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Afghanistan : information sur la capacité des talibans à poursuivre des personnes qui ont déménagé dans une autre région; leur capacité à trouver une personne à long terme

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 30 December 2011
Citation / Document Symbol AFG103923.EF
Related Document(s) Afghanistan: The capacity of the Taliban to pursue individuals after they relocate to another region; their capacity to track individuals over the long term
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Afghanistan : information sur la capacité des talibans à poursuivre des personnes qui ont déménagé dans une autre région; leur capacité à trouver une personne à long terme, 30 December 2011, AFG103923.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/5121f09a2.html [accessed 28 May 2023]
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Structure des talibans

Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, un professeur adjoint qui enseigne à l'Institut de sécurité nationale et de contre-terrorisme (Institute for National Security and Counterterrorism) de l'Université de Syracuse et qui a publié des ouvrages sur les talibans a expliqué que la capacité des talibans à poursuivre des personnes qui ont déménagé dans d'autres régions de l'Afghanistan et leur capacité à trouver une personne à long terme dépendaient en partie du savoir-faire du groupe de talibans en question (professeur adjoint 13 déc. 2011). Il a mentionné que la structure des talibans se définissait par des [traduction] « groupes à l'intérieur de groupes dans d'autres groupes », ajoutant que certains groupes de talibans ont établi des réseaux complexes dans tout l'Afghanistan, alors que d'autres n'ont qu'une influence locale (ibid.). Il a aussi mentionné qu'il est parfois difficile de déterminer si un groupe est [traduction] « véritablement composé de talibans » ou s'il a simplement adopté le nom « taliban » (ibid.).

Des sources universitaires affirment que la structure des talibans est [traduction] « décentralisée » (Gutiérrez Sanín et Giustozzi 2010, 842; Thruelsen juin 2010, 264). Dans un article publié conjointement, Francisco Gutiérrez Sanín - de l'Université nationale de Colombie (Universidad Nacional de Colombia) - et Antonio Giustozzi - de la London School of Economics - expliquent que les [traduction] « unité[s] de combat » de base des talibans sont des « fronts » et comptent de 20 à 300 hommes qui ont été mobilisés et sont dirigés par des commandants de front (Gutiérrez Sanín et Giustozzi 2010, 836, 842). Ils expliquent également que, plus la taille d'un front augmente, plus il a tendance à [traduction] « se fragmenter et à "se reproduire" » (ibid.).

Peter Dahl Thruelsen, de l'Institut de la stratégie (Institute for Strategy) du Collège royal de défense du Danemark (Royal Danish Defence College) à Copenhague, affirme que la structure des talibans, qui est complexe et non linéaire, est constituée de trois niveaux généraux (juin 2010, 263). Le premier niveau, qui est le plus élevé des trois, correspond au commandement stratégique; la shura de Quetta [composée du chef - le mollah Omar (ou Umar) - et de ses principaux conseillers (É.-U. 22 nov. 2011, 14)]; les [traduction] « gouverneurs fantômes de province »; et les combattants originaux des années 1990 (Thruelsen juin 2010, 263). Le deuxième niveau, à savoir le niveau intermédiaire, comprend les dirigeants locaux, les combattants à temps plein et les partisans actifs (ibid.). Le troisième niveau, le moins élevé des trois, est constitué des combattants à temps partiel et des sympathisants des talibans (ibid.). Peter Dahl Thruelsen maintient que le premier niveau assure le [traduction] « commandement stratégique » des commandants locaux, mais que, sur une base quotidienne, ces derniers conservent leur pouvoir sur les régions qu'ils contrôlent (ibid., 265). Plus particulièrement, Peter Dahl Thruelsen affirme que, dans le sud du pays, l'organisation des talibans est fondée sur des [traduction] « réseaux de connaissances locaux » maintenus au moyen de l'échange de renseignements entre les commandants (ibid., 270).

L'International Crisis Group (Crisis Group) mentionne que les commandants de groupe sont dirigés par des [traduction] « gouverneurs fantômes de district », qui relèvent à leur tour du gouverneur fantôme de la province (27 juin 2011, 13). Selon Crisis Group, les talibans ont une structure [traduction] « hiérarchique », le mollah Omar et d'autres personnes formant le groupe de dirigeants à Quetta, au Pakistan, et des structures de commandement unifiées menant leurs activités en Afghanistan, particulièrement dans la région du centre autour de Kaboul, et à Kandahar - bastion taliban (International Crisis Group 27 juin 2011, 13). Des directives seraient ensuite données aux conseils militaires, religieux et provinciaux, qui sont aussi divisés selon les régions et les districts (ibid.).

Collecte de renseignements

Dans un rapport commandé par le Centre norvégien d'information sur les pays d'origine - Landinfo -, Antonio Giustozzi dit que les efforts de collecte de renseignements des talibans les aident à mettre en œuvre leur politique [traduction] « [d'] assassinats ciblés » (9 sept. 2011, 14, 18). Crisis Group souligne que le réseau de mosquées, de mollahs et de madrasas en Afghanistan, en particulier dans la région du centre autour de Kaboul, constitue une source de renseignements pour les talibans (International Crisis Group 27 juin 2011, 11). Plus particulièrement, Crisis Group affirme que les talibans se servent des mollahs pour détecter des [traduction] « dirigeants locaux politiquement vulnérables » comme cibles à des fins de « cooptation ou d'élimination » (ibid., 12).

Antonio Giustozzi explique également que

[traduction]

[l]es talibans ne cessent d'étendre leurs activités de collecte de renseignements; certaines parties du pays, en particulier le sud, mais également le sud-est, l'est et les provinces au sud et à l'ouest de Kaboul (Wardak, Logar), sont complètement couvertes et les talibans sont au courant de presque tout, notamment parce qu'ils ont largement infiltré la police et l'administration de l'État. Dans d'autres régions du pays, comme la plus grande partie de Kaboul, de l'ouest et du nord, la présence des talibans sur le terrain est moins importante, et leur capacité à recueillir des renseignements y est plus limitée. Fait plus important, la capacité des talibans à vendre au plus offrant les renseignements recueillis est plus limitée dans ces régions, où ils doivent s'en remettre à quelques commandos pour mettre en œuvre leur stratégie d'assassinats ciblés (Norvège 9 sept. 2011, 18).

Antonio Giustozzi a aussi décrit la capacité des talibans à communiquer de l'information sur les personnes prises pour cible dans tout l'Afghanistan :

[traduction]

[l]es talibans ne semblent pas transférer systématiquement l'information sur les personnes prises pour cible d'une région à une autre; ils ne conservent aucune base de données. Généralement, les talibans qui mènent leurs activités dans une région précise demandent des renseignements sur un suspect à d'autres talibans, au besoin. Le flux d'information dépend donc de l'intensité des activités des talibans : plus la présence des talibans est grande, plus la demande d'information est importante (ibid., 14-15).

Assassinats ciblés

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un coordonnateur principal de programme du Projet régional Afghanistan (Afghanistan Regional Project) dirigé par le Centre sur la coopération internationale (Center on International Cooperation) de l'Université de New York a affirmé que les talibans sont habituellement capables de trouver une personne, et que cela est démontré par le fait qu'ils réussissent à commettre des assassinats ciblés (13 déc. 2011). Antonio Giustozzi fait aussi remarquer que les talibans [traduction] « sont de plus en plus en mesure d'attaquer à leur guise presque partout » et qu'ils « ont potentiellement les ressources et les compétences pour retrouver des personnes », particulièrement si ces personnes travaillent et ne se cachent pas (Norvège 9 sept. 2011, 14). Il soutient en outre qu'il est possible de s'attendre à ce que la [traduction] « politique d'intimidation et d'assassinats ciblés » des talibans continue de s'intensifier, car ils ne cessent [traduction] « [d'] établir une forte présence dans de nouvelles régions » (ibid., 18).

Selon des statistiques compilées par la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et la Commission indépendante des droits de la personne en Afghanistan (Afghanistan Independent Human Rights Commission - AIHRC), en 2010, il y a eu 381 exécutions et assassinats ciblés entraînant la mort de 462 civils, ce qui constitue une augmentation de 105 p. 100 par rapport à l'année 2009 (mars 2011, 11). Dans un autre rapport, la MANUA souligne que, pendant la première moitié de 2011, 190 personnes sont mortes et 43 ont été blessées par suite d'exécutions et d'assassinats ciblés; ces chiffres sont comparables à ceux correspondant à la même période en 2010 (Nations Unies juill. 2011, 19). Pour les mois de juillet et d'août 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies a compté 126 assassinats ciblés ayant entraîné la mort de 182 personnes (ibid. 21 sept. 2011, paragr. 5). Dans leur rapport conjoint, la MANUA et l'AIHRC expliquent également que les statistiques sur les assassinats ciblés sont en deçà de la réalité, car il est difficile de reconnaître le motif qui sous-tend certains assassinats (mars 2011, 12). Elles maintiennent aussi que la plupart des assassinats ciblés ont lieu dans le sud, le sud-est et le centre de l'Afghanistan (MANUA et AIHRC mars 2011, 12).

D'après la MANUA et l'AIHRC, en 2010 et pendant la première moitié de 2011, les talibans ont réussi à prendre pour cible et à tuer de hauts représentants du gouvernement, des gouverneurs, des membres de conseils provinciaux, des aînés de tribus (Nations Unies juill. 2011, 19; MANUA et AIHRC mars 2011, 12), des membres de conseils pour la paix, d'anciens insurgés qui tentaient de s'intégrer dans la société afghane, des policiers qui n'étaient pas en service, des chefs de police (Nations Unies juill. 2011, 19), des membres de shuras, des médecins, des enseignants, des étudiants, des travailleurs de la construction, et des personnes soupçonnées d'appuyer le gouvernement et les forces internationales (MANUA et AIHRC mars 2011, 12). En particulier, en 2010, 140 représentants du gouvernement, 42 aînés de tribus, 25 membres de conseils (shuras) et 21 enseignants, élèves et membres du personnel du secteur de l'éducation auraient été tués par des insurgés lors d'attaques ciblées (ibid.).

L'Observatoire des déplacements internes (Internal Displacement Monitoring Centre - IDMC) déclare également que les talibans [traduction] « ont intimidé et tué des aînés de tribus, des représentants du gouvernement, des civils au service des forces internationales, des enseignants, des travailleurs du secteur de la santé, des commerçants et des membres du personnel d' [organisations non gouvernementales] afghanes et internationales » (IDMC 11 avr. 2011, 4). En outre, les violations des droits de la personne commises par les talibans ont donné lieu à [traduction] « un grand nombre de déplacements à petite échelle », particulièrement dans le sud-est, le sud et le centre du pays (ibid.).

Le professeur adjoint a affirmé que les talibans prennent principalement pour cible les commandants de police, les chefs de police, les commissaires adjoints, les aînés de village, les religieux qui travaillent avec le gouvernement et les fonctionnaires de haut rang (13 déc. 2011). Les traducteurs, les interprètes, les chauffeurs, les enseignants (en particulier ceux qui enseignent aux filles), et les femmes qui font valoir leurs droits ou qui contestent leur père ou d'autres figures d'autorité masculines peuvent aussi être pris pour cible (professeur adjoint 13 déc. 2011). Le professeur adjoint a également expliqué que les talibans ont souvent recours à la criminalité et à l'extorsion pour amasser des fonds et que toute personne qui résiste à l'extorsion peut devenir une cible (ibid.).

D'après la MANUA, les anciens combattants insurgés qui ont participé au Programme pour la paix et la réintégration en Afghanistan (Afghan Peace and Reintegration Program) sont particulièrement vulnérables aux attaques ciblées des talibans (Nations Unies juill. 2011, 19). La MANUA souligne que, en mai 2011, il y a eu deux incidents où les talibans ont pris pour cible et tué huit hommes qui avaient été réintégrés dans le nord-est de l'Afghanistan (ibid.). Francisco Gutiérrez Sanín et Antonio Giustozzi ont aussi mentionné que les talibans ont utilisé des [traduction] « ressources considérables » pour trouver et prendre pour cible des commandants de front et des dirigeants sur le terrain qui ont rejoint les rangs du gouvernement ou des forces internationales (2010, 844).

La MANUA et l'AIHRC signalent que les personnes accusées de s'être livrées à [traduction] « [l'] espionnage » pour le compte du gouvernement ou des forces internationales représentent l'un des groupes les plus importants de civils qui ont été assassinés ou exécutés; en 2010, les talibans ont commis 84 assassinats ciblés où ils ont accusé la victime d'être un espion, même si 65 des victimes n'avaient aucun lien connu avec un groupe politique ou professionnel (mars 2011, 14). Dans certains cas, les accusés ont été décapités, pendus ou exécutés en public (MANUA et AIHRC mars 2011, 14). De tels incidents se seraient produits dans les provinces de Bâdghîs, d'Helmand, de Ghôr, de Wardak, et de Kounar, ainsi qu'à Kandahar et à Arghandab (ibid.).

Le coordonnateur principal de programme (13 déc. 2011) et le professeur adjoint (13 déc. 2011) se sont tous deux dits d'avis que la question de savoir si les talibans allaient retrouver une personne qui a fui dans une autre région de l'Afghanistan dépendait en partie du profil de cette personne. Le professeur adjoint a expliqué que les personnes importantes risquent davantage d'être prises pour cible (13 déc. 2011). Le coordonnateur principal de programme a déclaré que

[traduction]

la détermination des cibles repose sur divers motifs. Souvent, les talibans cherchent simplement à faire disparaître des personnes et des familles d'une région en raison de l'influence qu'elles exercent sur la population. Il suffit généralement que ces groupes s'installent dans une autre région. Si les motifs ont davantage un caractère politique ou si la cible est importante, il est possible qu'un déménagement dans une autre partie du pays ne suffise pas (13 déc. 2011).

De même, Antonio Giustozzi a souligné que les talibans prennent pour cible [traduction] « les collaborateurs de faible importance » dans les régions où ils ont une forte présence, mais que les [traduction] « évadés qui ne collaborent plus avec le gouvernement ne sont pas une cible prioritaire pour eux » (Norvège 9 sept. 2011, 14, 18). Antonio Giustozzi explique qu'il en est ainsi parce que les talibans consacrent habituellement les ressources [traduction] « limitées » dont ils disposent dans les villes aux « cibles importantes, à savoir les représentants du gouvernement en fonction et toutes les personnes occupant des postes de niveaux supérieurs » (ibid., 14).

Exemples d'assassinats de personnes importantes

Des sources mentionnent que, en 2011, plusieurs représentants importants du gouvernement de l'Afghanistan ont été assassinés (McClatchy Newspapers 21 sept. 2011; Nations Unies 21 sept. 2011, paragr. 5; Aljazeera 20 sept. 2011). L'un de ces assassinats ciblés a eu lieu le 20 septembre 2011 avec le meurtre de Burhanuddin Rabbani, ancien président de l'Afghanistan qui était à la tête du Haut conseil pour la paix (High Peace Council), groupe chargé de conclure une entente avec les talibans (IWPR 22 sept. 2011; The New York Times 20 sept. 2011; McClatchy Newspapers 21 sept. 2011). L'assassin, qui s'est fait passer pour un commandant taliban, aurait caché des explosifs dans son turban et les aurait fait exploser après être entré dans le domicile de Burhanuddin Rabbini à Kaboul (ibid.; The New York Times 20 sept. 2011; IWPR 22 sept. 2011). Deux autres membres influents du Haut conseil pour la paix ont aussi été blessés lors de l'attaque (McClatchy Newspapers 21 sept. 2011; The New York Times 20 sept. 2011). Les personnes importantes suivantes ont également été assassinées en 2011 :

  • Ghulam Haider Hamidi, maire de Kandahar (Nations Unies 21 sept. 2011; McClatchy Newspapers 21 sept. 2011; Aljazeera 20 sept. 2011);
  • Jan Mohammad Khan, l'un des principaux conseillers du président (ibid.; Nations Unies 21 sept. 2011; McClatchy Newspapers 21 sept. 2011);
  • Ahmed Wali Karzai, demi-frère du président et chef de conseil provincial (The Economist 14 juill. 2011; Aljazeera 20 sept. 2011; Nations Unies 21 sept. 2011);
  • Mohammed Daud Daud, chef de police du nord de l'Afghanistan (Aljazeera 20 sept. 2011; BBC 28 mai 2011; voir aussi McClatchy Newspapers 21 sept. 2011);
  • le général Khan Mohammed Mujahid, chef de police de Kandahar (The New York Times 15 avr. 2011; Reuters 19 avr. 2011; Aljazeera 20 sept. 2011);
  • Abdul Latif Ashna, sous-gouverneur de la province de Kandahar (ibid.; Reuters 19 avr. 2011).

Des médias expliquent que le nombre croissant d'assassinats de personnes importantes démontre que les talibans sont capables de s'introduire dans certains des endroits les plus sécurisés (IWPR 13 juill. 2011; The New York Times 20 sept. 2011). Selon l'Institut du reportage de guerre et de paix (Institute for War and Peace Reporting - IWPR), [traduction] « [b]eaucoup croient que chaque personne est maintenant vulnérable, même le président Karzai, et que le gouvernement ne peut rien y faire » (22 sept. 2011).

Région de réinstallation

D'après le coordonnateur principal de programme, la région où une personne prise pour cible se réinstalle constitue un facteur déterminant quant à la capacité des talibans à trouver cette personne (13 déc. 2011). Il a expliqué que si la personne ciblée déménage à l'intérieur d'une province ou d'un district donné, elle sera [traduction] « plus exposée » que si elle déménage dans une autre province se trouvant dans une autre partie de l'Afghanistan (coordonnateur principal de programme 13 déc. 2011). Il a affirmé que le niveau de sécurité dans le lieu de destination et la taille de la collectivité sont aussi des facteurs qui ont une incidence sur la vulnérabilité d'une personne (ibid.). Il a dit que le fait de déménager dans la capitale d'une province pourrait ne pas constituer une [traduction] « protection suffisante », mais que, dans plusieurs cas, des personnes et des familles qui étaient menacées par les talibans ont pu s'établir en toute sécurité à Kaboul (ibid.). Le professeur adjoint s'est également dit d'avis que les talibans sont [traduction] « moins en mesure » de retrouver des personnes ciblées à Kaboul (13 déc. 2011). Il a expliqué qu'il en était ainsi parce que les forces de sécurité et la police de Kaboul [traduction] « semblent avoir reçu une meilleure formation » et que les gens dans cette ville peuvent « garder davantage l'anonymat » (professeur adjoint 13 déc. 2011).

Toutefois, le professeur adjoint a déclaré que les talibans pourraient tout de même être en mesure de retrouver une personne à Kaboul (ibid.). Il a souligné être aussi au courant de cas où des fonctionnaires de niveau intermédiaire et de haut niveau à Kaboul ont été menacés par les talibans (ibid.). Antonio Giustozzi affirme également qu'à [traduction] « petite échelle », les talibans ont harcelé et pris pour cible des personnes considérées comme des [traduction] « "collaborateurs" » à Kaboul, y compris des colonels de l'armée et de la police et des commandants des forces de sécurité (Norvège 9 sept. 2011, 14).

Le professeur adjoint a aussi souligné qu'il est difficile de déménager en Afghanistan - les déplacements sont particulièrement difficiles entre l'est et l'ouest ou entre le nord et le sud (13 déc. 2011). Des sources mentionnent que les insurgés ont mis en place des points de contrôle partout au pays (professeur adjoint 13 déc. 2011; MANUA et AIHRC mars 2011, 18). Le professeur adjoint a expliqué que les barrages routiers étaient érigés principalement afin d'extorquer de l'argent, mais qu'ils sont parfois également utilisés pour empêcher les civils de voyager, en particulier dans le sud du pays (13 déc. 2011). Selon la MANUA et l'AIHRC, les insurgés aux points de contrôle cherchent des représentants du gouvernement et des militaires, mais ils ont aussi enlevé, tué et blessé des civils (mars 2011, 18). La MANUA et l'AIHRC affirment que, le 12 septembre 2010, les talibans ont arrêté trois fournisseurs privés de services de sécurité à un point de contrôle à Arghandab, dans la province de Kandahar; l'un des hommes a été abattu et pendu à un arbre, alors que les deux autres ont disparu (mars 2011, 18). Elles affirment également que, en 2010, au moins 16 civils ont été enlevés à des points de contrôle établis par les insurgés, dont le chef du service d'éducation d'un district, enlevé dans la province de Balkh (mars 2011, 17-18).

Membres de la famille

Le professeur adjoint (13 déc. 2011) et le coordonnateur principal de programme (13 déc. 2011) ont tous deux signalé que si la personne ciblée déménage avec des membres de sa famille, cela aura aussi une incidence sur la capacité des talibans à la retrouver. Le professeur adjoint a fait observer qu'il est plus facile pour les talibans de trouver une personne ciblée si elle déménage avec de nombreux membres de sa famille ou sa famille élargie (13 déc. 2011). Cependant, le coordonnateur principal de programme a affirmé que, si une personne ciblée déménage seule, les talibans pourraient réussir à la faire revenir dans la région qu'elle a quittée en menaçant ou attaquant les membres de sa famille ou les proches qui y sont restés (13 déc. 2011).

Le professeur adjoint a dit que l'origine ethnique et tribale d'une personne ciblée avait également une incidence sur sa capacité à fuir dans une autre partie de l'Afghanistan, car la prédominance des groupes ethniques varie selon les régions en Afghanistan (13 déc. 2011).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

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Coordonnateur principal de programme, Afghanistan Regional Project, Center on International Cooperation, New York University. 13 décembre 2011. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

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International Crisis Group. 27 juin 2011. The Insurgency in Afghanistan's Heartland. Asia Report no 207. [Date de consultation : 7 déc. 2011]

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Professeur adjoint, Institute for National Security and Counterterrorism, Syracuse University. 13 décembre 2011. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.

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Thruelsen, Peter Dahl. Juin 2010. « The Taliban in Southern Afghanistan: A Localised Insurgency with a Local Objective ». Small Wars and Insurgencies. Vol. 21, no 2.

Autres sources consultées

Sites Internet, y compris : Afghanistan Analysts Network; Afghanistan Research and Evaluation Unit; Amnesty International; CARE; Current History; États-Unis — Congressional Research Service, Country Reports on Terrorism; European Country of Origin Information Network; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Freedom House; Human Rights Watch; Jamestown Foundation; Jane's Intelligence Review; Jane's Terrorism and Security Monitor; National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism; Nations Unies — Refworld, ReliefWeb; Radio Free Europe/Radio Liberty.

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