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Érythrée : information sur le traitement que réservent les autorités gouvernementales aux Jebertis, y compris les Jebertis qui retournent au pays (2010-août 2013)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 17 September 2013
Citation / Document Symbol ERI104540.EF
Related Document(s) Eritrea: Treatment of Jeberti people by government authorities, including Jeberti returnees (2010-August 2013)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Érythrée : information sur le traitement que réservent les autorités gouvernementales aux Jebertis, y compris les Jebertis qui retournent au pays (2010-août 2013), 17 September 2013, ERI104540.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/52496cb94.html [accessed 22 May 2023]
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1. Aperçu

Des sources soulignent que les Jebertis (Jibertis/Djibertis) sont musulmans (agrégé supérieur de recherche 15 août 2013; Érythrée 1er oct. 2009; Tronvoll 2009, 111), alors que selon la Encyclopedia of the Peoples of Africa and the Middle East, ils sont [traduction] « principalement musulmans » (2009, 336). Les Jebertis vivent dans les hautes terres de l'Érythrée (Tronvoll 2009, 131; ENP 4 sept. 2013), où ils forment une minorité musulmane au sein de la population (Tronvoll 2009, 111; Tesfagiorgis 2011, 138; Ostebo 2010, 51). Bien que les Jebertis parlent le tigrina (Bariagaber 1er oct. 2006) et qu'il s'agisse de leur langue maternelle, leur langue culturelle est l'arabe (ENP 4 sept. 2013; Tronvoll 2009, 111, 116).

La Direction des recherches a communiqué avec un professeur érythréen de sociologie, qui est agrégé supérieur de recherche à l'Université d'Oslo, en Norvège, et conseiller principal dans un groupe de recherche érythréen à l'International Law and Policy Institute (ILPI), institut indépendant qui est situé en Norvège (ILPI s.d.a) et qui effectue des recherches dans les domaines de la bonne gouvernance, du droit international, et de la paix et des conflits (ILPI s.d.b). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, le professeur a expliqué que les Jebertis formaient un [traduction] « groupe de population en milieu urbain et travaillaient comme hommes d'affaires, marchants et artisans (artisanat) » (agrégé supérieur de recherche 15 août 2013).

Certains Jebertis ont demandé que le gouvernement les reconnaisse officiellement comme groupe ethnique (Tesfagiorgis 2011, 138; Bariagaber 1er oct. 2006, 18; ILO et ACHPR 2009, 3). Des sources signalent que le gouvernement de l'Érythrée ne reconnaît pas les Jebertis en tant que groupe ethnique (ENP 4 sept. 2013; Tesfagiorgis 2011, 138; ILO et ACHPR 2009, 3), mais qu'il les considère comme des membres du groupe ethnique que forment les Tigrignas (ibid., 6; ENP 4 sept. 2013).

Des Jebertis ont fondé le Parti érythréen al-Nahda (Eritrean Al-Nahda Party - ENP) (Bariagaber 1er oct. 2006, 18; Tronvoll 2009, 132; ENP 4 sept. 2013) en 2005 (ibid.). L'ENP figure parmi les partis qui s'opposent au gouvernement de l'Érythrée [0](ibid.; Connell et Killion 2011, 221). Le 4 septembre 2013, le président du Comité central (Central Committee) de l'ENP a fourni les renseignements suivants au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches : le bureau principal de l'ENP se trouve à Addis-Abeba, en Éthiopie, parce qu'il a de la difficulté à mener ses activités en Érythrée. L'ENP [traduction] « cherche à mettre fin à la dictature érythréenne [et] à gouverner l'Érythrée dans un climat de paix et d'harmonie pour tous les Érythréens, avec tous les Érythréens ». Le président a ajouté que, bien que la [traduction] « cause des Jebertis soit la principale cause que défend l'ENP [...] le parti ne se préoccupe pas uniquement des Jebertis; il se préoccupe plutôt de tous les Érythréens ». Même si l'ENP a été fondé par des Jebertis, tous les Érythréens peuvent en devenir membres. Selon le président, l'ENP compte des membres clandestins en Érythrée qui informent la direction du parti de ce qui se passe actuellement dans le pays (ENP 4 sept. 2013). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens que ceux présentés ci-dessus.

2. Traitement que réservent les autorités gouvernementales aux Jebertis

Des sources précisent que les Jebertis sont [traduction] « marginalisés » (agrégé supérieur de recherche 15 août 2013; ILO et ACHPR 2009, 6, 7). L'agrégé supérieur de recherche a souligné que le gouvernement de l'Érythrée [traduction] « fait preuve de discrimination envers les communautés musulmanes en général dans le pays, y compris les Jebertis, et [qu'] il les marginalise » (15 août 2013).

Selon certaines sources, les Jebertis n'étaient pas autorisés à posséder des terres par le passé (Ostebo 22 juin 2010, 51; agrégé supérieur de recherche 15 août 2013; ILO et ACHPR 2009, 3). L'agrégé supérieur de recherche a écrit que les terres appartiennent à l'État en Érythrée et que les Jebertis [traduction] « jouissaient [maintenant] de l'égalité d'accès et pouvaient louer des terres auprès du gouvernement » (ibid.). Toutefois, il a également écrit que le gouvernement de l'Érythrée [traduction] « fermait parfois les entreprises appartenant à des Jebertis pour ensuite les donner à d'anciens combattants du Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) [...] en guise de récompense pour leur service durant la lutte pour l'indépendance » (ibid.). Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un associé principal à l'ILPI a ajouté ceci :

[traduction]

[E]ntre 2009 et 2010, le gouvernement a déclaré qu'il reprenait possession des immeubles où se trouvaient des entreprises (des bars, des magasins, des cafétérias, etc.), ainsi que des appartements et des villas qui étaient loués depuis longtemps par les mêmes personnes [...] Ces propriétés ont ensuite été données aux anciens combattants en guise de récompense et de rémunération pour leur service. À cet égard, les musulmans, et en particulier les magasins, les cafétérias et les maisons appartenant à des Jebertis, comptaient parmi les principales cibles de la municipalité d'Asmara (associé principal 15 août 2013).

Le président du Comité central de l'ENP a affirmé que les Jebertis étaient désavantagés en ce qui a trait à l'accès à l'emploi et aux bourses d'études (4 sept. 2013). De même, d'après l'agrégé supérieur de recherche, [traduction] « les groupes musulmans en [...] Érythrée demeurent en grande partie privés d'une participation équitable à la vie politique et étudiante, à l'exception d'un nombre limité de personnes qui sont loyales [...] aux partis au pouvoir » (31 août 2013). Cependant, l'agrégé supérieur de recherche a aussi écrit que les Jebertis pouvaient avoir accès aux mêmes [traduction] « maigres services sociaux » que les autres citoyens érythréens, comme les services de santé et d'enseignement (15 août 2013).

L'agrégé supérieur de recherche a souligné que les Jebertis avaient les [traduction] « mêmes responsabilités sociales que les autres Érythréens; ils doivent entre autres servir dans l'armée et effectuer leur service national pendant des périodes indéterminées » (ibid.). Le président du Comité central de l'ENP a dit que, en raison de leur foi, la plupart des familles de Jebertis refusent que leurs filles rejoignent les rangs de l'armée, mais celles-ci demeurent tenues de le faire (4 sept. 2013).

Selon l'agrégé supérieur de recherche, [traduction] « il est difficile de dresser un bilan précis des actes de violence » commis contre les groupes marginalisés au cours des dernières années, en raison de la rareté des renseignements communiqués par l'Érythrée (15 août 2013). Toutefois, il a écrit que

[traduction]

le gouvernement de l'Érythrée est autoritaire et enclin au totalitarisme. Il est au pouvoir depuis plus de 22 ans et n'a jamais tenu d'élections nationales. Aucune constitution n'est mise en oeuvre, et la liberté de presse et la liberté d'expression sont inexistantes. Dans un tel environnement, la police et l'armée traitent durement les citoyens qui adoptent quelque attitude de protestation ou attitude critique que ce soit à l'égard du président ou du gouvernement dans son ensemble. La police et l'armée sont composées principalement de membres du groupe ethnique le plus important, soit des chrétiens tigréens. Ils font souvent preuve de discrimination envers les musulmans, y compris les Jeberti, et les qualifient de djihadistes, de fondamentalistes ou de terroristes s'ils montrent de quelque manière que ce soit qu'ils protestent contre les politiques du gouvernement ou les critiquent. Les Jebertis, en tant que musulmans, ne font pas exception à cet égard et sont autant victimes de discrimination que les autres groupes musulmans de la population (ibid.).

3. Traitement réservé aux Jebertis qui retournent au pays

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur le traitement réservé aux Jebertis qui retournent dans le pays.

L'agrégé supérieur de recherche a écrit que,

[traduction]

en général, tous les Érythréens qui ont fui le service national obligatoire et de durée illimitée en tant que conscrits réfractaires ou déserteurs risquent de faire l'objet d'une détention sans contact avec l'extérieur et sans application régulière de la loi, et ce, pour une période indéfinie, d'être soumis à la torture et de subir d'autres types de traitements cruels s'ils sont forcés de retourner en Érythrée. Il n'y a aucune distinction entre les groupes ethniques à cet égard, et les Jebertis sont exposés à cette possibilité au même titre que n'importe quel autre groupe social en Érythrée. Dans des cas exceptionnels, l'État a accepté de délivrer des visas de sortie à des fins, par exemple, de pèlerinage à La Mecque ou de voyages d'affaires approuvés par le gouvernement (15 août 2013).

De même, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un représentant d'Amnesty International (AI) a souligné que [traduction] « toutes les personnes qui retournent en Érythrée, peu importe leur ethnie, sont traitées avec suspicion et hostilité si elles ont été renvoyées de force là-bas; d'après les rapports que nous recevons, la plupart d'entre elles sont arbitrairement détenues et torturées afin qu'elles fournissent des renseignements sur leurs tentatives de demander l'asile à l'étranger » (3 sept. 2013).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Agrégé supérieur de recherche, University of Oslo, Norvège. 31 août 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

_____. 15 août 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Amnesty International (AI). 4 septembre 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches par un représentant.

Associé principal, International Law and Policy Institute (ILPI). 15 août 2013. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Bariagaber, Assefaw. 1er octobre 2006. Eritrea: Challenges and Crises of a New State. Rapport commandé par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). [Date de consultation : 22 août 2013]

Encyclopedia of the Peoples of Africa and the Middle East. 2009. Sous la direction de Jamie Stokes. New York : Infobase Publishing.

Eritrean Al-Nahda Party (ENP). 4 septembre 2013. Entretien téléphonique avec le président du Central Committee.

Érythrée. 1er octobre 2009. Ministry of Information. « Eritrea at a Glance ». [Date de consultation : 21 août 2013]

International Labour Organization (ILO) et African Commission on Human and Peoples' Rights (ACHPR). 2009. Country Report of the Research Project by the International Labour Organization and the African Commission on Human and Peoples' Rights on the Constitutional and Legislative Protection of the Rights of Indigenous Peoples: Eritrea. [Date de consultation : 21 août 2013]

International Law and Policy Institute (ILPI). S.d.a. « Contact ». [Date de consultation : 21 août 2013]

_____. S.d.b. « International Law and Policy Institute ». [Date de consultation : 21 août 2013]

Østebø, Terje. 22 juin 2010. Islamism in the Horn of Africa: Assessing Ideology, Actors and Objectives. Oslo, Norvège : International Law and Policy Institute. [Date de consultation : 22 août 2013]

Tesfagiorgis, Mussie G. 2011. Africa in Focus: Eritrea. Santa Barbara, États-Unis : ABC-CLIO. [Date de consultation : 22 août 2013]

Tronvoll, Kjetil. 2009. The Lasting Struggle for Freedom in Eritrea: Human Rights and Political Development, 1991 - 2009. Rapport commandé par le Oslo Center for Peace and Human Rights. [Date de consultation : 22 août 2013]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre les personnes et les organisations suivantes ont été infructueuses : African Studies Association; Association in Defense of the Human Rights of the Eritrean People; Association of Eritrean Jeberti in North America; Association of Eritrean Jeberti in the UK; Human Rights Concern - Eritrea; Jeberti.com; professeur agrégé et chercheur universitaire au Center for International Studies, University of Missouri, Saint-Louis; Royal African Society; Suwera Centre for Human Rights. Un attaché de recherche à l'Université de Neuchâtel, en Suisse, n'a pas pu fournir de renseignements pour la présente réponse.

Sites Internet, y compris : Africa Intelligence; African Studies Quarterly; Al Jazeera; AllAfrica; Alenalki.com; Amnesty International; British Broadcasting Corporation; ecoi.net; Eritrea 24; Eritrea.be; États-Unis - CIA World Factbook, Department of State; Ethnologue - Languages of the World; Europa; Factiva; Human Rights Watch; International Crisis Group; Jeberti.com; Minority Rights Group International; Nations Unies - Haut Commissariat pour les réfugiés, Refworld, Réseaux d'information régionaux intégrés; People's Front for Democracy and Justice; Radio Free Europe/Radio Liberty; Royaume-Uni - Border Agency; Tigrai.net; Université Laval.

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