Cuba : information sur la franc-maçonnerie, y compris sur son nombre de loges, sa structure organisationnelle, ses dirigeants et ses activités; information sur les exigences et la marche à suivre pour adhérer à une loge; information sur les rapports entre les membres des loges et les autorités (2000-juillet 2014)

1. Aperçu et structure

D'après le site Internet de la Grande Loge des anciens libres et des maçons acceptés de Cuba (Gran Logia de Cuba de Antiguos Libres (AL) y Aceptados Masones (AM)) [1], les maçons ont fait leur apparition à Cuba vers la fin du 18e siècle, et la première loge, soit le Temple des vertus théologiques, a été fondée en 1804 (Gran Logia de Cuba de AL y AM s.d.a). Dans un article publié dans El Nuevo Herald, un journal de Miami, Gustavo Pardo Valdés affirme que, selon les maçons cubains, il y a 316 loges et 220 temples maçonniques à Cuba (24 mai 2010). Gustavo Pardo Valdés a été le président de l'Académie cubaine des études maçonniques supérieures (Academia Cubana de Altos Estudios Masónicos) de 2005 à 2011 (Martí Noticias 12 juill. 2012). Cette académie est un organisme maçonnique qui effectue de la recherche sur le symbolisme, l'histoire et la jurisprudence maçonniques (Gran Logia de Cuba de AL y AM s.d.b). Le site Internet de la Gran Logia de Cuba de AL y AM dresse une liste de 318 loges à l'échelle du pays (Gran Logia de Cuba de AL y AM s.d.c). Le répertoire national des loges, regroupées selon l'obédience maçonnique, est annexé à la présente réponse (document annexé 1). La structure de la Gran Logia de Cuba de AL y AM (document annexé 2) et la liste des comités du cabinet de son Grand Maître (document annexé 3) sont aussi annexées à la présente réponse.

Selon le site Internet de la Gran Logia de Cuba de AL y AM, le nombre d'adhésions aux loges cubaines a diminué au fil des ans, passant de 34 000 en 1959 à 19 582 en 1981; toutefois, depuis 1982, ce nombre augmente constamment et a atteint [traduction] « plus de » 28 000 personnes (Gran Logia de Cuba de AL y AM s.d.d). Un article publié en 2010 dans El Nuevo Herald cite une étude de Jorge Luis Romeu, professeur émérite à l'Université d'État de New York à Cortland et actuellement professeur de recherche en statistique à l'Université de Syracuse, dont les intérêts de recherche portent notamment sur les études maçonniques à Cuba (Romeu 11 juill. 2014); selon cette étude, [traduction] « plus du tiers » des loges maçonniques et des membres sont à La Havane (El Nuevo Herald 24 mai 2010).

Selon Gustavo Pardo Valdés, il y a d'autres organisations maçonniques à Cuba : la Société des anciens compagnons honorables et distingués (Sociedad de Antiguos Honorables Compañeros Distintos) [aussi appelée la Grande Loge de Cuba IOOF (Gran Logia de Cuba IOOF), un sous-groupe de la Grande Loge souveraine de l'Ordre indépendant des compagnons de métiers divers (Sovereign Grand Lodge Independent Order of Odd Fellows - IOOF) (IOOF s.d.)], qui compte de 25 000 à 30 000 membres, et l'Ordre des chevaliers de la lumière (Los Caballeros de la Luz), qui compte 25 000 membres (El Nuevo Herald 24 mai 2010). Dans une analyse statistique et historique décrivant le développement de la Gran Logia de Cuba de AL y AM de 1945 à 2010, présentée à l'International Conference on American and Latin American Freemasons: A New Past and a New Future et communiquée à la Direction des recherches, Jorge Luis Romeu signale que les membres de Los Caballeros de la Luz et de la Gran Logia de Cuba IOOF sont [traduction] « moins nombreux » que les membres de la Gran Logia de Cuba de AL y AM, laquelle compte 30 000 membres (Romeu 20 mai 2013, 1-3). Il ajoute qu'il ne dispose pas des chiffres se rapportant aux deux autres loges (ibid., 3). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement sur ces deux organisations maçonniques à Cuba.

La communication présentée par Jorge Luis Romeu à la conférence susmentionnée, qui comprend une étude démographique des maçons à Cuba ainsi que des renseignements sur leurs caractéristiques, leurs nombres et leurs rapports avec la société cubaine, est annexée à la présente réponse (document annexé 4).

2. Relation avec le gouvernement de Cuba

Selon le site Internet de la Gran Logia de Cuba de AL y AM, les maçons ont appuyé le nouveau gouvernement [1959] durant [traduction] « les premières années » du régime (Gran Logia de Cuba de AL y AM s.d.d). Toutefois, plusieurs maçons de haut rang ont quitté Cuba après la [traduction] « radicalisation » de la démarche révolutionnaire du gouvernement, y compris un membre qui a créé la Grande Loge de Cuba en exil (Grand Lodge of Cuba in Exile) aux États-Unis (ibid.). Le site Internet signale également qu'après la révolution, les loges ont commencé à éprouver des [traduction] « difficultés » financières, qui ont eu une incidence sur leurs budgets et leurs activités philanthropiques (ibid.).

Selon El Nuevo Herald, même si la franc-maçonnerie est légale à Cuba, elle est [traduction] « étroitement surveillée par le Bureau des affaires religieuses du Parti communiste de Cuba » (El Nuevo Herald 24 mai 2010). L'article cite les propos de Manuel Olmedo, président de la Fédération des maçons cubains en exil (Federación de Masones Cubanos en el Exilio « Cuba Primero »), selon lesquels le gouvernement oblige les loges à rendre compte de leurs activités de manière détaillée, à demander l'autorisation avant d'entreprendre des activités ne faisant pas partie de leurs activités quotidiennes et à annuler l'adhésion des maçons qui ont émigré (ibid.). Noticias Martí, portail d'information aux États-Unis, cite les propos de Gustavo Pardo Valdés selon lesquels des agents de la sécurité nationale ont [traduction] « infiltré en profondeur » les organisations à Cuba, y compris les organisations maçonniques (12 juill. 2012). Cubanet, source d'information indépendante établie à Cuba, signale que, d'après des maçons à Cuba, le Bureau du registre des associations (Registro de Asociaciones) du ministère de la Justice a suggéré aux autorités maçonniques de la Loge Solano Ramos de réintégrer un agent de la police politique, José Manuel Collera, ancien Grand Maître de la Gran Logia de Cuba de AL y AM, qui avait été expulsé de l'organisation parce qu'il avait commis des [traduction] « crimes maçonniques », y compris l'abus de pouvoir, avant qu'il ne soit révélé qu'il était un espion à la solde du gouvernement (Cubanet 4 avr. 2011). Toujours selon l'article de Cubanet, les autorités maçonniques ont refusé la demande, faisant valoir que José Manuel Collera avait fait plus de 40 voyages à l'étranger en puisant dans des ressources que la Gran Logia de Cuba de AL y AM avait assignées à d'autres activités (ibid.). Au dire des maçons de la Loge Solano Ramos, en raison de cette [traduction] « ingérence de l'État », ils se sont sentis « harcelés » et « sous la menace d'accusations de nature politique » (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements sur cette affaire.

D'après El Nuevo Herald, Gustavo Pardo Valdés a affirmé que, [traduction] « même si les règlements des organisations maçonniques à Cuba interdisent les activités partisanes, 13 des 75 dissidents emprisonnés durant la répression de 2003, connue sous le nom de "Printemps noir", étaient des maçons » (24 mai 2010). Le Printemps noir renvoie aux [traduction] « mesures de répression » prises par les autorités cubaines à l'endroit des « dissidents » au pays en mars 2003; 75 personnes ont été arrêtées, y compris des journalistes indépendants (CPJ 18 mars 2008; Freedom House 19 mars 2013), des bibliothécaires et des militants pour les droits de la personne (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements sur l'emprisonnement de maçons en 2003.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Note

[1] La Gran Logia de Cuba de AL y AM est membre de la Confédération maçonnique interaméricaine (Confederación Masónica Interamericana - CMI), l'organisation qui regroupe les [traduction] « Grandes Loges ordinaires » du continent américain (CMI s.d.).

Références

Comité para la Protección de los Periodistas (CPJ). 18 mars 2008. « La larga Primavera Negra de Cuba ». [Date de consultation : 11 juill. 2014]

Confederación Masónica Interamericana (CMI). S.d. « ¿Qué es la CMI? ». [Date de consultation : 10 juill. 2014]

Cubanet. 4 avril 2011. Jaime Leygonier. « Gobierno cubano presiona a Masones que acepten de nuevo agente "Gerardo" ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

El Nuevo Herald. 24 mai 2010. Juan O. Tamayo. « Crece militancia de masones en Cuba ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

Freedom House. 19 mars 2013. « The Ten-year Anniversary of "La Primavera Negra" in Cuba Serves as a Reminder of Continued Repression ». [Date de consultation : 11 juill. 2014]

Gran Logia de Cuba de AL y AM. S.d.a. « Primeras logias cubanas ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

_____. S.d.b. « Academia de Altos Estudios Masónicos ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

_____. S.d.c. « Directorio nacional de logias de la jurisdicción ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

_____. S.d.d. « Masonería y revolución ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

IOOF, The Sovereign Grand Lodge Independent Order of Odd Fellows. S.d. « Cuba ». [Date de consultation : 10 juill. 2014]

Martí Noticias. 12 juillet 2012. « Gran Logia de Cuba, seguridad del Estado y manipulación: masones en la encrucijada ». [Date de consultation : 9 juill. 2014]

Romeu, Jorge Luis, State University of New York. 11 juillet 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 20 mai 2013. « Characteristics and Challenges of Cuban Freemasons in the XX Century: A Demographic Approach ». Conférence présentée à l'International Conference on American and Latin American Freemasons: A New Past and a New Future. Envoyée à la Direction des recherches par l'auteur, 11 juillet 2014.

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les personnes et organisations suivantes ont été infructueuses : chercheurs indépendants; Gran Logia de Cuba de AL y AM; Gran Logia de Cuba IOOF.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; Australie - Migration Review Tribunal; Cartas desde Cuba; Conexión Cubana; Cuba - Consultoría Jurídica Internacional, Granma; Cuba Debate; Cuba Encuentro; Cubainformación; La Cubanada; ecoi.net; États-Unis - Department of State; Havana; Human Rights Watch; Juventud Rebelde; Masonic Lodge Info; Nations Unies - Refworld, ReliefWeb; Newsweek; Radio Ciudad del Mar; Radio Martí; Royaume-Uni - Home Office; Univisión; Washington Office on Latin America.

Documents annexés

1. Gran Logia de Cuba de AL y AM. S.d. « Directorio Nacional de Logias de la Jurisdicción » (National Directory of Lodges by Jurisdiction). Traduction de la Direction des recherches. [Date de consultation : 9 juill. 2014]

2. Gran Logia de Cuba de AL y AM. S.d. « Grandes Funcionarios ». (Grand Lodge Officers). Traduction de la Direction des recherches. [Date de consultation : 9 juill. 2014]

3. Gran Logia de Cuba de AL y AM. S.d. « Gabinete del Gran Maestro ». (Cabinet of the Grand Master). Traduction de la Direction des recherches. [Date de consultation : 9 juill. 2014]

4. Romeu, Jorge Luis. 20 mai 2013. « Characteristics and Challenges of Cuban Freemasons in the Twentieth Century: A Demographic Approach ». Revista de Estudios Históricos de la Masonería. [Date de consultation : 16 juill. 2014]