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Burundi : rôle des membres de l'ancienne famille royale, les Baganwa (au singulier, Ganwa) dans l'arène politique; information indiquant s'il existe un mouvement en faveur du retour de la monarchie au Burundi; information indiquant si les Baganwa ont des traits physionomiques qui les distinguent des Hutus et des Tutsis (mai 2003 - mai 2009)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
Publication Date 10 September 2009
Citation / Document Symbol BDI103150.F
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Burundi : rôle des membres de l'ancienne famille royale, les Baganwa (au singulier, Ganwa) dans l'arène politique; information indiquant s'il existe un mouvement en faveur du retour de la monarchie au Burundi; information indiquant si les Baganwa ont des traits physionomiques qui les distinguent des Hutus et des Tutsis (mai 2003 - mai 2009), 10 September 2009, BDI103150.F, available at: https://www.refworld.org/docid/4b20efeb23.html [accessed 28 May 2023]
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Rôle des Baganwa dans l'arène politique burundaise

Dans une correspondance écrite envoyée à la Direction des recherches le 8 mai 2009, une représentante de l'ambassade du Burundi à Ottawa a affirmé que les membres de l'ancienne famille royale Baganwa sont « représentés à tous les niveaux » dans toutes les institutions de la république, mais qu'il « n'existe pas d'ethnie GANWA ou BAGANWA » au Burundi. Par ailleurs, dans une correspondance écrite envoyée à la Direction des recherches le 6 mai 2009, un directeur de recherche honoraire au Centre national de recherche scientifique (CNRS) en France, historien et spécialiste de l'Afrique des Grands Lacs (BiblioMonde.com s.d.), a affirmé que les Baganwa jouaient un rôle politique « marginal » dans l'arène politique burundaise, mais que la préoccupation de certains groupes s'identifiant en tant que Baganwa serait d'être reconnus comme un groupe ethnique, « ce qui leur donnerait des avantages politiques spécifiques selon la logique des accords de paix intervenus depuis 2000 » (Directeur de recherche 6 mai 2009). Le directeur de recherche a expliqué que, en revendiquant le statut « ganwa », les Baganwa tentent également de se rapprocher des Hutus, une stratégie politique qui les éloignerait davantage des Tutsis, de moins en moins influents sur la scène politique (6 mai 2009). C'est dans ce contexte que l'on trouve certains Baganwa, dont l'ancien premier ministre Léopold Biha, actifs actuellement au sein de partis politiques hutus tels que le Front pour la démocratie au Burundi (FRODEBU) (Directeur de recherche 6 mai 2009). Selon l'accord sur le partage de pouvoir au Burundi, survenu la 20 juillet 2004, il était prévu que la représentation des Baganwa au sein de l'Assemblée nationale devait être augmentée pour atteindre 10 p. 100 (Actualités du Burundi s.d.).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches le 5 mai 2009, un représentant du Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) a affirmé que deux Baganwa, Rosa Paula Iribagiza Mwambusta et Samuel Mwambusta, siègent au parlement du Burundi respectivement comme députée et sénateur pour le compte du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), à prédominance hutue. Le représentant du BINUB a également signalé que la famille royale, par l'entremise de la députée Rosa Paula Iribagiza Mwambusta, a demandé aux autorités d'enquêter sur les circonstances entourant la mort du dernier roi du Burundi, Ntare IV, d'organiser des funérailles officielles en son honneur ainsi que d'accorder un traitement spécial aux membres des familles d'anciens dirigeants (Nations Unies 5 mai 2009; voir aussi Renaissance FM/Bonesha FM 27 févr. 2009 et RTNB 30 avr. 2009). Depuis la mort de Ntare IV le 29 avril 1972, « tous les gouvernements qui se sont succédé [...] n'ont pas aidé à connaître le lieu où se [trouvent] ses restes pour l'inhumer en toute dignité » (Renaissance FM/Bonesha FM 27 févr. 2009). Quant au rapatriement de la dépouille mortelle du roi Mwambusta IV, décédé en exil en Suisse en 1976, les autorités burundaises jugeraient que ce cas « n'est pas une priorité » (ARIB 13 oct. 2009).

Mouvement monarchiste

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches le 5 mai 2009, un représentant de la Ligue burundaise des droits de l'homme ITEKA (Ligue ITEKA) a déclaré que les principaux mouvements politiques en faveur du retour de la monarchie, soit le Parti pour la restauration de la monarchie et le dialogue (Abahuza), le Parti monarchiste parlementaire (PMP) et le Parti royaliste parlementaire (PRP), qui a été reconverti en Parti pour la réconciliation du peuple (PRP), ne sont plus actifs sur la scène politique burundaise depuis la mort de leurs chefs, Mathias Hitimana du PRP et le prince Godefroid Kamatari du Parti Abahuza, mais surtout depuis leur échec aux dernières élections générales de 2005 (voir aussi Histoire de l'Afrique s.d.).

De même, dans une correspondance écrite envoyée à la Direction des recherches le 4 mai 2009, un ancien professeur de science politique de l'Université de Floride, spécialiste des questions touchant les Grands Lacs, a affirmé que les Baganwa ne jouent pas un rôle politique considérable au Burundi; leur participation aux dernières élections de 2005 n'a pas eu de succès auprès de la population.

Des articles publiés en 2004 et en 2005 avaient signalé la présentation de la candidature de la princesse Esther Kamatari, qui habite à Paris depuis l'assassinat de son père en 1964 (Afrol News 28 sept. 2004), aux élections présidentielles de 2005 (Afrik.com 18 janv. 2005; Afrol News 28 sept. 2004; BBC 24 sept. 2004). Afrik.com affirme que la princesse Esther Kamatari, nièce de l'ancien roi Mwambusta IV et présidente de l'Association des Burundais de France et de l'Association « Un enfant par Rugo », s'est présentée aux élections présidentielles de 2005 pour le compte du Parti Abahuza (18 janv. 2005). Officiellement enregistré en septembre 2004, le Parti Abahuza, qui signifie [traduction] « rassembler le peuple » (BBC 24 sept. 2004), était alors dirigé par le prince Godefroid Kamatari, grand frère de la princesse Esther Kamatari (The Independent 30 oct. 2004). Selon Afrik.com, le Parti Abahuza prônait le rétablissement d'une monarchie constitutionnelle pour assurer la paix (18 janv. 2005) et enrayer les divisions ethniques dans le pays (BBC 24 sept. 2004). La princesse Esther Kamatari soutenait que durant les 500 ans de royauté, le Burundi connaissait la paix et la stabilité politique, car [traduction] « le roi était le symbole de l'unité nationale » (Afrol News 28 sept. 2004; voir aussi BBC 24 sept. 2004).

Un article publié par la British Broadcasting Corporation (BBC) le 24 septembre 2004 a signalé que la princesse Esther Kamatari préconisait l'organisation d'un référendum populaire pour permettre au peuple de [traduction] « choisir entre une monarchie ou une république » (voir aussi Net Press 20 sept. 2004). Selon The Independent, un des quotidiens de la Grande-Bretagne, la princesse Esther Kamatari misait à la fois sur son statut de femme et de ganwa, qui n'est ni tutsi ni hutu, [traduction] « pour se placer au dessus des rivalités tribales afin de gagner les votes des deux tribus » (30 oct. 2004; voir aussi Telegraph.co.uk 7 nov. 2004).

En 2006, l'Institut électoral de l'Afrique australe (Electoral Institute of Southern Africa – EISA), une organisation à but non lucratif basée à Johannesburg qui se consacre à la promotion de la démocratie, des droits de la personne et de la participation citoyenne en Afrique (EISA s.d.), a cité le Parti Abahuza parmi les partis qui ne sont pas représentés au parlement du Burundi (EISA sept. 2006). Par contre, lors des élections des conseillers communaux s'étant déroulées le 3 juin 2005, le Parti Abahuza a obtenu un siège (Ligue ITEKA 3 juin 2005) dans la commune d'Abioke (Histoire de l'Afrique s.d.). D'après cette dernière source d'information, le Parti Abahuza « a échoué malgré un courant de sympathie pour la princesse Esther » (Histoire de l'Afrique s.d.).

Un article publié le 30 août 2005 par la Panafrican News Agency (PANA) signale que la princesse Esther a [traduction] « critiqué la pratique politique consistant à octroyer les postes de responsabilité sur la base des appartenances ethniques ». Par ailleurs, dans une lettre ouverte adressée au président de la république du Burundi datée du 13 décembre 2005, la princesse Esther Kamatari a demandé à ce dernier de reconnaître les Baganwa comme une composante sociale au même titre que les Bahutu, les Batutsi et les Batwa (Grioo.com 13 déc. 2005). De son côté, dans une lettre envoyée au président de la république du Burundi et au représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Burundi, le président du Parti Abahuza a demandé que les Baganwa fassent partie de la Commission vérité et réconciliation (Nations Unies 29 mars 2009). Une représentante du PMP a elle aussi appelé à ce que les Baganwa soient considérés comme une « composante de la population burundaise » dans la Commission vérité et réconciliation, au même titre que les autres communautés (Nkurunziza 6 déc. 2005).

Traits physionomiques distinguant les Baganwa des autres Burundais

Dans une correspondance écrite envoyée à la direction des recherches le 6 mai 2009, le directeur de recherche a affirmé que, par rapport aux autres Burundais, les Baganwa ne peuvent être identifiés ni par leur nom ni par leur physionomie, et ce, en raison de « la diversité des alliances matrimoniales des princes et princesses au fil des générations ». Le directeur de recherche a par ailleurs précisé que les Baganwa sont si nombreux qu'ils ne se connaissent pas tous (6 mai 2009).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Actualités du Burundi. S.d. « Accor sur le partage de pouvoir au Burundi du 20 juillet 2004 ». [Date de consultation : 19 juin 2009]

Afrik.com. 18 janvier 2005. Falila Gbadamassi. « Esther Kamatari : Princesse, bientôt présidente? ». [Date de consultation : 5 mai 2009]

Afrol News. 28 septembre 2004. « Princess Esther Kamatari, a Former Top Model on Paris Catwalks, is Registered as the Presidential Candidate for the Party for the Restoration of Monarchy and Dialogue in Burundi (Abahuza) ». [Date de consultation : 6 mai 2009]

Associated Press (AP). 23 décembre 2004. « Burundian Princess for President ». (News24.com) [Date de consultation : 6 mai 2009]

Association de réflexion et d'information sur le Burundi (ARIB). 13 octobre 2007. Nils Gasarara. « Burundi : que sont devenus les héros de l'indépendance? ». [Date de consultation : 12 août 2009]

BiblioMonde.com. S.d. « Jean-Pierre Chrétien, historien, spécialiste de l'Afrique des Grands Lacs ». [Date de consultation : 13 mai 2009]

British Broadcasting Corporation (BBC). 24 septembre 2004. « Princess for President in Burundi ». [Date de consultation : 6 mai 2009]

Burundi. 8 mai 2009. Ambassade du Burundi à Ottawa. Correspondance écrite envoyée par une représentante.

Directeur de recherche honoraire au Centre national de recherche scientifique (CNRS). 6 mai 2009. Correspondance écrite.

Electoral Institute of Southern Africa (EISA). 5 septembre 2006. « Burundi: Parties Without a Seat in Parliament ». [Date de consultation : 6 mai 2009]
_____. S.d. « About EISA ». [Date de consultation : 6 mai 2009]

Grioo.com. 13 décembre 2005. « Lettre ouverte au président de la république du Burundi par la princesse Esther Kamatari ». [Date de consultation : 30 juin 2009]

Histoire de l'Afrique. S.d. « Choix de la monarchie ou de la république – Burundi ». [Date de consultation : 5 mai 2009]

The Independent. 23 octobre 2004. « Esther Kamatari: The Princess Who Wants to be President » [Date de consultation : 1er sept. 2009]

Ligue burundaise des droits de l'homme ITEKA (Ligue ITEKA). 5 mai 2009. Entretien téléphonique avec un représentant.
_____. 3 juin 2005. « Situation des droits de l'homme – publication des résultats définitifs de l'élection des conseillers communaux du 3 juin 2005 ». (Bulletin ITEKA n° 74 juin 2005) [Date de consultation : 7 mai 2009]

Nations Unies. 5 mai 2009. Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB). Entretien téléphonique avec un représentant.
_____. 29 mars 2006. Bureau de coordination des affaires humanitaires (BCAH). « Nouvelles locales ». [Date de consultation : 4 mai 2009]

Net Press. 20 septembre 2004. « Burundi-Politique : le paysage politique burundais continue à s'élargir ». [Date de consultation : 5 mai 2009]

Nkurunziza, Pierre. 6 décembre 2005. Résumé de la conférence et du débat : « La reconstruction et la reconciliation » à l'Insitut royal des relations internationales – KoninKlijk Instituut voor internationales betrekkingen (IRRI-KIIB). [Date de consultation : 5 mai 2009]

Panafrican News Agency (PANA). 30 août 2005. « Female Burundi Politician Deplores Tribalisme ». (Factiva)

Panapress. 20 octobre 2004. « Les monarchistes burundais souhaitent le retour à la royauté ». [Date de consultation : 5 mai 2009]

Professeur de science politique à l'Université de Floride. 4 mai 2009. Correspondance écrite.

Radio France internationale (RFI). 10 mai 2005. Monique Mas. « Burundi : un ministre de l'Intérieur avant les communales ». [Date de consultation : 19 juin 2009]

Radio-télévision nationale du Burundi (RTNB). 30 avril. 2009. « La famille royale réclame des enquêtes sur la mort du dernier roi du Burundi ». (Burundi-quotidien) [Date de consultation : 5 mai 2009]

Renaissance FM/Bonesha FM. 27 février 2009. « Actualité burundaise du 27 février 2009 ? société ». (Organisation des Médias de l'Afrique Centrale – OMAC) [Date de consultation : 5 mai 2009]

Telegraph.co.uk. 7 novembre 2004. Kim Willsher. « Cat-Walk Princess Seeks Power in Burundi ». [Date de consultation : 7 mai 2009]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), Grands Lacs.Net, Human Rights Watch (HRW), Institut Panos Paris, Réseau documentaire international sur la région des Grands Lacs africains.

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