déclaration publique avertissant les Lagotiens de ne pas infliger de peines à de présumés ravisseurs (10 mai 2014).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant du Réseau pour la réforme de la police du Nigéria (Network on Police Reform in Nigeria - NOPRIN), un réseau de 46 organisations de la société civile du Nigéria qui fait la promotion de la responsabilisation policière, qui documente les cas d'abus policiers et qui plaide en faveur de réformes juridiques, a affirmé que les commandements d'État de la Force de police du Nigéria (Nigeria Police Force - NPF) ont mis en place des unités de lutte contre les enlèvements afin de s'attaquer au problème (NOPRIN 15 juill. 2014). Selon le rapport annuel de la Force de police du Nigéria pour l'année 2012 (2012 Annual Report of the Nigeria Police Force), envoyé à la Direction des recherches par un représentant de la NPF et annexé à la présente réponse, les forces policières affirment avoir effectué 819 arrestations liées à des enlèvements en 2012 et avoir secouru 461 victimes d'enlèvement (Nigéria s.d., 11).

La police de Lagos a arrêté une bande de 10 ravisseurs en juillet 2013 (The Economist 14 sept. 2013). L'escouade spéciale de lutte contre le vol de Lagos (Lagos Special Anti-Robbery Squad) aurait également secouru un sujet britannique qui avait été enlevé, et dont la demande de rançon s'élevait à 7,5 millions de nairas [environ 50 000 $ CAN], et elle aurait arrêté un de ses ravisseurs en juillet 2013 (National Mirror 23 juill. 2013). L'Eagle Online, un journal nigérian, a fait état de deux arrestations majeures pour enlèvement effectuées par l'escouade spéciale de lutte contre le vol de Lagos en 2013 : l'arrestation de huit ravisseurs à la suite de l'enlèvement de la mère du ministre des Finances et l'arrestation de deux membres d'une bande qui avait enlevé plusieurs [traduction] « personnalités connues », y compris un politicien local (10 mars 2014). En avril 2014, la police a arrêté un groupe de six personnes relativement à diverses affaires d'enlèvement dans les États de Lagos et d'Ogun, selon le Daily Independent (avr. 2014). Des sources signalent que le commandement de la police de l'État de Lagos a arrêté deux ou trois ravisseurs, en juin 2014, y compris le chef d'un gang soupçonné d'avoir participé à l'enlèvement avec demande de rançon et à l'assassinat de l'ancien gouverneur adjoint de l'État d'Anambra (The Punch 4 juin 2014; NAN 3 juin 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur les arrestations pour enlèvement effectuées par la police de l'État de Lagos.

4.3 Efficacité de la protection offerte par l'État

Selon Freedom House, les autorités de l'État, plus précisément des représentants gouvernementaux locaux et des membres des services de sécurité, sont [traduction] « souvent » complices dans certains cas d'enlèvement (2014). Des médias font état d'une affaire dans le cadre de laquelle des membres de la force opérationnelle de lutte contre les enlèvements (Anti-kidnapping Task Force) de l'État de Delta, y compris le chef de l'unité, ont été arrêtés pour avoir pris part à un complot d'enlèvement (BBC 5 avr. 2012; The Punch 23 juin 2012). D'après le journal nigérian The Punch, le surintendant en chef de la force opérationnelle a été arrêté, transporté par avion à Abuja afin d'y être interrogé, puis libéré par la police faute de preuve (ibid.). Un conseiller de l'État d'Enegu a été arrêté avec neuf autres suspects en raison de sa participation à des enlèvements avec demande de rançon et à des meurtres dans les États d'Anambra et d'Enugu (The Guardian 29 juin 2014; The Advocate 1er juill. 2014).

Des sources soulignent que les victimes et les membres de leur famille versent souvent la rançon pour libérer la victime de l'enlèvement au lieu de signaler le crime à la police (VOA 31 déc. 2012; NOPRIN 15 juill. 2014). Au dire du professeur adjoint, les membres de la famille des victimes enlevées ne s'attendent peut-être pas à ce que les policiers prennent des mesures et, pour cette raison, ne signalent pas l'enlèvement, en particulier s'ils [traduction] « ne sont pas membres de l'élite politique ou économique » (10 juill. 2014, 9). Le directeur administratif de la Fondation CLEEN a déclaré que, bien que le gouvernement soutienne ne pas négocier avec les ravisseurs, il leur versera la rançon en cas d'enlèvement de fonctionnaires ou d'étrangers (10 juill. 2014). Le représentant du NOPRIN a également précisé que le gouvernement a versé la rançon lorsque des proches de représentants gouvernementaux ont été enlevés (15 juill. 2014).

D'après l'OSAC, la NPF [traduction] « manque sérieusement de ressources », ce qui mine son efficacité, et, malgré une « présence policière visible dans les grandes villes, l'aide que peuvent offrir les policiers n'a pas une grande portée » (É.-U. 9 juin 2014). Le professeur adjoint a dit qu'il est arrivé que des policiers demandent aux personnes signalant un enlèvement de leur donner de l'argent pour de l'essence ou de leur fournir des véhicules (10 juill. 2014, 9). Selon l'OSAC, la NPF ne patrouille pas dans les zones résidentielles, et de nombreux agents affectés aux équipes de sécurité [traduction] « ignorent régulièrement les demandes d'aide qui ne sont pas directement liées à leurs tâches » (É.-U. 9 juin 2014).

L'OSAC explique que [traduction] « la plupart des Nigérians ne perçoivent pas la NPF comme un organe d'application de la loi efficace » (É.-U. 9 juin 2014). Le professeur adjoint a affirmé que l'enlèvement de personnes qui n'ont pas [traduction] « de liens avec le monde politique peut ne pas représenter une priorité » et que les mesures prises par la police relativement aux enlèvements sont « improvisées, à la pièce, non systématiques » et « inefficaces » (10 juill. 2014, 9). Le représentant du NOPRIN a dit estimer que la mise en place d'unités policières de lutte contre les enlèvements n'avait pas eu un effet dissuasif (15 juill. 2014).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] Le professeur adjoint de criminologie a également écrit un livre sur les enlèvements au Nigéria intitulé Criminal Resistance? The Politics of Kidnapping Oil Workers, qui a été publié en 2013.

Références

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Royaume-Uni (R.-U.). 27 juin 2014. Foreign and Commonwealth Office (FCO). « Nigeria Travel Advice ». [Date de consultation : 2 juill. 2014]

THISDAY Live. 10 mai 2014. Shola Oyeyipo. « Lagos Warns Against Growing "Jungle Justice" ». [Date de consultation : 22 juill. 2014]

Voix de l'Amérique (VOA). 31 décembre 2012. Heather Murdock. « Civilian Armed Groups Fight Crime, Wreak Havoc in Niger Delta ». [Date de consultation : 2 juill. 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre dans les délais voulus les personnes et les organisations suivantes ont été infructueuses : Committee for the Defence of Human Rights in Nigeria; Legal Defence Assistance Project; Nigéria - National Bureau of Statistics, Nigeria Police Force; Nigerian Bar Association; professeur de sciences politiques, Federal University of Lafia; professeur de sciences politiques, University of Benin; professeur de sciences sociales, University of Lagos; professeur de sociologie, University of Uyo. Les personnes et les organisations suivantes n'ont pas pu fournir de renseignements : Nigéria - deux agents de la Nigeria Police Force Lagos Command, National Agency for Prohibition of Traffic in Persons.

Sites Internet, y compris : African Policing Civilian Oversight Forum; Amnesty International; Business Day; Centre international pour la prévention de la criminalité; Civil Liberties Organization Nigeria; Daily Trust; ecoi.net; État de Lagos - Directorate of Public Prosecutions, Ministry of Justice, State Judiciary; Human Rights Watch; International Crisis Group; IPS News; Legal Defence and Assistance Project Nigeria; The Nation; Nations Unies - Refworld, Réseaux d'information régionaux intégrés; Nigéria - Attorney General, Human Rights Commission, Ministry of Justice, National Bureau of Statistics; Nigeria Police Watch; Nigeria Watch; Small Arms Survey.

Document annexé

Nigéria. S.d. Nigeria Police Force (NPF). « 2012 State Commands/Formations Landmarks Achievements ». Extrait du 2012 Annual Report of the Nigeria Police Force. Document envoyé à la Direction des recherches le 18 juillet 2014 par un représentant du bureau des relations publiques.

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