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Haïti : information indiquant si les Haïtiens qui ont vécu à l'étranger durant une longue période courent des risques s'ils rentrent au pays; information sur les types de risques qu'ils pourraient craindre; information indiquant si leur retour peut représenter une menace pour leur famille et, le cas échéant, information sur le type de menaces et leurs auteurs (2010-2012)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 29 May 2012
Citation / Document Symbol HTI104084.EF
Related Document(s) Haiti: Whether Haitians who have lived abroad for a long time are at risk if they return to their homeland; the kinds of risks they might face; whether their return could represent a threat to members of their families and, if so, what kind of threat their families would face and from whom (2010-2012)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Haïti : information indiquant si les Haïtiens qui ont vécu à l'étranger durant une longue période courent des risques s'ils rentrent au pays; information sur les types de risques qu'ils pourraient craindre; information indiquant si leur retour peut représenter une menace pour leur famille et, le cas échéant, information sur le type de menaces et leurs auteurs (2010-2012), 29 May 2012, HTI104084.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/4feacddb2.html [accessed 19 May 2023]
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Selon le directeur de l'Institut pour la justice et la démocratie en Haïti (Institute for Justice and Democracy in Haiti - IJDH), organisation de Boston qui défend les droits de la personne en Haïti (s.d.), les Haïtiens de la classe moyenne et les Haïtiens riches, y compris possiblement les membres de la diaspora d'Haïti, courent davantage le risque d'être personnellement victimes de criminels en Haïti que leurs compatriotes à plus faibles revenus (27 avr. 2012). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, il a expliqué que les Haïtiens qui ont vécu à l'étranger sont considérés comme ayant accès à un plus grand nombre de ressources et sont par conséquent plus susceptibles d'être ciblés par des criminels pour des crimes comme les enlèvements en vue d'obtenir une rançon (IJDH 27 avr. 2012). Toutefois, le directeur a souligné que la majorité des victimes de crimes sont pauvres, car les citoyens riches peuvent se payer des services de sécurité privés pour diminuer le risque plus élevé auquel ils sont personnellement exposés (ibid.). On trouve partiellement la même information dans une étude de l'Institut Igarapé (Igarapé Institute), [traduction] « agence de coopération sociale progressiste vouée à la sécurité et au développement communautaires efficaces et responsables » (s.d.), sur la criminalité urbaine en Haïti en 2011-2012, qui précise aussi que les résidents de [traduction] « zones populaires » [quartiers à faibles revenus et densément peuplés (note 10)] sont plus susceptibles d'être victimes de crimes que les résidents des secteurs plus riches et moins densément peuplés (Igarapé Institute mars 2012, 1). Par exemple, il ressort de l'étude que les résidents de secteurs populaires sont 20 fois plus susceptibles de subir une infraction contre les biens, 18 fois plus susceptibles de subir une agression physique et 27 fois plus susceptibles de subir une agression sexuelle que les résidents d'autres secteurs (ibid.).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, la présidente de l'Association de la diaspora haïtienne travaillant en Haïti (ADHTH), association non partisane à but lucratif qui soutient le travail de la diaspora haïtienne en Haïti (s.d.), a affirmé que le risque pour les Haïtiens de retour au pays dépend des quartiers qu'ils visitent ou habitent et si ces quartiers sont violents ou non (15 mai 2012). La présidente a souligné que le risque d'être victime d'un crime n'est pas exclusif aux membres de la diaspora; quiconque semble être riche et attire l'attention sur sa personne y est exposé (ADHTH 15 mai 2012). La directrice administrative d'Alternative Chance, [traduction] « programme de défense et d'auto-assistance pour les criminels expulsés en Haïti » fondé en 1996 (s.d.), a fait une déclaration similaire au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches (17 mai 2012). La présidente de l'ADHTH a affirmé que les crimes motivés par l'argent, y compris les enlèvements, sont des crimes de situation et que les gens sont plus à risque s'ils ne font pas preuve de prudence au regard de leur sécurité personnelle - par exemple, s'ils arrivent à l'aéroport avec de nombreux bagages ou s'ils flânent dans la rue près de leur voiture (15 mai 2012). Elle a toutefois insisté sur le fait qu'en Haïti, la criminalité ne suit pas des schémas constants et que les taux de criminalité fluctuent de façon imprévisible (ADHTH 15 mai 2012).

La présidente de l'ADHTH a également affirmé qu'il est difficile d'évaluer le niveau de danger pour les personnes de retour en Haïti qui s'étaient expatriées parce qu'elles avaient été la cible de crimes (ibid.). Elle a expliqué que cela dépend largement des circonstances particulières, comme si les criminels qui les pourchassaient sont encore en activité ou si la situation politique a changé (ibid.).

1.2 Membres de la famille d'une personne de retour qui sont victimes de crimes

Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur les risques pour les membres de la famille d'une personne de retour au pays. Selon le directeur de l'IJDH, les Haïtiens qui n'ont pas vécu à l'étranger, mais qui ont un lien avec une personne vivant à l'étranger peuvent être exposés à un plus grand risque d'être pris pour cible par des criminels en raison de l'attente selon laquelle ils auraient accès aux ressources de leurs amis et de leur famille à l'étranger (27 avr. 2012). Par contre, la présidente de l'ADHTH a dit que les Haïtiens qui ont de la famille à l'étranger ne risquent pas nécessairement d'être pris pour cible (15 mai 2012).

La directrice administrative d'Alternative Chance a souligné que [traduction] « Haïti est un petit pays » et que les gens du pays remarquent les étrangers ou les gens de l'extérieur de leur communauté (17 mai 2012). Elle a également dit qu'en Haïti, le lien entre une personne de retour au pays et sa famille peut être fait par le nom de famille - elle a donné l'exemple d'un homme expulsé des États-Unis qui a été battu par des criminels locaux en Haïti en raison des activités politiques passées de membres de sa famille, alors qu'il n'avait lui-même jamais pris part à ces activités (Alternative Chance 17 mai 2012).

2. Détention des personnes expulsées

Des sources affirment que les États-Unis expulsent les citoyens d'Haïti ayant un casier judiciaire (ibid.; Center for Constitutional Rights et al. 23 févr. 2011). Les expulsés seraient détenus à leur arrivée s'ils sont considérés comme de [traduction] « grands » criminels par les autorités d'Haïti (Alternative Chance 17 mai 2012; FCIR 13 nov. 2011). La directrice administrative d'Alternative Chance a expliqué que les crimes réputés [traduction] « graves » peuvent comprendre les infractions relatives aux drogues et les voies de fait (17 mai 2012). Selon le Florida Center for Investigative Reporting (FCIR), [traduction] « organisation de journalisme d'enquête œuvrant à mettre au jour la corruption, le gaspillage et les erreurs judiciaires » (s.d.), environ la moitié des expulsés sont détenus à leur arrivée, et la décision relative à la détention est [traduction] « largement arbitraire » (13 nov. 2011). Le FCIR écrit en outre [traduction] « [qu'] il n'existe aucune politique écrite et qu'il y a peu de consensus entre les membres de la [Commission responsable des expulsés (Commission in Charge of Deportees)] relativement à l'objectif principal des détentions » (13 nov. 2011). La directrice administrative d'Alternative Chance a précisé que la durée de la détention varie de deux jours à deux semaines, et, au moment de l'entretien, la durée des détentions se situait au bas de cette fourchette (17 mai 2012). Le FCIR relève que des expulsés ont été détenus jusqu'à 11 jours (13 nov. 2011).

Les expressions [traduction] « déplorablement sous les normes » (Center for Constitutional Rights s.d.), [traduction] « horribles » (University of Miami et al. 23 févr. 2011), et [traduction] « constituant un danger de mort » (FCIR 13 nov. 2011) ont été utilisées pour décrire les centres de détention pour personnes expulsées. Plusieurs sources observent que l'insalubrité des centres de détention expose les détenus au risque de contracter le choléra et d'autres maladies, et qu'une personne expulsée est décédée en 2011 après avoir présenté des symptômes semblables à ceux du choléra (ibid.; Center for Constitutional Rights s.d.; Center for Constitutional Rights et al. mars 2012). De plus, la nourriture, l'eau et les soins de santé ne seraient pas fournis aux détenus et ceux-ci dépendent des membres de leur famille, s'ils en ont, pour répondre à leurs besoins (ibid. 23 févr. 2011, Alternative Chance 17 mai 2012).

3. Traitement des personnes expulsées

Des sources affirment que les personnes expulsées des États-Unis subissent une [traduction] « stigmatisation sociale » à leur retour en Haïti (ibid.; Center for Constitutional Rights et al. mars 2012; defend.ht 30 avr. 2012). Selon la directrice administrative d'Alternative Chance, par le passé, les autorités d'Haïti ont mené des campagnes rendant responsables les criminels expulsés des États-Unis de l'insécurité en Haïti et les présentant comme des tueurs professionnels (17 mai 2012). La directrice administrative a ajouté que le grand public craint les expulsés des États-Unis et que des gens les ont déjà pris pour cibles lors de lynchages et de passages à tabac (Alternative Chance 17 mai 2012). En outre, des sources signalent que les expulsés des États-Unis mis en liberté n'obtiennent pas de carte d'identité d'Haïti et que, en conséquence, ils ne sont pas autorisés à travailler (ibid.; University of Miami et al. mars 2012). Les expulsés peuvent également faire face à des obstacles linguistiques ou culturels (ibid.; Alternative Chance 17 mai 2012; defend.ht 30 avr. 2012). La directrice administrative d'Alternative Chance a souligné que la visibilité des expulsés des États-Unis contribue à leur vulnérabilité à la violence et à la discrimination (17 mai 2012). De plus, les États-Unis auraient expulsé des ressortissants d'Haïti ayant de graves problèmes de santé, y compris des maladies mentales et du diabète (ibid.; FCIR 13 nov. 2011; Center for Constitutional Rights et al. mars 2012). Les expulsés ayant des problèmes de santé ne seraient pas en mesure d'obtenir les soins médicaux et les médicaments dont ils ont besoin (ibid.; Alternative Chance 17 mai 2012).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Alternative Chance. 17 mai 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par la directrice administrative.

_____. S.d. « About Alternative Chance ». [Date de consultation : 22 mai 2012]

Association de la diaspora haïtienne travaillant en Haïti (ADHTH). 15 mai 2012. Entretien téléphonique avec la présidente.

_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 15 mai 2012]

Center for Constitutional Rights. S.d. « Haiti: IACHR - Haitian Removals ». [Date de consultation : 15 mai 2012]

Center for Constitutional Rights, University of Miami Immigration and Human Rights Clinics, Americans for Immigrant Justice, FANM et Alternative Chance. Mars 2012. « Stop Deportations to Haiti ». [Date de consultation : 29 mai 2012]

defend.ht. 30 avril 2012. « Haiti-USA: US Deportations to Haiti Are Inhumane and Tear Families Apart ». [Date de consultation : 22 mai 2012]

Florida Center for Investigative Reporting (FCIR). 13 novembre 2011. « US Deportees to Haiti, Jailed Without Cause, Face Severe Health Risks ». [Date de consultation : 15 mai 2012]

_____. S.d. « About FCIR ». [Date de consultation : 22 mai 2012]

Igarapé Institute. Mars 2012. Athena R. Kolbe et Robert Muggah. Haiti's Urban Crime Wave? Results from Monthly Household Surveys, August 2011-February 2012. [Date de consultation : 14 mai 2012]

_____. S.d. « Igarapé ». [Date de consultation : 15 mai 2012]

Institute for Justice and Democracy in Haiti (IJDH). 27 avril 2012. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par le directeur.

_____. S.d. « What We Do ». [Date de consultation : 4 mai 2012]

University of Miami Immigration and Human Rights Clinics, Center for Constitutional Rights, et Alternative Chance. 23 février 2011. « The Results ofo the Recent US Decision to Resume Deportations to Haiti: Deporatations, Detention and Death ». [Date de consultation : 17 mai 2012]

Autres sources consultées

Sources orales : Des représentants des organisations suivantes n'ont pas été en mesure de fournir des renseignements concernant la présente réponse : GRAHN-Monde, Haiti Solidarity BC, Organisation têtes ensemble Internationale SOS Haïti. Les Immigration and Human Rights Clinics de la University of Miami n'ont pu fournir de renseignements dans les délais voulus. Les tentatives faites pour joindre trois autres organisations communautaires haïtiennes au Canada et quatre organisations de défense des droits de la personne en Haïti ont été infructueuses.

Sites Internet, y compris : American Friends Service Committee; Amnesty International; Bottin Haïtien; Council on Hemispheric Affairs; The Financial Times; Foreign Policy; Freedom House; Haïti - ministère des Haïtiens vivant à l'étranger; Haïti Liberté; Haïti Libre; International Crisis Group; The Miami Herald; Nations Unies — Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Mission pour la stabilisation en Haïti, Refworld, Réseaux d'information régionaux intégrés; Organisation internationale pour les migrations; Organisation for International Co-operation and Development; Solidarité Haïti; The Washington Times.

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