Viet Nam : information sur les conditions de vie et le traitement réservé à une femme majeure et éduquée qui se relocaliserait à Hanoï (2013)
Publisher | Canada: Immigration and Refugee Board of Canada |
Publication Date | 24 January 2014 |
Citation / Document Symbol | VNM104737.F |
Related Document(s) | Viet Nam : Living conditions and treatment of educated adult women relocated to Hanoi (2013) |
Cite as | Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Viet Nam : information sur les conditions de vie et le traitement réservé à une femme majeure et éduquée qui se relocaliserait à Hanoï (2013) , 24 January 2014, VNM104737.F, available at: https://www.refworld.org/docid/56d801a94.html [accessed 28 May 2023] |
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa
1. Situation générale
Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, une professeure d'anthropologie à l'Université de Copenhague, qui mène des recherches sur la santé sexuelle et génésique et son rôle dans la formation des liens sociaux au Viet Nam, affirme qu'une femme qui vit dans ce pays [traduction] « peut y accomplir presque n'importe quoi de façon indépendante avec très peu de restrictions formelles » (professeure 23 janv. 2014). Selon Freedom House, les femmes ont généralement le même accès à l'éducation que les hommes et sont considérées à peu près de la même façon que ceux-ci dans le système judiciaire vietnamien (2013). Néanmoins, Freedom House ajoute que, bien que les femmes aient des possibilités économiques grandissantes, elles continuent à subir de la discrimination en ce qui concerne les salaires et les promotions (2013).
Une doctorante à l'Université d'Amsterdam qui étudie les questions liées au genre et à la sexualité au Viet Nam et qui dirige aussi une ONG qui se consacre aux questions de santé publique dans ce pays a affirmé, dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, qu'il n'existerait pas de restrictions empêchant les femmes célibataires, divorcées ou veuves de vivre seules au Viet Nam en général et à Hanoï en particulier (doctorante 23 janv. 2014). Elle a toutefois précisé que les femmes divorcées ou veuves pourraient avoir plus de difficultés, car elles pourraient perdre certains avantages auxquels elles avaient accès grâce à leur époux, tels que l'accès à la propriété et à un logement (ibid.).
Selon un rapport de la Banque mondiale qui cite un recensement des foyers qui a été effectué en 2009, « beaucoup plus de femmes que d'hommes semblent vivre seules »; selon ce recensement, les femmes constituent 67 p. 100 des ménages qui ne comportent qu'une personne et cette proportion s'accroît avec l'âge, particulièrement après 65 ans (Banque mondiale 2011, 41). Le rapport ajoute toutefois que beaucoup de ces femmes sont des veuves et que les ménages dirigés par des veuves seraient parmi les plus pauvres du pays (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun autre renseignement allant dans le même sens que ceux fournis par le rapport de la Banque mondiale.
2. Relocalisation
Selon la doctorante, les femmes tant que les hommes peuvent généralement se relocaliser librement à l'intérieur du Viet Nam, à condition qu'elles possèdent une carte d'identité qui leur permet de s'enregistrer dans une nouvelle localité (23 janv. 2014). Au cours d'un entretien téléphonique avec la Direction des recherches, une professeure adjointe d'anthropologie à la Seattle University, qui mène des recherches sur les femmes et les questions liées au genre au Viet Nam, a également déclaré que les femmes peuvent se relocaliser à l'intérieur du Viet Nam, mais que leurs situations particulières auront un impact sur les défis auxquels elles devront faire face (professeure adjointe 21 janv. 2014). Notamment, elle a mentionné que la situation économique d'une femme, le fait d'avoir des enfants, et la raison pour laquelle elle tente de déménager pourraient avoir un impact (ibid.). Elle a aussi expliqué que les personnes qui tentent de se relocaliser comptent habituellement sur l'aide de personnes dans leur entourage, notamment pour trouver un logement et du travail (ibid.). Selon elle, les femmes éduquées seraient avantagées à cet égard (ibid.). De même, la doctorante a affirmé que le niveau d'éducation et l'indépendance économique d'une femme auront un impact sur sa capacité à se relocaliser et sur les ressources qu'elle pourra mobiliser; la doctorante a précisé qu'avec des moyens financiers limités, une femme pourrait n'avoir d'autre choix que de s'établir dans un environnement moins sécuritaire (23 janv. 2014).
D'après une note d'information publiée en 2011 par ONU Femmes, la majorité des migrants internes au Viet Nam sont des femmes; la plupart de ces femmes ne seraient pas mariées et 65 p. 100 d'entre elles seraient âgées entre 15 à 24 ans (Nations Unies 6 déc. 2011). Selon ONU Femmes, [traduction] « un grand nombre de femmes migrantes gagnent beaucoup moins d'argent en moyenne que les femmes non-migrantes et beaucoup moins que tous les hommes » (ibid.). ONU Femmes affirme également que tous les migrants, hommes et femmes confondus, sont plus vulnérables à la violence physique et psychologique en raison de leur isolement, de leurs réseaux sociaux moins développés et de l'accès restreint qu'ils ont à la protection offerte par le système judiciaire (ibid.). Selon la doctorante, une femme pauvre pourrait devenir victime de traite d'êtres humains ou être forcée de se prostituer (23 janv. 2014). La professeure adjointe a également mentionné que certaines femmes qui se relocalisent mais qui disposent de ressources limitées se tournent vers la prostitution (professeure adjointe 20 janv. 2014).
La professeure adjointe a déclaré qu'il pourrait être plus facile pour une femme de se relocaliser à Hanoï qu'ailleurs au pays, car la capitale est caractérisée par plus de mouvements sociaux (ibid.). Selon elle, il serait plus difficile pour une femme de se relocaliser et de vivre seule dans les plus petites villes ou dans les zones rurales (ibid.). Cependant, selon la doctorante, il n'existerait que peu de programmes sociaux gouvernementaux ou d'initiatives d'ONG à l'intention des femmes qui migrent vers les villes comme Hanoï (doctorante 23 janv. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement allant dans le même sens.
D'après les Country Reports on Human Rights Practices for 2012 publiés par le Département d'État des États-Unis, il existe un système d'enregistrement des ménages et des gardiens de quartiers afin de faire la surveillance de la population (É.-U. 19 avr. 2013, 6). La professeure adjointe a également noté l'existence du registre et à précisé qu'il était obligatoire de s'enregistrer auprès des autorités locales; selon elle, il serait [traduction] « très facile » de retracer quelqu'un au Viet Nam (professeure adjointe 20 janv. 2014). Elle a également déclaré que dans chaque localité, il y a des représentants de l'État qui sont chargés de se tenir informés au sujet des résidents, et qu'il pourrait être obligatoire de devoir passer une entrevue avec un tel représentant afin d'obtenir la permission de se relocaliser (ibid.).
3. Traitement réservé aux femmes relocalisées
La professeure a affirmé que les contraintes normatives imposées aux femmes peuvent être [traduction] « immenses », et que « les femmes qui ne réussissent pas à vivre selon les normes et les attentes de la société risquent d'être ignorées et exclues, [...] ce qui peut être beaucoup plus préjudiciable pour une personne que des difficultés à gagner un revenu » (professeure 23 janv. 2014). La professeure affirme qu'afin de se faire accepter dans une nouvelle communauté sociale, une personne [traduction] « doit dépendre de réseaux sociaux existants et de connections à des gens qui peuvent "introduire" la personne à autrui » (ibid.).
La professeure adjointe a affirmé que les femmes qui vivent seules, qu'elles soient célibataires ou divorcées, sont généralement mal vues au Viet Nam (professeure adjointe 20 janv. 2014). Elle a expliqué que les femmes seules éviteront de parler de leur vie personnelle afin d'empêcher le commérage à leur sujet; elle a dit connaître des femmes qui évitent de sortir, sauf pour aller travailler, afin de se soustraire aux [traduction] « questions incessantes » au sujet de leur vie personnelle (ibid.).
La professeure adjointe a toutefois ajouté que ces conditions étaient en train de changer et que la situation pourrait être différente dans les villes, où les gens ne connaissent pas nécessairement leurs voisins (ibid.). Elle a également déclaré qu'il était généralement de plus en plus accepté que des femmes choisissent de vivre seules, surtout celles de la classe moyenne supérieure (ibid.). De même, on peut lire dans un article publié en mai 2012 par Viêt Nam News, [traduction] « le quotidien principal en langue anglaise du Viet Nam » (Viêt Nam News s.d.), que [traduction] « dans le Viet Nam moderne, il est de plus en plus fréquent pour les jeunes femmes de vivre seules » (Viêt Nam News 1er mai 2012). L'article ajoute que [traduction] « les façons traditionnelles de penser perdent leur emprise sur les jeunes, et les femmes qui choisissent de rester célibataires ne sont plus forcément ridiculisées » (ibid.).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Banque mondiale. 2011. VietNam Country Gender Assessment. [Date de consultation : 17 janv. 2013]
Doctorante, Université d'Amsterdam. 23 janvier 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
États-Unis (É.-U.) 19 avril 2013. « Vietnam ». Country Reports on Human Rights Practices for 2012. [Date de consultation : 17 janv. 2013]
Freedom House. 2013. « Vietnam ». Freedom in the World 2013. [Date de consultation : 22 janv. 2013]
Nations Unies. 6 décembre 2011. Factsheet Briefing on Gender Issues in Migration and Urbanisation as They Relate to Poverty. Produced by UN Women as a supplementary briefing for the consultative group meeting. [Date de consultation : 17 janv. 2013]
Professeure adjointe d'anthropologie, Seattle University. 20 janvier 2014. Entretien téléphonique avec la Direction des recherches.
Professeur d'anthropologie, Université de Copenhague. 23 janvier 2014. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.
Viêt Nam News. 1er mai 2012. Trung Hieu. « Unmarried Women No Longer on the Shelf ». [Date de consultation : 17 janv. 2013]
_____. S.d. « About Us ». [Date de consultation : 20 janv. 2013]
Autres sources consultées
Sources orales : Center for Legal Research on Human and Citizen Rights; Centre for Women and Development; chargée de recherche, Overseas Development Institute, Royaume-Uni; Hagar Vietnam; Hanoi International Women's Club; Institute for Family and Gender Studies; professeur d'études des femmes et du genre, Rutgers University; professeure de sociologie, Université de Bonn; Research Centre for Gender and Development; Research Centre for Gender, Family and Environment in Development; Research Centre for Human and Citizen's Rights; Vietnam Women's Union; Vietnamese Institute for Human Rights; Vietnam National University - Center for Women's Studies.
Sites Internet, y compris : ActionAid; Agence japonaise de coopération internationale; Le Courier du Vietnam; États-Unis - Department of State; Factiva; International Centre for Research on Women; International Women's Rights Action Watch; Musée des femmes du Vietnam; Nations Unies - Fonds de développement des Nations Unies pour la femme, Fonds pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, Organisation mondiale de la santé, ONU Femmes, Refworld; Le Nouvel Observateur; Royaume-Uni - Foreign & Commonwealth Office, Home Office; Sexual Violence Research Initiative; Southeast Asia Resource Action Center; Thanh Nien; University of California Berkeley Library - Vietnam Women's Studies Bibliography; University of Iowa - Women Studies Resources; University of Toronto Law Library - Women's Human Rights Resources Database; Vietnam - Ministry of Justice, Ministry of Public Security; The Voice of Vietnam.