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Mali : mise à jour de MLI33430.F du 16 décembre 1999 sur une secte religieuse appelée « Pieds nus »; protection offerte aux citoyens par le gouvernement malien contre les actes commis par cette secte; traitement des membres de cette secte par l'État malien

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Canada
Publication Date 26 July 2002
Citation / Document Symbol MLI39667.F
Reference 1
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Mali : mise à jour de MLI33430.F du 16 décembre 1999 sur une secte religieuse appelée « Pieds nus »; protection offerte aux citoyens par le gouvernement malien contre les actes commis par cette secte; traitement des membres de cette secte par l'État malien, 26 July 2002, MLI39667.F, available at: https://www.refworld.org/docid/3f7d4dd57.html [accessed 2 June 2023]
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Selon Droits de l'homme sans frontières (DHSF), la secte des « Pieds nus » est caractérisée par son « adhésion radicale et fondamentaliste aux enseignements de l'islam, dont elle refuse toute adaptation à la société moderne » (4 sept. 1998). Toujours selon DHSF, les croyances des membres de cette secte, dont le nombre s'élèverait à quelque 2 000, les obligent « à vivre en dehors des lois et règlements de la société » (ibid.), car ils ne reconnaissent pas l'autorité de la justice malienne (ibid.). La secte aurait recruté certains de ses membres à l'aide de menaces, d'intimidations et d'enlèvements (ibid.).

Selon DHSF, la secte aurait été introduite au Mali entre 1982 et 1983 par des intégristes du Burkina Faso et de la Guinée (ibid.). Toutefois, d'autres sources signalent que la secte a été créée par Cheikh Kanouté, qui aurait eu une vision en 1984 et aurait ensuite vécu en réclusion à Bougouni, à 180 km de Bamako, pendant deux ans (PANA 26 juill. 2000; Africast.com 27 juill. 2000). Kanouté se serait ensuite mis à errer d'un village à l'autre pour visiter des mosquées, où il faisait des sermons dénonçant les institutions de l'État (ibid.). Un article de l'Agence France Presse du 27 juillet 2000 a quant à lui signalé que la secte serait apparue « il y a une dizaine d'années, principalement dans la région de Ségou (240 km au nord de Bamako) ». Selon le site Afribone Mali, la secte aurait son « fief » à Dioïla (s.d.b).

Les « Pieds nus » auraient eu des « relations conflictuelles » avec la population et les autorités à Bougouni, Kobili, Macina, Bla, Ségou, Dioïla, Kati, San, Kalabougou et Mokodiambougou en raison de « leur comportement et [des] propos séditieux qu'ils tenaient » (ibid. s.d.a). Ils auraient ainsi fait face à des poursuites, à des peines privatives de liberté, à des interdictions de séjour et à des expulsions (ibid.). Certains membres, dont Oumar Sidibé, Bamé Sidibé et Mamadou Samaké, auraient reçu des peines d'emprisonnement pour leur « opposition à l'autorité légitime » (ibid.). Un octogénaire adepte de la secte, Bassiriki Diallo, serait décédé en prison en dépit des demandes faites par les « Pieds nus » pour qu'il soit libéré (ibid.).

Le 2 août 1998, des adeptes de la secte auraient alors assassiné le juge Omar Bah, qui avait prononcé des peines d'emprisonnement contre leurs coreligionnaires (DHSF 4 sept. 1998; BBC 26 juill. 2000) et interdit les activités de la secte (ibid.). Selon DHSF, les assassins auraient ensuite libéré de prison des membres de la secte et auraient « envisagé de s'attaquer » à d'autres fonctionnaires (4 sept. 1998). Africast.com précise que les assassins auraient libéré sept adeptes de prison (27 juill. 2000). Le meurtre du juge Omar Bah serait, selon DHSF, « le premier crime à motivations socio‑religieuses au Mali » (DHSF 4 sept. 1998).

Le lendemain, soit le 3 août 1998, une « expédition punitive » lancée à Dioïla contre les membres de la secte aurait fait neuf morts et 12 blessés (ibid.). L'Agence France Presse, quant à elle, a signalé que les habitants de Dioïla auraient « poursuivi et tué au moins cinq meurtriers présumés, alors que d'autres avaient été blessés ou arrêtés » au cours de cet incident (27 juill. 2000).

À la fin du mois de juillet 2000, trois membres de la secte « Pieds nus » ont été condamnés à mort par une cour de Bamako pour l'assassinat du juge Omar Bah (BBC 26 juill. 2000; PANA 26 juill. 2000; Africast.com 27 juill. 2000; AFP 27 juill. 2000), soit Cheick Ibrahim Khalil Kanouté, le chef de 35 ans de la secte (ibid.), ainsi que deux de ses disciples, Abdou Doumbia et Abdoulaye Diakité (PANA 26 juill. 2000; ACAT 26 juill. 2000; Afribone Mali 24-28 juill. 2000). Kanouté aurait déjà été condamné à six mois d'emprisonnement en 1991 pour avoir violé le droit de culte et incité à la violence (Africast.com 27 juill. 2000). Selon Afribone Mali, des membres de la secte auraient « déferlé sur Bamako » pendant les deux semaines qu'a duré le procès pour démontrer leur solidarité envers les accusés (s.d.b).

Kanouté aurait reconnu qu'il était présent lorsque le juge a été tué et aurait admis que des membres de sa secte ont commis le crime (BBC 26 juill. 2000). Par contre, Kanouté a affirmé que les adeptes responsables du meurtre ont été tués par les forces de sécurité (ibid.). Des sources mentionnent que même si le code pénal malien prévoit la peine de mort, cette sentence n'a jamais été exécutée (PANA 26 juill. 2000; ACAT 26 juill. 2000). L'organisme Amnesty International, quant à lui, signale qu'aucune exécution n'a eu lieu au cours de la dernière décennie parce que le président Konaré s'est prononcé contre la peine de mort (2001).

D'après un article publié dans le site Web Malieco, à la mi-septembre 2001, une tentative de « mutinerie » aurait été évitée de justesse dans la prison centrale de Bamako, plus particulièrement dans la cellule des condamnés à perpétuité où se trouvait Kanouté, le chef des « Pieds nus » (16 sept. 2001). Selon la source, ce dernier « incitait régulièrement ses codétenteurs à se rebeller [et] ne ratait aucune occasion pour prôner la violence » (ibid.). L'article signale que peu après la condamnation de Kanouté, « d'autres personnes aussi dangereuses que lui l'ont rejoint en prison pour des motifs identiques » (ibid.). À la suite de cette tentative échouée, Kanouté aurait été transféré à la prison de Bafoulabé, et les autres, à la prison de Koulikoro (ibid.). L'article mentionne que « [c]es deux prisons réputées être les plus difficiles du pays accueilleront désormais les pieds-nus et leurs complices » (ibid.). Aucune source corroborant cette information n'a pu être trouvée par la Direction des recherches.

Aucune mention des activités de la secte « Pieds nus » en 2002 n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches dans les délais prescrits pour la réponse à cette demande d'information.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Action des chrétiens pour l'abolition de la torture et des exécutions capitales (ACAT). 26 juillet 2000. « Mali : condamnation ». (cache de Google) [Date de consultation : 16 juill. 2002]

Afribone Mali. 24-28 juillet 2000. « Revue de presse ». [Date de consultation : 16 juill. 2002]

_____. S.d.a. « La condamnation des "Pieds nus" ». [Date de consultation : 16 juill. 2002]

_____. S.d.b. « Le drame ougandais pose de façon cruelle le problème des sectes dans le monde ». [Date de consultation : 16 juill. 2002]

Africast.com. 27 juillet 2000. « "Bare Foot" Sect Guru Appears in Bamako Court ». [Date de consultation : 16 juill. 2002]

Agence France Presse (AFP). 27 juillet 2000. « Trois membres de la secte des "pieds-nus" condamnés à mort ». (NEXIS)

Amnesty International. 2001. Annual Report 2001. « Mali ». [Date de consultation : 16 juill. 2002]

British Broadcasting Corporation (BBC). 27 juillet 2000. « Mali Court Sentences Sheikh to Death ». (NEXIS)

Droits de l'homme sans frontières (DHSF), Bruxelles. 4 septembre 1998. « L'assassinat d'un juge devient fatal pour une "secte" musulmane ». (cache de Google) [Date de consultation : 16 juill. 2002]

Malieco [Bamako]. 16 septembre 2001. « Tentative de mutinerie à la prison centrale ». [Date de consultation : 18 juill. 2002]

Panafrican News Agency (PANA). 26 juillet 2000. « Death Sentence for Mali's "Barefooted" Sect Founder ». (DHSF) [Date de consultation : 16 juill. 2002]

Autres sources consultées

Bases de données de la CISR

Otayek, René et al. 1993. Radicalisme islamique au sud du Sahara. Paris : Éditions Karthala.

Turner, H.W. 1993. New Religious Movements in Islamic West Africa. Oxford : Carfax Publishing.

L'Association malienne des droits de l'homme n'a pas répondu dans les délais prescrits à une lettre envoyée par la Direction des recherches.

Sites Internet, y compris :

Afribone Mali

Africa Confidential

Amnesty International

Annual Report for International Religious Freedom 2001

BBC

Jeune Afrique/L'Intelligent

Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH)

Human Rights Watch (HRW)

Reliefweb

World News Connection (WNC)

Moteurs de recherche, y compris :

Google

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