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Ghana : information sur le conflit à l'égard de la chefferie de Bimbilla, y compris sur le processus de sélection d'un chef (1999-avril 2017)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 26 April 2017
Citation / Document Symbol GHA105791.EF
Related Document(s) Ghana: Information on the chieftaincy dispute in Bimbilla, including the process for choosing a chief (1999-April 2017)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Ghana : information sur le conflit à l'égard de la chefferie de Bimbilla, y compris sur le processus de sélection d'un chef (1999-avril 2017), 26 April 2017, GHA105791.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/59c8e0e24.html [accessed 19 May 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Aperçu

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un professeur émérite d'anthropologie au Collège Haverford (Haverford College), qui est l'auteur d'un récent livre sur les chefferies dans le Nord du Ghana, a écrit que [traduction] « le conflit à l'égard de la chefferie concerne essentiellement le titre suprême de Naa de Bimbilla au Nanun (Nanumba), un territoire traditionnel dans la région du Nord du Ghana » (professeur émérite 4 avr. 2017). Dans un article universitaire de 2013 intitulé Political Culture in Nanun, Northern Ghana [culture politique au Nanun, dans le Nord du Ghana], publié dans le journal Afrika. Studies in Art and Culture/Studije umetnosty i kulture, Peter Skalník [1] explique que le Nanun est [traduction] « représenté par un chef suprême, le Bimbilla Naa (chef de Bimbilla), qui habite dans un palais dans la capitale Bimbilla » (Skalník 2013, 4). Dans un livre de 2009 intitulé An Ethnographic Study of Northern Ghanaian Conflicts: Towards a Sustainable Peace [une étude ethnographique des conflits nord-ghanéens : vers une paix durable], Albert K. Awedoba, un anthropologue social et directeur adjoint de l'Institut d'études africaines (Institute of African Studies de l'Université du Ghana (African Books Collective s.d.), affirme que [traduction] « la ville de Bimbilla est la capitale traditionnelle du Nanun, le royaume nanumba, […] [et] [t]ous les Nanumbas reconnaissent le chef de Bimbilla comme leur chef suprême » (Awedoba 2009, 190).

2. Procédures successorales

Le professeur émérite a expliqué que la succession est [traduction] « censée alterner entre deux maisons royales » et a ajouté que la « maison Lion » et la « maison Bracelet » ont toutes deux leurs propres « factions internes ou "portails" » (professeur émérite 4 avr. 2017). D'après l'article de Peter Skalník,

[traduction]

[l]a naam [la chefferie] est transmise non seulement d'une personne à une autre, mais aussi d'une maison de chefs à une autre. L'alternance de la naam entre deux maisons, Gbuxmayili (maison Lion) et Banyili (maison Bracelet) est la règle depuis les 200 dernières années (Skalník 2013, 5).

De même, Albert K. Awedoba affirme ce qui suit concernant la succession de la chefferie de Bimbilla :

[traduction]

On accède à la peau de Bimbilla, à la royauté du Nanun, par les deux portails établis de Gbomayli et Bangyili, qui devraient alterner pour occuper une peau de Bimbilla laissée libre. Cela est bien connu de la majorité des Nanumbas. Compte tenu de la règle d'alternance, chacun connaît le portail du défunt et le portail qui prendra le relais, même si l'identité du successeur n'est pas toujours connue longtemps d'avance (Awedoba 2009, 190).

La même source ajoute que, [traduction] « [idéalement], les rois nanumbas ne devraient pas accéder au statut suprême immédiatement; ils doivent plutôt gravir les échelons en commençant par une chefferie moins importante » (Awedoba 2009, 190). De même, Peter Skalník écrit que [traduction] « néanmoins, la succession ne se fait pas sans heurts » en raison de la « compétition entre les candidats admissibles, membres de la maison de chefferie qui succède » (Skalník 2013, 5).

Sans fournir plus de détails, le professeur émérite a expliqué que le chef aspirant à la succession [traduction] « doit être approuvé et investi par un groupe d'aînés n'appartenant pas aux maisons royales (Naa Kamba, "faiseurs de rois") et de spécialistes des rituels (Tindamba, "prêtres de la terre") liés à certains sanctuaires » (professeur émérite 4 avr. 2017). Selon Peter Skalník,

[traduction]

[l]es neuf naakpamba [littéralement : les aînés du chef] jouent le rôle d'électeurs. Les naakpamba sont des chefs titulaires de naam dans plusieurs villages à l'est et au sud de Bimbilla. Ces chefs sont intronisés par le rituel de la peau par le Bimbilla Naa, mais ils ne peuvent jamais aspirer à la naam de Bimbilla (Skalník 2013, 9).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés concernant le processus de sélection d'un chef, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

3. Conflit à l'égard de la chefferie à Bimbilla
3.1 Causes du conflit

Selon le professeur émérite, [traduction] « le conflit dure depuis le décès du Bimbilla Naa Abarika Attah II [Naa Abarka] en 2001 » et il opposait deux faiseurs de rois, qui revendiquaient tous deux « la primauté à l'égard de l'investiture ("rituel de la peau") du nouveau Bimbilla Naa » (professeur émérite 4 avr. 2017). Selon la même source, [traduction] « [d]eux portails de la maison Lion ont chacun investit quelqu'un comme Bimbilla Naa » (professeur émérite 4 avr. 2017). Dans un article universitaire de 2012 intitulé Chieftaincy Succession Dispute in Nanun, Northern Ghana: Interrogating the Narratives of the Contestants [conflit à l'égard de la succession à la chefferie au Nanun, Nord du Ghana : interroger les récits des candidats], publié dans le Ghana Journal of Geography, Alhassan Sulemana Anamzoya et Steve Tonah [2] affirment ce qui suit :

[traduction]

[M]ême si le conflit est essentiellement une lutte de pouvoir entre deux princes pour la plus importante fonction traditionnelle des Nanumbas, c'est également une lutte de pouvoir entre deux des faiseurs de rois les plus puissants du Nanun, Kpatihi Naa et Juo Naa (Anamzoya et Tonah 2012, 83).

La même source explique ceci :

[traduction]

Le présent conflit concernant la chefferie à Bimbilla remonte à 1999, lorsque le Bimbilla Naa au pouvoir, Naa Abarika, est décédé. Comme il venait du portail Bangyili, il était attendu que son successeur vienne du portail Gbugmayili conformément à la tradition au Nanun. Les funérailles du roi ont eu lieu en 2003 et devaient être immédiatement suivies de la sélection et de l'intronisation par le rituel de la peau de son successeur par les neuf faiseurs de rois du Nanun. Toutefois, six des faiseurs de rois (menés par Kpatihi Naa) ont arrêté leur choix sur M. Andani Dasana Abdulai, un fils d'un ancien roi du Nanun, pour être le prochain roi alors que les trois autres faiseurs de rois (menés par Juo Naa) ont choisi Alhaji Salifu Dawuni, Nakpa Naa en titre, comme successeur du roi décédé. Ainsi, les faiseurs de rois ne pouvaient pas s'entendre sur le successeur légitime à la peau de Bimbilla. Deux princes sont ressortis du portail Gbugmayili, chacun affirmant avoir été choisi comme Bimbilla Naa par l'autorité appropriée (Anamzoya et Tonah 2012, 88).

De même, Albert K. Awedoba affirme que trois ans après le décès du chef suprême de Bimbilla,

[traduction]

des divisions ont commencé à apparaître. Certaines personnes préféraient […] Alhaji Salifu Dawuni, car il était le seul chef du portail autorisé pour la succession qui détenait un titre de chef important qui ouvre la voie à la royauté. Ses opposants ont répondu en soulignant que le père d'Alhaji Salifu Dawuni n'a jamais été roi du Nanun et qu'il ne pouvait donc pas être admissible. Les six faiseurs de rois qui pensaient que le roi doit être le fils d'un monarque précédent ont alors proposé Andani Dasana, dont le père a été roi. Pour les partisans d'Alhaji Salifu Dawuni, Andani Dasana n'avait pas été sous-chef et ne pouvait pas, selon la tradition, accéder à la royauté en partant de rien (Awedoba 2009, 193).

Anamzoya et Tonah expliquent aussi ce qui suit :

[traduction]

[L]e système politique s'appuie sur l'existence d'un consensus entre les aînés et les faiseurs de rois à l'égard de la sélection d'un nouveau roi. En l'absence d'un tel consensus, comme c'est le cas à l'heure actuelle au Nanun, le système politique est paralysé, car personne ne peut agir en l'absence d'un roi. Les tentatives des partisans d'Andani Dasana de revendiquer la royauté en invoquant le principe démocratique parce qu'il a obtenu le soutien de la majorité (six sur neuf) des faiseurs de rois du Nanun ont aussi été rejetées d'emblée, car cette pratique n'a pas été utilisée par le passé (Anamzoya et Tonah 2012, 99).

3.2. Incidents de violence

Selon les Country Reports on Human Rights Practices for 2005 du Département d'État des États-Unis,

[traduction]

les fusillades ont repris à Bimbilla, site d'un conflit de longue date au sujet d'une chefferie. Au cours des affrontements entre les factions rivales se disputant pour la chefferie, une personne a été blessée par balle, quatre autres personnes ont été blessées par des machettes et cinq personnes ont été arrêtées (É.-U. 8 mars 2006).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon les Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN) des Nations Unies, en 2006,

[traduction]

[l]es partisans de deux rivaux pour la chefferie suprême du groupe ethnique des Nanumbas se sont affrontés dans leur ville principale, Bimbilla, le 9 janvier. Des dizaines de personnes blessées par balle et par machette ont été transportées d'urgence à l'hôpital, mais il n'y a eu aucun décès.

Les journaux locaux affirment que la violence à Bimbilla, située à plus de 400 kilomètres au nord de la capitale Accra, a commencé après que des partisans d'un des candidats au trône aient jeté le blâme sur les partisans de leur rival pour une panne de courant lors d'une cérémonie d'attribution de nom d'un enfant (Nations Unies 31 janv. 2006).

Des sources signalent que les autorités ont en conséquence imposé un couvre-feu à Bimbilla (Nations Unies 31 janv. 2006; Freedom House 2007); il a été levé à la fin d'avril 2006 (Freedom House 2007).

Le professeur émérite a affirmé ce qui suit concernant la situation à l'égard du conflit :

[traduction]

Pendant des années, il y a eu des combats sporadiques, des incendies de maisons et de fermes, etc., de sorte que la majorité des femmes et des enfants ont fui la région.

[…]

En 2014, au cours d'autres combats […] Andani Salifu Dawuni a été tué; sa famille veut qu'il soit enterré comme « Bimbilla Naa » malgré l'opposition de l'autre portail. Depuis, son corps est conservé dans un lieu réfrigéré. En février [2017], pendant que la tension se maintenait et que des disputes apparemment mineures avaient lieu concernant qui avait le droit de faire quoi, il y a eu d'autres meurtres. […]

La Maison des chefs de la région du Nord est censée régler le différend, mais elle en a été incapable (selon la loi, il est interdit au gouvernement du Ghana d'intervenir dans les affaires de chefferies; en pratique, chaque faction demande le soutien d'un des deux partis politiques dominants) (professeur émérite 4 avr. 2017).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés concernant l'état du conflit, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens, ni aucun renseignement additionnel.

Selon le rapport Freedom in the World 2016, en juillet 2015, [traduction] « quatre personnes ont été tuées et une autre a été blessée par la violence en lien avec un conflit à l'égard de la chefferie à Bimbilla » (Freedom House 2016). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Des sources signalent qu'en février 2017, lors d'affrontements en lien avec la chefferie dans la région de Bimbilla, 10 (GNA 18 févr. 2017) ou 11 personnes ont été tuées (The Ghanaian Times 16 févr. 2017). Selon le Ghanaian Times, un quotidien ghanéen, des hommes, des femmes et des enfants ont été tués et [traduction] « [c]ertaines autres personnes blessées par balle sont […] traitées à l'hôpital public de Bimbilla » (The Ghanaian Times 16 févr. 2017).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] Selon le site Internet de l'Union internationale d'études anthropologiques et ethnologiques (International Union of Anthropological and Ethnological Studies - IUAES) Peter [Petr] Skalník était professeur extraordinaire à l'Institut d'ethnologie et d'anthropologie culturelle (Institute of Ethnology and Cultural Anthropology) de l'Université de Wroclaw en 2013 et il a fait des recherches et écrit sur le rôle de la chefferie de Nanumba dans le Ghana moderne (IUAES sept. 2013)

[2] Alhassan Sulemana Anamzoya est chargé d'enseignement au Département de sociologie de l'Université du Ghana et ses recherches portent notamment sur les conflits entourant la chefferie (University of Ghana n.d.a). Steve Tonah est professeur au Département de sociologie de l'Université du Ghana et ses recherches portent notamment sur la chefferie et la gouvernance traditionnelle (University of Ghana s.d.b).

Références

African Books Collective. S.d. « Albert K. Awedoba ». [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Anamzoya, Alhassan Sulemana et Steve Tonah. 2012. « Chieftaincy Succession Dispute in Nanun, Northern Ghana: Interrogating the Narratives of the Contestants ». Ghana Journal of Geography. Vol. 4.

Awedoba, Albert K. 2009. An Ethnographic Study of Northern Ghanaian Conflicts: Towards a Sustainable Peace. Accra : Sub-Saharan publishers.

États-Unis (É.-U.). 8 mars 2006. Department of State. « Ghana ». Country Reports on Human Rights Practices for 2005. [Date de consultation : 2 mars 2017]

Freedom House. 2016. « Ghana ». Freedom in the World 2016. [Date de consultation : 2 mars 2017]

Freedom House. 2007. « Ghana ». Freedom in the World 2007. [Date de consultation : 2 mars 2017]

The Ghanaian Times. 16 février 2017. Malik Sullemana. « "NPP, NDC to be blamed for Bimbilla district" ». [Date de consultation : 2 mars 2017]

Ghana News Agency (GNA). 18 février 2017. Frederica Kyeremateng. « Regional House of Chiefs Visits Bimbilla ». [Date de consultation : 2 mars 2017]

International Union of Anthropological and Ethnological Studies (IUAES). September 2013. « Professor Petr/Peter Josef Karel Skalník ». [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Nations Unies. 31 janvier 2006. Réseaux d'information régionaux intégrés (IRIN). « Chieftaincy Tussle Brews Conflict in Northern Town ». [Date de consultation : 2 mars 2017]

Professeur émérite d'anthropologie, Haverford College. 4 avril 2017. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Skalník, Peter. 2013. « Political Culture in Nanun, Northern Ghana ». Afrika. Studies in Art and Culture. Vol. 2.

University of Ghana. S.d.a. « Alhassan Sulemana Anamzoya ». [Date de consultation : 19 svr. 2017]

University of Ghana. S.d.b. « Steve Tonah ». [Date de consultation : 19 avr. 2017]

Autres sources consultées

Sources orales : Center for African Studies, University of Florida; chargé de cours, Centre Population et Développement, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité; chargé de cours, Institut d'études politiques de Bordeaux; chargé de cours, Institut des mondes africains; professeur, Centre of African Studies, University of Edinburgh; professeur, Department of History, Washington University in St. Louis; professeur, Department of Political Science, University of Ghana; professeur, Institute of African Studies, University of Ghana; professeur agrégé, Ohio State University; professeur agrégé, Temple University; professeur agrégé, York University.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; ecoi.net; Human Rights Watch; International Crisis Group; Jeune Afrique; Minority Rights Group International; Nations Unies - Conseil des droits de l'homme, Refworld; Radio France internationale.

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