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Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Turkménistan

Publisher International Federation for Human Rights
Author Organisation mondiale contre la torture; Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme
Publication Date 19 June 2008
Cite as International Federation for Human Rights, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Turkménistan, 19 June 2008, available at: https://www.refworld.org/docid/486e05352.html [accessed 7 June 2023]
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Contexte politique

Alors que M. Gourbangouly Berdymoukhammedov, nommé Président par intérim après la mort du dictateur turkmène Saparmourat Niazov le 21 décembre 2006, a promis à la fois la continuité et la rupture, notamment une libéralisation dans le domaine des droits et des libertés, le Turkménistan reste un pays autoritaire et répressif. Ainsi, M. Berdymoukhammedov a été élu le 11 février 2007 avec 89,2 % de suffrages, score digne de son prédécesseur, lors d'un scrutin au cours duquel le président de la Commission électorale a affirmé qu'il "ferait tout" pour que M. Berdymoukhammedov gagne les élections.1

En 2007, le nouveau Président a procédé à quelques réformes importantes : il a rétabli certaines garanties sociales, notamment les retraites abolies par M. Niazov à la fin 2006, permis la libre circulation à l'intérieur du pays, et amélioré les relations diplomatiques, aussi bien avec la Communauté des États indépendants (CEI) qu'avec l'Occident.

Pourtant, cette libéralisation semble davantage relever de la volonté de changer l'image du pays à l'extérieur que de mener de véritables réformes. Force est de constater en effet que la situation des droits de l'Homme en 2007 ne s'est pas améliorée. Les médias nationaux restent muselés, la presse étrangère est interdite, Internet est entièrement contrôlé par les services spéciaux et les journalistes indépendants subissent de multiples pressions et actes de harcèlement. En outre, le sort des prisonniers politiques condamnés en 2003 pour "tentatives d'attentat contre le Président Niazov" reste inconnu, alors que, selon certaines informations, huit d'entre eux seraient décédés en détention et les autres auraient subi des tortures. Enfin, la "liste noire" des personnes interdites de quitter le pays n'aurait pas été supprimée et regrouperait de 2 000 à 15 000 noms, principalement ceux d'activistes politiques et de militants des droits de l'Homme.

Observer la situation des droits de l'Homme et dénoncer les violations : une activité à hauts risques

Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme continuent de ne pas être admises sur le territoire turkmène. Plus grave encore, il existe très peu d'ONG nationales de défense des droits de l'Homme et aucune d'entre elles n'a pu obtenir d'être officiellement enregistrée. De surcroît, il leur est extrêmement difficile d'observer la situation des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, les défenseurs étant dans la quasi-impossibilité de se déplacer librement à travers le pays. Tout contact entre les défenseurs des droits de l'Homme turkmènes et les étrangers peut par ailleurs être considéré comme une "trahison" et est passible de poursuites pénales. Durant les visites officielles des délégations étrangères, les défenseurs sont systématiquement assignés à résidence. Par exemple, avant la visite de la délégation de l'OSCE en février 2007, destinée à soutenir la préparation des élections du 11 février 2007, et qui avait exprimé à cette occasion sa volonté de rencontrer les représentants de la société civile, plusieurs défenseurs ont été convoqués au ministère de la Sécurité nationale et avertis des dangers qu'ils encouraient en cas de contact avec cette délégation. De même, en mai 2007, lors de la visite de Mme Louise Arbour, Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'Homme, une personne a été arrêtée et plus de 10 personnes ont été assignées à résidence par les services de sécurité, dont Mme Natalia Shabunz, membre de l'association "Assistance civique".

Alors que la défense des droits de l'Homme reste ainsi quasi impossible, cette activité est souvent exercée par quelques journalistes indépendants. Ainsi, en avril 2007, les autorités n'ont pas autorisé Mme Sona Chuli-Kuli, journaliste indépendante réputée pour ses articles dénonçant la situation des droits de l'Homme au Turkménistan, à quitter le pays afin de participer au Forum eurasien des médias2 qui se tenait à Alma-Aty. Elle a été interrogée par le Service de la sécurité nationale, la police a fouillé son appartement et confisqué son ordinateur, qui lui a été rendu après qu'elle eut signé une déclaration dans laquelle elle s'engageait à ne pas collaborer avec les médias étrangers.

Silence sur le sort de plusieurs défenseurs des droits de l'Homme détenus

Fin 2007, les autorités turkmènes n'avaient toujours pas ouvert d'enquête sur le décès en prison le 14 septembre 2006 de Mme Ogulsapar Muradova, correspondante de Radio Free Europe/Radio Liberty. Les circonstances de sa mort prétendue "naturelle" restent non élucidées, alors que les marques sur son corps laissaient penser qu'elle était décédée des suites de tortures ou de mauvais traitements. Aucune information officielle n'a non plus été fournie sur le sort de MM. Annakurban Amanklychev et Sapardurdy Khajiev, membres de la Fondation turkmène d'Helsinki, arrêtés en même temps que Mme Muradova suite à leur collaboration avec des journalistes français et condamnés à sept ans de prison chacun pour "possession illégale de munitions".

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme est un programme conjoint de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).


1 Cf. communiqué de Radio Free Europe/Radio Liberty, 14 février 2007.

2 Ce Forum a pour objectif de faciliter le développement des médias eurasiens.

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