Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Gambie
Publisher | International Federation for Human Rights |
Author | Organisation mondiale contre la torture; Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme |
Publication Date | 19 June 2008 |
Cite as | International Federation for Human Rights, Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, Rapport annuel 2007 - Gambie, 19 June 2008, available at: https://www.refworld.org/docid/486e0512c.html [accessed 7 June 2023] |
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Contexte politique
Lors des élections législatives de janvier 2007, le parti du Président Yaya Jammeh, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (Alliance for Patriotic Reorientation and Construction), a obtenu une large majorité. De surcroît, un amendement de la Loi sur les collectivités locales voté le 31 octobre 2007 par le Parlement tend, une fois de plus, à élargir les pouvoirs du Président en lui autorisant de dissoudre les conseils municipaux et de relever les conseillers de leurs fonctions. Dans ce contexte, les deux principaux partis de l'opposition, le Parti démocratique uni (United Democratic Party – UDP) et le Parti de la réconciliation nationale (National Reconciliation Party – NRP), ont introduit, en décembre 2007, un recours devant la Cour suprême pour interdire à la Commission électorale indépendante d'organiser les élections municipales et rurales prévues en janvier 2008.
Par ailleurs, le pouvoir gambien est responsable d'importantes violations des libertés fondamentales accentuées depuis la tentative de coup d'État du 15 mars 2006. Le Gouvernement, hôte de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples (CADHP), qui n'avait pas daigné en 2002 envoyer de représentants lors de l'examen de sa situation par le Comité des droits de l'Homme des Nations unies, continue en effet de restreindre les libertés d'expression et de la presse, pratique l'intimidation et le harcèlement des défenseurs et maintient en détention des prisonniers politiques. Au regard des violations répétées et continues des droits de l'Homme en Gambie, de nombreuses ONG africaines et internationales mènent depuis plusieurs années une campagne pour demander la relocalisation du siège de la CADHP vers un pays plus respectueux des droits de l'Homme.
La liberté de la presse est fortement réprimée depuis l'établissement d'une Commission nationale sur les médias (National Media Commission) en 2002, la révocation de la Loi nationale sur la presse (National Media Act) le 13 décembre 2004 et l'adoption, le lendemain, de la Loi portant amendement du Code pénal (Criminal Code Amendment Bill). La Commission désignée par le Gouvernement a le pouvoir d'accorder les licences et de forcer les journalistes à divulguer leurs sources d'information.
Un contexte très hostile pour les défenseurs
Malgré un sentiment de vulnérabilité des défenseurs des droits de l'Homme par rapport au climat politique dans le pays, ces derniers continuent de dénoncer, entre autres, les détentions arbitraires allant au delà des 72 heures prévues par la Constitution pour que les détenus soient présentés devant un juge. Par exemple, le 6 octobre 2007, deux membres du secrétariat international d'"Amnesty International" et le journaliste gambien Yahya Dampha ont été arrêtés et placés en détention alors qu'ils visitaient des centres de détention. Ils ont été libérés sous caution deux jours plus tard, leurs passeports confisqués et ils ont été obligés de venir quotidiennement faire rapport à la police avant d'être relâchés sans condition le 12 octobre. A aucun moment une explication ne leur a été fournie sur les raisons de leur détention, qui illustre le contexte très hostile dans lequel évoluent les défenseurs des droits de l'Homme en Gambie.
Il convient en outre de rappeler que l'assassinat, en décembre 2004, de M. Deida Hydara, correspondant en Gambie pour l'Agence France Presse (AFP) et pour Reporters sans frontières (RSF), ainsi que copropriétaire du journal The Point, demeure toujours impuni. M. Hydara était particulièrement reconnu pour son engagement en faveur de la liberté de la presse et des droits de l'Homme, et avait notamment publié dans son journal, quelques jours avant sa mort, deux articles critiquant l'adoption des deux lois sur la presse particulièrement restrictives, signées en secret en décembre 2004 par le Président de la République.
L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme est un programme conjoint de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH).