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SITUATION DES MINORITES ETHNIQUES

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Research Directorate, Immmigration and Refugee Board, Canada
Publication Date 1 September 1993
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, SITUATION DES MINORITES ETHNIQUES, 1 September 1993, available at: https://www.refworld.org/docid/3ae6a80f2c.html [accessed 3 June 2023]
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1.   INTRODUCTION

1.1      Historique

Avant la déclaration d'indépendance de 1991, les Ukrainiens n'ont jamais possédé d'Etat indépendant. Partagés entre la Russie et la Pologne depuis la fin du Moyen âge, ils sont devenus sujets des empires russe et austro-hongrois après le partage de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle. Puis, n'ayant pas réussi à créer un Etat en 1919, ils sont passés sous la domination polonaise et soviétique pendant l'entre-deux-guerres. La République socialiste soviétique d'Ukraine a ensuite été fondée en 1921 dans le cadre de la Fédération soviétique. La collectivisation et la soviétisation des années 1920 et 1930 lui ont fait subir de lourdes pertes de population. De forts conflits sociaux et nationaux se sont développés dans l'ouest de l'Ukraine placé sous la domination polonaise jusqu'en 1939, date à laquelle l'URSS l'a annexé en vertu du pacte Ribbentrop-Molotov. En 1945, le territoire de l'Ukraine soviétique s'est élargi par l'annexion de la Bessarabie et de la Bucovine, puis par l'intégration de la Crimée en 1954. Pendant la majeure partie du régime soviétique, la langue et la culture ukrainiennes ont été supprimées.

1.2 Evénements politiques clés

La renaissance du mouvement national ukrainien né au XIXe siècle dans l'ouest de l'Ukraine a commencé en 1989 avec la création du mouvement Rukh (en ukrainien, rukh signifie mouvement). En juillet 1990, le parlement ukrainien a voté la Déclaration de souveraineté de l'Etat d'Ukraine vis-à-vis de Moscou, puis l'Ukraine a proclamé son indépendance le 24 août 1991, après la tentative de coup d'Etat du 19 au 21 août. En décembre 1991, les résidants - la plupart des habitants non ukrainiens - ont approuvé par une majorité écrasante la Déclaration d'indépendance de l'Ukraine lors d'un référendum national (Canadian Slavonic Papers juin 1991, 122, 131).

Bien qu'enracinée dans un mouvement nationaliste, l'Ukraine souveraine s'est de façon générale montrée bien disposée envers les minorités nationales. La Déclaration de souveraineté de juillet 1990 comportait des dispositions touchant les minorités. En juillet 1991, un Comité sur les nationalités, rattaché au Conseil des ministres ukrainien, a été créé « pour surveiller la mise en oeuvre des lois sur les questions touchant les minorités d'Ukraine et pour aider à répondre aux besoins sociaux et culturels de ces minorités » (Jaworski 5 juin 1993, 10). En novembre 1991, le parlement ukrainien a adopté la Déclaration sur les droits des nationalités qui garantit des droits politiques, économiques, sociaux et culturels égaux à tous les citoyens (RFE/RL 5 mars 1993). En juin 1992, le parlement a adopté la Loi sur les minorités nationales d'Ukraine (Human Rights and Democratization janv. 1993, 60; RFE/RL 5 mars 1993). En 1991 et 1992, un mouvement séparatiste s'est formé en Crimée où la majorité de la population est russe. Les tensions ethniques se sont intensifiées dans cette région lorsque le parlement russe a voulu invalider le transfert qui, en 1954, avait soustrait la Crimée à la Russie pour l'annexer à l'Ukraine.

1.3         Démographie

L'Ukraine, Etat multinational dont la population atteignait environ 51,4 millions d'habitants au recensement soviétique de 1989, compte 37,4 millions d'Ukrainiens (soit 72,7 p. 100 de la population totale) et 11,4 millions de Russes (22,1 p. 100) (Natsional'nyi sklad naselenia Ukrainy 1991). Parmi les autres minorités figurent les Juifs (486 326), les Bélarusses (440 045), les Moldaves (324 525), les Bulgares (233 800), les Polonais (219 179), les Hongrois (163 111) et les Roumains (134 825) (ibid.). Ces minorités, relativement restreintes, sont parfois fortement concentrées dans des territoires voisins des Etats où domine le même groupe ethnique. Les Tatars de Crimée, minorité importante, mais peu nombreuse (200 000 personnes), se sont plaints de leur situation en Ukraine (Human Rights and Democratization janv. 1993, 62-63).

2.       DROITS DES MINORITES : CADRE JURIDIQUE ET SON APPLICATION

L'assemblée législative et le gouvernement ukrainiens ont pris un certain nombre de mesures pour garantir le statut juridique et la liberté culturelle des minorités ethniques. Le président ukrainien Kravchuk et de nombreux autres politiciens influents ont condamné la xénophobie et défendu le principe de l'égalité de tous les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique (Jaworsky 5 juin 1993). L'idéologie xénophobe n'a pas réussi à obtenir l'appui manifeste des partis et des groupes politiques (Ryabchuk 1992). Rien ne prouve que les nominations aux postes supérieurs du gouvernement aient été influencées par l'origine ethnique des candidats (Jaworsky 5 juin 1993) : en effet, un des vice-premiers ministres de l'Ukraine, Iulii Ioffe, est d'origine juive (Khadashot 1993) et Ivan Dziuba, considéré comme un défenseur éminent et constant de droits étendus pour les minorités nationales a été nommé ministre de la Culture en novembre 1992 (Jaworsky 5 juin 1993).

2.1                Déclaration de souveraineté de l'Etat d'Ukraine

Cette Déclaration adoptée par l'assemblée législative ukrainienne en juillet 1990 contient un engagement à respecter les droits nationaux de tous les peuples d'Ukraine. Le chapitre sur la citoyenneté garantit l'égalité devant la loi de tous les citoyens, quelles que soient leur origine et leur identité raciale ou nationale. Dans les dispositions sur le développement culturel, la République socialiste soviétique d'Ukraine garantit à toutes les nationalités vivant sur son territoire le droit de s'épanouir librement sur le plan culturel et national (Literaturna Ukraina 19 juill. 1992).

2.2      Constitution et Loi sur la citoyenneté

Le projet de constitution de l'Ukraine renferme plusieurs dispositions garantissant les droits des minorités. Ce projet, toujours à l'étude et en cours de discussion (Golos Ukrainy 21 mai 1993; ibid. 29 mai 1993), devrait, selon une source, être adopté cette année (Jaworsky 29 avr. 1993).

Le 8 octobre 1991, le parlement ukrainien a adopté la Loi sur la citoyenneté ukrainienne. Selon l'article 2 de la loi, toutes les personnes qui résidaient en Ukraine au moment de l'entrée en vigueur de la loi, c'est-à-dire le 14 novembre 1991, sont considérées comme des citoyens de l'Ukraine indépendante. La loi n'établit aucune distinction fondée sur l'origine ethnique (Pour obtenir plus de précisions, veuillez consulter le document de la série « Questions et réponses », diffusé en avril 1992 par la DGDIR sous le titre CEI, Etats baltes et Géorgie : lois sur la naturalisation.) (Jaworsky 29 avr. 1993; Pravda Ukrainy 14 nov. 1991). Des politiciens d'origine russe résidant en Ukraine et en Russie ont toutefois réclamé bruyamment la double citoyenneté pour les Russes vivant en Ukraine (RFE/RL 8 févr. 1993, 2; Jaworsky 21 juin 1993). L'article 1 de la Loi sur la citoyenneté permet la double citoyenneté « en vertu de traités bilatéraux entre Etats » (Pravda Ukrainy 14 nov. 1991), mais l'Ukraine n'a pas encore négocié d'ententes de ce genre (Ambassade d'Ukraine 26 juill. 1993).

2.3    Loi sur la langue

La Loi sur la langue de la République socialiste soviétique d'Ukraine, adoptée par le parlement soviétique d'Ukraine en 1989, est entrée en vigueur le 1er janvier 1990. Elle garantit aux citoyens le droit d'utiliser leur langue nationale ou toute autre langue dans le domaine de l'éducation et des médias et elle permet l'utilisation d'une langue autre que l'ukrainien dans les régions où la majorité de la population n'est pas ukrainienne. Toutefois, cette loi stipule que l'ukrainien est la seule langue officielle en Ukraine, les autres langues, y compris le russe, étant considérées comme des langues de communication interethnique. Les employés de l'Etat et des établissements publics ont droit à une période de trois à cinq ans pour acquérir une connaissance de l'ukrainien et du russe, atteignant le niveau requis pour l'exercice de leurs fonctions officielles; les personnes qui oeuvrent dans les domaines de l'éducation, de la culture et de l'information ont, pour leur part, droit à une période de cinq à dix ans (RFE/RL 5 mars 1993, 3; Demokratichnaya Ukraina 5 nov. 1991).

2.4   Législation concernant les droits ethniques

Après son indépendance, l'Ukraine a confirmé les principes fondamentaux de la Loi sur la langue dans sa Déclaration de novembre 1991 sur les droits des nationalités. Celle-ci garantit à tous les citoyens et nationalités d'Ukraine des droits égaux dans les domaines politique, économique, social et culturel. Ces garanties ont ensuite été enchâssées dans la Loi sur les minorités nationales d'Ukraine adoptée le 25 juin 1992 (RFE/RL 5 mars 1993), laquelle prévoit également que la langue d'un groupe ethnique non ukrainien, vivant regroupé au sein d'une unité administrative ou territoriale donnée, possède un statut égal à celui de l'ukrainien (Holos Ukrainy 16 juill. 1992; Human Rights and Democratization janv. 1993, 61). La Déclaration garantit aussi aux russophones le droit d'utiliser librement leur langue (RFE/RL 5 mars 1993). Le 4 novembre 1992, le ministère ukrainien de l'Education a adopté la Loi sur les écoles du dimanche pour les minorités, qui prévoit la participation des autorités locales au financement de ces écoles (Yevreiskiye Vesti 1992b). Un fonds destiné à l'épanouissement culturel des minorités ethniques d'Ukraine a par ailleurs été créé en avril 1992 (Holos Ukrainy 30 avr. 1992).

2.5                Application

En raison de la détérioration de l'économie en 1992, le gouvernement de l'Ukraine a eu de la difficulté à remplir son engagement de fournir un soutien financier aux minorités ethnoculturelles. Les personnes qualifiées pour enseigner les diverses langues des minorités sont trop peu nombreuses et les minorités ont souvent de la difficulté à trouver les installations nécessaires à leurs activités culturelles et éducatives. Manquant de fonds pour publier du matériel dans leur langue d'origine, elles ont reçu peu de collaboration de la part des fonctionnaires locaux (Kievskie vedomosti 26 déc. 1992; Holos Ukrainy 24 févr. 1993). En conséquence, la première Conférence panukrainienne des sociétés nationales et culturelles d'Ukraine, tenue en février 1993, a recommandé une augmentation du financement fourni par l'Etat aux organisations des minorités ainsi que la création d'un ministère des Nationalités distinct ou au moins d'une section réservée aux nationalités au sein du ministère de la Culture (Holos Ukrainy 24 févr. 1993). Le 26 avril 1993, l'Ukraine a donc créé un ministère des Nationalités et de la Migration fondé sur les recommandations du Comité sur les nationalités mentionné précédemment (Jaworsky 5 juin 1993, 10; BBC Summary 28 avr. 1993).

Le traitement que l'Ukraine réserve à ses minorités a été jugé favorablement par diverses sources étrangères. Dans un rapport, la Commission sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) du Congrès des Etats-Unis souligne que le traitement des minorités en Ukraine est encourageant et que ce pays, contrairement à de nombreuses anciennes républiques soviétiques, a été en grande partie exempt de conflit ethnique. Jusqu'à présent, la stabilité interethnique s'est maintenue (Human Rights and Democratization janv. 1993, 60). Dans le même rapport, on lit que l'Ukraine a fait des progrès considérables pour respecter ses engagements envers la CSCE et d'autres conventions internationales relatives aux droits de la personne (ibid., 50). Un autre rapport conclut que plus d'un an après son indépendance, l'Ukraine demeure un modèle d'entente inter-ethnique malgré la présence d'une très importante minorité russe sur son territoire (The Economist Intelligence Unit 1992, 43). Plusieurs groupes indépendants, notamment Helsinki 90, Memorial, l'Union of Councils of Soviet Jews (USCJ) et le Ukrainian-American Bureau on Human Rights and the Rule of Law, affilié à l'USCJ, surveillent les droits de la personne en Ukraine (Monitor 1er mai 1992).

Malgré ces appréciations généralement favorables, on souhaite la prise de mesures destinées à promouvoir la langue et la culture ukrainiennes et à compenser l'abandon dont elles ont souffert par le passé. Certains groupes minoritaires ont vu dans ces mesures une forme d'« ukrainisation ». Niant ces accusations (Russian Digest Press 19 juin 1992), le président Kravchuk a déclaré en juin que l'ukrainien avait été considéré comme une « langue inférieure » et que le gouvernement devait corriger cette situation sans toutefois nuire aux autres langues (Official Kremlin International News Broadcast 19 juin 1992). Des Russes de souche habitant en Ukraine et en Russie de même que des Ukrainiens, des Bulgares, des Roumains et des Juifs vivant en Ukraine (Jaworsky 21 juin 1993) ont craint que la mise en oeuvre rapide et peu judicieuse de l'ukrainisation à l'aide de mesures administratives insuffisamment élaborées puisse indisposer les minorités ethniques (Rabochaya gazeta 13 janv. 1993).

3.        LES PARTIS POLITIQUES ET LEUR POSITION SUR LES QUESTIONS TOUCHANT LES MINORITES

Il existe en Ukraine près de trois douzaines de partis et de groupes politiques représentant l'ensemble de l'éventail politique (Human Rights and Democratization janv. 1993, 72). Les principaux partis ont adopté, au sujet des minorités, des politiques libérales analogues à celles du gouvernement (Solchanyk 21 juill. 1993).

L'élan de tolérance envers les ethnies est venu du mouvement Rukh qui a mené l'Ukraine à l'indépendance. Au cours de la campagne en faveur de l'indépendance, ce mouvement a en effet défendu avec vigueur les droits de toutes les minorités installées en Ukraine (Human Rights and Democratization janv. 1993, 60-61). Après avoir été un vaste mouvement politique, le Rukh est devenu un parti politique en 1993 (Solchanyk 21 juill. 1993; BBC Summary 3 mars 1993). Fort de 52 000 membres de plein droit et de plus de 100 000 membres associés, il représente la plus importante organisation politique de l'Ukraine (RFE/RL 16 avr. 1993b, 15; Human Rights and Democratization janv. 1993, 73). Toutefois, une faction minoritaire du Rukh dirigée par Valentin Moroz s'est détachée de l'organisation principale pour former un groupe beaucoup plus nationaliste appelé le « Rukh du peuple » (VNR) (Solchanyk 21 juill. 1993) qui préconise « l'Ukraine aux Ukrainiens » (The Ukrainian Weekly 29 nov. 1992) et revendique une ukrainisation rapide avec l'appui de Prosvita, association formée à l'origine pour promouvoir le patrimoine linguistique ukrainien (Solchanyk 21 juill. 1993). Le Parti républicain ukrainien et Nova Ukraina voient de façon plus libérale les questions relatives aux minorités et préconisent une ukrainisation plus lente (ibid.).

A Kharkiv (Kharkov), le Rukh s'est divisé et le Rukh de Kharkiv, qui a pour slogan « Tous les non-Ukrainiens doivent quitter le pays », est devenu un parti politique directement opposé au Rukh « panukrainien ». Anatoly Zdorovoy, l'un des chefs du mouvement de Kharkiv, aurait déclaré dans un discours public que les Russes et les Juifs sont responsables de tous les problèmes économiques et politiques de l'Ukraine indépendante. Vyacheslav Chernovyl, chef du Rukh panukrainien, a qualifié de « mauvais » le nationalisme de Kharkiv et de Lviv; il a également traité Zdorovoy et le chef du Syndicat national socialiste de Kharkiv, à tendance fasciste, de représentants « d'un nationalisme d'hommes des cavernes » (UCSJ févr. 1993, 1-2).

L'Organisation des nationalistes ukrainiens qui prône une politique de « l'Ukraine aux Ukrainiens » est un autre mouvement nationaliste. A la différence du Pamyat, elle ne vise pas les Juifs, mais les Russes en général. Les Juifs s'inquiètent toutefois du ton nationaliste de ce groupe (Monitor 4 déc. 1992, 5).

Il existe également un petit nombre de groupes fascistes et nationalistes extrémistes comme la Ukrainskaya Natsionalnaya Assembleya (Assemblée nationale ukrainienne) et la Natsional'na Samoobrona (Autodéfense nationale). Même si leur assise politique est limitée, leur activité s'est accrue en 1992 (The New York Times 27 août 1992; Jaworsky 29 avr. 1993). Selon une autre source, ces groupes radicaux ne sont pas bien organisés (Solchanyk 21 juill. 1993).

4.    RELATIONS ETHNIQUES

Les relations ethniques en Ukraine sont dominées par les rapports entre les Ukrainiens et les Russes de souche. Les Russes sont installés en grand nombre dans toute l'Ukraine, mais ils sont fortement concentrés dans les régions industrielles de l'est et du sud de l'Ukraine aux confins de la Russie. En 1989, les Russes représentaient 43,6 p. 100 de la population de l'oblast de Donetsk, 44,8 p. 100 de celle de l'oblast de Luhansk et 33,2 p. 100 des habitants de l'oblast de Kharkiv, mais la Crimée était la seule région où ils formaient la majorité de la population (67 p. 100) (RFE/RL 5 mars 1993).

Bien que minoritaires, les Russes de l'est et du sud de l'Ukraine ont constitué par le passé, à bien des égards, une majorité « psychologique » (Jaworsky 5 juin 1993, 11) en raison des politiques « tsaristes et soviétiques qui ont gratifié la population russe vivant en Ukraine d'un éventail complet d'établissements de langue russe destinés à répondre à ses besoins culturels et éducatifs » (ibid.). Au cours des ans, le russe est devenu la principale langue utilisée par la bureaucratie gouvernementale d'Ukraine, sauf peut-être dans l'ouest du pays (RFE/RL 5 mars 1993), alors que les sphères où l'on utilisait la langue ukrainienne se sont rétrécies. L'impression que la langue et la culture ukrainiennes sont « inférieures » s'est gravée dans l'esprit de nombreux Ukrainiens, de l'est et du sud du pays en particulier (Ryabchuk 1992, 23). C'est pourquoi, en 1989, 59,5 p. 100 des Ukrainiens vivant en Ukraine parlaient couramment le russe et 12,3 p. 100 d'entre eux le considéraient comme leur langue maternelle tandis que 1,6 p. 100 seulement des Russes d'Ukraine tenaient l'ukrainien pour leur langue maternelle et que 32,8 p. 100 d'entre eux seulement le parlaient couramment (Jaworsky 5 juin 1993, 11-12).

De nombreux non-Ukrainiens ont manifesté leur inquiétude devant les tentatives entreprises récemment par les défenseurs du nationalisme ukrainien radical, installés surtout dans l'ouest de l'Ukraine, pour renforcer et élargir leur appui au sein du public (Kossikov 6 juin 1993; Jaworsky 5 juin 1993). On a par exemple vu augmenter en 1992 la diffusion de publications à caractère nationaliste radical comme Nationalist, Neskorena Natsiia et Ukrainskyi obrii, ainsi que les activités de forces paramilitaires nationalistes. Lviv et l'ouest de l'Ukraine auraient récemment été témoins d'une augmentation de l'antisémitisme (Monitor 13 nov. 1992, 6). Ces faits nouveaux pourraient entraîner la désaffection des minorités ethniques et des Ukrainiens de souche dont la langue maternelle est le russe (Monitor 25 sept. 1992; Jaworsky 29 avr. 1993).

4.1        Tensions ethniques entre Ukrainiens et Russes

Les tensions entre les Ukrainiens et les Russes de souche découlent principalement de leur conception différente de l'ukrainisation, notamment dans le domaine linguistique. (Il se peut que les tensions ethniques soient aussi influencées par la détérioration des relations entre les églises orthodoxes russe et ukrainienne et l'église catholique d'Ukraine, en particulier dans l'ouest de l'Ukraine (Reuter 18 juill. 1993; The Economist 25 avr. 1992), mais cette question dépasse le cadre du présent document) Selon un sondage effectué à Kiev par des chercheurs de la Stanford University, 94 p. 100 des Russes de souche veulent que le russe soit l'une des langues officielles de l'Etat, alors qu'une majorité d'Ukrainiens s'y opposent (RFE/RL 5 mars 1993).

La langue d'enseignement est une question délicate. Un sondage mené en mai 1992 par la Sociological Association of Ukraine a montré que 66 p. 100 des Ukrainiens de souche veulent que l'ukrainien soit la principale langue d'enseignement dans les écoles d'Ukraine, par opposition à 33 p. 100 des Russes de souche (ibid.). Même si 55 p. 100 des Russes conviennent que l'ukrainien doit être une matière obligatoire (RFE/RL 18 sept. 1992, 70), le statut et le rôle de la langue russe dans le système d'éducation ont peu changé jusqu'ici. Aucune école de langue ukrainienne n'a par exemple vu le jour en Crimée où les Ukrainiens représentent 25,8 p. 100 de la population et il existe très peu d'écoles dispensant leur enseignement en ukrainien dans l'est et le sud de l'Ukraine (RFE/RL 5 mars 1993, 3).

Toutefois, la résistance russe aux mesures perçues comme des efforts d'ukrainisation semble grandir. En janvier 1993, par exemple, l'ambassadeur russe en Ukraine s'est plaint en termes vigoureux du gouvernement d'Ukraine, disant que Kiev tardait à répondre aux besoins de la population russe. Cette déclaration contrastait soudain avec ses déclarations antérieures (RFE/RL 5 mars 1993, 4). À Lviv, ville de l'ouest de l'Ukraine où sept p. 100 des habitants sont russes, on a interrompu la seule émission de télévision diffusée en russe; de son côté, Kiev, ville à prédominance russophone, dispose d'une seule chaîne de télévision russe, la plus faible de toutes, paraît-il. Au département de philologie de l'université de Kiev, les étudiants étudient maintenant la langue et la littérature russes en ukrainien (The New York Review of Books 22 oct. 1992, 60).

L'insatisfaction des Russes de souche à l'égard des politiques du gouvernement d'Ukraine est en partie causée par la détérioration de la situation économique. L'insatisfaction globale a eu tendance à renforcer, à la fin de 1992 et en 1993, les revendications du statut de deuxième langue officielle pour le russe, habituellement accompagnées de demandes d'une double citoyenneté russo-ukrainienne, d'une structure confédérale pour l'Ukraine, d'un degré plus élevé d'intégration au sein de la CEI et de liens plus étroits avec la Russie (RFE/RL 5 mars 1993, 2). Toutefois, la plupart des Russes d'Ukraine ne désirent pas qu'on redéfinisse les frontières actuelles de l'Ukraine (RFE/RL 4 sept. 1992, 66).

Malgré l'inquiétude exprimée, la population russe n'a pas été mobilisée sur le plan politique. Selon les Country Reports 1992, même si les Russes d'Ukraine se sont parfois plaints de discrimination, il n'existe pas, sauf en Crimée, de preuves de tension grave entre les Russes et les Ukrainiens de souche (1993, 956). Plus encore, selon Igor Kossikov, sous-directeur de l'Institut d'ethnographie et d'anthropologie de l'Académie russe des sciences de Moscou, il n'y a pas eu d'affrontements directs entre les Russes et les Ukrainiens et la situation des Russes en Ukraine n'est pas menaçante, en comparaison de nombreuses autres régions de l'ancienne Union soviétique (6 juin 1993).

4.2          Autres minorités ethniques

La mise en oeuvre, à l'échelle régionale, des droits et des garanties accordés aux minorités a suscité des interrogations (Human Rights and Democratization janv. 1993, 60). En Transcarpatie, par exemple, région multi-ethnique où vit une importante minorité hongroise, on n'est pas parvenu à s'entendre sur la question du district hongrois autonome que demandent les habitants de la région de Berehovo. Des personnalités politiques ukrainiennes de haut rang ont décidé que seule l'autonomie gouvernementale et culturelle serait acceptable (RFE/RL 16 avr. 1933a, 24-25; Human Rights and Democratization janv. 1993, 64); malgré cela, elles n'ont pas permis de rendre l'affichage bilingue (ukrainien-hongrois) obligatoire dans les secteurs habités par les minorités (ibid.), même si des panneaux routiers bilingues étaient placés bien en évidence dans la région en 1991 (The London Times 2 déc. 1991). La Hongrie qualifie toutefois d'exemplaire la façon dont l'Ukraine traite sa minorité hongroise même si elle se montre réticente à accorder aux Hongrois de souche une autonomie territoriale complète. L'Ukraine et la Hongrie ont établi, en ce qui concerne les droits des minorités, une collaboration qui, selon un représentant hongrois haut placé, pourrait servir d'exemple et de modèle pour toute la région et même pour l'Europe (RFE/RL 16 avr. 1993a, 25; Security Dialogue mars 1993).

Des Roumains de souche vivant dans l'oblast de Chernivtsy dans le sud-ouest de l'Ukraine ont accusé les autorités ukrainiennes de restreindre certains de leurs droits, notamment dans le domaine des voyages et des contacts avec la Roumanie (Reuter 1er sept. 1991; Monitor 19 juin 1992b). L'Ukraine a rejeté ces accusations et souligné les libertés et les installations culturelles dont dispose la minorité roumaine (Monitor 19 juin 1992b; Pravda Ukrainy 13 févr. 1993). En 1992, Yuri Olenenko, président du Comité de l'Etat d'Ukraine sur les affaires relatives à la nationalité, a fait remarquer que dans l'oblast de Chernovtsy où 20 p. 100 des habitants sont roumains, 86 écoles sur 420 utilisent le roumain (Reuter 10 juin 1992).

Pour montrer son désir de soutenir les minorités ethniques, le gouvernement d'Ukraine encourage les groupes ethniques expulsés par Staline à revenir en Ukraine. En février 1992, le président Kravchuk a annoncé que l'Ukraine était disposée à intégrer jusqu'à 400 000 des quelque 1,1 million d'Allemands de souche vivant en Asie centrale et elle a versé 500 millions de roubles dans un fonds de réétablissement (Reuter 29 févr. 1992; Neue Züricher Zeitung 10 mars 1992; AFP 10 mars 1992). Walter Prisnitz, Secrétaire d'Etat du ministère de l'Intérieur d'Allemagne fédérale, a loué la décision du parlement d'Ukraine (TASS 1er juin 1993), mais des rapports récents révèlent que 1526 Allemands seulement se sont réétablis en Ukraine et que des problèmes de procédure entravent le réétablissement futur (BBC Summary 9 sept. 1993; Current Digest of the Post-Soviet Press 7 juill. 1993; Russian Press Digest 7 juill. 1993). Il semble qu'on projette aussi d'intégrer 16 000 Polonais venant du Kazakhstan (AFP 20 mars 1992).

La question du réétablissement des Tatars de Crimée expulsés par Staline pendant la Deuxième Guerre mondiale pose une question importante. Près de 200 000 Tatars sont revenus dans leur patrie historique (Human Rights and Democratization janv. 1993, 63), soutenus par une aide financière du gouvernement ukrainien, mais leur retour a causé des tensions avec les autres résidants de Crimée (ibid.; The Guardian 1er sept. 1993; The Houston Chronicle 8 août 1993; RFE/RL 30 avr. 1993, 24-25). Les Tatars se plaignent d'être l'objet de discrimination de la part des employeurs locaux (The Guardian 1er sept. 1993), d'avoir de la difficulté à trouver des terres et d'avoir vu certains de leurs abris temporaires détruits par la milice locale (Xinhua 7 oct. 1992; The Houston Chronicle 8 août 1993). Dans la péninsule, la majorité russe se montre réticente à reconnaître les droits des Tatars (Human Rights and Democratization janv. 1993, 63). Les Tatars de Crimée sont généralement favorables à la souveraineté ukrainienne en Crimée, mais ils ont demandé le renouvellement de leur statut national et territorial dans la péninsule (ibid.). Selon le dirigeant Tatar de Crimée, Mustafa Djemilov, les Tatars ne seront pas les premiers à tirer, mais l'on pourrait assister à une effusion de sang si les problèmes qu'ils rencontrent en Crimée continuent à s'aggraver (The Guardian 1er sept. 1993).

5.               LA COMMUNAUTE JUIVE

L'antisémitisme est profondément enraciné dans l'histoire de l'Ukraine. Les historiens juifs considèrent les massacres de Juifs par des paysans ukrainiens au XVIIe siècle comme un désastre national dont l'ampleur n'a été surpassée que par l'holocauste. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, l'Ukraine, qui faisait partie du territoire où avaient été refoulés les Juifs, a été le théâtre d'actes de violence et de pogroms antijuifs (National Conference on Soviet Jewry, janv. 1993). Les tensions interethniques se sont aggravées pendant l'entre-deux-guerres et ont persisté pendant l'occupation allemande où les Juifs se sont heurtés à l'hostilité marquée de la population locale. De plus, durant la Deuxième Guerre mondiale, certains Ukrainiens ont collaboré avec les Nazis à des tueries et à des déportations massives de Juifs (ibid.). Après la guerre, Staline a ordonné le déplacement et la mort de milliers de Juifs (The New York Times 7 oct. 1991). Plusieurs milliers de Juifs ont été contraints de s'installer dans le district autonome juif (Birobidjan) établi près de la frontière sino-soviétique (Stonov juill. 1991).

Venant après les Etats-Unis, la Russie et la France, l'Ukraine abrite la quatrième communauté juive issue de la diaspora; cette communauté est fortement russifiée. Selon le représentant de l'Agence juive à Kiev, seulement deux à trois p. 100 des Juifs d'Ukraine participent à la vie culturelle juive (Jerusalem Report 12 déc. 1991, 26). Les Juifs ukrainiens sont presque entièrement russophones : 90 p. 100 d'entre eux considèrent le russe comme leur langue maternelle (RFE/RL 5 mars 1993, 2), tandis que 10 p. 100 seulement connaissent le yiddish et que presque aucun ne parle l'hébreu (Respublika 10 déc. 1992). La grande majorité des journaux juifs d'Ukraine sont publiés en russe.

5.1               Profil social et politique

Même si le recensement soviétique de 1989 fait état de 486 326 Juifs en Ukraine, le représentant de l'Agence juive à Kiev estime plutôt ce nombre à 600 000 (Jerusalem Report 12 déc. 1991). La communauté connaît un déclin démographique qui a atteint 42 p. 100 de 1959 à 1989 selon les recensements soviétiques (Einigkeit 1992). Si l'on en croit une autre source, en raison de l'émigration, il ne restait plus que 320 000 Juifs au pays à la fin de 1992 (Respublika 10 déc. 1992). Les Juifs d'Ukraine, dont 99 p. 100 sont citadins, préfèrent les grandes villes. En 1989, 20,7 p. 100 vivaient à Kiev, 14,2 p. 100 à Odessa, 10,3 p. 100 à Dniepropetrovsk et 10,1 p. 100 à Kharkiv (Natsional'nyi sklad naseleniya Ukrainy 1991, 19).

On sait peu dans quelle mesure les Juifs occupent des postes politiques importants, mais une source rapporte qu'aux dernières élections parlementaires, la nationalité de Iulii Ioffe n'a pas nui à sa popularité auprès des électeurs ukrainiens puisque 80 p. 100 d'entre eux ont soutenu sa candidature (Khadashot 1993, 8).

5.2       Situation culturelle et religieuse

Selon la Commission sur la sécurité et la coopération en Europe du Congrès des Etats-Unis, les possibilités d'expression culturelle et religieuse des Juifs (de même que d'émigration) ont considérablement augmenté au cours des dernières années (Human Rights and Democratization janv. 1993, 64). La communauté juive de Kiev en est un bon exemple. La ville possède en effet trois externats juifs dont le plus grand est subventionné par le gouvernement d'Ukraine, deux synagogues, la deuxième ayant rouvert ses portes en novembre 1992, une congrégation orthodoxe et une congrégation réformée qui dirige une école du dimanche fréquentée par 100 élèves (Canadian Jewish News 21 janv. 1993; Yevreiskiye Vesti 1992a, 3). Le musée de Kiev abrite une importante collection d'oeuvres juives (Canadian Jewish News 18 févr. 1992). L'université pédagogique et l'Institut de théâtre de Kiev comportent maintenant des départements d'études juives (The Ukrainian Weekly 8 nov. 1992). La ville est le foyer d'organisations ukraino-juives, notamment celles de Sholem Aleichem et d'Ukraina-Israel, et le siège d'une bibliothèque juive, d'une troupe de danseurs juifs, d'un choeur et d'un théâtre juifs et de plusieurs autres installations culturelles et éducatives.

C'est aussi à Kiev que se trouve le siège social de Khadashot, Yevreiskiye Vesti, Vozrozhdeniye '91 et Ukraina-Israel, quatre des quelque vingt journaux juifs ukrainiens nés après 1985. Une émission de télévision juive, Menorah, est diffusée une fois par mois à la télévision ukrainienne et les services religieux marquant les grandes fêtes juives sont télévisés (Canadian Jewish News 21 janv. 1993). L'une des nouveautés les plus intéressantes au sein de la communauté juive de Kiev est l'Université internationale Solomon. Cet établissement privé, construit sur le modèle de la Brandeis University près de Boston, a été fondé en mars 1992. Certains cours ont commencé avant l'inauguration officielle qui était prévue pour septembre 1993 (ibid.). L'université dispensera des cours de langue et de littérature juives, de religion, d'histoire, de musique, d'économie, de droit et de finances (Ukraine Today 11 juin 1992). Elle formera également des rabbins et des éducateurs juifs (ibid.). L'Académie Kievo-Mohyla de Kiev projette aussi d'offrir des programmes d'études juives (Canadian Jewish News 25 févr. 1993).

La prolifération de nouvelles institutions culturelles juives est manifeste dans l'ensemble de l'Ukraine. Chernivtsy possède maintenant une école juive ainsi qu'un journal et une émission de radio en yiddish (Human Rights and Democratization janv. 1993, 64; Jerusalem Report 3 juin 1993, 33). Des écoles juives se sont ouvertes à Kharkiv et à Zaporozhe (National Conference on Soviet Jewry janv. 1993, 4). Le Conseil des juifs de Bucovine, qui compte 450 membres, a pu obtenir son enregistrement en février 1993 (Yevreiskiye Vesti 1993a, 1). Le premier congrès républicain des Juifs ukrainiens, auquel assistaient 225 délégués de 72 villes d'Ukraine et plusieurs politiciens ukrainiens de haut rang, s'est réuni à Kiev en octobre 1992 (Yevreiskiye Vesti 1992b; The Ukrainian Weekly 8 nov. 1992).

Pourtant, les organisations juives se sont plaintes de difficultés financières, de problèmes à trouver des locaux et du fait que l'Ukraine n'a pas rendu aux Juifs tous les biens qui avaient été nationalisés sous le régime précédent (Canadian Jewish News 21 janv. 1993). La revue Vozrozhdeniye '91 a connu des difficultés financières pendant l'été 1992 (Vozrozhdeniye '91 juin 1992, 1). À Donetsk, la revue Alef a cessé de paraître en juillet en raison de difficultés analogues (Monitor 19 juin 1992a).

5.3 Emigration des Juifs d'Ukraine

La politique d'émigration s'est fortement libéralisée même si les exigences bureaucratiques restent lourdes et s'il n'existe pas de législation touchant l'émigration. Ces dernières années, plus de 100 000 juifs ont profité de l'assouplissement des limites imposées à l'émigration pour quitter l'Ukraine et s'installer principalement en Israël (Human Rights and Democratization janv. 1993, 55). L'Ukraine a toutefois rétabli certaines anciennes restrictions touchant les voyages, notamment des règlements rendant plus difficile l'émigration des hommes en âge de faire leur service militaire, des personnes faisant l'objet de plaintes en instance devant les tribunaux et des personnes réputées posséder des secrets d'Etat (Monitor 19 févr. 1993). Pour plus de renseignements sur l'émigration juive en Israël, voir le document de la série « Questions et réponses » établi en février 1993 par la DGDIR sous le titre Israël : Les Juifs en provenance de l'ancienne Union soviétique.

5.4                Antisémitisme

Même si une étude sur l'antisémitisme au sein de la CEI a conclu que l'antisémitisme populaire est moins marqué en Ukraine qu'en Russie, qu'au Belarus, que dans le nord du Caucase et qu'en Asie centrale (Soviet Refugee Monitor févr. 1992, 17), il subsiste malgré tout en Ukraine. Un sondage effectué par une société spécialisée des Etats-Unis a en effet montré que les Juifs sont vus de façon négative par 22 p. 100 de la population d'Ukraine (Létide a révélé qu'en comparaison, les Juifs sont vus de façon négative en Pologne, en Russie, en Allemagne, en France et en Lituanie par 34, 26, 24, 14 et 10 p. 100 de la population respectivement) (ibid.).

Le mouvement Rukh ainsi que le président Kravchuk et de nombreux autres politiciens d'Ukraine ont vivement condamné les expressions d'antisémitisme et encouragé l'épanouissement de la culture juive. Kravchuk a encouragé l'établissement de liens étroits entre l'Ukraine et Israël et il a été le premier dirigeant de la CEI à se rendre en visite en Israël en janvier 1993 (Yevreiskiye Vesti, 1993b). Il a également prononcé une allocution lors d'une conférence internationale sur l'antisémitisme tenue à Bruxelles à l'été 1992 (ibid. 1992e; Ukraine Today 7 juill. 1992). Selon un éminent spécialiste américain, Kravchuk, grâce à son leadership, a su tenir les antisémites à l'écart de la politique, mais les tendances anti-juives pourraient réapparaître si son gouvernement s'effondrait (The New York Times 12 févr. 1992). Un nombre relativement faible d'organisations ou de publications ont tenté de faire de la propagande anti-juive en Ukraine (ibid. 27 août 1992), au contraire de la Russie et du Belarus où ce nombre est considérable (Soviet Refugee Monitor févr. 1992). La revue libérale russe Novoye Vremya a elle aussi relaté qu'il existait peu de signes d'antisémitisme dans le public en général et que les groupes professant cette attitude étaient petits et isolés (1993).

Le groupe antisémite Pamyat a, semble-t-il, peu pénétré en Ukraine, même s'il a organisé une assemblée illégale à Zhitomir où il dit posséder 72 membres (Vozrozhdeniye '91 déc. 1991), pour dénoncer l'influence judéo-maçonnique au sein du Rukh. De l'avis de dirigeants juifs d'Ukraine, ces groupes ne sont pas encouragés par les autorités et ils possèdent peu de membres parmi la population ukrainienne (Human Rights and Democratization janv. 1993, 63). Le 20 janvier 1993, Dimitri Vasilev, militant russe notoire du Pamyat, n'a pu entrer en Ukraine et a été refoulé en Russie par les garde-frontières ukrainiens (Ukraine Today 21 janv. 1993; Vechernyi Kiev 29 janv. 1993).

Des incidents antisémites se produisent pourtant en Ukraine, comme le montrent les exemples qui suivent. L'édition en ukrainien des Protocoles des Sages de Sion est vendue ouvertement, mais elle ne semble pas susciter un grand intérêt au sein du public; il arrive à l'occasion que des affiches antisémites soient placées dans le centre de Kiev (Novoye Vremya 1993; Yevreiskiye Vesti 1992c, 3). À Kiev également, deux groupes fascistes se donnant le nom de « Légion du nouvel ordre » et « Croix de l'Est » ont brûlé publiquement une étoile de David et plusieurs journaux juifs d'Ukraine (Khadashot 1992a, 3). Des cimetières juifs ont été profanés (The New Yorker 27 janv. 1992). À Dontsk, la synagogue locale a été la cible de vandales et trois rouleaux de la Torah ont été volés (Khadashot 1992b). Un groupe de « patriotes nationaux » de l'Assemblée nationale d'Ukraine a formé un cordon devant l'hôtel de ville de Vinnitsa pour protester contre l'élection du premier maire juif de la ville (Monitor 2 oct. 1992). À Odessa, 50 personnes se sont élevées contre la surreprésentation présumée des Juifs parmi les employés de la station de télévision de la ville (ibid. 11 déc. 1992). Le 21 mars 1993, un groupe d'hommes criant des slogans antisémites et proférant des menaces a fait irruption dans le Centre culturel juif de Lviv (Monitor 16 avr. 1993, 5). On dit que le monument juif de Babi Yar a été saccagé le 14 juin 1993, mais la presse ukrainienne n'a pas relaté l'incident (Monitor 16-23 juill. 1993, 6). Shevah Weiss, président de la Knesset d'Israël en visite officielle en Ukraine en juin 1993, a été harcelé verbalement et menacé par deux parlementaires ukrainiens et on a dû le faire sortir sous escorte du parlement ukrainien (The Jerusalem Post 17 juin 1993). Plusieurs manifestations ont été organisées pour réclamer la libération de John Demjaniuk, ancien gardien de prison déclaré coupable de crimes de guerre par les tribunaux israéliens (Le 30 juillet 1993, la Cour suprême d'Israël a infirmé la condamnation de Demjaniuk (The New York Times 31 juill. 1993) ) (The Ukrainian Weekly 17 janv. 1993, 3; Haaretz 15 janv. 1993; Monitor 28 août 1992b). Aucune de ces activités n'a attiré de foule considérable.

Aleksander Burakovsky, président du Conseil des nationalités du Rukh et militant juif, a déclaré que des articles antisémites apparaissaient plus fréquemment dans la presse. Selon Burakovsky, maintenant que l'antisémitisme soutenu par les autorités est dépassé, le plus affligeant est l'absence de protestation des autorités politiques (The New York Review of Books 22 oct. 1992, 60). Un autre militant juif d'Ukraine a souligné que les Juifs sont libres de faire connaître publiquement leur identité en Ukraine, mais que les autorités font peu pour refréner l'antisémitisme populaire (Yevreiskiye Vesti 1993c, 3). Selon Novoye Vremya toutefois, la police est parfois intervenue dans les activités d'organisations antisémites (1993). Dans un cas, des poursuites ont été intentées contre l'article incendiaire d'Anatol Sherbatyuk intitulé « L'esprit du sang », publié dans Slovo. La plainte, déposée par Aleksander Burakovsky, sera instruite par le procureur général de la république (Monitor 28 août 1992a). Sherbatyuk a été accusé d'incitation au chauvinisme et à l'antisémitisme (ibid. 2 janv. 1993).

Les Juifs ukrainiens s'inquiètent de la glorification du nationalisme ukrainien car ils y distinguent parfois une note manifeste d'antisémitisme. Près de Babi Yar par exemple, un groupe de 1 000 Ukrainiens auraient protesté contre le fait que les Juifs se soient « appropriés » une atrocité commise en réalité contre les Ukrainiens (Canadian Jewish News 10 oct. 1991). Dans plusieurs villes d'Ukraine, notamment à Lviv, Tarnopol, Chervonograd et Ivano-Frankovsk, des groupes locaux ont érigé des monuments et des plaques glorifiant les SS ukrainiens et ont donné aux principales artères le nom de dirigeants nationalistes ukrainiens dont l'idéologie n'est pas exempte d'antisémitisme. Plusieurs localités mettent actuellement en oeuvre une loi républicaine d'avril 1991 qui accorde une amnistie générale à 50 000 personnes reconnues coupables de crimes de guerre par les tribunaux soviétiques. Il ne semble toutefois exister aucun mécanisme permettant de déterminer si les personnes amnistiées ont commis des atrocités pendant la Deuxième Guerre mondiale (ibid.). L'anniversaire du massacre de Juifs à Babi Yar a néanmoins été commémoré en 1992, comme il l'avait été en 1991, et un monument à la mémoire des victimes du ghetto de Lviv a été dévoilé dans le centre de Lviv en août 1992 (Yevreiskiye Vesti 1992d, 2).

6.            PERSPECTIVES D'AVENIR

L'Ukraine a créé un cadre juridique destiné à protéger les droits des minorités et le gouvernement actuel a pris des mesures pour améliorer la stabilité interethnique. Il existe pour l'instant peu de signes de heurts interethniques et l'antisémitisme encouragé par l'Etat semble une chose du passé.

Ce calme relatif des relations ethniques a réussi à se maintenir au milieu de l'instabilité politique et économique constante causée par la désintégration de l'Union soviétique. Le passage à de nouvelles formes de gouvernement et à de nouvelles structures économiques, tout comme la mise en oeuvre de lois touchant les droits des minorités, influeront probablement sur la situation de ces dernières.

L'évolution des relations avec la Russie pourrait également avoir une incidence sur les tensions ethniques. Celles-ci ont par exemple augmenté en Crimée lorsque le parlement russe a débattu de l'à-propos d'annuler le transfert qui, en 1954, avait soustrait la Crimée à la Russie pour l'annexer à l'Ukraine. On a alors vu s'intensifier un mouvement séparatiste en Crimée où la majorité de la population est russe (Kossikov 6 juin 1993). Comme bien d'autres questions encore irrésolues, les dossiers de la citoyenneté et des pensions continuent de miner les relations russo-ukrainiennes et d'affecter des millions de Russes d'Ukraine et d'Ukrainiens de Russie (RFE/RL 2 juill. 1993, 7).

Enfin, l'avenir des relations ethniques et la stabilité en Ukraine dépendront de l'équilibre que le gouvernement ukrainien réussira à maintenir entre, d'une part, la protection des droits des minorités et l'allégement des craintes concernant l'ukrainisation et, d'autre part, la revalorisation de la culture et de la langue ukrainiennes après des années d'interdiction.

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