Kosovo/Albanie : information sur l'armée nationale albanaise (Armata Kombetare Shqiptare - AKSh) qui est active au Kosovo

Contexte

Le Jane's Information Group, fournisseur de renseignements utilisés par des décideurs au sein d'entreprises, du gouvernement et de l'armée (s.d.), signale que l'armée nationale albanaise (Armata Kombetare Shqiptare – AKSh) existe depuis 1999 (6 avr. 2005). Par contre, selon un article paru dans le Southeast European Times (SE Times), l'AKSh a été mise sur pied en 2001 (14 nov. 2007).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un associé de recherche de l'université Durham résidant au Kosovo et spécialiste en matière de sécurité a déclaré que l'AKSh est un mouvement pan-albanais qui vise à unifier tous les territoires albanophones (associé de recherche 30 juill. 2008; AP 21 nov. 2007), y compris l'Albanie, le Kosovo, le sud de la Serbie, l'ouest de la Macédoine, le sud du Monténégro (PHW 2007 2007, 19-20) et le nord de la Grèce (associé de recherche 30 juill. 2008; voir aussi BIRN 2008). De même, Freedom House affirme que l'AKSh appuie [traduction] « la création d'une "Albanie élargie" dans les Balkans » (2008). En revanche, M. Arberi, désigné par deux médias comme le chef de l'AKSh (B92 21 janv. 2008; PanARMENIAN.net 8 janv. 2008), a déclaré en janvier 2008 que l'AKSh [traduction] « ne lutte pas pour l'unification pan-Albanaise, mais pour la protection de l'intégrité territoriale du Kosovo, s'il est menacé » (B92 21 janv. 2008).

Selon un article publié dans le SE Times, un commandant paramilitaire de l'AKSh aurait déclaré lors d'une entrevue accordée à l'Associated Press (AP) que [traduction] « les ennemis [de l'AKSh] sont la Serbie et la garde du tsar Lazar » (SE Times 14 nov. 2007). La garde du tsar Lazar est une organisation paramilitaire serbe qualifiée par la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) d'organisation [traduction] « terroriste » (SE Times 14 nov. 2007; AP 21 nov. 2007; voir aussi É.-U. 30 avr. 2008). Les Country Reports on Terrorism nous apprennent qu'en juin 2007, le porte-parole de l'AKSh, Gafurr Adili (É.-U. 30 avr. 2008; voir aussi AP 21 nov. 2007), a déclaré aux représentants des médias au Kosovo que, [traduction] « dans plusieurs villes du Kosovo, les membres de l'AKSh avaient distribué des feuillets dans lesquels ils menaçent de recourir à la violence si le groupe paramilitaire serbe la garde du tsar Lazar s'aventurait dans le Kosovo pour la commémoration annuelle du 28 juin de la bataille du Kosovo de 1389 » (É.-U. 30 avr. 2008).

Zone d'opérations

En ce qui a trait à la zone d'opérations de l'AKSh, on peut lire dans les Country Reports on Terrorism du département d'État (Department of State) des États-Unis (É.-U.) que [traduction] « l'AKSh affirme depuis longtemps n'exercer ses activités que dans les zones situées à l'extérieur de la zone sous le contrôle de la KFOR [Force pour le Kosovo] ou du Corps de protection du Kosovo, et aurait été également active dans le sud de la Serbie et l'ouest de la Macédoine » (É.-U. 30 avr. 2008; voir aussi PanARMENIAN.net 8 janv. 2008). Les Country Reports on Terrorism signalent également que le porte-parole de l'AKSh, Gafurr Adili [ou Gafur (PHW 2007 2007, 20)], a affirmé que l'AKSh [traduction] « "remplissait le vide" créé par l'abandon présumé par la KFOR de plusieurs villages situés près de la Serbie même, dans les municipalités de Podujevo et de Kamenica » (É.-U. 30 avr. 2008). Selon l'associé de recherche, le siège de l'AKSh se trouve dans l'est de l'Albanie et exerce principalement ses activités dans la région du nord-est de l'Albanie bordant le Kosovo (30 juill. 2008).

Adhésion

L'associé de recherche a déclaré que, sur le plan régional, l'AKSh est issue de différentes subdivisions de l'armée de libération du Kosovo (ALK) (30 juill. 2008). Un article de Radio Free Europe/Radio Liberty parle également des liens entre l'AKSh et l'ALK; selon cet article, l'AKSh [traduction] « comprend d'anciens membres du mouvement albanais nationaliste qui a engendré l'ALK séparatiste [...] » (8 nov. 2007). En ce qui a trait à la taille de l'AKSh, le SE Times affirme que l'AKSh compte environ 12 000 membres (14 nov. 2007; voir aussi AP 21 nov. 2007). Selon l'associé de recherche, il est difficile de déterminer la taille de l'AKSh parce qu'il s'agit d'une organisation clandestine (30 juill. 2008). De même, l'AP déclare [traduction] « [qu']il est difficile de connaître la taille du groupe » (21 nov. 2007). Selon le Jane's Information Group, [traduction] « comme c'est souvent le cas pour de petits groupes clandestins, [l'AKSh] est difficile à définir et encline à la scission » (6 avr. 2005).

Statut de l'AKSh au Kosovo

L'associé de recherche a signalé que la MINUK considère que l'AKSh est illégale (30 juill. 2008). On trouve la même information dans le Political Handbook of the World 2007 (PHW 2007) et les Country Reports on Terrorism, selon lesquels la MINUK a qualifié l'AKSh d'organisation [traduction] « terroriste » (PHW 2007 2007, 20) en 2003 (É.-U. 30 avr. 2008; B92 21 janv. 2008; voir aussi PanARMENIAN.net 8 janv. 2008). D'après B92, organisation des médias de Serbie reconnue pour son journalisme responsable et sa défense des droits de la personne (B92 s.d.), la décision de la MINUK de qualifier l'AKSh [traduction] « d'organisation terroriste » a été prise à la suite d'un attentat à la bombe contre un chemin de fer commis le 12 avril 2003 et attribué à l'AKSh (ibid. 21 janv. 2008). L'associé de recherche a déclaré qu'au Kosovo, l'AKSh n'a pas le droit d'organiser ou de mettre sur pied des structures politiques et militaires, ou de faire de la publicité à l'aide d'insignes ou de drapeaux (30 juill. 2008; voir aussi SE Times 14 nov. 2007).

Activités

Le Political Handbook of the World 2007 renferme l'information suivante sur l'AKSh :

[traduction]

Après avoir été active au Kosovo, en Macédoine et en Serbie dans les premières années de la décennie actuelle, l'AKSh serait devenue « entièrement clandestine » en 2004, à la suite de l'arrestation de plusieurs chefs de l'AKSh par l'OTAN.

En décembre 2004, un chef de l'AKSh, Gafur Adili, a été assigné à résidence à Tirana parce qu'il aurait encouragé des membres de l'AKSh à « intervenir » en Macédoine. Entre-temps, un autre chef présumé de l'AKSh, Idajet Beqiri, a été libéré de prison à Tirana, après que la Cour d'appel a annulé sa condamnation pour « incitation à la haine interethnique » (PHW 2007 2007, 20).

L'AKSh a revendiqué la responsabilité de nombreux attentats à la bombe au Kosovo (AP 21 nov. 2007; BIRN 2008), en Macédoine et en Serbie du sud (AP 21 nov. 2007). Selon le Balkan Investigative Reporting Network (BIRN), l'AKSh a proféré des menaces d'attaque et de guerre en Macédoine liées à ses demandes pour l'unification des Albanais (2008). Certaines sources ont signalé qu'en octobre 2007, des membres de l'AKSh ont déclaré pendant une émission diffusée par Radio Television Kosovo (RTK) qu'ils étaient prêts à défendre le Kosovo contre les menaces serbes (É.-U. 30 avr. 2008; Freedom House 2008; voir aussi associé de recherche 30 juill. 2008). De même, plusieurs sources déclarent que des membres de l'AKSh ont patrouillé des villes du nord du Kosovo (AP 21 nov. 2007; SE Times 14 nov. 2007; BIRN 2008) afin de prévenir toute menace serbe (AP 21 nov. 2007; SE Times 14 nov. 2007). On peut lire dans le Political Handbook of the World 2007 qu'en 2005, des Serbes ont affirmé que l'AKSh les avait ciblés au Kosovo (PHW 2007 2007, 20).

Selon l'associé de recherche, l'AKSh fait la promotion de ses politiques et pourrait être financée par des membres de la diaspora albanaise (30 juill. 2008). L'associé de recherche a ajouté que l'AKSh a un site Internet qui n'est pas à son nom (30 juill. 2008). La Direction des recherches a trouvé un site Internet appelé « Iliriapress » qui affiche l'insigne de l'AKSh sur certaines de ses pages, mais n'apporte aucune précision sur l'organisation (Iliriapress s.d.a; ibid. s.d.b). Le site Internet contient plutôt des déclarations au sujet de la séparation des Albanais de l'Albanie après la Seconde Guerre mondiale ainsi que des références culturelles sur le Kosovo et sur Pristina (Iliriapress s.d.a; ibid. s.d.b).

Recrutement forcé

En ce qui a trait au recrutement forcé, l'associé de recherche a affirmé que, compte tenu de la nature de la société albanaise, axée sur la famille et le clan, il est probable que les jeunes hommes membres d'une famille dans laquelle les hommes plus âgés sont des partisans de l'AKSh se sentent obligés d'adhérer, dans une certaine mesure, à l'orientation de la famille (30 juill. 2008). Il a insisté sur le fait que les familles albanaises sont souvent étiquetées selon leurs convictions politiques et qu'il est extrêmement difficile d'être apolitique (associé de recherche 30 juill. 2008). Si le père, les frères et les oncles d'un jeune homme font partie de l'AKSh, il se peut que ce dernier se sente obligé de participer aux activités du groupe (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées au sujet du recrutement forcé, la Direction des recherches n'a trouvé aucune autre information allant en ce sens ni aucun renseignement additionnel.

Protection offerte par l'État

Pour ce qui est de savoir si l'État offre une protection aux personnes ciblées par l'AKSh, la Direction des recherches a trouvé peu d'information à ce sujet parmi les sources qu'elle a consultées. Cependant, selon les Country Reports on Terrorism, en 2007, des procureurs étrangers ainsi que le Bureau du procureur spécial du Kosovo ont déposé un acte d'accusation contre l'AKSh et ont enquêté sur l'aile politique de l'AKSh, le Front pour l'unification nationale albanaise, relativement à des activités liées au [traduction] « terrorisme » (30 avr. 2008). Les Country Reports on Terrorism signalent également qu'en 2007, l'AKSh [traduction] « a continué à intimider les citoyens du Kosovo » (30 avr. 2008). L'associé de recherche a également parlé d'intimidation de la part de l'AKSh et a déclaré que l'AKSh a ciblé des personnes pour diverses raisons, en particulier pour des raisons liées à la politique (30 juill. 2008). L'information suivante est tirée d'un rapport publié en 2006 par le Centre de recherche sur l'OSCE.

[traduction]

Durant la première moitié de 2005, les rapports concernant les crimes portaient principalement sur un petit nombre d'attaques à motivation politique contre des installations de la MINUK et de l'OSCE et des politiciens modérés comme le président Rugova, et auraient été menées par l'AKSh, groupe albanais extrémiste (Stodiek 2006, 30-31).

Selon l'associé de recherche, les personnes qui pourraient faire l'objet de harcèlement de la part de l'AKSh sont celles qui [traduction] « participent activement au processus de réconciliation et au retour des Serbes au Kosovo » (30 juill. 2008). Il a notamment cité le cas d'un employé de la MINUK qui a été ciblé par l'AKSh (associé de recherche 30 juill. 2008). Au début, cette personne, qui identifiait dans un laboratoire médico-légal des victimes provenant de fosses communes, déterminait l'identité des Albanais de souche qui avaient été tués par des Serbes (ibid.). Par la suite, après avoir commencé à identifier des victimes serbes, la personne en question a reçu des menaces assez sérieuses pour qu'elle craigne pour sa vie (ibid.). L'associé de recherche a souligné le fait que, dans ce cas, le travail de cette personne pour la communauté internationale lui a valu des menaces de la part de l'AKSh (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Associé de recherche, université Durham [Royaume-Uni]. 30 juillet 2008. Entretien téléphonique.

Associated Press (AP). 21 novembre 2007. « Ethnic Albanian Paramilitary Group Claims to Have Support Throughout Kosovo ». (International Herald Tribune) [Date de consultation : 2 juill. 2008]

B92 [Belgrade]. 21 janvier 2008. « Kosovo Terror Group Issues Fresh Threats ». [Date de consultation : 17 juill. 2008]
_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 20 août 2008]

Balkan Investigative Reporting Network (BIRN). 2008. « Armed Groups Patrolling Kosovo ». [Date de consultation : 2 juill. 2008]

États-Unis (É.-U.). 30 avril 2008. « Kosovo ». Department of State. Country Reports on Terrorism. [Date de consultation : 31 juill. 2008]

Freedom House. 2008. « Kosovo ». Freedom in the World 2008. [Date de consultation : 31 juill. 2008]

Iliriapress. S.d.a. « Albania ». [Date de consultation : 31 juill. 2008]
_____. S.d.b. « Prishtina ». [Date de consultation : 31 juill. 2008]

Jane's Information Group. 6 avril 2005. « Albanian National Army (AKSh), Groups – International – Active ». [Date de consultation : 17 juill. 2008]
_____. S.d. « Company Overview ». [Date de consultation : 26 août 2008]

PanARMENIAN.net [Yerevan]. 8 janvier 2008. « Albanian National Army Preparing for War? » [Date de consultation : 20 août 2008]

Political Handbook of the World 2007 (PHW 2007). 2007. « Albania », p. 12-20. Sous la direction d'Arthur Banks, de Thomas Muller et de William Overstreet. Washington, DC : CQ Press.

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 8 novembre 2007. Valentinas Mite. « A Firefight in Northwestern Macedonia, Mostly Populated by Ethnic Albanians, Has Left Eight People Dead ». [Date de consultation : 2 juill. 2008]

Southeast European Times (SE Times) [Commandement des forces des États-Unis en Europe]. 14 novembre 2007. « Report: ANA Paramilitaries Patrolling Northern Kosovo Towns ». [Date de consultation : 2 juill. 2008]

Stodiek, Thorsten. 2006. Centre de recherches sur l'OSCE. « The OSCE and the Creation of Multi-Ethnic Police Forces in the Balkans ». [Date de consultation : 21 août 2008]

Autres sources consultées

Publication : Revolutionary and Dissident Movements of the World.

Sites Internet, y compris : Amnesty International (AI), British Broadcasting Corporation (BBC), Child Soldiers Global Report 2008, European Country of Origin Information Network (ecoi.net), International Crisis Group, Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN).