Last Updated: Tuesday, 23 May 2023, 12:44 GMT

Liban : information sur le mouvement Amal (Amal Movement), y compris ses zones de contrôle et d'opération; les cas de recrutement forcé, en particulier de jeunes; ses activités, y compris les postes de contrôle de la circulation et les barrages routiers à Beyrouth (2011-décembre 2013)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 19 December 2013
Citation / Document Symbol LBN104694.EF
Related Document(s) Lebanon: Amal Movement, including areas of operation and control; instances of forced recruitment, particularly of youth; activity, including checkpoints and roadblocks within Beirut (2011-December 2013)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Liban : information sur le mouvement Amal (Amal Movement), y compris ses zones de contrôle et d'opération; les cas de recrutement forcé, en particulier de jeunes; ses activités, y compris les postes de contrôle de la circulation et les barrages routiers à Beyrouth (2011-décembre 2013), 19 December 2013, LBN104694.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/548172284.html [accessed 25 May 2023]
DisclaimerThis is not a UNHCR publication. UNHCR is not responsible for, nor does it necessarily endorse, its content. Any views expressed are solely those of the author or publisher and do not necessarily reflect those of UNHCR, the United Nations or its Member States.

1. Contexte

Des sources précisent qu'Amal est un acronyme pour « Afwaj al-Muqawa al-Lubnaniyah » (START s.d.; PHW 2013), qui, selon le Political Handbook of the World (PHW), signifie [traduction] « les groupes de la résistance libanaise » (ibid.). Le mot Amal signifie aussi [traduction] « espoir » en arabe (ibid.; START s.d.). Le mouvement Amal a été fondé par l'imam Musa Sadr (Political Handbook of the World 2013; START s.d.) dans les années 1970 (ibid.; Conciliation Resources 2012, 96). Dans le PHW, on peut lire que [traduction] « [m]ême s'il était l'allié de la gauche palestinienne durant la guerre civile, le mouvement Amal a commencé à militer de plus en plus pour les chiites du Liban, qui ont été nombreux à être expulsés de force de leur domicile dans le Sud, et pour la révolution iranienne de 1979 » (2013). Conciliation Resources, ONG établie au Royaume-Uni et vouée à la consolidation de la paix (s.d.), décrit le mouvement Amal comme un [traduction] « groupe chiite qui a crû en réponse à la marginalisation des chiites et en raison de leur frustration à l'égard de la domination des groupes palestiniens et des attaques israéliennes », et ajoute que « le mouvement Amal est devenu l'une des milices les plus importantes dans la guerre civile et un allié de la Syrie » (Conciliation Resources 2012, 96).

2. Gouvernement

Conciliation Resources signale que le mouvement Amal est représenté au gouvernement depuis la fin de la guerre civile et a [traduction] « d'importants pouvoirs de népotisme » (ibid., 97). Le mouvement Amal est dirigé par Nabih Berri (É.-U. 1er févr. 2011, 19; PHW 2013). Des sources soulignent que Nabih Berri dirige le mouvement Amal depuis 1980 (Al Akhbar 23 oct. 2013; Small Arms Survey mai 2010). Nabih Berri est le président du Parlement (International Crisis Group 22 nov. 2012, 11; É.-U. 1er févr. 2011, 19) et selon le Service de recherche du Congrès (Congressional Research Service - CRS) des États-Unis, il occupe ce poste depuis 1992 (ibid.).

2.1 Relation avec le Hezbollah

Le PHW souligne que le [traduction] « mouvement Amal s'est joint au Hezbollah dans le cabinet libanais de 2005 et s'est allié au Hezbollah et à d'autres partis d'opposition pour les élections législatives de 2009, où il a gagné 13 sièges » (PHW 2013). Le PHW précise également qu'en 2011, [traduction] « le mouvement Amal s'est joint à ses alliés de l'Alliance du 8 mars [March 8 Alliance] dans le nouveau gouvernement dirigé par Najib Mikati » (ibid.). Des sources expliquent que l'Alliance du 8 mars est composée du mouvement Amal, du Hezbollah, du Mouvement patriotique chrétien libre (Christian Free Patriotic Movement) et d'autres groupes (Bertelsmann Stiftung 2012, 4; International Crisis Group 13 mai 2013, 7). L'International Crisis Group écrit que le nom de l'alliance [traduction] « renvoie à une importante manifestation organisée par des partis libanais pro-syriens tenue le 8 mars 2005 pour exprimer leur gratitude envers Damas » (13 mai 2013, 7).

Le CRS a décrit le mouvement Amal comme étant [traduction] « plus modéré » que le Hezbollah, et comme « un partenaire secondaire du Hezbollah au sein de la coalition chiite » (É.-U. 1er févr. 2011, 19). L'International Crisis Group a affirmé que l'alliance entre le Hezbollah et le mouvement Amal a été [traduction] « solide » et que

[traduction]

les deux mouvements chiites se sont rapprochés depuis 2005 pour diverses raisons : le retrait de la Syrie du Liban; la guerre survenue en 2006 entre le Hezbollah et Israël; l'affrontement entre la coalition pro-occidentale du 14 mars et la coalition du 8 mars menée par le Hezbollah; ainsi qu'une polarisation croissante entre chiites et sunnites. En raison de ces développements, le mouvement Amal - qui historiquement dépendait de Damas - a dû se fier de plus en plus au Hezbollah comme bouclier contre ses adversaires et afin de s'assurer que le mouvement chiite plus important, plus fort et plus populaire ne monopolise pas le domaine chiite (22 nov. 2012, 12).

L'International Crisis Group ajoute que le [traduction] « mouvement Amal a suivi les traces du Hezbollah à toutes les étapes de l'escalade des tensions nationales » (22 nov. 2012, 13).

Des médias ont fait état d'affrontements entre le Hezbollah et le mouvement Amal (Naharnet 3 août 2011; Ya Libnan 9 nov. 2013). Le 9 novembre 2013, Ya Libnan écrivait que des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal se sont affrontés dans la ville d'Ankoun, car un responsable du mouvement Amal aurait été stoppé à un poste de contrôle du Hezbollah. Le 3 août 2011, Naharnet, site indépendant de nouvelles en ligne du Liban (Naharnet s.d.), a affirmé que des affrontements qui avaient eu lieu [traduction] « plusieurs jours plus tôt » entre le Hezbollah et le mouvement Amal avaient été résolus.

3. Zones d'opération

Selon le PHW, [traduction] « [d]e nos jours, la majeure partie du soutien du mouvement Amal vient des villes côtières du Sud du Liban » (2013). Le CRS affirme que [traduction] « ces dernières années, » les candidats du Hezbollah et les représentants du mouvement Amal ont gagné des sièges lors d'élections municipales dans le Sud et l'Est du Liban (É.-U. 6 nov. 2012, 4).

Des sources précisent que le mouvement Amal ne [traduction] « contrôle » pas de régions au Liban et que la seule milice qui peut « contrôler » des régions est le Hezbollah (professeure 6 déc. 2013; chargé de cours invité 13 déc. 2013).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chargé de cours invité en droits de la personne de l'Université Saint-Joseph à Beyrouth, qui a également travaillé pour plusieurs organisations internationales dans le monde arabe, a fourni de l'information s'appuyant sur ses connaissances personnelles. Il a affirmé que le

[traduction]

mouvement Amal est présent dans les régions connues pour être principalement peuplées de chiites, entre autres les régions comprises entre le Sud de Saïda et la majeure partie des régions frontalières avec Israël, les banlieues au sud de Beyrouth et la majeure partie du Nord de la plaine de la Bekaa. De plus, il est présent de manière discrète dans les régions où les chiites vivent avec d'autres groupes religieux, comme dans certains secteurs de Beyrouth (chiites et sunnites) et dans les régions mixtes du Sud (chrétiens-chiites ou sunnites-chiites) (ibid.).

La Fondation Jamestown (Jamestown Foundation), institution de recherche et d'analyse qui fournit de l'information importante sur le plan stratégique pour les États-Unis (s.d.), fait observer que [traduction] « [l]es régions à prédominance chiite du Liban, comme les banlieues sud de Beyrouth, le Sud du Liban et la plaine de la Bekaa, sont sécurisées par un mélange de combattants à temps plein du Hezbollah, de milices auxiliaires de villages et de membres armés du mouvement chiite libanais Amal » (2 nov. 2012, 6).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure de politique moyen-orientale à l'École d'études orientales et africaines (School of Oriental and African Studies) de l'Université de Londres a affirmé que le mouvement Amal mène ses activités dans des secteurs de quartiers précis du Sud et de l'Ouest de Beyrouth, comme dans les secteurs de Jinah, d'Ain-al Mraiseh, d'Ouzaï, de Raouche, de [traduction] « certains très petits pâtés de maisons » et de Verdun, où se trouve le palais de Nabih Berri (professeure 6 déc. 2013). La professeure a déclaré que le mouvement Amal mène également ses activités dans certains endroits du Sud du Liban, à Nabatiya par exemple (ibid.). Ya Libnan, site Internet libanais d'actualités, écrit qu'Ankoun, une banlieue de Saïda dans le Sud du Liban, est [traduction] « un bastion du mouvement Amal » (9 nov. 2013).

Selon l'International Crisis Group, [traduction] « le mouvement Amal a joué un rôle dans la prise de contrôle de Beyrouth-Ouest par le Hezbollah en mai 2008 » (22 nov. 2012, 13). Par ailleurs, Human Rights Watch signale qu'en 2008,

[traduction]

[l]es membres des groupes d'opposition - le Hezbollah, le mouvement Amal et le Parti social nationaliste syrien [(Syrian Social Nationalist Party)] - ont militairement pris le contrôle de certaines parties de Beyrouth. Ils ont également attaqué et fermé des bureaux de médias affiliés au Courant du futur [(Future Movement)]. Les partisans des groupes pro-gouvernement - le Courant du futur et le Parti socialiste progressiste [(Progressive Socialist Party)] - ont également eu recours à la violence dans les régions sous leur contrôle, y compris en tuant des combattants de l'opposition captifs dans la ville d'Halba située dans le Nord (janv. 2009).

Des sources précisent que la prise de contrôle de Beyrouth-Ouest par le Hezbollah était [traduction] « temporaire » (Middle East Policy Council 2008; Guzansky et Berti 2012, 6). Human Rights Watch ajoute qu'en 2008, le Hezbollah, le mouvement Amal et le Parti social nationaliste syrien [traduction] « ont utilisé des armes légères et des grenades propulsées par fusée (souvent appelées B7) dans des secteurs densément peuplés de Beyrouth. Ces attaques ont tué et blessé de nombreux civils » (18 mai 2008).

4. Activités

Selon la professeure, le mouvement Amal a une aile armée, comme tous les autres mouvements politiques au Liban (professeure 6 déc. 2013). La professeure a ajouté que l'aile armée [traduction] « n'est pas visible en tout temps, mais [qu'] elle apparaît dans les rues à divers moments (la dernière fois au printemps 2008) » (ibid.). Selon le PHW, [traduction] « le mouvement Amal a largement été désarmé au cours des dernières années alors que le Hezbollah est devenu la principale opposition militaire aux forces israéliennes dans le Sud du Liban » (2013). De même, le chargé de cours invité a affirmé que

[traduction]

[l]e mouvement Amal, comme d'autres groupes semblables, a grandement diminué la taille de son infrastructure militaire dans les années 1990, gardant seulement un plus petit nombre de combattants ayant des tâches restreintes, comme garder les locaux du mouvement et le périmètre de leurs installations, fournir des services de sécurité à leurs propres membres supérieurs, coordonner la sécurité (au niveau des quartiers) avec le Hezbollah, les Forces armées du Liban (Lebanese Armed Forces - LAF), les Forces de sécurité intérieure (Internal Security Forces) ou d'autres acteurs, etc. Même si le Hezbollah ne leur fait pas entièrement confiance, certains agents du mouvement Amal amassent et transmettent des renseignements au Hezbollah au sujet de leur quartier. À plus grande échelle, la décision d'entreprendre des opérations militaires contre Israël (raison officielle pour laquelle le mouvement Amal, le Hezbollah et d'autres groupes maintiennent leurs groupes armés depuis 1990) est monopolisée par le Hezbollah depuis les années 1990. Par conséquent, le mouvement Amal n'a entrepris aucune campagne [ou] opération militaire en solo entre 2010 et 2013. Les membres armés du mouvement Amal sont maintenus et mènent leurs opérations à titre de régiment de réserve pour la milice ultra-organisée du Hezbollah. Toutefois, le fait de disposer d'un groupe armé supplémentaire a ouvert l'appétit d'autres acteurs qui veulent l'utiliser « au besoin ». Ce faisant, les membres du mouvement Amal ne mènent pas leurs activités au nom du mouvement lui-même, mais à titre de mercenaires pour le compte du renseignement syrien et d'organisations criminelles, entre autres (13 déc. 2013).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens. En 2012, l'indice de transformation de Bertelsmann Stiftung (Bertelsmann Stiftung's Transformation Index - BTI), évaluation globale des processus de transition, précisait que le Hezbollah et le mouvement Amal [traduction] « conservent une force militaire permanente de "combattants de la résistance" sur laquelle le gouvernement central n'a aucun contrôle » (2012, 5).

Un rapport intitulé Arbitrary Detention and Torture: The Bitter Reality of Lebanon, s'appuyant sur une étude menée en 2008-2009 par quatre ONG, soit le Centre libanais des droits humains (CLDH), le Comité de coordination des organisations pour le service volontaire (Coordination Committee of the Organizations for Voluntary Service - COSV), KAFA (« Assez ») de violence et d'exploitation (KAFA (Enough) Violence and Exploitation - KAFA), le Mouvement permanent pour la paix (Permanent Peace Movement - PPM), souligne que

[traduction]

[d]urant cette étude, presque tous les détenus arrêtés sur des soupçons de collaboration avec Israël se sont plaints d'avoir été torturés, peu importe le service qui les a interrogés. Dans certains cas, les milices du mouvement Amal et du Hezbollah ont participé à l'arrestation et utilisent la torture contre leurs "détenus", sans fondement juridique pour leur détention, avant de les remettre aux services libanais compétents (CLDH janv. 2011, 25).

Le rapport ajoute qu'il était [traduction] « impossible d'évaluer efficacement la fréquence des allégations d'actes de torture commis par des milices du mouvement Amal et du Hezbollah, qui arrêtent et interrogent des suspects - du moins dans certains cas - avant de les remettre aux services de sécurité compétents » (ibid., 29).

Des sources soulignent que le mouvement Amal a porté plainte au criminel contre le CLDH pour avoir signalé la torture de détenus par des personnes affiliées au mouvement Amal (AI 2012; Human Rights Watch janv. 2012, 2). En mars 2011, le procureur général a ouvert une enquête criminelle au sujet de l'organisation (ibid.; AI 2012). Le 12 octobre 2011, l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) a affirmé que deux représentants du CLDH étaient soumis à [traduction] « un harcèlement judiciaire constant ». Les Country Reports on Human Rights Practices for 2011 des États-Unis expliquent que le 15 décembre 2011,

[traduction]

un affrontement entre deux personnes a dégénéré en conflit armé entre des membres du mouvement chiite Amal et le groupe sunnite pro-syrien Ahbash à Bourj Abi Haidar, à Beyrouth. Le bilan est de 3 morts et 11 blessés. Les [LAF] sont intervenues pour désamorcer le conflit (24 mai 2012, 2).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

Des médias font état d'affrontements entre le mouvement Amal et des Palestiniens dans le quartier Farhat (MTV Lebanon 30 mai 2013; The Daily Star 30 mai 2013), que le Daily Star dit se trouver dans les banlieues sud de Beyrouth (ibid.). Le Daily Star souligne qu'il y a eu une [traduction] « longue fusillade » et que des grenades ont été utilisées (ibid.). Le Daily Star ajoute que les responsables du mouvement Amal nient être mêlés à l'incident (ibid.).

4.1 Utilisation de postes de contrôle de la circulation et de barrages routiers à Beyrouth

La professeure a écrit que le mouvement Amal a eu des postes de contrôle de la circulation par le passé, mais qu'à sa connaissance, il ne dispose pas présentement de postes de contrôle permanents au Liban, sauf quelques-uns à Verdun, près du palais de Nabih Berri (professeure 6 déc. 2013). Toutefois, elle a ajouté que [traduction] « pendant les périodes d'attentats à la voiture piégée ou d'agitation », le mouvement Amal « érige des postes de contrôle de la circulation près de "ses" quartiers » (6 déc. 2013). Le 24 juin 2013, Al Jazeera a attiré l'attention sur 15 décès en lien avec des affrontements survenus à Saïda entre des troupes du gouvernement et des partisans d'un cheikh sunnite opposé au Hezbollah. Al Jazeera a ajouté que [traduction] « des postes de contrôle de la circulation ont été érigés, dont certains par le mouvement Amal [...] pour empêcher les gens de traverser Saïda - ils refoulent les gens » (13 déc. 2013). Le chargé de cours invité a écrit que le

[traduction]

mouvement Amal ne mène pas des activités militaires par lui-même. Quoiqu'ils soient rarement présents, les membres du mouvement Amal jouent un rôle secondaire aux postes de contrôle de la circulation gérés par d'autres partis. De tels postes de contrôle - si tant est qu'ils sont créés - peuvent se trouver dans des secteurs chiites, mais jamais dans des secteurs mixtes ou non chiites (13 déc. 2013).

Le 19 août 2013, le Daily Star, un journal libanais, a écrit que le Hezbollah a érigé des postes de contrôle de la circulation et inspecté des voitures entrant dans des quartiers des banlieues sud de Beyrouth et que le [traduction] « mouvement Amal a également resserré ses mesures de sécurité dans le Sud du Liban ».

Selon la professeure, [traduction] « à un moment ou à un autre, toutes les milices utilisent des barrages routiers, mais les seuls barrages routiers ou postes de contrôle de la circulation permanents appartenant à des milices sont ceux du Hezbollah (aux côtés, bien sûr, de ceux de l'armée libanaise) » (6 déc. 2013). Le chargé de cours invité a précisé que les [traduction] « barrages routiers sont utilisés pour sécuriser les locaux du mouvement Amal et les résidences de ses hauts responsables » (13 déc. 2013).

5. Recrutement

Selon la professeure, le mouvement Amal ne fait pas de [traduction] « recrutement forcé » (professeure 6 déc. 2013). La professeure a expliqué que le mouvement Amal recrute souvent des jeunes d'origine chiite [traduction] « qui sont surtout laïques » et « attirés par le Amal » (ibid.). Le chargé de cours invité a écrit ce qui suit :

[traduction]

Après 1990, il n'y a aucun signalement crédible selon lequel le mouvement Amal a eu recours au recrutement forcé en général, y compris à l'endroit de jeunes. On peut certainement affirmer sans trop s'avancer qu'une telle pratique n'a pas eu lieu au cours des quelque dix dernières années. Le recrutement de jeunes par le mouvement Amal, qui aurait diminué au cours des dernières années, se fait principalement par l'entremise d'un réseau d'organisations sociales et d'établissements scolaires (écoles et universités) qu'il contrôle totalement ou partiellement, de ses délégués communautaires ou par l'entremise de l'organisation des scouts, qu'il a établis. C'est à ce sujet que le mouvement Amal a reçu le plus de critiques : en attirant des jeunes vers des activités pour jeunes et le scoutisme, le mouvement recrute des jeunes et les entraîne graduellement pour qu'ils acquièrent certaines compétences militaires alors qu'ils ont encore moins de 18 ans. Le mouvement Amal est aussi fort dans un autre domaine : les institutions gouvernementales. À l'heure actuelle, le mouvement Amal est l'un des très rares mouvements au Liban à avoir réussi à inonder toutes sortes d'institutions gouvernementales avec ses membres ou ses partisans. Cela a contribué à la création d'un vaste « réseau Amal » dans presque toutes les institutions gouvernementales, ce qui les aide à l'égard du recrutement. Il n'y a pas de rapports ni de renseignements au sujet de représailles contre les gens qui refusent d'adhérer au mouvement. Il pourrait y en avoir pour certains hauts responsables ou dirigeants souhaitant quitter le mouvement (en particulier s'ils occupaient des rôles en lien avec la sécurité), mais pas pour ceux qui refusent d'adhérer au mouvement (13 déc. 2013).

Selon Al Akhbar, journal de Beyrouth, le mouvement Amal a déclaré qu'il est [traduction] « en train de promouvoir une jeune génération de militants à des postes de direction » (Al Akhbar 23 oct. 2013). Al Akhbar explique que le mouvement prévoit [traduction] « accélérer la promotion des plus jeunes membres du parti, en particulier les universitaires, faisant fi de la pratique administrative existante selon laquelle il faut passer beaucoup de temps dans les rangs inférieurs de l'organisation avant d'atteindre ne serait-ce qu'un poste intermédiaire » (ibid.). Al Akhbar précise également que le mouvement Amal créera une école de formation permanente pour les nouveaux membres et développera des groupes de jeunes comme les scouts pour [traduction] « compenser la perte de membres au Hezbollah au cours des dernières années » (ibid.). Selon l'International Crisis Group, [traduction] « [a]u fil du temps, l'influence du mouvement Amal chez les chiites a diminué de façon spectaculaire alors que celle du Hezbollah a augmenté » (22 nov. 2012).

6. Personnes prises pour cible

Le chargé de cours invité a précisé que

[traduction]

la possibilité pour une personne d'être attaquée ou maltraitée par le mouvement Amal se limite aux scénarios suivants :

La personne est soupçonnée d'avoir des liens avec le renseignement israélien, un mouvement radical sunnite ou un groupe terroriste ayant des objectifs hostiles au mouvement Amal (ou à ses alliés). Dans ce cas, si les membres du mouvement Amal connaissent une telle personne, ils iront l'arrêter, ils la détiendront durant un certain temps (de quelques heures à quelques jours) et ils la remettront ensuite au Hezbollah ou au service de renseignement de l'armée du Liban. Durant sa détention par le mouvement Amal, il est fort probable que la personne soit maltraitée ou soumise à la torture ou à des traitements dégradants ou inhumains.

La personne a un conflit personnel avec un chef ou un cadre influent du mouvement Amal. Dans ce cas, il s'agira davantage d'intimidation que d'arrestation et de détention. La détention durera de quelques heures à quelques jours. Les mêmes risques de mauvais traitements (voir « a ») ci-dessus) s'appliquent dans ce cas.

Un ou plusieurs membres du mouvement Amal agissent à titre de mercenaires pour une organisation criminelle. Cela signifie que la situation n'a plus une justification politique, mais relève davantage de l'enlèvement conventionnel où une rançon ou d'autres demandes sont en cause. La période et les conditions de la détention dépendent dans ce cas de la volonté du « client » ainsi que du déroulement des négociations entre le client et la famille de l'otage.

Autre remarque à ce sujet : il y a des antécédents de conflit entre le mouvement Amal et la majorité des groupes armés palestiniens, en particulier ceux basés à Tyr, à Saïda et à Beyrouth. Cela fait en sorte que les Palestiniens, qu'ils appartiennent ou non à l'une des trois catégories décrites ci-dessus, sont plus vulnérables aux actes de harcèlement commis par des membres du mouvement Amal, en particulier dans les régions où le mouvement conserve une certaine influence (13 déc. 2013).

De même, la professeure a affirmé que le mouvement Amal a [traduction] « des antécédents de mauvais traitements de Palestiniens » (6 déc. 2013).

7. Allégations d'impunité

L'International Crisis Group souligne que selon deux journaux - Al-Akhbar et As-Safir - des gens ont le [traduction] « sentiment que les personnes ayant des liens étroits avec le Hezbollah et le mouvement Amal sont au-dessus des lois, n'ont pas à rendre de comptes et sont à l'abri des sanctions » (22 nov. 2012, 26). Le 22 novembre 2012, l'International Crisis Group a affirmé que [traduction] « le Tribunal militaire [(Military Tribunal)], le secrétaire général [(General Secretary)], la Division de la sécurité aéroportuaire [(Airport Security Division)] ainsi que plusieurs postes cruciaux de l'armée relèvent présentement de gens ayant des liens étroits avec le Hezbollah ou ses alliés » (11). Selon le Conseil européen des relations internationales (European Council on Foreign Relations - ECFR), groupe de réflexion pan-européen, un chef salafiste de la ville méridionale de Saïda [traduction] « qui réprouve le Hezbollah » a dit que le Hezbollah et le mouvement Amal « contrôlent l'État, donnent des emplois à leurs gens alors que nous sommes chômeurs et nous attaquent sur tous les fronts alors que le gouvernement ne fait rien » (sept. 2012, 4, 12). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Al Akhbar. 23 octobre 2013. Amal Khalil. « Lebanon: Berri Calls for Change in Amal ». [Date de consultation : 28 nov. 2013]

Al Jazeera. 24 juin 2013. « Deadly Fighting Rages in Lebanon ». [Date de consultation : 16 déc. 2013]

Amnesty International (AI). 4 août 2011. « Lebanon: Cease Harassment of Human Rights Activist for Documenting Torture ». [Date de consultation : 16 déc. 2013]

Bertelsmann Stiftung. 2012. « Lebanon Country Report ». Bertelsmann Stiftung's Transformation Index. [Date de consultation : 16 déc. 2013]

Centre libanais des droits humains (CLDH), Coordination Committee of the Organizations for Voluntary Service (COSV), KAFA (Enough) Violence and Exploitation, Permanent Peace Movement (PPM). Janvier 2011. Arbitrary Detention and Torture: The Bitter Reality of Lebanon. [Date de consultation : 16 déc. 2013]

Chargé de cours invité, Saint Joseph University, Beyrouth. 13 décembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Conciliation Resources. 2012. « Reconciliation, Reform and Resilience: Positive Peace for Lebanon ». Accord: An International Review of Peace Initiatives. No 24. [Date de consultation : 16 déc. 2013]

_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

The Daily Star. 19 août 2013. Youssef Diab et Mohammed Zaatari. « Security Forces Identify More Bombing Suspects ». (Factiva)

_____. 30 mai 2013. « Tension Grips Suburbs After Beirut Shootout ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

États-Unis (É.-U.). 6 novembre 2012. Congressional Research Service (CRS). Christopher M. Blanchard. Lebanon: Background and U.S. Policy. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

_____. 24 mai 2012. Department of State. « Lebanon ». Country Reports on Human Rights Practices for 2011. http://www.state.gov/documents/organization/186646.pdf> [Date de consultation : 3 déc. 2013]

_____. 1er février 2011. Congressional Research Service (CRS). Casey L. Addis. Lebanon: Background and U.S. Relations. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

European Council on Foreign Relations (ECFR). Septembre 2012. Julien Barnes-Dacey. Lebanon: Containing Spillover from Syria. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

Guzansky, Yoel et Berti, Benedetta. 2012. « Is the New Middle East Stuck in its Sectarian Past? The Unspoken Dimension of the "Arab Spring" ». [Date de consultation : 19 déc. 2013]

Human Rights Watch. Janvier 2012. « Lebanon ». World Report 2013. [Date de consultation : 16 déc. 2013]

_____. Janvier 2009. « Lebanon ». World Report 2009. [Date de consultation : 16 déc. 2013]

_____. 18 mai 2008. « Lebanon: Political Talks in Qatar Should Address Abuses ». [Date de consultation : 16 déc. 2013]

International Crisis Group. 13 mai 2013. Too Close for Comfort: Syrians in Lebanon. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

_____. 22 novembre 2012. A Precarious Balancing Act: Lebanon and the Syrian Conflict. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

The Jamestown Foundation. 2 novembre 2012. Nicholas Heras. « What is Hezbollah's Role in the Syrian Crisis? ». TerrorismMonitor. Vol. 10, no 20. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

Middle East Policy Council. 2008. Bilal Y. Saab. « Rethinking Hezbollah's Disarmament ». Automne 2008, Vol. XV, no 3. [Date de consultation : 19 déc. 2013]

MTV Lebanon. 30 mai 2013. « Fierce Clashes Between Amal Movement and Palestinians in Farhat Neighbourhood in the Surroundings of Sportive City ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

Naharnet. 3 août 2011. « Hizbullah-Amal Clashes in Adeisseh Resolved ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

_____. S.d. « About Naharnet ». [Date de consultation : 17 déc. 2013]

National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism (START). S.d. « Amal ». [Date de consultation : 28 nov. 2013]

Organisation mondiale contre la torture (OMCT). 12 octobre 2011. « Lebanon: Ongoing Juducial Harassment Against Two Representatives of the Lebanese Centre for Human Rights ». [Date de consultation : 16 déc. 2013]

Political Handbook of the World (PHW). 2013. « Lebanon ». [Date de consultation : 26 nov. 2013]

Professeure, University of London. 6 décembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Small Arms Survey. Mai 2010. « Security Provision in Southern Lebanon ». Issue Brief. No. 1. Lebanon Armed Violence Assessment. [Date de consultation : 17 déc. 2013]

Ya Libnan. 9 novembre 2013. « 2 Wounded in Hezbollah, Amal Clash in South Lebanon ». [Date de consultation : 28 nov. 2013]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les personnes et les organisations suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : Al Karama; Canada - ambassade au Liban; Carnegie Middle East Center; Centre for Lebanese Studies; Middle East Institute; professeur agrégé d'histoire méditerranéenne et moyen-orientale, University of Toronto; professeur agrégé de sciences politiques, University of Toronto. Les personnes et les organisations suivantes n'ont pas été en mesure de fournir des renseignements : Centre libanais des droits humains (CLDH); directeur, Issam Fares Institute for Public Policy and International Affairs, American University of Beirut; Human Rights Watch; professeur de sciences politiques, American University of Beirut.

Sites Internet, y compris : Canada - Sécurité publique; Centre libanais des droits humains; ecoi.net; États-Unis - Bureau of Counterterrorism; Factiva; GlobalSecurity.org; Jane's Intelligence Review; Liban - Agence nationale de l'information, Government of Lebanon; Minority Rights Group International; Nations Unies - Refworld.

Copyright notice: This document is published with the permission of the copyright holder and producer Immigration and Refugee Board of Canada (IRB). The original version of this document may be found on the offical website of the IRB at http://www.irb-cisr.gc.ca/en/. Documents earlier than 2003 may be found only on Refworld.

Search Refworld

Countries