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Kenya : information sur les activités de la secte Mungiki et l'intervention des autorités gouvernementales (2008-octobre 2009)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
Publication Date 16 November 2009
Citation / Document Symbol KEN103225.EF
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Kenya : information sur les activités de la secte Mungiki et l'intervention des autorités gouvernementales (2008-octobre 2009), 16 November 2009, KEN103225.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/4b20eff5c.html [accessed 25 May 2023]
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La secte Mungiki a d'abord été mise sur pied dans les années 1980 à titre de [traduction] « force d'autodéfense » pour les membres du groupe ethnique le plus nombreux du Kenya, les Kikuyus (The New York Times 22 avr. 2009; Nations Unies 22 févr. 2008). Cette secte s'inspire des Mau Mau qui ont fait la guérilla pour obtenir l'indépendance du Kenya qui appartenait aux Britanniques (ibid.; The New York Times 22 avr. 2009; AFP 21 avr. 2009). Des sources qualifient la secte de groupe impénétrable, quasi-religieux, qui possède à la fois des caractéristiques d'un gang et d'une organisation mafieuse et qui se livre à des activités criminelles et à de l'intimidation violente (The New York Times 22 avr. 2009; AFP 21 avr. 2009; Wall Street Journal 1er mai 2008).

Parmi ses activités, la secte Mungiki [traduction] « taxe » le transport public et l'accès aux services essentiels, comme l'eau et l'électricité (Nations Unies 22 févr. 2008; The New York Times 22 avr. 2009; Jane's 7 mars 2008). Ses membres ont la triste réputation de décapiter leurs victimes (The New York Times 22 avr. 2009; AFP 21 avr. 2009; Jane's 7 mars 2008). Ils se sont établis à Nairobi ainsi que dans la province du Centre (Daily Nation 14 juin 2009; Nations Unies 22 févr. 2008; Jane's 7 mars 2008) et exercent des activités dans certaines régions de la province de Rift Valley (Daily Nation 14 juin 2009). Selon le New York Times, la secte Mungiki [traduction] « semble s'implanter avec succès dans les régions rurales et dans les bidonvilles surpeuplés, là où le gouvernement du Kenya n'est pas très présent » (22 avr. 2009). La secte a été frappée d'interdiction par l'État en 2002 pour son implication dans des combines d'extorsion et dans des rackets de protection (AFP 21 avr. 2009; É.-U. 25 févr. 2009, sect. 2b; Jane's 7 mars 2008).

En 2007, des mesures de répression ont été prises contre la secte Mungiki par la police et les forces de sécurité (AFP 21 avr. 2009; Wall Street Journal 1er mai 2008; Jane's 7 mars 2008). Des centaines de jeunes hommes kikuyus qui étaient soupçonnés d'être membres de la secte Mungiki ont été tués au cours de la lutte contre cette secte (Wall Street Journal 1er mai 2008; BBC 29 avr. 2008; KNCHR nov. 2007, paragr. 1; HRW janv. 2009). La Commission nationale des droits de la personne du Kenya (Kenya National Commission on Human Rights – KNCHR), groupe de défense des droits de la personne indépendant mis sur pied par le gouvernement du Kenya (s.d.), a déposé un rapport préliminaire en novembre 2007 signalant que les corps de près de 500 jeunes hommes ont été trouvés entre juin et octobre 2007; la plupart d'entre eux avaient reçu une balle derrière la tête (KNCHR nov. 2007, paragr. 1).

À la fin 2007, la secte Mungiki a refait surface alors que régnait un climat de violence postélectorale entre les ethnies en raison de la réélection controversée du président Mwai Kibaki, un Kikuyu (Wall Street Journal 1er mai 2008; Nations Unies 22 févr. 2008; Jane's 7 mars 2008). Selon Human Rights Watch (HRW), 1 133 personnes ont été tuées au cours de la période postélectorale (janv. 2009). Les Mungikis se sont présentés comme des protecteurs de la population kikuyue contre les forces de l'opposition issues des autres groupes ethniques (ibid.; Nations Unies 22 févr. 2008).

Au début de l'année 2008, les Mungikis ont perpétré des attaques dans les villes de Naivasha et de Nakuru dans la province de Rift Valley (Wall Street Journal 1er mai 2008; HRW mars 2008, 45-51; International Crisis Group 21 févr. 2008, 10; Nations Unies 22 févr. 2008), où habitent beaucoup de personnes appartenant aux ethnies luo (Wall Street Journal 1er mai 2008) et kalenjin (International Crisis Group 21 févr. 2008, 10). Selon l'International Crisis Group, les Mungikis ont tué des femmes et des enfants ainsi que des membres de gangs (21 févr. 2008, 10). D'après un rapport de HRW, à Nakuru, un certain nombre de Luos ont été circoncis de force (HRW mars 2008, 50-51). De même, l'International Crisis Group signale que pas moins de 38 Luos sont décédés dans la région de Kariobangi après avoir été circoncis de force (21 févr. 2008, 9). Le Christian Science Monitor signale que les Mungikis ont aussi attaqué des Luos à Mathare, un bidonville de Nairobi, entrainant la mort de trois personnes et faisant plus d'une dizaine de blessés (29 janv. 2008).

Des sources font état d'allégations selon lesquelles les Mungikis sont alliés de près à des politiciens kikuyus de haut rang (Nations Unies 22 févr. 2008; Jane's 7 mars 2008). L'International Crisis Group signale que certains parlementaires pourraient avoir prêté serment de force, mais que certains d'entre eux considèrent que la secte est utile (21 févr. 2008, 13-14). Après la période de violences postélectorales, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le gouvernement aurait engagé les Mungikis et les aurait aidés à commettre des attaques (AFP 21 avr. 2009; Jane's 7 mars 2008; HRW mars 2008, 44; ibid. 6 févr. 2008). D'après un article de la British Broadcasting Corporation (BBC), des membres de la secte Mungiki auraient rencontré de hauts représentants du gouvernement à la résidence officielle du président afin de discuter de la possibilité d'embaucher la secte à titre de force de défense; le gouvernement a nié ces allégations (5 mars 2008). Selon le Wall Street Journal, le retour de la secte Mungiki en 2008 a été un coup dur pour le gouvernement de Mwai Kibaki, car il s'était employé à affaiblir le groupe (1er mai 2008).

Des sources affirment que des forces de sécurité ont été impliquées dans des exécutions extrajudiciaires ainsi que dans la disparition de présumés membres de la secte Mungiki (KNHCR nov. 2007, paragr. 1; É.-U. 25 févr. 2009, sect. 1a; Nations Unies 25 févr. 2009; Wall Street Journal 1er mai 2008). En octobre 2008, un policier qui avait fourni des renseignements à propos de ces allégations a été assassiné (The Guardian 25 févr. 2009; Nations Unies 25 févr. 2009; É.-U. 25 févr. 2009, sect. 1a).

En février 2009, à la suite d'une mission d'enquête au Kenya, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a publié un rapport selon lequel [traduction] « les meurtres perpétrés par des policiers sont courants » (Nations Unies 26 mai 2009, paragr. 5). Le Rapporteur spécial souligne qu'il a reçu des [traduction] « éléments de preuve probants » du fait que des membres de la secte Mungiki ont été pris pour cibles par des escadrons de la mort et que policiers ont exécuté sommairement des membres présumés de la secte (ibid., paragr. 10). Il a déclaré que les policiers qui avaient commis des meurtres jouissaient de l'impunité et que, souvent, ils avaient suivi les ordres de cadres supérieurs (ibid.). Dans son rapport, il demande le remplacement du commissaire de la police et du procureur général de l'État (ibid., paragr. 21, paragr. 30). Selon HRW, en février 2009, le ministre de la Sécurité intérieure (Minister for Internal Security) a admis devant le Parlement que les escadrons de la mort de la police avaient commis, pendant plusieurs années, des exécutions extrajudiciaires de présumés membres de la secte Mungiki (HRW 29 juin 2009, 6). En juin 2009, lors d'une séance des Nations Unies sur les droits de la personne à Genève, la délégation kényane a reconnu que les policiers avaient commis des exécutions extrajudiciaires, mais a nié que ces meurtres avaient été autorisés par le gouvernement du Kenya (Human Rights House Network 4 juin 2009).

En mars 2009, peu après la publication du rapport du Rapporteur spécial, deux militants de la Fondation Oscar pour une assistance juridique gratuite au Kenya (Oscar Foundation Free Legal Aid Clinic Kenya), organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits de la personne, ont été tués par balle (Washington Post 7 mars 2009; BBC 6 mars 2009; Times Online 7 mars 2009). La Fondation Oscar cherchait à attirer l'attention sur la question des exécutions extrajudiciaires de présumés membres de la secte (Washington Post 7 mars 2009; BBC 6 mars 2009; É.-U. 25 févr. 2009, sect. 1a). Les meurtres ont eu lieu quelques heures après qu'un porte-parole du gouvernement eut qualifié la Fondation Oscar de [traduction] « couverture » pour la secte Mungiki (Washington Post 7 mars 2009; Welt Online 6 mars 2009; Times Online 7 mars 2009).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 21 avril 2009. Ben Simon. « 29 Killed as Kenya Town Battles Violent Gang ». (Factiva)

British Broadcasting Corporation (BBC). 6 mars 2009. « Kenya Rights Activist Shot Dead ». [Date de consultation : 2 sept. 2009]
_____. 29 avril 2008. « Kenya Banned Sect Members Killed ». [Date de consultation : 9 sept. 2009]
_____. 5 mars 2008. « State 'Sanctioned' Kenyan Clashes ». [Date de consultation : 14 nov. 2009]

The Christian Science Monitor. 29 janvier 2008. Scott Baldauf. « Kenya's Infamous Mungiki Sect Gears up for Reprisal Killings ». [Date de consultation : 6 nov. 2009]

Daily Nation [Nairobi]. 14 juin 2009. « Mungiki: Kenya's Growing Crisis ». [Date de consultation : 6 nov. 2009]

États-Unis (É.-U.). 25 février 2009. Department of State. « Kenya ». Country Reports on Human Rights Practices for 2008. [Date de consultation : 5 nov. 2009]

The Guardian. 25 février 2009. Xan Rice. « UN Condemns Executions Carried out by Kenyan Police ». [Date de consultation : 12 sept. 2009]

Human Rights House Network. 4 juin 2009. « Kenya Backs Down on Police Killings at UN Hearing ». [Date de consultation : 12 nov. 2009]

Human Rights Watch (HRW). 29 juin 2009.Ben Rawlence. "Bring the Gun or You'll Die": Torture, Rape, and Other Serious Human Rights Violations by Kenyan Security Forces in the Mandera Triangle . [Date de consultation : 9 sept. 2009]
_____. Janvier 2009. « Kenya ». World Report 2009: Events of 2008. [Date de consultation : 9 sept. 2009]
_____. Mars 2008. Ben Rawlence. Ballots to Bullets: Organized Political Violence and Kenya's Crisis of Governance. [Date de consultation : 9 sept. 2009]
_____. 6 février 2008. « Hearing, 'The Immediate and Underlying Causes and Consequences of Flawed Democracy in Kenya' ». Présenté au Senate Committee On Foreign Relations, Subcommittee on African Affairs, des États-Unis. [Date de consultation : 9 sept. 2009]

International Crisis Group. 21 février 2008. Kenya in Crisis. (Africa Report No. 137) [Date de consultation : 9 sept. 2009]

Jane's Information Group. 7 mars 2008. « Kenya's Gangs: Exploiting the Political Crisis ». Jane's Intelligence Digest. [Date de consultation : 9 sept. 2009]

Kenya National Commission on Human Rights (KNCHR). Novembre 2007. Preliminary Report on Alleged Executions and Disappearance of Persons between June and October 2007. [Date de consultation : 13 nov. 2009]
_____. S.d. « About KNCHR ». [Date de consultation : 14 nov. 2009]

Nations Unies. 26 mai 2009. Promotion and Protection of All Human Rights, Civil, Political, Economic, Social and Cultural Rights, Including the Right to Development. Report of the Special Rapporteur on Extrajudicial, Summary or Arbitrary Executions, Philip Alston. (A/HRC/11/2/Add.6) [Date de consultation : 12 nov. 2009]
_____. 25 février 2009. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Kenya: Police Reform Key to Ending Impunity – UN Expert ». [Date de consultation : 5 nov. 2009]
_____. 22 février 2008. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Kenya: Armed and Dangerous ». [Date de consultation : 9 sept. 2009]

The New York Times. 22 avril 2009. Jeffrey Gettleman. « Kenyan Town Strikes Back Against its Tormenters ». [Date de consultation : 3 nov. 2009]

Times Online [Royaume-Uni]. 7 mars 2009. Tristan McConnell. « Rights Activist Oscar Kamau Kingara Shot Dead in Central Nairobi ». [Date de consultation : 9 sept. 2009]

The Wall Street Journal. 1er mai 2008. Sarah Childress. « Kenyan Gang Revives Amid Political Disarray: Resurgence of Violent Mungiki May Threaten Relative Stability That Has Returned to Nation ». [Date de consultation : 9 sept. 2009]

The Washington Post. 7 mars 2009. Stephanie McCrummen. « 2 Kenyan Rights Activists Slain; Pair Had Been Campaigning Against Illegal Killings by Police ». [Date de consultation : 12 nov. 2009]

Welt Online. 6 mars 2009. « Oscar Foundation: Murder of Rights Activists Shocks Kenya ». [Date de consultation : 2 sept. 2009]

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), European Country of Information Network (ecoi.net), Freedom House, Jamestown Foundation, Newsweek, Royaume-Uni – Home Office, Small Arms Survey.

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