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Bahamas : information sur la situation des minorités sexuelles, y compris le traitement que leur réservent la société et les autorités; la protection de l'État et les services de soutien offerts (2009-novembre 2013)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 4 December 2013
Citation / Document Symbol BHS104686.EF
Related Document(s) Bahamas: Situation of sexual minorities, including treatment by society and authorities; state protection and support services available (2009-November 2013)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Bahamas : information sur la situation des minorités sexuelles, y compris le traitement que leur réservent la société et les autorités; la protection de l'État et les services de soutien offerts (2009-novembre 2013), 4 December 2013, BHS104686.EF , available at: https://www.refworld.org/docid/52eb98c64.html [accessed 18 May 2023]
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1. Situation juridique

Des sources soulignent que l'homosexualité a été décriminalisée aux Bahamas en 1991 (AI juill. 2012, 5; Nations Unies 22 mars 2013, paragr. 30). Certaines sources précisent que les Bahamas sont le seul pays anglophone des Caraïbes où les actes homosexuels sont légaux (AI juill. 2012, 5; IPS 22 nov. 2011).

Plusieurs sources font observer que la constitution ne prévoit aucune mesure de protection contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle (AI juill. 2012, 6; Nations Unies 22 mars 2013, paragr. 29; Freedom House 2013). De plus, la loi de 2001 sur l'emploi (Employment Act of 2001) n'aborde pas la question de la protection contre la discrimination en milieu de travail fondée sur l'orientation sexuelle (AI juill. 2012, 6; BLEA s.d.b).

L'âge du consentement serait fixé à 18 ans dans le cas des actes homosexuels, alors qu'il est fixé à 16 ans pour ce qui est des actes hétérosexuels (AI juill. 2012, 6; BLEA s.d.a; É.-U. 19 avr. 2013, 22).

Amnesty International (AI) souligne que l'article 2 de la loi sur la violence familiale (ordonnances de protection) (Domestic Violence (Protection Orders) Act) définit le terme [traduction] « partenaire » comme « une partie à une relation commune entre un homme et une femme », et ne prévoit pas d'ordonnance de protection pour les couples homosexuels (AI juill. 2012, 6).

2. Traité réservé par la société

2.1 Attitudes de la société

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le coordonnateur de la sous-région de l'Ouest du Caribbean Forum for the Liberation of All Genders and Sexualities (Cari-FLAGS), une ONG qui défend les droits des LGBT et qui est membre de l'Association internationale des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles, trans et intersexuelles (International Lesbian Gay Bisexual Transgender and Intersex Association - ILGA) depuis 2010 (ILGA s.d.), a dit que [traduction] « le sentiment homophobe est aussi fort [aux Bahamas] que dans le reste des Caraïbes orientales » et que « l'homophobie est omniprésente dans la vie culturelle et est également exprimée dans la religion, la musique et d'autres domaines » (Cari-FLAGS 26 nov. 2013). Des sources signalent que les minorités sexuelles sont exposées à la [traduction] « réprobation sociale » (SASH Bahamas 25 nov. 2013; Pink News 24 nov. 2011). Le premier ministre des Bahamas a reconnu que l'homosexualité suscitait toujours une [traduction] « importante réprobation » aux Bahamas (cité par IPS 22 nov. 2011).

Pour expliquer l'homophobie aux Bahamas, le coordonnateur du Cari-FLAGS a décrit le contexte des Caraïbes de la manière suivante :

[traduction]

Dans les Caraïbes orientales, l'hypermasculinité est valorisée, et on s'attend à ce que les hommes noirs, en particulier, expriment leur masculinité suivant la norme hégémonique. On considère que les hommes ouvertement gais, les hommes efféminés ou les transgenres dénaturent la virilité. Ces valeurs sont rigoureusement défendues, et il est culturellement acceptable d'avoir recours à la violence physique contre les hommes qui ne se conforment pas à ces normes sexuelles (Cari-FLAGS 26 nov. 2013).

D'après le coordonnateur du Cari-FLAGS, les Caraïbes orientales ont une culture [traduction] « hostile » aux lesbiennes, même si la réaction n'est pas « aussi extrême » qu'elle l'est dans le cas des gais (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

Des sources soulignent que les LGBT ont généralement peur de parler ouvertement de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre aux Bahamas (SASH Bahamas 25 nov. 2013; Cari-FLAGS 26 nov. 2013; GlobalGayz s.d.). D'après le coordonnateur du Cari-FLAGS, les LGBT craignent de [traduction] « faire l'objet d'ostracisme, d'exclusion, de dérision et, possiblement, de violence » (Cari-FLAGS 26 nov. 2013) s'ils parlent ouvertement de leur orientation sexuelle. Par ailleurs, au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un représentant de la Société contre les ITS et le VIH aux Bahamas (Society Against STIs and HIV in the Bahamas - SASH Bahamas), ONG de Nassau qui défend la communauté LGBT (SASH s.d.), a dit que les LGBT craignent que [traduction] « leur vie soit détruite » si leur orientation sexuelle est révélée (25 nov. 2013).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une défenseure des droits de la personne qui participe à plusieurs activités touchant les LGBT, y compris celles de la SASH Bahamas et du Cari-FLAGS, et qui a déjà été porte-parole de l'ancien groupe de défense des droits des LGBT Rainbow Alliance of the Bahamas (RAB) a donné son point de vue, qui est le suivant :

[traduction]

La majorité des LGBT « n'affichent pas » leur orientation sexuelle comme on l'entend généralement; ils dosent la visibilité et la discrétion dans leurs cercles personnels et professionnels. La violence physique et psychologique est habituellement dirigée vers les personnes « ouvertement » LGBT comme les militants et les personnes qui déclarent publiquement leur orientation sexuelle ou leur identité de genre (défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013).

Elle a souligné qu'il est souvent considéré que les militants et les personnes ouvertement LGBT ont un [traduction] « programme international néfaste » à promouvoir et « "normalisent" » l'homosexualité, et qu'ils sont « fréquemment exclus des milieux de travail ordinaires et d'autres espaces sociaux et communautaires » (ibid.). Elle a expliqué que les jeunes LGBT [traduction] « sont dans bien des cas victimes de violence psychologique, spirituelle et physique de la part de leurs parents, de leurs tuteurs, de leurs enseignants et de leurs pairs » (ibid.).

Des sources signalent qu'aucun événement de la fierté gaie n'est célébré aux Bahamas (SASH Bahamas 25 nov. 2013; GlobalGayz s.d.).

2.2 Violence

Des sources précisent que des LGBT aux Bahamas ont été victimes d'actes de violence, y compris de meurtres (SASH Bahamas 25 nov. 2013; défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013) et d'agressions physiques (SASH Bahamas 25 nov. 2013; Cari-FLAGS 26 nov. 2013; défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013).

Cependant, des sources font observer que bon nombre des actes de violence commis contre des LGBT ne sont pas signalés (SASH Bahamas 25 nov. 2013; défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013). Selon la défenseure des droits de la personne,

[traduction]

[d]epuis 2009, un certain nombre de LGBT ont été tués ou agressés. Dans la très grande majorité des cas, il n'existe aucune documentation officielle sur ces incidents. Dans de nombreux cas de meurtre, la famille ou les amis de la victime ignorent que celle-ci appartient à la communauté LGBT ou refusent d'en informer les enquêteurs. Beaucoup de LGBT omettent de signaler les actes de violence dont ils font l'objet à la police ou même à des organisations LGBT, ce qui ne fait que compliquer davantage le processus de documentation (défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013).

La même source explique qu'il est difficile de déterminer si les actes de violence commis contre les LGBT sont des [traduction] « crimes haineux » ou « découlent de dynamiques sociales et interpersonnelles complexes et multidimensionnelles », particulièrement en raison de l'absence de mécanismes permettant de parvenir à de telles conclusions (ibid.).

Le représentant de la SASH Bahamas a donné l'exemple suivant d'un homme gai assassiné récemment :

[traduction]

Au cours des six derniers mois, un homme gai a été poignardé et un autre a été assassiné après qu'ils ont ramené l'agresseur chez eux tard dans la nuit. L'accusation portée a été réduite, passant de meurtre à homicide, car l'agresseur affirme avoir réagi en légitime défense à des avances homosexuelles, même si le témoin survivant soutient que rien n'a provoqué l'agression (25 nov. 2013).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur cet incident.

On peut lire dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2012 du Département d'État des États-Unis que, en juillet 2011, un photographe nommé Shavado Simmons a été assassiné; certains membres de la communauté LGBT affirment qu'il a été tué par représailles, parce qu'il a induit quelqu'un en erreur alors qu'il était habillé [traduction] « "en femme" » (19 avr. 2013, 22). La Bahamas LGBT Equality Advocates (BLEA), organisation de défense des droits des LGBT à but non lucratif (BLEA s.d.a), a aussi fait état de ce cas, affirmant que l'homme a été [traduction] « exécuté » et que ses amis croient qu'il s'agit d'un « crime haineux » (BLEA s.d.b). Il est également écrit dans le Tribune, journal de Nassau, que le meurtre du photographe pouvait être un [traduction] « crime haineux, lié à son présumé mode de vie alternatif » (The Tribune 19 juill. 2011). Il ressort des Country Reports 2012 que l'affaire n'avait toujours pas été résolue à la fin de 2012 (É.-U. 19 avr. 2013, 22).

2.3 Discrimination

Des sources soulignent que les personnes considérées comme des LGBT font l'objet de discrimination (SASH Bahamas 25 nov. 2013; Cari-FLAGS 26 nov. 2013; AI 2013). La discrimination est pratiquée dans le domaine de l'emploi (SASH Bahamas 25 nov. 2013; Cari-FLAGS 26 nov. 2013; É.-U. 19 avr. 2013, 21) et du logement (ibid.; Cari-FLAGS 26 nov. 2013).

Le coordonnateur du Cari-FLAGS a expliqué :

[traduction]

Les LGBT aux Bahamas disent être victimes de discrimination dans les domaines de l'emploi, de l'éducation et du logement, particulièrement s'ils sont ouvertement gais, efféminés ou transgenres. Il est très difficile pour les personnes ouvertement homosexuelles d'occuper des emplois réguliers de 9 h à 17 h dans certains secteurs. Bon nombre d'entre eux affirment craindre de perdre leur emploi si leur orientation sexuelle est révélée (ibid.).

Le représentant de la SASH Bahamas a entendu parler de cas où des personnes ont perdu leur emploi en raison de leur orientation sexuelle, soulignant toutefois que les employeurs [traduction] « fournissent [habituellement] une excuse différente » (SASH Bahamas 25 nov. 2013).

En ce qui concerne la discrimination dans les domaines de l'éducation et du logement, le coordonnateur du Cari-FLAGS a dit ce qui suit :

[traduction]

Les LGBT sont victimes d'intimidation à l'école dès un jeune âge, lorsque leur orientation sexuelle ou leur identité de genre commencent à se définir, et certains propriétaires refusent de louer des logements aux LGBT, car pour bon nombre d'entre eux, en particulier ceux qui sont religieux, les homosexuels ne sont pas considérés comme des citoyens respectables ou pourvus de moralité (Cari-FLAGS 26 nov. 2013).

Le coordonnateur du Cari-FLAGS a déclaré que les minorités sexuelles de la [traduction] « classe socioéconomique inférieure » sont « particulièrement vulnérables à la discrimination et aux mauvais traitements » (ibid.).

Le représentant de la SASH Bahamas a expliqué que, comme il n'existe aucune organisation auprès de laquelle les LGBT peuvent signaler les incidents de discrimination, [traduction] « il est difficile de connaître l'étendue du problème » (25 nov. 2013). Par ailleurs, la défenseure des droits de la personne a déclaré que les LGBT victimes de discrimination [traduction] « [ne] disposent [d'aucun] recours clair » et qu'il n'existe aucun mécanisme officiel visant à documenter et à surveiller les violations des droits de la personne aux Bahamas (27 nov. 2013). D'autres sources confirment qu'il n'y a aucun cadre juridique pour protéger les LGBT contre la discrimination (AI 2013; Gaystarnews.com 31 déc. 2012).

3. Protection offerte par l'État

AI souligne que les autorités des Bahamas n'ont élaboré aucune politique ni aucun programme afin de lutter contre l'homophobie (AI juill. 2012, 7). Le coordonnateur du Cari-FLAGS a dit que, bien que les Bahamas peuvent sembler [traduction] « progressistes » comparativement à certains autres pays des Caraïbes, « dans la pratique, il a été signalé de manière notable que les minorités sexuelles ont un accès inégal [aux voies de droit] » (Cari-FLAGS 26 nov. 2013).

3.1 Police

Le coordonnateur du Cari-FLAGS a exprimé ainsi son point de vue quant au traitement que réserve la police aux minorités sexuelles dans la région des Caraïbes en général :

[traduction]

Il est difficile de généraliser; certains policiers peuvent agir de manière professionnelle, alors que d'autres peuvent manquer de respect envers les LGBT. Les attitudes culturelles veulent que les homosexuels ne soient pas tenus en haute estime, ce que l'on peut également constater dans la manière dont les policiers les traitent. Cependant, partout dans les Caraïbes, un plus grand nombre de LGBT s'adressent à la police et lui signalent les incidents de violence dont ils font l'objet alors que les systèmes de gouvernance s'améliorent. Toutefois, un problème majeur touche généralement la région dans son ensemble, à savoir que des crimes demeurent non résolus. Par conséquent, de nombreux LGBT hésitent à utiliser le système officiel, car ils craignent de ne jamais obtenir justice, particulièrement si leur problème est lié à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre, des notions qui suscitent souvent le dédain dans la population (26 nov. 2013).

Le représentant de la SASH Bahamas a dit que les LGBT éprouvent des difficultés lorsqu'ils sollicitent la protection de la police, faisant remarquer que les policiers [traduction] « ridiculisent et insultent les LGBT ou leur sourient d'un air suffisant s'ils font connaître ouvertement leur orientation sexuelle » (SASH Bahamas 25 nov. 2013). Il a dit que, [traduction] « selon la mentalité qui prévaut, les LGBT n'ont aucun droit » et que personne ne « veille » à ce que les droits des minorités sexuelles soient respectés (ibid.). Le représentant de la SASH Bahamas a signalé que, pour cette raison, [traduction] « la police peut traiter [les minorités sexuelles] comme bon lui semble » (ibid.).

De même, la défenseure des droits de la personne a déclaré que, [traduction] « [m]ême si la Force de police royale des Bahamas (Royal Bahamas Police Force) n'a aucune politique particulière contre les LGBT, il arrive souvent que des policiers tournent en dérision, ridiculisent et maltraitent les LGBT qui tentent de signaler les actes de violence commis contre eux et des membres de leur communauté » (défenseure des droits de la personne 27 nov. 2013). Cependant, la même source a fait observer que [traduction] « cela ne se produit pas dans chaque cas et que certains policiers font preuve de sensibilité à l'égard de la communauté LGBT » (ibid.).

La défenseure des droits de la personne, qui parle ouvertement de son orientation sexuelle, a affirmé qu'elle avait informé la police qu'on la traquait il y a plus de quatre ans et que l'affaire n'était toujours pas résolue (ibid.). Toutefois, elle a aussi précisé qu'elle est [traduction] « incapable de dire avec certitude si la non-résolution de l'affaire est attribuable à la discrimination ou à l'incompétence au sein de la force de police » (ibid.). Néanmoins, elle a également souligné qu'en général, il est [traduction] « difficile de déterminer si c'est à cause du fait que la police ne se préoccupe pas de la communauté LGBT ou si c'est à cause du fait que la communauté LGBT elle-même et les amis ou la famille des victimes ne donnent pas suffisamment de renseignements à la police que les cas de violence commis contre des membres de la communauté LGBT ne sont pas réglés » (ibid.).

Pour donner un exemple de traitement que la police réserve aux LGBT, le représentant de la SASH Bahamas a fait état d'un cas où une personne victime de violence conjugale dans le cadre d'une relation homosexuelle s'est adressée à la police pour obtenir de l'aide et s'est vu informer que, comme il n'y avait pas de papier au poste de police, les policiers ne pouvaient pas rédiger un rapport (SASH Bahamas 25 nov. 2013).

Le représentant de la SASH Bahamas s'est dit d'avis que [traduction] « les policiers et le personnel de l'appareil judiciaire croient toujours la personne qui affirme être hétérosexuelle plutôt que la personne considérée comme appartenant à la communauté LGBT » (ibid.). En ce qui concerne la discrimination dont les policiers font preuve à l'égard des LGBT, il a dit ceci :

[traduction]

Aucun crime commis contre une personne LGBT n'a été résolu de manière équitable ou de la même façon que l'ont été d'autres crimes. Dans les cas de meurtre, la police ne trouve habituellement pas les meurtriers. Si une personne LGBT signale un incident de violence ouvertement à la police, celle-ci se prononcera contre la victime et soutiendra qu'elle a eu ce qu'elle méritait (ibid.).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

3.2 Appareil judiciaire

Des sources font état de cas où des accusés ont affirmé avoir réagi en légitime défense à des avances homosexuelles pour justifier le fait qu'ils ont tué des LGBT aux Bahamas (AI juill. 2012, 6; Bahamaslocal.com 11 juin 2010; SASH Bahamas 25 nov. 2013). D'après le représentant de la SASH Bahamas, lorsque des LGBT sont assassinés, [traduction] « aucune peine n'est infligée au meurtrier la plupart du temps » et « l'accusé [se défend en affirmant] que la victime essayait de le violer » (SASH Bahamas 25 nov. 2013).

Amnesty International souligne que [traduction] « le paragraphe 107(4) du code pénal justifie l'utilisation de la force contre une personne, même le meurtre, dans différentes situations "[d'] extrême nécessité", y compris "un crime contre nature commis par la force" » (AI juill. 2012, 6). Amnesty International s'est dite préoccupée par le fait qu'en raison de l'utilisation de l'expression [traduction] « "contre nature" », cette disposition législative est utilisée pour pratiquer la discrimination contre les LGBT et justifier les meurtres commis en réaction à de présumées « "avances homosexuelles" » (ibid.).

Des sources signalent qu'en 2010, la Cour d'appel des Bahamas a maintenu la période de probation de trois ans imposée à Lathario Jones, qui a tué Trevor Wilson en 2004 et qui a affirmé avoir commis le meurtre pour se défendre contre les avances sexuelles de la victime (AI juill. 2012, 6; Bahamaslocal.com 11 juin 2010; Bahamas 31 mai 2010, 3). Selon certaines sources, la Cour d'appel a déclaré que le crime avait été commis en légitime défense, [traduction] « "car toute personne a le droit d'utiliser la force nécessaire pour éviter d'être victime d'un acte homosexuel" » (AI juill. 2012, 6; Bahamas 31 mai 2010, 3; BLEA s.d.b) et que l'accusé avait été [traduction] « "provoqué" » par les avances sexuelles faites à son endroit (BahamasB2B.com 10 juin 2010; Bahamaslocal.com 11 juin 2010). Amnesty International précise que rien ne démontre que la victime avait été violente envers l'accusé avant le meurtre (AI juill. 2012, 6).

Des sources font état d'un autre cas datant de 2009 où l'accusé, Frederick Green-Neely, a été acquitté du meurtre de Dale Williams, qu'il avait poignardé en 2004 quand celui-ci lui aurait fait des avances sexuelles (AI juill. 2012, 6; Pink News 2 févr. 2009). L'accusé aurait fait valoir qu'il [traduction] « "défendait sa virilité" » (AI juill. 2012, 6; Pink News 2 févr. 2009) et qu'il s'était retrouvé dans [traduction] « "un état de folie violente et passagère" » (AI juill. 2012, 6).

4. Services de soutien

On peut lire dans les Country Reports 2012 que les ONG qui apportent leur soutien aux LGBT sont en mesure de mener ouvertement leurs activités aux Bahamas (É.-U. 19 avr. 2013, 22). Le coordonnateur du Cari-FLAGS fait remarquer qu'il existe quelques ONG auxquelles les LGBT peuvent s'adresser pour obtenir de l'aide (26 nov. 2013). Selon sa page Facebook, la BLEA a été mise sur pied en 2011, lutte contre l'homophobie et milite en faveur de l'adoption de lois qui protègent les LGBT contre la discrimination (BLEA s.d.a). Au dire du représentant de la SASH Bahamas, les organisations qui travaillent auprès de la communauté LGBT ont de la difficulté à recevoir du financement (SASH Bahamas 25 nov. 2013). Il a affirmé ceci :

[traduction]

En ce qui concerne mon organisation, qui mène des activités dans les domaines des ITS et du VIH ou du sida, nous avons même de la difficulté à recevoir le financement international affecté à notre programme lorsque le dossier est présenté au gouvernement. Le gouvernement ne veut pas donner l'impression qu'il appuie les initiatives touchant la santé des homosexuels (ibid.).

Amnesty International souligne que des groupes LGBT locaux ont eu de la difficulté à avoir accès à des médias publics pour parler de questions touchant les LGBT, par exemple pour faire la promotion de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie et la transphobie en 2012 (AI juill. 2012, 7).

Le représentant de la SASH Bahamas a expliqué que des organisations et des personnes hésitent à participer à la surveillance des actes de discrimination et des mauvais traitements dont sont victimes les LGBT, parce que [traduction] « [n'] importe qui a peur d'être ostracisé si on le voit aider une personne homosexuelle ou une organisation qui défend les homosexuels. Même dans la communauté LGBT, il est difficile de faire participer les gens, qui ne souhaitent pas être considérés comme des homosexuels » (25 nov. 2013).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur l'aide juridique offerte aux LGBT aux Bahamas.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Amnesty International (AI). 2013. « Bahamas ». The State of the World's Human Rights: Annual Report 2013. [Date de consultation : 20 nov. 2013]

_____. Juillet 2012. Bahamas. Legislative Challenges Obstruct Human Rights Progress. Amnesty International Submission to the UN Universal Periodic Review, January-February 2013. [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Bahamas. 31 mai 2010. The Attorney General vs Latherio Jones. [Date de consultation : 3 déc. 2013]

Bahamas LGBT Equality Advocates (BLEA). S.d.a. « About ». [Date de consultation : 22 nov. 2013]

_____. S.d.b. Local LGBT News from 2011. [Date de consultation : 14 nov. 2013]

BahamasB2B.com. 10 juin 2010. « Bahamas Court Upholds Lenient Sentence in Gay Murder Case ». [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Bahamaslocal.com. 11 juin 2010. « Judge: Killing was Justified to Avoid a Homosexual Act ». [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Caribbean Forum for the Liberation of All Genders and Sexualities (Cari-FLAGS). 26 novembre 2013. Entretien téléphonique avec le coordonnateur de la sous-région de l'Ouest.

Défenseure des droits de la personne. 27 novembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

États-Unis (É.-U.). 19 avril 2013. Department of State. « Bahamas ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Freedom House. 2013. « Bahamas ». Freedom in the World. [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Gaystarnews.com. 31 décembre 2012. Tris Reid-Smith. « Bahamas Bishop Brands Clergy Who Attack Gays as Closet Cases ». [Date de consultation : 20 nov. 2013]

GlobalGayz. S.d. « Bahamas, Caribbean ». [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Inter Press Service (IPS). 22 novembre 2011. Peter Richards. « Caribbean: Fresh Challenges Accompany Progress in AIDS Flight ». (Factiva)

International Lesbian Gay Transger and Intersex Association (ILGA). S.d. « CARIFLAGS Caribbean Forum for Liberation and Acceptance of Genders and Sexualities ». [Date de consultation : 3 déc. 2013]

Nations Unies. 22 mars 2013. Conseil des droits de l'homme. Reports of the Working Group on the Universal Periodic Review. Bahamas. (A/HRC/23/8) [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Pink News. 24 novembre 2011. « High HIV Rates in Bahamas Blamed on Homophobia ». [Date de consultation : 2 déc. 2013]

_____. 2 février 2009. « Nassau Man Freed After Using Gay Panic Defence ». [Date de consultation : 20 nov. 2013]

Society Against STIs and HIV (SASH) Bahamas. 25 novembre 2013. Entretien téléphonique avec un représentant.

_____. S.d. « SASH Bahamas - Advocacy ». [Date de consultation : 3 déc. 2013]

The Tribune [Nassau]. 19 juillet 2011. « Murder Victim 'Ran for his Life' ». [Date de consultation : 3 déc. 2013]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants des organisations suivantes dans les délais voulus ont été infructueuses : Bahamas LGBT Equality Advocates; ONUSIDA. La personne et les organisations suivantes n'ont pas pu fournir de renseignements : professeur agrégé, Université York; AIDS-Free World; Bahamas Human Rights Network; Caribbean Vulnerable Communities Coalition.

Sites Internet, y compris : Association internationale des lesbiennes, des gays, des personnes bisexuelles, trans et intersexuelles; Bahamas - Laws Online Database; Royal Bahamas Police Force; Caribbean Vulnerable Communities Coalition; ecoi.net; Factiva; Gay Law Net; Human Rights Watch; International Gay and Lesbian Human Rights Commission; Nassau Guardian; Nations Unies - Refworld, ONUSIDA.

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