Last Updated: Friday, 19 May 2023, 07:24 GMT

Kirghizistan : information sur la minorité ouïgoure, y compris sur le traitement qui leur est réservé par la société et les autorités; information sur la protection offerte par le gouvernement

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 4 April 2012
Citation / Document Symbol KGZ104071.F
Related Document(s) Kyrgyzstan: The Uyghur minority, including how they are treated by society and the authorities; government protection provided
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Kirghizistan : information sur la minorité ouïgoure, y compris sur le traitement qui leur est réservé par la société et les autorités; information sur la protection offerte par le gouvernement, 4 April 2012, KGZ104071.F, available at: https://www.refworld.org/docid/507557772.html [accessed 20 May 2023]
DisclaimerThis is not a UNHCR publication. UNHCR is not responsible for, nor does it necessarily endorse, its content. Any views expressed are solely those of the author or publisher and do not necessarily reflect those of UNHCR, the United Nations or its Member States.

1. Information générale

Selon des sources consultées par la Direction des recherches, les Ouïgours forment environ 1 p. 100 de la population du Kirghizistan (L'aménagement linguistique dans le monde 29 sept. 2011, sect. 2; MRG mai 2011b). À titre de comparaison, Minority Rights Group International (MRG) signale que les Kirghiz, le groupe ethnique le plus important du pays, constitue presque 70 p. 100 de la population totale (ibid.). D'après des sources citant des statistiques officielles, il y aurait plus de 50,000 Ouïgours au Kirghizistan (RFE/RL 9 avril 2010; RFA 13 avril 2010; The Jamestown Foundation 13 août 2009). Cependant, des sources affirment que, selon certaines estimations, la population ouïgoure du pays serait plutôt de plus de 250,000 personnes (The National 18 juin 2010; The Guardian 14 juin 2010; RFA 13 avril 2010).

Selon des sources, les Ouïgours sont en plus grande partie des musulmans (The New York Times 2 janv. 2011; MRG mai 2011a; RFE/RL 9 avr. 2010). MRG précise qu'ils sont majoritairement de croyance sunnite (MRG mai 2011a). Les Ouïgours habiteraient principalement dans le sud du Kirghizistan (L'aménagement linguistique dans le monde 29 sept. 2011; sect. 2; MRG mai 2011a). Selon MRG, la majorité de la population ouïgoure habite dans le Sud du pays, près de la ville d'Osh, bien qu'une population ouïgoure [traduction] « assez importante » se trouve à Bichkek, la capitale du Kirghizistan (ibid.).

La population la plus importante d'Ouïgours se trouve cependant dans la région chinoise du Xinjiang, qui partage une frontière avec le Kirghizistan (ibid.; RFA 13 avr. 2010). Le New York Times affirme que plusieurs des Ouïgours qui habitent en Asie centrale ont émigré du Xinjiang vers le Kazakhstan et le Kirghizistan; l'article du New York Times ne précise pas quand cette émigration a eu lieu (2 janv. 2011). Selon MRG, au cours des années précédant 2011, le Kirghizistan a vu l'arrivée d'Ouïgours fuyant la [traduction] « répression » au Xinjiang (MRG mai 2011a). MRG affirme que les autorités kirghizes ont initialement cherché à décourager la migration d'Ouïgours du Xinjiang vers le Kirghizistan, mais qu'elles n'ont pas non plus [traduction] « réprimé […] durement » cette migration; les autorités kirghizes auraient notamment autorisé l'existence d'organisations ouïgoures favorables ou liées à la cause des Ouïgours du Xinjiang (ibid).

2. Traitement réservé à la population ouïgoure
2.1 Attitude de la population

Selon MRG, il y aurait eu [traduction] « des déclarations injurieuses et hostiles, certaines provenant de représentants du gouvernement, décrivant les Ouïgours comme des terroristes et des intégristes ("wahhabites") » (ibid.). MRG ajoute que les Ouïgours font l'objet d'une couverture médiatique et d'attitudes sociales [traduction] « négatives » (MRG mai 2011a). Parmi les sources qu'elle a consultées, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autre information allant dans ce sens.

2.2 Violences

Selon des sources, des attaques contre des Ouïgours et contre des membres d'un autre groupe ethnique, les Dounganes, ont eu lieu en avril 2010 dans la ville de Tokmok (Freedom House 2011; RFE/RL 9 avr. 2010). Selon Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), Tokmok est située dans le Nord du pays, à 30 kilomètres de la capitale Bichkek (ibid.). D'après RFE/RL, ces attaques, qui auraient été perpétrées par des groupes d'opposants au gouvernement, auraient fait onze blessés, dont cinq par balles, et des maisons, des cafés et des magasins appartenant à des Ouïgoures ou à des Dounganes auraient également été ciblés (ibid.).

Diverses sources signalent qu'en juin 2010, des affrontements violents entre des Kirghizes et des Ouzbèks ont eu lieu au Kirghizistan, causant la mort de centaines de personnes et le déplacement de centaines de milliers de personnes à l'intérieur et l'extérieur du pays (MRG mai 2011b; AI 2011; The Economist 17 juin 2010). D'après MRG, ces affrontements auraient causé la mort de plus de 2 000 personnes et auraient également eu des répercussions sur d'autres groupes ethniques du pays (MRG mai 2011b). Par contre, les rapports annuels de Human Rights Watch et d'Amnesty International (AI) affirment que le nombre de morts était d'environ 400 personnes (Human Rights Watch 2012; AI 2011). Amnesty International explique que ce nombre provient de données préliminaires du gouvernement et que le total des morts était sans doute plus élevé (ibid.). D'après l'Economist, plusieurs personnes furent enterrées sans que leur famille enregistre leur décès, suivant une coutume islamique qui veut que les défunts soient enterrés dans les vingt-quatre heures suivant leur mort; The Economist laisse entendre que cela aurait fait en sorte que le nombre de mort aurait été sous-estimé (17 juin 2010). Selon MRG, au cours de cette période, plusieurs Ouïgours auraient fui le Nord du pays pour se réfugier au Kazakhstan, après avoir reçu des menaces qui laissaient entendre qu'ils seraient les prochaines cibles des violences (mai 2011b).

3. Traitement réservé par les autorités

Selon MRG, le Kirghizistan est décrit comme un pays qui [traduction] « réserve un meilleur traitement à ses minorités » que le font ses pays voisins (2011b). MRG explique que le pays a mis en place des mécanismes de consultation des groupes minoritaires et que des organisations de groupes minoritaires peuvent recevoir de l'aide de l'État (2011b). Un article écrit par une spécialiste de l'Asie centrale et publié sur le site Internet de la Jamestown Foundation mentionne l'existence de l'Assemblée populaire du Kirghizistan, un organisme gouvernemental qui réunit des membres de groupes ethniques minoritaires (13 août 2009). D'après MRG, l'inclusion dans la constitution du russe comme langue d'échange ainsi que le fait que cette langue continue à être la [traduction] « "langue de communication interethnique" » démontre la volonté des autorités de demeurer ouvertes à la diversité ethnique (mai 2011b).

Cependant, selon MRG, depuis l'effondrement de l'Union soviétique, des nationalistes kirghiz cherchent à consolider leur position dans le pays, assumant graduellement le rôle jadis tenu par les russes et tentant de faire du kirghiz la langue officielle du pays (mai 2011b). L'Aménagement linguistique dans le monde, un site Internet qui décrit les politiques linguistiques à travers le monde, et qui est géré par un linguiste et sociolinguiste à l'Université Laval (15 mars 2012), note que les Ouïgours, parmi d'autres minorités, sont plus enclins à apprendre le russe pour des raisons économiques et historiques (Aménagement linguistique dans le monde 29 sept. 2011, sect. 2; sect. 4.1; sect. 5.4). D'après MRG, l'importance croissante du kirghiz fait que la population qui parle le russe fait face à plus d'obstacles qui l'empêchent d'accéder à ses droits et au marché du travail, incluant au sein de la fonction publique (mai 2011b). Selon MRG, les candidats à des postes élus ainsi que les étudiants universitaires doivent être compétents en kirghiz (mai 2011b). MRG note toutefois que le russe est toujours [traduction] « la langue de communication interethnique du pays » (mai 2011b).

3.1 Influence de la Chine

Plusieurs sources consultées par la Direction des recherches notent l'intérêt que manifeste la Chine concernant la population ouïgoure du Kirghizistan (The Guardian 14 juin 2010; Le Figaro 31 oct. 2009; The Jamestown Foundation 13 août 2009). Selon le quotidien The National, basé à Abu Dhabi, les autorités chinoises s'inquiètent que le Kirghizistan pourrait servir de base arrière et de refuge pour une insurrection au Xinjiang (18 juin 2010). Deux sources dénotent que la Chine fait pression sur le gouvernement du Kirghizistan afin que celui-ci contrôle les Ouïgours du Kirghizistan (RFA 1er mai 2011; The Jamestown Foundation 13 août 2009). MRG souligne également que les autorités ont mis en garde deux groupes, l'Organisation pour la liberté ouïgoure (Uighur Freedom Organization) et Ittapak, l'Association pour l'unité des Ouïgours du Kirghizistan (Kyrgyzstan Uyghour Ittipak Association), contre toute initiative visant à prendre part à des activités en lien avec la situation des Ouïgours du Xinjiang, afin d'éviter tout incident avec la Chine (mai 2011a).

En août 2009, la police a arrêté deux chefs de file de la communauté ouïgoure à la suite d'un évènement tenu en réaction à des affrontements ayant eu lieu dans la province chinoise du Xinjiang en juillet 2009 (The Jamestown Foundation 13 août 2009; RFE/RL 10 août 2009; Reuters 10 août 2009). Des sources notent que les deux personnes étaient les dirigeants principaux d'Ittipak (ibid; The Jamestown Foundation 13 août 2009; RFL/RE 10 août 2009). Selon Reuters, l'évènement à la suite duquel ces deux dirigeants ont été arrêtés consistait en une manifestation contre la Chine en raison des affrontements qui ont entraîné la mort, des blessures et l'arrestation de nombreux Ouïgours au Xinjiang (Reuters 10 août 2009). D'après Reuters, les manifestants auraient accusé la Chine de [traduction] « terrorisme d'État » en raison de ses actions lors des affrontements (ibid.). Toujours selon Reuters, l'ombudsman du Kirghizistan, présent à la manifestation, aurait déclaré que ceux-ci auraient été arrêtés pour avoir organisé une manifestation qui n'avait pas été approuvée par les autorités (ibid.). Un article de RFE/RL note également que la tenue de l'évènement n'avait pas été approuvée (10 août 2009). Cependant, selon l'article publié par la Jamestown Foundation, le gouvernement n'aurait pas donné les raisons de l'arrestation (13 août 2009). D'après un article de RFE/RL, les deux dirigeants d'Ittipak ont été libérés après l'intervention de l'ombudsman (10 août 2009).

Selon deux sources, en mai 2011, quatre militants ouïgours se sont vus refuser le droit de voyager aux États-Unis afin de participer à une conférence internationale sur la situation des Ouïgours (HRIC 4 mai 2011; RFA 1er mai 2011). Radio Free Asia (RFA) affirme que ces militants auraient été escortés hors de leur avion par la police sans se faire donner d'explication sur la raison pour laquelle ils ne pouvaient pas voyager; un des militants, cité par RFA, a laissé entendre que les pressions exercées sur les autorités kirghizes par la Chine ont joué un rôle dans cette affaire (ibid.). Un communiqué de presse de Human Rights in China (HRIC), une ONG de protection des droits de la personne qui milite également pour que la Chine respecte ses obligations internationales (HRIC s.d.), affirme que deux des militants se sont fait dire que leur voyage aurait [traduction] « nuit aux relations sino-kirghizes » (ibid. 4 mai 2011).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

L'Aménagement linguistique dans le monde. 15 mars 2012. Jacques Leclerc. « Historique du site ». [Date de consultation : 21 mars 2012]

_____.29 septembre 2011. Jacques Leclerc. « Kirghizistan ». [Date de consultation : 21 mars 2012]

Amnesty International (AI). 2011. « Kirghizistan ». Amnesty International - rapport 2011 : la situation des droits humains dans le monde. [Date de consultation : 29 mars 2012]

The Economist. 17 juin 2010. « Kyrgyzstan : Stalin's Harvest ». [Date de consultation : 29 mars 2012]

Le Figaro [Paris]. 31 octobre 2009. Arielle Thédrel. « L'Asie centrale, terrain de rivalités entre l'Est et l'Ouest ». [Date de consultation : 27 mars 2012]

Freedom House. 2011. « Kyrgyzstan ». Freedom in the World 2011. [Date de consultation : 29 mars 2012]

The Guardian [Londres]. 14 juin 2010. Simon Tisdall. « Kyrgyzstan Unrest Gives Big Powers Cause for Concern ». [Date de consultation : 27 mars 2012]

Human Rights in China (HRIC). 4 mai 2011. « SCO Member States Kazakhstan and Kyrgyzstan Prevent Uyghur Activists from Attending Conference in United States ». [Date de consultation : 29 mars 2012]

_____. S.d. « Our Mission and Approach ». [Date de consultation : 29 mars 2012]

Human Rights Watch. 2012. « Kyrgyzstan ». World Report 2012: Events of 2011. [Date de consultation : 29 mars 2012]

The Jamestown Foundation. 13 août 2009. Erica Marat. « Uyghur Disapora Faces Government Pressure in Kyrgyzstan ». [Date de consultation : 19 mars 2012]

Minority Rights Group International (MRG). Mai 2011a. « Kyrgyzstan: Uighurs ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 21 mars 2012]

_____. Mai 2011b. « Kyrgyzstan Overview ». World Directory of Minorities and Indigenous Peoples. [Date de consultation : 21 mars 2012]

The National [Abu Dhabi]. 18 juin 2010. Adrian Pabst. « A New Great Game in Central Asia as Kyrgyzstan Suffers ». [Date de consultation : 27 mars 2012]

The New York Times. 2 janvier 2011. Edward Wong. « China Quietly Extends Foortprints into Central Asia ». [Date de consultation : 27 mars 2012]

Radio Free Asia (RFA). 1er mai 2011. Shohret Hoshur. « Uyghur Leader Barred from Travel ». [Date de consultation : 26 mars 2011]

_____. 13 avril 2010. « Links to Kyrgyzstan Cut ». [Date de consultation : 26 mars 2012]

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). 9 avril 2010. « Dungans, Uyghurs Attacked in Northern Kyrgyz Town ». [Date de consultation : 21 mars 2012]

_____. 10 août 2009. « Kyrgyzstan's Ombudsman Secures Uyghur Releases ». [Date de consultation : 29 mars 2012]

Reuters. 10 août 2009. « Kyrgyzstan Uyghur Leaders Detained after Protest ». [Date de consultation : 23 mars 2012]

Autres sources consultées

Publications : Promoting a Stable and Multiethnic Kyrgyzstan: Overcoming the Causes and Legacies of Violence.

Sites internet, y compris : Amnesty International; BBC; Central Asia-Caucasus Analyst; CentralAsiaNews.net; Civil Society International; Congrès Mondial Ouïgour; Country of Origin Research and Information; Eastern Turkestan Information Centre; ecoi.net; États-Unis – Commission on International Religious Freedom, Department of State; Eurasianet.org; Europe solidaire sans frontières; Factiva; Forum 18; Hudson Institute – Center for Religious Freedom; Human Rights Watch; Institute for War and Peace Reporting; International Crisis Group; International Uyghur Human Rights & Democracy Foundation; Minority Electronic Resources; Minorities at Risk; Nations Unies – Refworld, Réseaux d'information régionaux intégrés; Uyghur American Association; Uyghur Human Rights Project; World Uyghur Congress

Copyright notice: This document is published with the permission of the copyright holder and producer Immigration and Refugee Board of Canada (IRB). The original version of this document may be found on the offical website of the IRB at http://www.irb-cisr.gc.ca/en/. Documents earlier than 2003 may be found only on Refworld.

Search Refworld

Countries