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Gabon : situation des droits de la personne ainsi que la protection offerte aux personnes victimes de violations des droits de la personne, aux membres des partis politiques d'opposition et aux personnes victimes de sectes de marabouts telle que la secte bwiti (2000-mars 2003)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Canada
Publication Date 13 March 2003
Citation / Document Symbol GAB41327.F
Reference 7
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Gabon : situation des droits de la personne ainsi que la protection offerte aux personnes victimes de violations des droits de la personne, aux membres des partis politiques d'opposition et aux personnes victimes de sectes de marabouts telle que la secte bwiti (2000-mars 2003), 13 March 2003, GAB41327.F, available at: https://www.refworld.org/docid/3f7d4d967.html [accessed 19 May 2023]
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Reporters sans frontières évoquaient dans leur rapport annuel 2002 quelques cas de suspension au Gabon de journaux par le Conseil de national de la communication (CNC). Toutefois, aucune autre exemple précis de récentes violations des droits de la personne au Gabon n'a pu être trouvé parmi les sources consultées par la Direction des recherches.

Pour plus d'information sur la situation des droits de la personne au Gabon, voir les Country Reports 2001, du Département d'État des États-Unis.

Dans son rapport du 3 novembre 2000 sur le Gabon, le Comité des droits de l'homme des Nations Unies se félicitait, entre autres, « de l'évolution de ce pays qui s'oriente vers une démocratie multipartite et pluraliste », du fait que dans ce pays « les particuliers puissent présenter un recours direct devant la cour constitutionnelle », et de la mise en place « d'un ministère chargé des droits de l'homme et de l'établissement d'une commission nationale des droits de l'homme ayant compétence pour examiner les plaintes des particuliers » (Nations Unies 3 nov. 2000).

Décrivant le système judiciaire en place au Gabon, une source d'information notait ce qui suit :

Le pouvoir judiciaire est assuré par la Cour constitutionnelle, la Cour judiciaire, la Cour administrative (ces deux dernières rendent des décisions ayant autorité de la chose jugée), la Cour des comptes, les cours d'appel, des tribunaux, la Haute Cour de Justice et d'autres juridictions d'exception (ces deux dernières instances sont non permanentes, la première jugeant le Président de la République en cas de haute trahison). La cour judiciaire comprend des chambres civile, commerciale, sociale et pénale.

Le conseil supérieur de la magistrature est chargé de la bonne administration de la justice. Il est présidé cependant par le Président de la République, secondé par le ministre de la justice. Y siègent aussi les président des différentes cours, des représentants du Parlement, le ministre des finances (CEAN s.d.).

Selon la même source d'information, la Cour constitutionnelle « est saisie en cas de contestation d'une élection, par tout électeur, tout candidat, tout parti politique ou le délégué du gouvernement. Sa saisie est aussi ouverte aux citoyens par la voie de l'exception d'inconstitutionnalité à l'occasion d'un procès »(ibid.).

Quant aux marabouts et à la secte bwiti, une chargée de recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS), également auteure d'un livre intitulé Les marabouts africains à Paris, paru en février 2003 aux éditions CNRS, fournit, dans un courriel envoyé à la Direction des recherches, l'explication suivante.

Intercesseurs entre Allah (ou ses anges) et les hommes qui leur soumettent leurs désirs ou leurs soucis, les marabouts pratiquent théoriquement un art de la mesure qu'ils résument eux-mêmes ainsi : « je propose, Dieu (Allah) dispose ».

Mais l'un des thèmes sur lesquels les marabouts sont souvent sollicités relève des relations interpersonnelles : « abattre » un rival (au travail, en amour, etc.), ce qui peut prendre plusieurs formes (tenter de l'empêcher de retourner chez lui s'il est émigré ou au contraire l'empêcher d'en partir, le faire échouer dans toutes ses entreprises, le faire tomber malade, etc.). Bien sûr les marabouts ne sont pas des tueurs à gages, et leur travail consiste en prières, en rituels, en amulettes ou lotions données au consultant. On est donc dans un registre magico-religieux, mais cette action peut avoir une efficacité symbolique réelle pour celui qui se situe à l'intérieur des choses et partage le système d'interprétation du monde mis en oeuvre par les marabouts. Cet homme peut alors se sentir persécuté par ce qu'il pense être les maléfices d'un marabout, il peut attribuer à celui-ci tous ses malheurs et ses échecs, et peut alors ne trouver comme solution que la fuite.

Il arrive aussi que certains marabouts peuvent être entraînés à demander aux consultants qui les font intervenir pour régler un problème crucial dans leur vie, des sommes d'argent que ces consultants ne peuvent plus assumer.

Dans les représentations des marabouts que j'ai pu recueillir dans mon enquête, les marabouts parisiens sur lesquels j'ai travaillé sont réputés moins « dangereux » que ceux pratiquant en Afrique.

Mais il est évident qu'en France comme en Afrique, il y a toute une gamme d'attitudes face à ces phénomènes : certains Africains y adhèrent totalement et considèrent les marabouts comme tout-puissants, au-delà de cet art de la mesure signalé plus haut. Certains ont plus de recul, d'autres ont totalement rejeté ces pratiques.

La difficulté est donc d'évaluer au cas pas cas la réalité de cette « oppression dans l'imaginaire », qui peut être vécue avec une acuité traumatisante, ou simplement alléguée.

[...]

Concernant les relations entre le maraboutisme et le bwiti : il n'y en a pas. Ce sont des pratiques religieuses très différentes, l'une, le maraboutisme, relevant grosso modo de l'islam, l'autre, le bwiti, étant une religion d'un groupe culturel précis du Gabon, étendu à d'autres par la suite, et mélangé avec des réinterprétations du christianisme. Le seul lien qu'il peut y avoir, est qu'on assiste aujourd'hui, en Afrique comme ailleurs, à un phénomène de pluralisme religieux : les gens passent facilement d'une religion ou d'une pratique religieuse à une autre, surtout si, comme c'est souvent le cas, ces religions comportent des pratiques de guérison ou de réduction du malheur. Cette recherche peut conduire des personnes à des adhésions multiples ou successives.

Voilà comment on peut expliquer, en cas d'échec ou si l'on pense que quelqu'un vous veut du mal (qui pratique ce pluralisme pour multiplier l'efficacité attendue), que certains puissent se dire victimes à la fois des marabouts et du bwiti (12 mars 2003).

Dans un article de juillet 2002 sur le Gabon, Le Figaro expliquait que le « bwiti est à la fois une religion, une confrérie et une cérémonie » (27 juillet 200a). Parlant du bwiti, le même journal ajoutait qu'il s'agit d'une « cérémonie animiste du culte des ancêtres d'une ethnie du Gabon, les Tsogho » (Le Figaro 27 juill. 2002b).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Centre d'étude d'Afrique noire (CEAN). S.d. Boubacar Issa Abdourhamane. « Gabon : situation institutionnelle ». [Date de consultation : 13 mars 2003]

Conseil national de la recherche scientifique (CNRS). 12 mars 2003. Laboratoire d'anthropologie urbaine. Courriel envoyé à la Direction des recherches par une chargée de recherche.

Le Figaro [Paris]. 27 juillet 2002a. Jean-Louis Tremblais. « Gabon: grand reportage ». (NEXIS)

_____. 27 juillet 2002b. Hervé de Saint-Hilaire. « Montpellier : deuxième représentation, la nuit prochaine, d'un rituel venu du Gabon, les heureux sortilèges du Bwiti ». (NEXIS)

Nations Unies. 3 novembre 2000. Comité des droits de l'homme, Département de l'information (DPI) [Genève]. « Le comité adopte ses "recommandations" sur les rapports de la Trinité-et-Tobago, du Danemark, du Pérou, de l'Argentine et du Gabon ». [Date de consultation : 10 mars 2003]

Reporters sans frontières [Paris]. 2002. Gabon: Annual Report 2002. [Date de consultation : 7 mars 2003]

Autres sources consultées

Africa Confidential 2002-janvier 2003.

Bases de données de la CISR.

Dossier de pays du Centre des ressources. Gabon.

Jeune Afrique/L'Intelligent 2002-mars 2003.

Le Lettre hebdomadaire de la FIDH. 2002.

LEXIS/NEXIS.

West Africa.

Africatime.

Allafrica.

Amnesty International.

European Country of Origin Information Network (ECOI.net).

FIDH.

HRW.

MISNA.

Nations Unies. Commission des droits de l'homme.

Observatoire de la démocratie en Afrique.

ReliefWeb.

Sénat gabonais.

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