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Bénin : information sur les conflits entre les adeptes du vaudou et les chrétiens; information sur le groupe connu sous le nom de « sakpata », leurs rites d'initiation, ainsi que la protection offerte par l'État aux personnes qui refusent de se soumettre à ces rites (2012-octobre 2013)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 11 October 2013
Citation / Document Symbol BEN104596.EF
Related Document(s) Benin: Conflicts between Vodun practioners and Christians; information on the group known as "Sakpata," as well as their initiation practices, including state protection for those who refuse to participate (2012-October 2013)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Bénin : information sur les conflits entre les adeptes du vaudou et les chrétiens; information sur le groupe connu sous le nom de « sakpata », leurs rites d'initiation, ainsi que la protection offerte par l'État aux personnes qui refusent de se soumettre à ces rites (2012-octobre 2013), 11 October 2013, BEN104596.EF , available at: https://www.refworld.org/docid/52eb86514.html [accessed 18 May 2023]
DisclaimerThis is not a UNHCR publication. UNHCR is not responsible for, nor does it necessarily endorse, its content. Any views expressed are solely those of the author or publisher and do not necessarily reflect those of UNHCR, the United Nations or its Member States.

1. Rapport entre le vaudou et le christianisme au Bénin

1.1 Présence du vaudou

Le vodun [ou vodoun] est le nom que l'on donne au vaudou au Bénin (professeur agrégé 25 sept. 2013; É.-U. 20 mai 2013, 1; The Huffington Post 11 janv. 2013). Le vaudou a été officiellement reconnu en tant que religion au pays en 1996 (The New York Times3 févr. 2012; Nations Unies 9 janv. 2009). Des sources signalent que, selon les recensements les plus récents menés en 2002, 17 p. 100 de la population se considèrent comme adeptes du vaudou (É.-U. 20 mai 2013, 1; Libération 6 janv. 2012).

Selon des sources, le vaudou est plus présent au Sud du Bénin (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; boursier postdoctoral 19 sept. 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un anthropologue qui a vécu et travaillé dans plusieurs communautés au Bénin a déclaré que la pratique du vaudou est moins importante dans le Nord du pays, où la vie religieuse est centrée sur l'islam (20 sept. 2013).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un boursier postdoctoral en anthropologie de l'Université de Copenhague dont les recherches sont partiellement axées sur la religion au Bénin, notamment le christianisme et le vaudou, a affirmé que les groupes ethniques, au Sud, pratiquant le vaudou comprennent notamment les suivants : Fon, Yoruba, Mina/Adja, Goun, Toffin, Nagot et autres groupes associés (boursier postdoctoral 19 sept. 2013).

Plusieurs sources mettent en garde contre la généralisation au sujet des pratiques vaudou, car celles-ci varient d'un bout à l'autre du pays, selon les régions et les groupes ethniques (professeur agrégé 25 sept. 2013; anthropologue 19 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013). Des sources signalent également que les pratiques peuvent varier dans une même localité (anthropologue 19 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur adjoint invité, à l'Université d'État du Dakota du Nord, qui a fait des recherches sur le terrain, au Bénin, concernant le vaudou est allé encore plus loin, affirmant que bien qu'il puisse y avoir des éléments communs selon les régions, [traduction] « les pratiques vaudou peuvent varier d'une localité à l'autre, d'une famille à l'autre, d'une maison à l'autre et même d'une personne à l'autre » (professeur adjoint invité 30 sept. 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur agrégé d'anthropologie du Collège universitaire Agnes Scott (Agnes Scott College), dont les sujets de recherches comprennent le Bénin et le vaudou ainsi que le christianisme en Afrique, a expliqué ce qui suit :

[traduction]

[i]l y a évidemment des rites d'initiation semblables à divers endroits au Bénin, et il existe des associations de prêtres vaudou qui échangent des renseignements et discutent des rituels, mais le vaudou n'est pas une religion orthodoxe liée à des textes, des documents ou une liturgie. Par conséquent, il y a certainement de nombreuses différences entre les régions, les groupes ethniques et les prêtres eux-mêmes (professeur agrégé 25 sept. 2013).

De plus, selon un article des Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies, il est difficile d'obtenir de l'information concernant les rites d'initiation vaudous (Nations Unies 9 janv. 2009). L'article souligne que [version française des Nations Unies] « les rites vaudous sont depuis longtemps accessibles uniquement aux disciples et prêtres », et il précise que les initiés ne discutent pas de leur initiation (ibid.). L'anthropologue a affirmé qu'il n'existe aucun processus transparent officiel en ce qui concerne les pratiques vaudoues et que celles-ci ne sont pas abordées ouvertement (anthropologue 27 sept. 2013b). Il a expliqué qu'en raison de sa nature secrète, des [traduction] « histoires » circulent au sujet du vaudou, et il souligne que certaines de ces histoires découlent de la « démonisation » du vaudou par les chrétiens (ibid.). Il a précisé que peu importe si certaines histoires sont vraies ou non, même des adeptes du vaudou vont y croire et les faire circuler (ibid.).

Le professeur agrégé a aussi affirmé ce qui suit :

[traduction]

[d]es histoires circulent au sujet de personnes (surtout des enfants et des jeunes femmes) soumises contre leur gré à des initiations ou même à des violences physiques ou sexuelles de la part des chefs vaudous, bien que je ne puisse pas confirmer leur véracité ni leur fréquence, car, comme la plupart des informations liées au vaudou, ces détails ne seraient connus que par les membres du groupe qui étaient présents (25 sept. 2013).

1.2 Présence du christianisme

Des sources affirment que, selon le recensement de 2002, 27 p. 100 de la population du Bénin s'identifient comme étant catholiques (É.-U. 20 mai 2013, 1; Libération 6 janv. 2012). De même, le World Factbook de l'Agence centrale de renseignements (Central Intelligence Agency - CIA) signale que, d'après le recensement, environ 10,4 p. 100 de la population est protestante (plus précisément, 5 p. 100 se définissaient comme des chrétiens célestes, 3,2 p. 100 comme méthodistes et 2,2 p. 100 comme autres protestants), et 5,3 p. 100 de la population s'identifient comme [traduction] « autres » chrétiens (É.-U. 22 août 2013). Le 2012 International Religious Freedom Report du Département d'État des États-Unis précise que les groupes comptant pour moins de 5 p. 100 de la population comprennent les méthodistes, l'Église de Jésus­Christ des Saints des derniers jours (mormons), les témoins de Jéhovah, les rosicruciens, les bahaïs, les baptistes, les pentecôtistes et l'Église de l'Unification (É.-U. 20 mai 2013, 1). Le même rapport précise que les chrétiens sont plus nombreux au Sud du pays (ibid.). L'anthropologue a déclaré qu'il y a de [traduction] « nombreux endroits dans le Sud du pays qui ont été pris en charge par les pentecôtistes ou des adeptes de formes charismatiques du christianisme » (27 sept. 2013b). Le professeur agrégé a ajouté que [traduction] « presque tous les chefs politiques du Bénin, et l'élite en général, sont des chrétiens. Les émissions de télévision chrétiennes dominent les ondes, et les fêtes chrétiennes sont les congés nationaux les plus fréquents » (25 sept. 2013).

1.3 Rapport entre le vaudou et le christianisme

Diverses sources soulignent que le vaudou est également pratiqué par des Béninois s'identifiant comme chrétiens ou musulmans (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; É.-U. 20 mai 2013, 1; Libération 6 janv. 2012). Le quotidien français Libération fait observer que le vaudou est considéré comme une partie intégrante du patrimoine culturel de tous les Béninois (ibid.). Jeune Afrique, une revue d'actualité hebdomadaire axée sur l'Afrique, précise que le président du Bénin, Boni Yayi, un chrétien évangélique qui invoque souvent Dieu dans ses discours, a néanmoins envoyé des émissaires aux principales déités vaudoues lorsqu'il a pris le pouvoir en 2006 (10 juill. 2012).

Selon les sources, le vaudou serait pratiqué par 40 p. 100 (BBC 29 nov. 2012), par [version française des Nations Unies] « plus de la moitié » (Nations Unies 9 janv. 2009) ou par les deux tiers des Béninois (The Guardian 30 mars 2008; The Economist 26 janv. 2006). Le New York Times explique que 20 p. 100 des Béninois [traduction] « pratiquent le vaudou pur, tandis qu'un autre 40 p. 100 adhèrent à une forme qui incorpore l'iconographie chrétienne » (3 févr. 2012).

Des sources affirment aussi qu'il existe une journée fériée annuelle célébrant le vaudou (The Huffington Post 11 janv. 2013; BBC 18 nov. 2011). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur adjoint invité d'anthropologie a expliqué que la Journée nationale du vaudou a essentiellement le même statut que Noël, avec les banques et les écoles fermées pour la journée (30 sept. 2013). Des sources signalent également que le vaudou a une importance économique pour le pays en raison de ses répercussions sur le tourisme (anthropologue 20 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013). Selon la BBC, il existe un musée national consacré au vaudou (18 nov. 2011).

1.4 Conflits entre les adeptes du vaudou et les adeptes du christianisme

D'après le 2012 International Religious Freedom Report :

[traduction]

[d]es rapports font état de conflits occasionnels nécessitant une intervention policière entre des adeptes du vaudou et des adeptes du christianisme relativement aux rituels d'initiation vaudous. En général, ils étaient réglés pacifiquement avec l'aide des autorités locales (É.-U. 20 mai 2013, 2).

Le boursier postdoctoral a également affirmé qu'il y avait de [traduction] « rares » conflits locaux entre les adeptes du vaudou et les groupes chrétiens, particulièrement les chrétiens évangéliques (19 sept. 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le professeur d'études africaines et afro-américaines de l'Université Harvard a déclaré que l'existence de conflits peut dépendre des groupes chrétiens impliqués, en particulier dans le cas des pentecôtistes (19 sept. 2013).

Toutefois, plusieurs sources soutiennent également que les conflits entre les chrétiens et les adeptes du vaudou n'étaient pas de nature violente (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; directeur 20 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 Sept. 2013). Le professeur agrégé et l'anthropologue les ont plutôt qualifiés [traduction] « [d'] idéologiques » (professeur agrégé 25 sept. 2013; anthropologue 20 sept. 2013). Le professeur agrégé a aussi précisé que ces conflits [traduction] « émanaient principalement des chrétiens » (professeur agrégé 25 sept. 2013). Deux sources ont déclaré que le vaudou avait historiquement été [traduction] « démonisé » par les chrétiens au Bénin (ibid.; anthropologue 20 sept. 2013). Plus particulièrement, l'anthropologue a déclaré que l'on observe une augmentation du pentecôtisme et d'autres églises chrétiennes charismatiques au Bénin, et que des pentecôtistes critiquent publiquement le vaudou, ce qui a mené à des [traduction] « affirmations des plus sensationnalistes concernant le vaudou », notamment à des « récits inventés de persécution ou de conversions forcées » (anthropologue 20 sept. 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a rien trouvé allant dans le même sens. Cependant, l'anthropologue a expliqué que, contrairement au christianisme, le vaudou n'exige pas [traduction] « l'exclusivité » de la part de ses adeptes (ibid.).

Au dire du professeur adjoint invité, les conflits ne sont pas très [traduction] « marqués », mais plutôt d'un degré de « querelles d'école », c'est-à-dire ponctués d'incidents comme des moqueries verbales de part et d'autre (30 sept. 2013). Un article du New York Times cite les propos du chef spirituel vaudou suprême du Bénin, selon lesquels [traduction] « les chrétiens et les adeptes du vaudou ont atteint un certain niveau de détente » au pays (3 févr. 2012).

Cependant, certaines sources soulignent qu'il pourrait y avoir des cas de non-pratiquants se sentant menacés par les pratiques vaudoues (anthropologue 20 sept. 2013; boursier postdoctoral 19 sept. 2013). Des sources affirment que certaines personnes pourraient avoir peur d'être victimes « [d'] attaques occultes » (boursier postdoctoral 19 sept. 2013) ou « [d'] agressions magiques » (directeur 20 sept. 2013).

Les mêmes deux sources ont déclaré que certains conflits pouvaient être liés aux pressions familiales (ibid.; directeur 20 sept. 2013). Ils ont aussi affirmé que certaines personnes peuvent quitter leur village natal et s'installer dans une autre région ou une autre ville en raison de ces conflits (ibid.; boursier postdoctoral 19 sept. 2013). Le professeur agrégé a déclaré que [traduction] « [c]ertaines familles interdisent à leurs enfants de se faire initier, alors que d'autres croient fermement à leur devoir envers les esprits vaudous et vont donc respecter les requêtes de leur chef vaudou » (25 sept. 2013).

Cependant, l'anthropologue a affirmé que le pluralisme religieux au sein d'une famille était plus courant, par exemple [traduction] « il se peut que le mari suive l'islam, que l'épouse soit une chrétienne régénérée et que d'autres membres de la famille, voire tous les membres, prennent part à des pratiques vaudoues » (20 sept. 2013).

2. Information concernant le vaudou sakpata

2.1 Renseignements généraux

Selon des sources, Sakpata est la principale déité du vaudou (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; Martine's Travel Guide to Benin s.d.). Le professeur adjoint invité a affirmé que Sakpata est le centre du [traduction] « cosmos » dans la religion vaudoue et qu'il est vénéré à de nombreux endroits (30 sept. 2013). Sakpata est considéré, plus particulièrement, comme le [traduction] « dieu de la variole » (ibid.; anthropologue 20 sept. 2013; Martine's Travel Guide to Benin s.d.). Au dire du professeur adjoint invité, Sakpata est aussi lié aux maladies en général, en particulier aux maladies incurables comme le VIH et le sida (ibid.; BBC 29 nov. 2012). Sakpata est aussi considéré comme le [traduction] « dieu de la terre » ou du sol (BBC 29 nov. 2012; Martine's Travel Guide to Benin s.d.).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, l'anthropologue a fourni les détails suivants au sujet des initiés au sakpata :

[traduction]

Les sakpatasis [initiés au sakpata] sont les plus visibles lors des rituels et des danses publics au cours desquels ils sont possédés par la déité, et c'est à travers eux que la déité fait connaître ses désirs à la population. L'initiation signifie l'accès aux connaissances secrètes concernant la façon d'interagir avec la déité et cette connaissance est considérable : danses élaborées, chants dans une langue très stylisée ou même dans une langue complètement différente (à de nombreux endroits, Sakpata parle en fait un dialecte différent). La maîtrise de ces connaissances à des niveaux supérieurs permet d'évoluer au sein de la hiérarchie de la congrégation; la femme (ou l'homme) qui évolue au sein de ce système obtient souvent un prestige et un capital social considérables (anthropologue 27 sept. 2013a).

2.2 Rites d'initiation

Des sources affirment que les rites d'initiation du vaudou sakpata varient (professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013; anthropologue 20 sept. 2013). L'anthropologue soutient qu'il est impossible, compte tenu de ces différences, de tirer des conclusions à partir d'un groupe et de les appliquer à un autre groupe (ibid.).

L'anthropologue a expliqué que, selon la tradition, il fallait [traduction] « mourir » pour être initié au sakpata et être « réanimé » après trois jours; ce rite a été pratiqué jusqu'aux années 1960, mais aurait apparemment changé de manière considérable depuis (ibid.).

Certaines sources précisent que les initiations peuvent comprendre la scarification (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; directeur 20 sept. 2013). Cependant, le professeur adjoint invité a affirmé que l'initiation au vaudou sakpata est [traduction] « largement négociable », c'est-à-dire que la scarification est laissée à la discrétion de la personne (30 sept. 2013).

Deux sources ont dit ne pas être au courant de cas de personnes forcées à se soumettre à des rites d'initiation vaudous (professeur adjoint invité 30 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013). En revanche, le professeur d'études africaines et afro-américaines a déclaré que les personnes qui refusent pouvaient être contraintes par la menace des [traduction] « représailles des ancêtres (répercussion sur la santé, sur la fertilité, sur les femmes, etc.) » (ibid.).

Cependant, l'anthropologue a déclaré ce qui suit :

[traduction]

La plupart des initiés au sakpata que je connais étaient adultes (ou à tous le moins adolescents) lorsqu'ils le sont devenus; je sais que plusieurs se sont sentis appelés lorsqu'ils étaient plus jeunes, mais leurs parents voulaient qu'ils attendent. Bien que je connaisse des enfants qui sont vodounsi [initiés au vaudou], ce n'est pas très courant, et tous ceux que je connais y ont adhéré de leur propre gré et généralement sans aucune pression de la part de leur famille (27 sept. 2013a).

Deux sources ont affirmé que des personnes peuvent subir la pression de leur famille pour s'initier (directeur 20 sept. 2013; professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013). Deux sources ont aussi souligné que les mineurs peuvent être [traduction] « forcés » par leurs parents à s'initier, dans la mesure où tous les parents prennent pour leurs enfants des décisions qu'ils jugent bénéfiques pour eux, comme les faire aller à l'école ou à l'église (ibid.; professeur adjoint invité 30 sept. 2013).

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, le directeur du Laboratoire d'anthropologie des mondes contemporains de l'Université libre de Bruxelles a affirmé croire que l'augmentation des groupes de catholiques et d'autres chrétiens dans les dernières années montre qu'il est possible de refuser de se soumettre aux initiations vaudoues et de se convertir au christianisme (directeur 20 sept. 2013). Freedom House affirme que [traduction] « le Bénin aurait la population de catholiques romains qui connaît la croissance la plus rapide au monde » (Freedom House 2013). L'anthropologue a par ailleurs affirmé que les parties au Sud du pays, où la présence des pentecôtistes et autres chrétiens charismatiques se fait de plus en plus sentir, [traduction] « voient le nombre de vodounsi chuter de façon vertigineuse » (anthropologue 27 sept. 2013b). Il a ajouté qu'il semble n'y avoir [traduction] « aucune conséquence négative pour les personnes qui refusent de se faire initier » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

Cependant, on peut lire dans La Nouvelle Tribune, un quotidien béninois, que deux cousins de la ville d'Abomey sont en fuite depuis décembre 2012 à la suite d'une tentative en vue de les forcer à être initiés au vaudou sakpata (La Nouvelle Tribune 25 juin 2013). Selon l'article de journal, les deux auraient fait partie d'un groupe de 20 jeunes d'Abomey choisis au hasard afin de prendre part aux cérémonies d'initiation annuelles et de consacrer leur vie à Sakpata, mais ils ont plutôt pris la fuite, avec l'aide de leurs parents (ibid.). L'article de journal attire aussi l'attention sur le fait que, en juin 2013, des chefs religieux les pourchassaient de ville en ville afin de les forcer à se soumettre aux initiations (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées concernant ces événements, la Direction des recherches n'a rien trouvé allant dans le même sens.

3. Protection offerte par l'État aux personnes qui refusent de prendre part aux pratiques vaudoues

Des sources soutiennent que la liberté de religion fait partie des lois et de la constitution du pays (La Nouvelle Tribune 25 juin 2013; consultant 27 sept. 2013; É.-U. 20 mai 2013, 1-2). Des sources affirment aussi que le gouvernement participe activement à la promotion de la liberté de religion (ibid.; Freedom House 2013).

Le professeur agrégé a déclaré ce qui suit :

[traduction]

Le Bénin est un pays où règne la primauté du droit, doté d'une police et d'un système judiciaire qui protège les personnes de la violence physique ou sexuelle. Cela dit, le vaudou prévaut toujours dans certaines communautés, et les chefs vaudous sont traités avec respect et font figure d'autorités dans le cadre de leurs rituels. Ce contexte laisse bel et bien la place à des abus, qui peuvent avoir lieu avec la complicité de la famille de la présumée victime ou d'autres membres de la communauté (professeur agrégé 25 sept. 2013).

Le professeur agrégé a ajouté que [traduction] « en l'absence de témoin ou de volonté de la part de la victime de dénoncer les abus (ou en raison de la corruption policière), les comportements criminels peuvent rester impunis » (ibid.). Le professeur adjoint invité a déclaré que le Bénin avait de bons systèmes policiers et judiciaires, mais que les services étaient restreints dans les régions rurales (30 sept. 2013). De son côté, l'anthropologue a affirmé que l'application des lois, au Bénin, n'est pas efficace (20 sept. 2013).

Certaines sources ont affirmé ne pas être au fait de recours ou de mesures de protection offerts aux personnes qui refusent de prendre part aux rites d'initiation vaudous (professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013; boursier postdoctoral 19 sept. 2013). D'après deux sources, les personnes qui ne souhaitent pas prendre part aux pratiques vaudoues peuvent se tourner vers d'autres groupes religieux, comme les églises chrétiennes (professeur d'études africaines et afro-américaines 19 sept. 2013; boursier postdoctoral 19 sept. 2013).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Anthropologue, University of Arizona. 27 septembre 2013a. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 27 septembre 2013b. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 20 septembre 2013. Entretien téléphonique.

_____. 19 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Boursier postdoctoral, Centre of African Studies, University of Copenhagen. 19 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

British Broadcasting Corporation (BBC). 29 novembre 2012. « Benin: 'Voodoo Link' as Graves Desecrated in Porto-Novo ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

_____. 18 novembre 2011. « The Reality of Voodoo in Benin ». [Date de consultation : 4 oct. 2013]

Consultant en développement culturel et touristique au Bénin. 27 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Directeur, laboratoire d'anthropologie des mondes contemporains, Université libre de Bruxelles. 20 septembre 2013. Entretien téléphonique.

The Economist. 26 janvier 2006. « Voodoo Still Wins ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

États-Unis (É.-U.). 22 août 2013. Central Intelligence Agency (CIA). « Benin ». The World Factbook. [Date de consultation : 4 oct. 2013]

_____. 20 mai 2013. Department of State. « Benin ». 2012 International Religious Freedom Report. [Date de consultation : 17 sept. 2013]

Freedom House. 2013. « Benin ». Freedom in the World 2013. [Date de consultation : 4 oct. 2013]

The Guardian. 30 mars 2008. James Brabazon et Evan Williams. « Children in Voodoo's Power ». [Date de consultation : 4 oct. 2013]

The Huffington Post. 11 janvier 2013. « A Cheerful, Grisly, Mystical Vodoun Festival in Benin ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

Jeune Afrique. 10 juillet 2012. Pascal Airault, Georges Dougueli et Malika Groga-Bada. « La sorcellerie au coeur du pouvoir : petits secrets de Palais ». [Date de consultation : 4 oct. 2013]

Libération. 6 janvier 2012. Delphine Bousquet. « Bénin : le jour du vaudou ». [Date de consultation : 4 oct. 2013]

Martine's Travel Guide to Benin. S.d. « Vodun ('Voodoo') ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

Nations Unies. 9 janvier 2009. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Benin: Voodoo Community Remains Impenetrable to HIV Outreach ». [Date de consultation : 30 sept. 2013]

The New York Times. 3 février 2012. Joshua Hammer. « On the Vodun Trail in Benin ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

La Nouvelle Tribune. 25 juin 2013. Max Akuéson. « Initiation forcée au vaudou "Sakpata" : deux jeunes refusent leur enrôlement ». [Date de consultation : 17 sept. 2013]

Professeur adjoint invité d'anthropologie, North Dakota State University. 7 octobre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 30 septembre 2013. Entretien téléphonique.

Professeur agrégé d'anthropologie, Agnes Scott College. 25 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d'études africaines et afro-américaines, Harvard University. 30 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 19 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Autres sources consultées

Sources orales : Les personnes suivantes n'ont pas pu fournir de renseignements : professeur agrégé de l'Université Laval; anthropologue du Centre d'études africaines de Paris; anthropologue de l'espace social de l'École des hautes études en sciences sociales; candidat au doctorat de l'École des hautes études en sciences sociales; chargé de cours de la Southern Methodist University. Les tentatives faites pour joindre les personnes suivantes ont été infructueuses : professeur agrégé du Muhlhenberg College; Ligue pour la défense des droits de l'homme au Bénin; Association des ombudsmans médiateurs de la francophonie; Association des femmes juristes; Association Femmes solidaires du Bénin; étudiant au doctorat de l'Université d'Ottawa.

Sites Internet, y compris : Africa Presse; Afrik.com; Afrique Express; AllAfrika; Amnesty International; Bénin - Portail officiel du gouvernement; bladi.net; Djakpata; ecoi.net; L'Événement précis; États-Unis - Embassy in Cotonou; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Human Rights First; Human Rights Watch; Irlande - Refugee Documentation Centre; Journal de la Société des africanistes; Koaci.com; Mouvements; National Geographic; Nations Unies - Refworld, ReliefWeb; Netherlands African Studies Association; Radio France internationale; Radio Nederland Wereldomroep; Royal African Society; Wanderlust.

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