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Togo : information indiquant si le fils aîné ou le fils unique d'une famille a une obligation coutumière de devenir prêtre vaudou; conséquences d'un refus (2014-août 2016)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 24 August 2016
Citation / Document Symbol TGO105603.EF
Related Document(s) Togo: Whether the first born son and/or the only son born into a family has a customary obligation to become a Voodoo priest; consequences for refusal (2014-August 2016)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Togo : information indiquant si le fils aîné ou le fils unique d'une famille a une obligation coutumière de devenir prêtre vaudou; conséquences d'un refus (2014-août 2016), 24 August 2016, TGO105603.EF , available at: https://www.refworld.org/docid/5821e8f94.html [accessed 20 May 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Le vaudou au Togo

Des sources expliquent que le vaudou [également appelé vodoun, vodun ou vodu] est né au XVIe siècle sur les rives du fleuve Mono qui sépare le Togo du Bénin (AFP 27 sept. 2015; Savoir News 9 avr. 2012; Togo 23 oct. 2007). Dans une vidéo sur le marché vaudou du Togo, affichée sur le site Internet de la National Geographic Society, le journaliste d'enquête Bryan Christy affirme : [traduction] « Un des aspects uniques au Togo est que le vaudou est réel et vivant » (The National Geographic Society 1er sept. 2015). De même, le site Internet de Togo Tourisme précise que les « pratiques et croyances animistes sont encore profondément ancrées dans la vie quotidienne des populations locales » (Togo Tourisme s.d.a). Plusieurs sources insistent sur la présence d'un important marché des fétiches à Lomé (professeur 16 août 2016; AFP 27 sept. 2015; Jeune Afrique 2 juill. 2015). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur d'études africaines et afro-américaines à l'Université Harvard, qui a écrit des ouvrages sur le vaudou africain, a affirmé que le marché à Lomé est [traduction] « [l'u]n des plus grands marchés vaudou » du Bénin et du Togo (professeur 16 août 2016).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure émérite d'anthropologie à l'Université du Michigan-Flint, dont les travaux de recherche portent entre autres sur le vaudou en Afrique de l'Ouest, en particulier sur le vaudou goro au Togo, a expliqué que [traduction] « presque tout le monde au pays participe ou a participé à la communauté vaudoue ou à des pratiques ancestrales souvent appelées vaudou » (professeure émérite 17 août 2016). Selon des sources, plus de 50 p. 100 de la population du Togo pratique le vaudou (AFP 27 sept. 2015; Savoir News 9 avr. 2012; Togo 23 oct. 2007).

Le professeur d'études africaines et afro-américaines a déclaré que le vaudou [traduction] « est largement pratiqué et accepté » dans la partie Sud du pays (professeur 16 août 2016). D'autres sources précisent également que le vaudou est particulièrement courant dans le Sud du pays (professeur agrégé d'anthropologie 12 août 2016; Togo Tourisme s.d.b). L'Agence France-Presse (AFP) a écrit que [traduction] « [d]ans le Sud, les sanctuaires vaudous parsèment la campagne où vit la majorité des Togolais » (27 sept. 2015).

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un docteur en anthropologie, qui a donné des cours d'anthropologie dans plusieurs universités américaines et qui a vécu et travaillé dans de nombreuses communautés au Togo et au Bénin où le vaudou a une [traduction] « présence importante », a expliqué ce qui suit :

[traduction]

[I]l y a d'énormes différences régionales à l'égard de la façon - et sous quelle forme - l'adoration des vaudous se manifeste au Togo. C'est un aspect qui change rapidement alors que certains vaudous gagnent ou perdent en popularité à l'échelle locale et que les influences concurrentes (plus particulièrement le pentecôtisme au cours des quelques dernières décennies) modifient la façon dont les pratiques vaudoues se manifestent (docteur en anthropologie 12 août 2016).

De même, la professeure émérite a écrit que [traduction] « les cultures et les pratiques vaudoues peuvent être différentes d'un endroit à l'autre, car il y a très peu de liens hiérarchiques outre des liens régionaux ténus. Même des villages très près l'un de l'autre peuvent avoir des différences » (professeure émérite 17 août 2016).

2. Obligation pour le fils aîné ou le fils unique de devenir prêtre vaudou

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur adjoint d'anthropologie et d'études religieuses au Collège Trinity, qui a fait des recherches sur le vaudou, en particulier en Afrique de l'Ouest, a déclaré que le fils aîné ou le fils unique d'une famille n'a pas l'obligation coutumière de devenir prêtre vaudou (professeur adjoint 19 août 2016). Le docteur en anthropologie a affirmé qu'à sa connaissance, le fils aîné ou le fils unique d'une famille n'a pas l'obligation coutumière de devenir prêtre vaudou, mais il a souligné que cela pourrait être vrai [traduction] « dans certains cas » en raison de la diversité de la pratique du vaudou dans le pays (12 août 2016). La professeure émérite a affirmé, en parlant du vaudou goro, qu'il [traduction] « n'est pas toujours vrai » qu'un fils aîné ou un fils unique a l'obligation de devenir prêtre et elle a ajouté que

[traduction]

[n']importe quel enfant d'un prêtre peut décider de devenir prêtre et que le père ne s'y opposera probablement pas. Parfois, une fille prendra la relève. Et dans presque tous les cas, une personne qui n'est même pas de la famille du prêtre en chef prendra son poste à sa mort (17 août 2016).

En revanche, le professeur d'études africaines et afro-américaines a affirmé que le fils aîné ou le fils unique d'une famille a [traduction] « généralement » une obligation coutumière de devenir prêtre vaudou et il a remarqué que « beaucoup de pression est placée sur cette personne pour qu'elle remplisse ce rôle - en particulier s'il se rapporte à l'une des prêtrises historiques » (professeur 16 août 2016). Cette même source a précisé que certains postes de prêtres sont liés à des chefferies ou à des titres historiques et elle a expliqué que

[traduction]

[c]es vaudous remontent historiquement à des personnes en particulier (chefs); ils sont donc parfois accompagnés d'une plus grande pression que pour un temple vaudou plus récent. Cela dépend également du nombre de familles associées à un temple vaudou en particulier. S'il y a un certain nombre de prêtres potentiels dans une famille élargie, cela met moins de pression sur une personne que s'il y en a seulement un (ibid.).

La même source a ajouté ceci :

[traduction]

Il y a aussi le facteur de la divination. Parfois, ce n'est pas nécessairement l'aîné qui est choisi comme prêtre; le choix est fait par « l'appel » - p.ex., la divination fâ (ou ifá) [dépendamment de la langue] a déterminé que la personne X est celle qui doit remplir ce rôle. Dans ce cas, parfois cela remonte à plusieurs générations - un ancêtre qui, croit-on, a « mis » cette personne au monde était un prêtre ou un adepte du dieu X - il est donc supposé que cet enfant grandira vraisemblablement en ayant un lien spécial avec ce dieu (ibid.).

De même, le professeur adjoint d'anthropologie et d'études religieuses a affirmé que les décisions concernant l'identité de la personne qui occupera le poste de prêtre [traduction] « sont prises par l'afá (appelé fâ au Bénin et ifá au Nigéria), un esprit prophétique », mais il a ajouté que [traduction] « [c]e peut être le fils [aîné]. Ce peut être quelqu'un d'autre dans la famille, la lignée ou le clan. Donc, cela varie » (professeur adjoint 19 août 2016).

3. Conséquences d'un refus

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu de renseignements sur les conséquences d'un refus du rôle de prêtre vaudou.

Le professeur adjoint d'anthropologie et d'études religieuses a écrit que

[traduction]

[s]i la personne refuse (ce que j'ai vu [se produire] à de NOMBREUSES reprises) le prêtre actuel consulte simplement l'afá (un esprit prophétique) et une nouvelle personne est choisie. La personne qui a refusé peut être raillée ou possiblement rejetée par des membres de la famille, mais dans la majorité des cas, c'est là l'étendue des conséquences (professeur adjoint 19 août 2016, mise en évidence dans l'original).

Le docteur en anthropologie a déclaré qu'à sa connaissance, toute conséquence pour avoir refusé le rôle coutumier de prêtre vaudou au Togo peut dépendre de la situation en particulier (12 août 2016). De même, le professeur d'études africaines et afro-américaines a affirmé que les conséquences peuvent dépendre des circonstances (professeur 16 août 2016). Le professeur a écrit ceci :

[traduction]

Il peut être demandé à quelqu'un de quitter le domicile familial (s'il est relié au temple). Il peut y avoir des menaces d'empoisonnement, d'accident, de maladie, d'infertilité ou de préjudices aux membres de la famille (ce qui revient à dire que tout ce qui se produit est perçu comme ayant une cause ou une raison; c'est donc parfois un facteur) (ibid.).

La professeure émérite a ajouté que même si elle ne connaissait pas de cas [traduction] « où un refus de devenir prêtre a entrainé des problèmes graves », elle a souligné qu'elle n'était « pas une spécialiste, par exemple, des formes plus anciennes du vaudou et qu'il y a peut-être effectivement des conséquences [dans ces cas] » (professeure émérite 16 août 2016).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur des cas de violence attribuables à un tel refus.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agence France-Presse (AFP). 27 septembre 2015. Emile Kouton. « Togo: Dances, Trances and a Mysterious Sacred Stone ». [Date de consultation : 17 août 2016]

Docteur en anthropologie. 12 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Jeune Afrique. 2 juillet 2015. Georges Dougueli. « Au coeur de la puissance vaudoue ». [Date de consultation : 12 août 2016]

The National Geographic Society. 1er septembre 2015. « Video: Inside Togo's Voodoo Fetish Market ». [Date de consultation : 8 août 2016]

Professeur adjoint d'anthropologie et d'études religieuses, Trinity College, Toronto. 19 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur agrégé d'anthropologie, Agnes Scott College, Géorgie, États-Unis. 12 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeure émérite d'anthropologie, University of Michigan-Flint. 17 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Professeur d'études africaines et afro-américaines, Harvard University. 16 août 2016. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Savoir News. 9 avril 2012. Junior Aurel. « Togbui Gnagblondjro III : "Le Vaudou n'est pas satanique. Les jeunes d'aujourd'hui doivent s'approcher de leurs grands parents et leur demander ce qui les protégeait" ». [Date de consultation : 12 août 2016]

Togo. 23 octobre 2007. « Aného, capitale du vaudou ». [Date de consultation : 12 août 2016]

Togo Tourisme. S.d.a. « Les pratiques animistes ». [Date de consultation : 12 août 2016]

Togo Tourisme. S.d.b. « Religions et croyances ». [Date de consultation : 12 août 2016]

Autres sources consultées

Publication : Cord of Blood: Possession and the Making of Voodoo.

Sites Internet, y compris : AfricaTime; Afrik.com; L'Afrique au présent passé; Amnesty International; AllAfrica; Association of Religion Data Archives; BBC; Courrier des Afriques; Diakadi; ecoi.net; Encyclopædia Britannica; États-Unis - Central Intelligence Agency, Department of State; Factiva; France Culture; Human Rights Watch; IndexMundi; IRIN; Le Monde; Nations Unies - Refworld, UNICEF; Religious Tolerance; Togocultures.com; LeTogolais.com; Togo-Online; World Atlas; World Culture Encyclopedia.

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