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Pakistan : information sur les ressources offertes aux femmes victimes de violence à Islamabad, à Karachi et à Lahore et les recours à leur disposition (2013-décembre 2014)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 15 January 2015
Citation / Document Symbol PAK105023.EF
Related Document(s) Pakistan: Recourse and resources available to female victims of violence in Islamabad, Karachi and Lahore (2013-December 2014)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Pakistan : information sur les ressources offertes aux femmes victimes de violence à Islamabad, à Karachi et à Lahore et les recours à leur disposition (2013-décembre 2014), 15 January 2015, PAK105023.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/54ca24714.html [accessed 4 June 2023]
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1. Force policière

Dans un article de 2011 sur la violence familiale à l'égard des femmes au Pakistan publié dans la revue Asian Social Science, publication internationale à comité de lecture, cinq chercheurs de Toronto et du Pakistan disent des services policiers du Pakistan qu'ils sont [traduction] « inefficaces et [qu'ils] ne réagissent pas » en cas de violence à l'égard des femmes, expliquant que « les policiers mènent souvent des enquêtes inadéquates ou [qu'ils] ne procèdent même pas à une enquête » (Bhatti et al. 2011, 154). De même, l'Asia Society, établissement d'éducation dont le siège se trouve aux États-Unis et qui favorise la compréhension et les partenariats entre l'Asie et les États-Unis (s.d.), écrit dans un rapport sur les services de police et les droits des femmes au Pakistan que les femmes sont [traduction] « exposées de manière disproportionnée à l'injustice lorsqu'elles tentent d'obtenir l'aide d'organismes chargés de l'application de la loi, tout particulièrement dans les postes de police locaux, tant en ville qu'en région rurale » (Asia Society juill. 2012, 86). Toujours selon cette source, l'intervention des organismes d'application de la loi aux plaintes formulées par des femmes est marquée par [traduction] « la négligence, le retard à agir et le refus catégorique de reconnaître la présence d'actes de violence » (ibid., 88).

D'après l'Asia Society, [traduction] « si elle met en cause un membre de la famille, les policiers ignoreront l'affaire, prétextant qu'elle relève de la sphère privée et qu'elle doit être réglée à la maison » (ibid.). Par ailleurs, les Country Reports on Human Rights Practices for 2013, publiés par le Département d'État des États-Unis (É.-U.), signalent que [traduction] « [l]a police et la magistrature se montrent parfois réticentes à prendre des mesures dans le cadre d'affaires de violence familiale, car elles les perçoivent comme des problèmes familiaux. Plutôt que de porter des accusations, la police encourage habituellement les parties à régler leur différend » (É.-U. 27 févr. 2014, 48). Il est également écrit dans l'article publié dans la revue Asian Social Science que les actes de violence familiale, y compris les [traduction] « crimes d'honneur », sont considérés comme » des affaires privées devant être réglées au sein de la famille », aux yeux des policiers (Bhatti et al. 2011, 154). Dans le cas d'un viol, des rapports font état du fait qu'il est monnaie courante chez les policiers de pousser la victime à épouser son agresseur (É.-U. 27 févr. 2014, 47; Zaman et Zia [2013], 6).

L'Asia Society affirme que la force policière [traduction] « est déterminée à nier l'existence de la violence à l'égard des femmes » et fait observer que « le versement de pots-de-vin, l'extorsion et la coercition sont autant de moyens utilisés pour dissuader [les victimes de sexe féminin de porter plainte] ou pour falsifier » les plaintes reçues de la part de ces femmes sous la forme de premiers rapports d'information (First Information Reports - FIR) (juill. 2012, 88). On peut aussi lire dans l'article publié dans la revue Asian Social Science que, de temps à autre, les policiers ajoutent de faux renseignements dans les rapports sur la violence familiale, de manière délibérée ou accidentelle, parfois après avoir reçu un pot-de-vin de la part de l'accusé (Bhatti et al. 2011, 154).

Des sources signalent que des responsables de l'application de la loi font eux-mêmes subir de la violence à des femmes (HRCP mars 2014, 176; Asia Society juill. 2012, 88; É.-U. 27 févr. 2014, 47). Selon les Country Reports 2013, [traduction] « des ONG [...] ont affirmé qu'il arrivait parfois que des policiers maltraitent ou menacent des victimes, exigeant d'elles qu'elles retirent leurs accusations, tout particulièrement s'ils avaient reçu des pots-de-vin de la part des agresseurs présumés » (ibid.). La Human Rights Commission of Pakistan (HRCP), ONG du Pakistan qui publie des rapports sur les violations des droits de la personne au pays (s.d.), a fait une déclaration similaire : [traduction] « les policiers [...] ont contribué aux mauvais traitements et aux traumatismes psychologiques infligés à des femmes qui s'étaient rendues dans un poste de police pour y faire une déposition » (mars 2014, 176). D'après un article sur les refuges au Pakistan rédigé par Filomena Critelli, une professeure de travail social de l'Université de Buffalo dont les recherches portent sur la violence familiale au Pakistan (University at Buffalo s.d.), [traduction] « le nombre d'incidents de viols et de mauvais traitements à l'égard de femmes en garde à vue [est] élevé » (Critelli 16 juill. 2012, 441). De même, les Country Reports 2013 attirent l'attention sur le fait que [traduction] « les viols commis par les policiers [...] constituent un problème » et que le gouvernement « prend rarement des mesures à l'encontre des responsables » (É.-U. 27 févr. 2014, 9, 47).

1.1 Postes de police réservés aux femmes

Des sources signalent qu'il existe des postes de police réservés aux femmes au Pakistan parce que les traditions empêchent les femmes de s'adresser aux policiers de sexe masculin (Reuters 20 oct. 2013; Islamabad Capital Territory Police s.d.a) ou aux hommes qui n'ont aucun lien de parenté avec elles (International Business Times 22 oct. 2013). La Force policière du territoire fédéral de la capitale (Islamabad Capital Territory Police) déclare que d'autres objectifs du poste de police réservé aux femmes de la capitale, situé au centre d'Islamabad, sont de protéger les femmes de [traduction] « la violence perpétrée par les policiers à l'égard des femmes dans les postes de police » (s.d.a) et de [traduction] « gagner la confiance [des victimes de sexe féminin] et [de leur] permettre de communiquer librement » (s.d.b). Selon le site de la police du Pendjab (Punjab Police), la province compte trois postes de police réservés aux femmes, dont un à Lahore, qui offrent une [traduction] « aide rapide » ainsi qu'un service d'aide et de conseils juridiques pour les femmes victimes de crimes et de violence familiale (s.d.). D'après le site Internet de la Société pour le progrès de la communauté, de la santé, de l'éducation et de la formation (Society for the Advancement of Community, Health, Education, and Training - SACHET), ONG du Pakistan oeuvrant pour [traduction] « le développement humain des personnes défavorisées quant aux problématiques hommes-femmes » (s.d.a), on trouve un poste de police réservé aux femmes à Lahore, un à Karachi et un autre à Islamabad (SACHET s.d.b). Selon cette même source, il y a quatre [traduction] « cellules réservées aux femmes » à Karachi (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés concernant les cellules réservées aux femmes dans les postes de police, la Direction des recherches n'a pas trouvé de renseignements allant dans le même sens ni d'autres renseignements.

Des sources signalent que les postes de police réservés aux femmes au Pakistan manquent de personnel et de ressources (É.-U. 27 févr. 2014, 48; Reuters 20 oct. 2014). Selon la HRCP, sur un total de 146 chefs de police, 9 étaient des femmes (HRCP mars 2013, 176). La même source fait observer que [traduction] « [l]es policières étaient très peu nombreuses dans l'ensemble du territoire du Pakistan et [que], bien souvent, [elles] n'étaient pas nommées à des postes importants. Elles étaient rarement en service dans les rues parce qu'il semblerait que la possibilité qu'elles soient harcelées était plus élevée » (ibid.). Un article publié en octobre 2013 dans l'International Business Times, publication d'information numérique des États-Unis couvrant des sujets ayant trait aux affaires, à l'économie et à la politique (s.d.), fait état du fait que [traduction] « les gens, en général, sont trop peu nombreux à prendre les policières au sérieux et [que] les postes de police réservés aux femmes sont bien moins achalandés que leurs pendants masculins. Le fait que bon nombre de policiers de sexe masculin ne considèrent pas que leurs collègues de sexe féminin sont sur le même pied qu'eux - ni même qu'elles jouent un rôle nécessaire - vient empirer les choses » (22 oct. 2013). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant de War Against Rape (WAR), ONG sise à Karachi qui recueille des données sur le viol au Pakistan grâce à la collaboration d'un réseau de survivantes (s.d.), a affirmé que, [traduction] « dans les faits, les policières n'ont pas de réel pouvoir lors d'enquêtes et [qu'elles] ne peuvent donc pas être efficaces dans le cadre de celles-ci ni y participer vraiment » (11 déc. 2014). On peut lire dans l'article publié dans la revue Asian Social Science que, malgré le fait que ce sont des femmes qui travaillent dans les postes de police réservés aux femmes, [traduction] « le sexisme demeure omniprésent [...] parce qu'aucune formation n'est donnée pour sensibiliser [la police] à l'égalité des sexes afin qu'elle soit en mesure de prêter assistance aux femmes victimes de violence » (Bhatti et al. 2011, 154).

D'après un document de travail déposé lors de la 54e session du Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (United Nations Committee on the Elimination of Discrimination Against Women - CEDAW) par des représentants de deux ONG du Pakistan [1], une femme doit remplir une demande si elle souhaite que son dossier soit transféré à un poste de police réservé aux femmes (Zaman et Zia [2013], 2). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé de renseignements allant dans le même sens.

2. Refuges pour femmes

Selon les Country Reports 2013,

[traduction]

Dans tout le pays, un total de 26 centres Shaheed Benazir Bhutto pour les femmes, qui sont financés par le gouvernement, offrent un refuge temporaire, de l'aide juridique, des soins médicaux et de l'aide psychologique. [...] Les victimes sont par la suite aiguillées vers un refuge (darul aman [Dar-Ul Aman, Darul Aman]) (environ 200 centres pour les femmes et les enfants victimes de violence ont été mis sur pied grâce à des fonds reçus du ministère provincial du Développement des femmes [Provincial Women Development Department]). Ces centres offrent un refuge, l'accès à des soins médicaux, certains services de représentation juridique et de la formation professionnelle (É.-U. 27 févr. 2014, 48).

Un rapport d'enquête sur la violence à l'égard des femmes de 2010 à 2012 au Pakistan intitulé Cause of Death: Woman, produit par l'Association suédoise des refuges pour les femmes et des centres d'autonomisation pour les jeunes femmes (Swedish Association of Women's Shelters and Young Women's Empowerment Centres - SKR) et financé par l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (Swedish International Development Cooperation Agency) (SKR s.d.b), attire l'attention sur le fait que, [traduction] « seulement dans l'État du Pendjab, on compte 34 refuges pour les femmes gérés par l'État, soit les darul amans; il y en a au moins un par district » (ibid. s.d.a). Des sources signalent l'existence de refuges pour les femmes à Lahore (WAR 11 déc. 2014; SKR s.d.a). Parmi ceux-ci se trouve un seul refuge privé, Dastak, qui peut accueillir 25 femmes et 45 enfants, la plupart des personnes y restant au moins trois mois (ibid.). Dans un article publié dans le Globe and Mail le 5 décembre 2014, il est écrit [traduction] « [qu']à Karachi, il y a des refuges où [...] les femmes victimes de mauvais traitements peuvent acquérir des compétences qui leur permettront de gagner leur vie ». PANAH, un refuge de Karachi, signale que 300 femmes et 101 enfants ont bénéficié de ses services [traduction] « pour des périodes plus ou moins longues » en 2012 (PANAH [2012], 1). Selon le même refuge, les personnes qui y étaient hébergées pouvaient également avoir accès à des services de réadaptation et à de la formation axée sur les compétences (ibid.). Le Pulitzer Center on Crisis Reporting, organisation à but non lucratif des États-Unis dans le domaine du journalisme qui fait état d'enjeux internationaux (s.d.), précise que le refuge peut accueillir jusqu'à 45 femmes et leurs enfants pendant une période maximale de trois mois et qu'il donne accès à de l'eau potable et à des salles de bain (13 août 2011). D'après l'Express Tribune, source de nouvelles internationales du Pakistan travaillant en partenariat avec l'International New York Times (The Express Tribune s.d.), en avril 2014, un refuge pour les femmes en détresse, dont la mission est de [traduction] « garantir [des] environnement[s] familia[ux] sûr[s] et sain[s] », a été mis sur pied à Islamabad par la Fiducie de la maison de retraite Bint-e-Fatima (Bint-e-Fatima Old Home Trust), une ONG (ibid. 20 avr. 2014).

Il est écrit dans les Country Reports 2013 que de nombreux refuges financés par le gouvernement [traduction] « n'ont pas suffisamment d'espace, de personnel ni de ressources » (É.-U. 27 févr. 2014, 48). Mme Critelli fait elle aussi observer que les refuges financés par l'État sont [traduction] « de piètre qualité [et qu'ils] manquent de personnel ayant reçu de la formation » (16 juill. 2012, 441). Le document de travail des ONG déposé lors de la 54e session du CEDAW fait également état du [traduction] « très faible nombre de refuges par rapport au nombre de femmes y cherchant une place » (Zaman et Zia [2013]). Selon la SKR, [traduction] « la demande a augmenté parce que le nombre de femmes ayant pris conscience de leurs droits a aussi augmenté » (SKR s.d.a).

Des sources affirment que, dans certains refuges, on limite les déplacements des femmes (ibid.; Pulitzer Center on Crisis Reporting 31 août 2011; É.-U. 27 févr. 2014, 48). Selon la SKR, [traduction] « la ligne entre un lieu de protection et une prison s'amenuise lorsqu'il est question [de refuges]. Les femmes ne sont pas libres de se déplacer à leur guise » (s.d.a). Par ailleurs, Mme Critelli souligne que [traduction] « les refuges gérés par l'État (darul amans) [...] fonctionnent comme des prisons où les femmes sont enfermées et ne profitent d'aucun service qui les aiderait à rebâtir leur vie » (16 juill. 2012, 441). Le Pulitzer Center on Crisis Reporting déclare qu'au refuge PANAH pour les femmes et les enfants victimes de mauvais traitements à Karachi, les portes principales sont verrouillées la nuit et que [traduction] « les femmes sont séparées du monde extérieur par deux portails fortifiés et des murs surmontés de barbelés » (Pulitzer Center on Crisis Reporting 31 août 2011). La même source ajoute qu'environ 60 p. 100 des personnes qui résident au refuge y sont en raison d'une ordonnance de la cour et qu'elles n'ont donc pas le droit d'en sortir sans la permission de celle-ci (ibid.).

Divers rapports signalent que les refuges pour les femmes au Pakistan sont vus d'un oeil défavorable par la population (SKR s.d.a; Zaman et Zia [2013], 3). Dans le document de travail des ONG déposé lors de la 54e session du CEDAW, on peut lire que [traduction] « se rendre dans un refuge est encore considéré comme tabou et perçu comme le dernier recours des femmes à qui la société respectable a tourné le dos » (ibid.). En outre, la SKR fait observer que [traduction] « les refuges de l'État ont souvent mauvaise réputation et [qu'ils] sont vus comme des endroits "où vont les vilaines femmes" » (s.d.a).

3. Lois et système judiciaire

Diverses sources font état de nouvelles mesures législatives prises par le gouvernement afin de renforcer les droits des femmes (Freedom House janv. 2014; É.-U. 27 févr. 2014, 51; JURIST 31 déc. 2011). L'adoption du projet de loi sur la prévention des pratiques hostiles aux femmes (Prevention of Anti-Women Practices Bill) en 2011 a permis de criminaliser les pratiques suivantes : donner une femme en mariage pour régler un différend au criminel ou au civil; contraindre une femme à se marier avec le Coran; et priver une femme de son héritage légitime par la tromperie ou des moyens illégaux (ibid.; É.-U. 27 févr. 2014, 51). Un autre projet de loi a rendu illégale l'utilisation de substances corrosives ou d'acides dans l'intention de causer des lésions corporelles (ibid.; JURIST 31 déc. 2011).

Des rapports soulignent que, malgré les nouvelles mesures législatives, l'application des lois demeure un problème (ibid.; Freedom House janv. 2014; É.-U. 27 févr. 2014, 45). Selon des sources, des membres du corps judiciaire, tout comme des membres du corps policier, estiment que la violence familiale est une affaire [traduction] « privée » ou qui ne concerne que la famille (ibid., 48; The Globe and Mail 10 déc. 2014). Pour un avocat de Karachi qui s'exprimait dans le journal Dawn du Pakistan, [traduction] « "dans le milieu juridique, notamment parmi la magistrature, on croit sincèrement que la femme est une menteuse et qu'elle invente des histoires" » (26 oct. 2014a). Les Country Reports 2013 citent les propos de l'ONG WAR de Karachi selon lesquels des policiers et des membres du système judiciaire [traduction] « "ont été vus alors qu'ils exerçaient activement des pressions sur les survivantes" » de viols pour qu'elles acceptent des règlements à l'amiable négociés par des policiers, des procureurs et des juges (É.-U. 27 févr. 2014, 9). Dans cette même source, on cite une militante pour les droits des femmes selon laquelle les auteurs de crimes contre les femmes qui ont [traduction] « des relations solides dans la société [et qui disposent] de plus de pouvoir et de ressources que les victimes » sont capables de faire pression sur les victimes et leur famille pour qu'elles acceptent un règlement (ibid., 47). Le document de travail des ONG déposé lors de la 54e session du CEDAW décrit également les [traduction] « compromis » à l'amiable comme une pratique « tout à fait courante », qui se termine par le rejet de l'affaire et la mise en liberté de l'accusé, même lorsque celui-ci est le père de la victime (Zaman et Zia [2013], 3).

Selon le document de travail des ONG déposé lors de la 54e session du CEDAW,

traduction]

[l]a magistrature compte un très faible pourcentage de juges de sexe féminin, et pratiquement aucune procureure de l'État. [...] La défense est libre de fouiller dans la vie sexuelle de la victime et invoque souvent l'absence de preuve médicale comme une indication qu'il y a eu consentement. On ne montre aucune réticence à accorder la libération sous caution même lorsque l'essentiel de la preuve est fondé sur des conclusions de nature médicale, particulièrement des marques de violence visibles sur le corps de la femme (ibid.).

Il est écrit dans l'article publié dans la revue Asian Social Science [traduction] « [qu']en règle générale, les tribunaux sont réticents à prononcer des déclarations de culpabilité pour viol s'ils ne disposent pas d'éléments de preuve matérielle à l'appui, ou dans les affaires où aucune "marque de violence" n'apparaît sur le corps de la victime et où la seule preuve consiste en la parole de la victime contre celle du défendeur » (Bhatti et al. 2011, 152). Des sources qualifient le taux de condamnation pour viol au Pakistan de [traduction] « singulièrement bas » (HRCP mars 2014, 177), [traduction] « pratiquement nul » (Dawn 26 oct. 2014a) ou [traduction] « frôlant le zéro » (ibid. 26 oct. 2014b).

Diverses sources décrivent les difficultés éprouvées par les femmes qui cherchent à obtenir un soutien judiciaire (WAR 11 déc. 2014; Zaman et Zia [2013], 3; É.-U. 27 févr. 2014, 46). Selon les Country Reports 2013, [traduction] « la loi exige que toute plainte [concernant un viol] soit présentée directement à une cour des sessions, une cour de première instance saisie des crimes odieux », une procédure qui créerait « des obstacles pour les victimes de viol n'ayant pas les moyens financiers pour se déplacer jusqu'au tribunal ou avoir accès à la cour » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé de renseignements allant dans le même sens.

On peut lire dans le document de travail des ONG déposé lors de la 54e session du CEDAW que [traduction] « [l]es procès sont longs et difficiles et [qu'ils] entraînent des frais directs et indirects considérables, notamment des coûts de renonciation attribuables au salaire perdu en raison des jours passés au tribunal » (Zaman et Zia [2013], 3). De même, un représentant de WAR a affirmé, sans entrer dans les détails, que [traduction] « [l]es affaires de viol portées devant les tribunaux ne sont pas conclues de manière définitive avant de nombreuses années » (11 déc. 2014). Dans un entretien avec le Dawn, un militant pour les droits et avocat pakistanais a déclaré que [traduction] « l'inefficacité, la négligence, la partialité et le volume élevé d'affaires » ralentissent le fonctionnement des tribunaux et que les affaires de viol « restent en suspens des années » (26 oct. 2014b).

D'après un article de décembre 2014 publié dans l'Express Tribune, les Pakistanaises ont à leur disposition des [traduction] « ressources gratuites en matière d'aide juridique » (17 déc. 2014). La Women Aid Trust, ONG [traduction] « dont la mission est de soulager les souffrances des femmes en prison au Pakistan » (Women Aid Trust s.d.a), affirme qu'elle dispose d'une équipe composée de

[traduction]

25 avocats travaillant à Rawalpindi, à Islamabad, à Peshawar, à Lahore, à Multan et à Karachi. L'organisation a des cellules d'aide juridique dans ces villes, qui fournissent une assistance aux femmes et aux mineurs incarcérés ainsi qu'à d'autres femmes dans le besoin qui font appel à leurs services même si elles ne sont pas en prison (ibid. s.d.b).

Une autre ONG du Pakistan, Avocats pour les droits de la personne et l'aide juridique (Lawyers for Human Rights and Legal Aid - LHRLA), affirme qu'elle a contribué à la libération de [traduction] « 5 000 innocents incarcérés, pour la plupart des femmes et des enfants », et qu'elle a aussi « fourni une aide et des conseils juridiques sans frais à 20 000 victimes » (s.d.b). D'après un article de septembre 2014 publié dans l'Express Tribune, la province du Sindh a un Centre d'appels pour des conseils juridiques (Legal Advisory Call Centre) (The Express Tribune 15 sept. 2014). Le personnel du centre comprend 23 avocats pénalistes, et le centre a son propre numéro de téléphone (ibid.). LHRLA fait observer que [traduction] « l'attention accordée à l'aide juridique au Pakistan est négligeable. Très peu d'organismes privés offrent de tels services, et cette offre est limitée » (s.d.a). Selon l'Express Tribune, bien qu'il existe des organisations [traduction] « donnant des moyens d'agir aux femmes », ce ne sont pas toutes les femmes qui peuvent « se prévaloir de ces ressources. Elles craignent de déshonorer leur famille ou ignorent tout simplement que de l'aide leur est offerte » (26 nov. 2014).

4. Services d'écoute téléphonique

Le représentant de WAR a affirmé que les femmes victimes de violence avaient à leur disposition un service d'écoute téléphonique appelé Madadgaar, géré par une ONG de Karachi (WAR 11 déc. 2014). Selon son site Internet, Madadgaar est [traduction] « le premier service d'écoute téléphonique [du Pakistan] destiné aux enfants et aux femmes victimes de violence, de mauvais traitements et d'exploitation » et a pu démarrer grâce à l'aide de l'UNICEF (Madadgaar s.d.a). La même source précise que Madadgaar offre [traduction] « des services de communication de renseignements, d'aiguillage, d'orientation, d'aide psychologique et d'intervention en cas de crise » (ibid. s.d.b). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé de renseignements allant dans le même sens.

Des médias du Pakistan ont signalé en 2014 que la province du Pendjab avait instauré un service d'écoute téléphonique auquel pouvaient faire appel les femmes victimes de violence (Dawn 7 déc. 2014; The Express Tribune 29 nov. 2014). L'Express Tribune précise que ce service est sans frais et qu'en date de novembre 2014, plus de 300 plaintes formulées par des femmes avaient fait l'objet d'une enquête (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] Le document de travail intitulé « Women's Access to Justice in Pakistan » a été rédigé par des déléguées au nom de la Fondation Aurat pour des services d'information et de publication (Aurat Publication and Information Service Foundation), ONG du Pakistan qui milite pour l'égalité des sexes (Aurat Foundation s.d.), et WAR, une ONG de Karachi qui recueille des données sur le viol au Pakistan grâce à la collaboration d'un réseau de survivantes (WAR s.d.). Le document a été déposé auprès du Comité sur l'accès des femmes à la justice (Committee on Women's Access to Justice) lors de la 54e session du CEDAW des Nations Unies (Zaman et Zia [2013], 6). La session du CEDAW a eu lieu du 11 février au 1er mars 2013 (Nations Unies s.d.).

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Nations Unies. S.d. Haut-Commissariat aux droits de l'homme. « Committee on the Elimination of Discrimination Against Women: 54th Session (11 February-1 March 2013) ». [Date de consultation : 23 déc. 2014]

PANAH. [2012]. Report of PANAH Shelter Home for the Year 2012. [Date de consultation : 16 déc. 2014]

Pulitzer Center on Crisis Reporting. 31 août 2011. Habiba Nosheen et Hilke Schellmann. « Pakistan: Life in a Karachi Shelter ». [Date de consultation : 10 déc. 2014]

_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 16 déc. 2014]

Punjab Police. S.d. « Women Police Stations ». [Date de consultation : 11 déc. 2014]

Reuters. 20 octobre 2013. Katharine Houreld. « Pakistan's Women Police Fight Criminals, Militants, and Scorn ». [Date de consultation : 10 déc. 2014]

Society for the Advancement of Community, Health, Education, and Training (SACHET). S.d.a. « Mission ». [Date de consultation : 17 déc. 2014]

_____. S.d.b. « Women Police Stations ». [Date de consultation : 11 déc. 2014]

Swedish Association of Women's Shelters and Young Women's Empowerment Centres (SKR). S.d.a. « The Women's Shelter ». Cause of Death: Woman. [Date de consultation : 17 déc. 2014].

_____. S.d.b. « About the Project ». [Date de consultation : 17 déc. 2014]

Transparency International Pakistan. 25 avril 2014. National Integrity System: Country Report 2014. [Date de consultation : 15 déc. 2014]

University at Buffalo. S.d. School of Social Work. « Filomena Critelli, PhD ». [Date de consultation : 8 janv. 2015]

War Against Rape (WAR). 11 décembre 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

_____. S.d. « History ». [Date de consultation : 16 déc. 2014]

Women Aid Trust. S.d.a. « About Women Aid Trust ». [Date de consultation : 13 janv. 2015]

_____. S.d.b. « Legal Aid - Women Aid Trust ». [Date de consultation : 13 janv. 2015]

Zaman, Sarah et Maliha Zia. [2013]. « Women's Access to Justice in Pakistan ». Document de travail déposé auprès du Committee on Women's Access to Justice, lors de la 54e session du Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, pour le compte de War Against Rape et de l'Aurat Foundation, Pakistan. [Date de consultation : 9 déc. 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre dans les délais voulus les personnes et organisations suivantes ont été infructueuses : Aurat Foundation; consultant indépendant sur les problématiques hommes-femmes; Human Rights Commission of Pakistan; Pakistan - National Commission on the Status of Women; professeur de droit, University College Cork; professeur de droit, University of Warwick; refuge PANAH; Rozan; service d'écoute téléphonique de Madadgaar; Shirkat Gah.

Sites Internet, y compris : Agence France-Presse; Al Jazeera; Amnesty International; British Broadcasting Corporation; Brookings Institution; Carnegie Endowment for International Peace; ecoi.net; Factiva; Human Rights Watch; Nations Unies - Entité pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, Réseaux d'information régionaux intégrés; Pakistan - National Commission on the Status of Women; Province du Pendjab - Women's Development Department; Province du Sindh - Women's Development Department; Radio Free Europe; Royaume-Uni - Border Agency, Home Office; United States Institute of Peace; Woodrow Wilson International Center for Scholars.

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