Last Updated: Wednesday, 31 May 2023, 15:44 GMT

Histoire, Culture et Spécificité des Albanais du Kosovo

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Research Directorate, Immmigration and Refugee Board, Canada
Publication Date 1 April 1998
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Histoire, Culture et Spécificité des Albanais du Kosovo, 1 April 1998, available at: https://www.refworld.org/docid/3ae6a8568.html [accessed 2 June 2023]
DisclaimerThis is not a UNHCR publication. UNHCR is not responsible for, nor does it necessarily endorse, its content. Any views expressed are solely those of the author or publisher and do not necessarily reflect those of UNHCR, the United Nations or its Member States.

 

Glossaire

HRW/H  Human Rights Watch/Helsinki

ICG         International Crisis Group

LDK        Ligue démocratique du Kosovo

MRG       Minority Rights Group

Carte

Voir original

Source : Vickers, Miranda. 1998. Between Serb and Albanian: A History of Kosovo, p. xix.

1. INTRODUCTION

Le présent document ne fait qu'effleurer la question des violations des droits de la persone au Kosovo; il porte sur l'histoire, la culture et les traits distinctifs des Kosovars de souche albanaise. Pour en savoir plus long sur les violations des droits de la personne au Kosovo, veuillez consulter les documents suivants que l'on peut trouver aux centres de documentaion régionaux de la CISR : Open Wounds: Human Rights Abuses in Kosovo (Human Rights Watch/Helsinki 1994), Yugoslavia: Police Violence Against Ethnic Albanians in Kosovo Province (Amnesty International 1994) et la Revue de presse des médias internationaux de la Direction des recherches.

2. HISTORIQUE

2.1 Histoire du Kosovo avant 1987

La question de la légitimité des prétentions albanaises et serbes au Kosovo divise depuis longtemps les historiens de souche albanaise et ceux de souche serbe[1]1 (Pavkovic sept. 1997, 428; Ducellier s.d.; Vickers 1998, xii; Financial Times 29 juin 1989). Pour les Serbes, le Kosovo est une terre sacrée, [traduction] « le berceau de la culture et de l'État du peuple serbe » (RFY oct. 1995; Financial Times 29 juin 1989), alors que les Albanais affirment que le territoire était le leur avant même que les Serbes y arrivent (Hall 1994, 9; Pavkovic sept. 1997, 428).

Au XIIIe et au XIVe siècles, le Kosovo était le centre de l'empire serbe fondé par Nemanja (Ducellier s.d.; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 178; Hall 1994, 9), mais en 1389, la victoire des Ottomans sur les Serbes à la bataille de Kosovo Polje, endroit qui se situe un peu à l'ouest de la ville moderne de Pristina, a marqué la fin de l'État serbe indépendant (ibid.; History Today 1er déc. 1991). La bataille de Kosovo Polje est devenue [traduction] « une source tellement féconde de la littérature romantique et de légendes serbes qu'au fil des siècles, elle s'est transformée dans les esprits en un événement qui a valorisé les Serbes moralement » (Hall 1994, 9). Les liens étroits entre l'Église orthodoxe serbe et le Kosovo servent eux aussi à renforcer l'attachement des Serbes au Kosovo (Hall 1994, 9; The Financial Times 29 juin 1989). En 1346, l'évêché serbe de Pec a été élevé au rang du patriarcat, un acte qui signifiait la séparation de l'Église orthodoxe serbe et le patriarcat de Constantinople (Hall 1994, 9; voir également The Financial Times 29 juin 1989). On trouve au Kosovo de nombreux monastères et églises serbes antiques, dont beaucoup sont reconnus par l'UNESCO comme des monuments historiques (Hall 1994, 9; Samardzic juin 1995; RFY oct. 1995). Compte tenu de ces liens historiques qui unissent les Serbes et le Kosovo, certains soutiennent que [traduction] « pour les Serbes, renoncer au Kosovo équivaudrait à renoncer à leur héritage national » (Hall 1994, 9). Les Serbes considèrent que, par rapport à eux, les Albanais du Kosovo sont des nouveaux venus que les Turcs ont utilisés pour tenter d'expulser les Serbes (ibid.).

Les historiens de souche albanaise par contre présentent l'histoire du Kosovo sous un tout autre jour (Albania: A Country Study 1994, 22). Ils affirment que les Illyriens, qui seraient les ancêtres des Albanais de nos jours, habitaient le Kosovo au moins trois siècles avant l'arrivée des Slaves dans les Balkans (Hall 1994, 9; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; Pavkovic sept. 1997, 428). Selon cette version, [traduction] « les Illyriens, c'est-à-dire les Albanais, étaient les premiers à arriver [au Kosovo] et tous les autres, et notamment les Serbes, sont des conquérants ultérieurs dont la présence dans le territoire habité par les Albanais n'est pas légitime » (ibid.; Ducellier s.d.). Les tenants de cette version soutiennent que les Illyriens (Albanais) étaient présents au Kosovo tout au long de la période médiévale de domination serbe (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; Hall 1994, 9). Vers la fin du XIXe siècle, le Kosovo serait devenu [traduction] « le berceau d'une renaissance albanaise, la terre qui a donné le coup d'envoi au mouvement de libération et d'indépendance nationale après près de cinq siècles de domination turque » (ibid.).

En octobre 1912, la Première Guerre balkanique éclate et met fin à quatre siècles de domination ottomane en Albanie (Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997 1996, 109). L'État indépendant d'Albanie a été proclamé le 28 novembre 1912 et a été reconnu en mai 1913 par le traité de Londres, qui a mis fin à la Première Guerre balkanique (ibid., 109, 111; Yugoslavia: A Country Study 1992, 27). Toutefois, les frontières de l'Albanie ont été modifiées par le traité de Bucarest d'août 1913; à la suite de cette modification, plus de 50 p. 100 des Albanais se trouvaient à l'extérieur de l'Albanie, pour la plupart au Kosovo et en Macédoine (Albania: A Country Study 1994, 21-22; Larrabee 1994, 296). C'est à ce moment-là que le Kosovo a été cédé à la Serbie[2]2 (ibid.; Hall 1994, 200). En 1918, à la fin de la Première Guerre mondiale, toutes les écoles de langue albanaise du Kosovo, de la Macédoine et du Monténégro ont été fermées et on a refusé le [traduction] « statut de nation » aux 400 000 personnes de souche albanaise qui habitaient la région (History Today 1er déc. 1991; Hall 1994, 201; The Financial Times 29 juin 1989). Selon Hall,

[traduction]

l'Entre-deux-guerres était ainsi une période où l'État yougoslave nationaliste à prédominance serbe refusait à ses minorités non slaves un traitement égal sur le plan culturel ainsi que les droits des minorités garantis par le droit international […] Les écoles albanaises et les documents de langue albanaise demeuraient interdits, les intellectuels et le clergé albanais et les ténors du mouvement civique albanais faisaient l'objet de persécutions, et les recensements étaient truqués (1994, 201).

En outre, on encourageait les Serbes à peupler le Kosovo; jusqu'en 1940, de 18 000 à 40 000 familles slaves se seraient installées au Kosovo (History Today 1er déc. 1991; Hall 1994, 202), et on aurait donné aux colons serbes plus de 60 000 hectares de terre saisis aux Albanais (The Financial Times 29 juin 1989). En même temps, des milliers de Kosavars de souche albanaise ont fui le Kosovo ou encore ont été emprisonnés ou obligés de quitter le Kosovo parce qu'on les accusait d'irrédentisme (History Today 1er déc. 1991; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; voir également Hall 1994, 202).

De 1941 à 1943, à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale, le Kosovo et les terres habitées par des Albanais en Macédoine et au Monténégro ont été rattachés à l'Albanie — qui était occupée par les Italiens — de manière à former la Grande Albanie (Hall 1994, 203; History Today 1er déc. 1991; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180). Pendant cette période, un grand nombre d'Albanais se sont installés au Kosovo et beaucoup de Kosovars[3]3 ont profité de leur nouveau statut pour régler leurs comptes aux Serbes, notamment en expulsant un grand nombre de Serbes du Kosovo (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; History Today 1 déc. 1991; RFY oct. 1995). Après la défaite de l'Italie par les forces alliées en septembre 1943, c'est au tour des Allemands d'occuper l'Albanie (et le Kosovo) (Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997 1996, 109). Quand le Kosovo a été remis à la Serbie en 1944, sa population était composée en majorité d'Albanais[4]4; selon un recensement effectué en 1948, on dénombrait environ 172 000 Serbes et 500 000 Albanais au Kosovo (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180).

Dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, les gens de souche albanaise consituaient la plus grande minorité non slave et le troisième groupe national de la Yougoslavie (Hall 1994, 204). Ils habitaient les républiques yougoslaves de Serbie (qui comprenait le Kosovo), du Monténégro et de Macédoine (ibid., 205). En 1946, le Kosovo est devenu une région administrative de la République de Serbie au sein de la République fédérative populaire de Yougoslavie (ibid., 204; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180). La langue albanaise a alors été reconnue juridiquement, mais le serbe tenait toujours le haut du pavé (Hall 1994, 204).

Les Kosovars auraient fait l'objet d'une politique oppressive et d'un contrôle strict sous la férule d'Aleksandar Rankovic, ministre des Affaires intérieures et vice-président de la Yougoslavie, pour qui les Kosovars constituaient une [traduction] « hypothèque politique » dangereuse (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; Hall 1994, 204, History Today 1er déc. 1991). Rankovic aurait ordonné à la police d'inciter les Albanais à quitter le Kosovo; entre 1954 et 1957, quelque 195 000 Albanais sont effectivement partis (ibid.).

Les réformistes au sein du gouvernement yougoslave ont réussi à faire congédier Rankovic en 1966 (Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997 1996, 841; Hall 1994, 205; New York Times 4 avr. 1989; History Today 1er déc. 1991; Ramet 1992, 189). Les Kosovars, mais aussi certains milieux à Belgrade, ont commencé à demander de manière insistante que des réformes soient mises en oeuvre au Kosovo (ibid.; Hall 1994, 205; New York Times 4 avr. 1989; History Today 1er déc. 1991). En effet, après le congédiement de Rankovic, beaucoup de Kosovars ont manifesté dans les rues pour demander que leurs droits soient reconnus (Ramet 1992, 190-91; Financial Times 29 juin 1989; Hall 1994, 205). À Belgrade, le gouvernement central yougoslave de Josip Broz Tito a accueilli favorablement les réclamations des Kosovars en conférant au Kosovo en 1968 le statut de province autonome socialiste au sein de la République de Serbie et en permettant aux Kosovars de déployer le drapeau albanais (ibid.; Ramet 1992, 191; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180).

[Traduction]

Les amendements constitutionnels de 1969 et de 1971 prévoyaient une augmentation de l'autonomie du Kosovo et, dans un geste symbolique, on a mis fin à l'emploi du terme serbe Kosmet (Kosovo-Metohija) dans l'appellation officielle de la région… En 1969, une université essentiellement albanaise a été ouverte à Pristina, et on a accordé à la langue et à la culture albanaises la possibilité de jouer des rôles beaucoup plus importants dans les domaines des arts et du spectacle (Hall 1994, 205; voir également Ramet 1992, 191).

Toutefois, pendant cette période, et surtout après la création de l'université de Pristina (qui anciennement faisait partie de l'université de Belgrade), les rapports entre les Serbes, les Monténégrins et les Kosovars ont commencé à se détériorer au Kosovo (Ramet 1992, 191). Des milliers de Serbes ont quitté la province, dont beaucoup qui exerçaient une profession libérale ou qui travaillaient dans l'enseignement (ibid., 191-92).

Dans les années 1970, on assistait à la continuation de l'exode des Serbes et des Monténégrins du Kosovo qui s'albanisaient de plus en plus (History Today 1 déc. 1991)[5]5. En effet, en raison du départ des Slaves et du taux de natalité des Albanais (le plus élevé de tous les groupes de la Yougoslavie), la proportion d'Albanais au Kosovo continuait d'augmenter (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180). Selon un article publié en 1981 par le Washington Post, depuis 1968 [traduction] « les Albanais ont réussi à devenir la force dominante de la vie politique du Kosovo. Ils ont remplacé les Serbes dans des postes clés [...] et ont fait de l'albanais la langue prédominante de la province » (18 avr. 1981). En 1989, le New York Times a signalé qu'après le départ de Rankovic la plupart des policiers du Kosovo étaient de souche albanaise et que l'albanais était devenu la langue courante des tribunaux, de la radio, des journaux et du monde de l'édition (4 avr. 1989).

Le changement de statut le plus important est survenu en 1974; en effet, cette année-là la constitution yougoslave a conféré au Kosovo, et aussi à la province de Vojvodine, située dans le nord de la Serbie, une plus grande autonomie au sein de la Serbie (Financial Times 29 juin 1989; Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; History Today 1er déc. 1991; Hall 1994, 205). Ainsi, à partir de 1974, le Kosovo jouissait [traduction] « d'un niveau d'autonomie dans ses rapports avec la Serbie qui équivalait dans les faits à l'indépendance des républiques, même si nominalement la région n'avait pas le statut de république » (ibid.). En effet, le Kosovo disposait d'un droit de veto dans tous les domaines qui touchaient directement la province; selon Miranda Vickers, écrivaine et historienne, les Serbes de Belgrade ne détenaient plus une autorité totale sur la province (History Today 1er déc. 1991; voir également RFY oct. 1995).

Toutefois, l'économie du Kosovo demeurait sous-développée, et ce malgré les crédits et les fonds considérables mis à la disposition de la province par les autorités fédérales (History Today 1er déc. 1991). Selon Vickers, [traduction] « des années de discrimination économique et d'exploitation pendant lesquelles ils étaient laissés pour compte ont alimenté les sentiments de frustation et d'amertume chez le nombre croissant de chômeurs diplômés produits par le Kosovo » (ibid.; voir également Financial Times 29 juin 1989). En mars et en avril 1981, les étudiants du Kosovo ont mené une [traduction] « révolte de grande envergure » contre les autorités (ibid.; Financial Times 29 juin 1989; Ramet 1992, 195). Les émeutiers réclamaient pour le Kosovo soit le statut de république au sein de la fédération yougoslave, soit la sécession (Ramet 1992, 196; Hall 1994, 205-206). Les autorités centrales de la Yougoslavie ont rudement réprimé les troubles; le bilan : des centaines de morts et de blessés chez les étudiants et les policiers (ibid.; Ramet 1992, 196; History Today 1er déc. 1991).[6]6

2.2 Histoire du Kosovo : 1987-1992

En 1987, les Serbes et les Monténégrins ne constituaient plus que 10 p. 100 de la population du Kosovo (Ramet 1992, 201). L'accession de Slobodan Milosevic à la direction de la Ligue serbe des communistes a transformé en profondeur le paysage politique de la Serbie et les tensions commençaient à s'accentuer de nouveau en 1986 et en 1987[7]7 (ibid., 200-01; Vickers 1995, 211; Financial Times 29 juin 1989; Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997 1996, 841). En effet, la tension est montée notamment parce que Milosevic a exploité l'exode constant des Slaves du Kosovo et l'attachement sentimental et historique qui liait le peuple serbe au Kosovo pour rallier la société serbe autour de son projet visant à supprimer ce qu'il considérait comme des dispositions injustes de la constitution de 1974 (Financial Times 29 juin 1989; Current History nov. 1993, 377; Vickers 1995, 211).

En outre, Milosevic a lancé un [traduction] « programme de colonisation » du Kosovo dans le but d'y attirer des colons serbes (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180); il s'est également mis à diminuer les pouvoirs de la Vojvodine et du Kosovo, tout d'abord en mettant sous la supervision stricte de la Serbie tout ce qui concernait la police, la justice et la planification économique (Hall 1994, 208; Samardzic juin 1995). En mars 1989, quand le Kosovo avait déjà perdu une grande partie de son autonomie, il y a eu des émeutes de protestation qui auraient coûté la vie à au moins 24 personnes (Reuter 2 août 1989; Helsinki Watch mars 1990, 10, 14-15). [Traduction] « Les autorités serbes ont graduellement appesanti leur bras sur le Kosovo après avoir réprimé les émeutes de mars. Elles ont emprisonné environ 900 personnes de souche albanaise pour avoir participé aux troubles et ont séquestré de diverses façons et sans procès plus de 200 autres Kosovars » (Reuter 2 août 1989; Helsinki Watch mars 1990, 10, 14-15). [Traduction] « En juillet 1990, le gouvernement serbe, face aux Kosovars qui demandaient instamment le statut de république, a fini par suspendre le parlement du Kosovo, après quoi il a imposé son autorité directement à l'aide de sa propre police » (History Today 1er déc. 1991; voir également Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180; Vickers 1995, 216). Tous les pouvoirs de la province ont été repris par l'assemblée nationale de la Serbie, et dès lors tous vestiges de l'autonomie du Kosovo ont, dans la pratique, disparu (Encyclopaedia of Conflicts 1993, 180-81; Hall 1994, 208).

Après les événements de 1990 décrits ci-dessus, la police, les instances gouvernementales locales, les écoles, les établissements médicaux, les médias et la plupart des usines d'État sont passés sous la tutelle des Serbes (Hall 1994, 209). En août 1990, les autorités ont fermé le principal quotidien du Kosovo, Rilindja, qu'elles accusaient de publier de la propagande antiserbe (ibid.). De nombreuses autres publications et émissions de radio et de télévision ont été annulées, et tous les postes vacants ont été comblés par des journalistes serbes (ibid.; Vickers 1995, 216). Vers la fin de 1992, selon Hall, environ 100 000 fonctionnaires kosovars avaient déjà perdu leur emploi (Hall 1994, 209; Vickers 1995, 226; voir également Samardzic juin 1995). Le serbe est redevenu la langue officielle du Kosovo, et sur les plaques de rue les noms en alphabet latin ont été remplacés par des noms en alphabet cyrillique (Hall 1994, 209). Selon une dépêche publiée par AP en 1994, les autorités serbes, appuyées par une force policière bien équipée, ont congédié les Kosovars de tous les postes publics (26 nov. 1994).

Après 1990, selon Hall, une [traduction] « répression importante » a commencé (1994, 208). En 1994, Human Rights Watch/Helsinki (HRW/H) a assimilé la situation du Kosovo à un régime policier (mars 1994, xii-xiii). L'International Crisis Group (ICG) affirme que depuis 1989, Belgrade gouverne le Kosovo [traduction] « à l'aide d'une présence policière et militaire massive, en employant des moyens qui font penser à l'apartheid » (17 févr. 1998; voir également Vickers 1995, 226; 16 nov. 1997; HRW/H mars 1994, xii-xiii). Selon l'ICG, la situation des droits de la personne au Kosovo depuis 1989 est [traduction] « épouvantable » (17 févr. 1998). Entre 1990 et 1994, Amnesty International, Physicians for Human Rights, Human Rights Watch et d'autres groupes ont publié de nombreux rapports sur les conditions qu'on trouvait au Kosovo. Ces documents décrivent dans le détail l'envergure des moyens employés par les autorités serbes et donnent des exemples de violations courantes des droits de la personne comme les sévices et les mauvais traitements infligés par la police, la torture, les exécutions, les procès injustes, les limitations de la liberté d'expression, le harcèlement et la discrimination dans les domaines de l'emploi et de l'éducation (PHR août 1991; AI févr. 1994; AI avr. 1994; AI juin 1992; HRW/H mars 1994; HW mars 1990).

Les Kosovars ont proclamé l'indépendance du Kosovo à l'été de 1990 et ont tenu un référendum sur l'indépendance en septembre 1991; des élections législatives et une élection présidentielle [traduction] « semi-clandestines » ont eu lieu en mai 1992 (ICG 17 févr. 1998; Samardzic juin 1995; European Action Council 1er nov. 1997). C'est la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), fondée en 1989 et dirigée par Ibrahim Rugova, qui a remporté les élections (ICG 17 févr. 1998; Samardzic juin 1995; HRW/H mars 1994, xiii). Depuis leur proclamation d'indépendance, les Kosovars tentent [traduction] « de rejeter l'autorité serbe et yougoslave en essayant de vivre comme s'ils étaient vraiment dans un État indépendant » (ICG 17 févr. 1998). La [traduction] « République du Kosovo » s'est mise à créer des structures administratives parallèles destinées à gérer les soins de la santé, l'éducation, l'économie, les médias, les services sociaux et l'imposition (European Action Council 1er nov. 1997; Samardzic juin 1995). Ces structures parallèles sont financées au moins en partie par une taxe de trois pour cent contribuée au LDK par la diaspora albanaise et les Kosovars qui ont un emploi (ICG 17 févr. 1998; DPA 16 nov. 1997).

Ainsi, depuis 1990, deux systèmes administratifs entièrement distincts fonctionnent au Kosovo; cette situation, conjuguée [traduction] « à la haine ethnique et à la peur grandissante », a entraîné [traduction] « un manque total de communication entre les deux communautés et entre leurs dirigeants » (European Action Council 1er nov. 1997). Selon l'ICG,

[traduction]

au niveau politique, c'est l'impasse totale : les deux parties sont intransigeantes. Les Albanais veulent la reconnaissance de leur déclaration unilatérale d'indépendance, et ne sont prêts à accepter rien de moins, alors que les autorités serbes et yougoslaves ne veulent rien savoir de cela et déclarent explicitement qu'elles sont prêtes à négocier tout sauf l'indépendance. (17 févr. 1998).

3. CULTURE ET SPÉCIFICITÉ NATIONALE

3.1 Langue

L'albanais, langue indo-européenne, se divise en deux dialectes principaux, soit le gheg (geg) et le tosk (Albanian.com s.d.; Ethnologue 1996). Le gheg, parlé au Kosovo, est le dialecte albanais prédominant dans les régions de l'Albanie situées au nord de la rivière Shkumbi, alors que le tosk se parle dans les régions situées au sud de la rivière (Ethnologue 1996; Albanian.com s.d.). En outre, les termes Gheg et Tosk désignent les locuteurs de ces dialectes (Vickers 1995, ix). Selon Readings in Linguistics, Languages of the World, ouvrage d'Eric P. Hemp dont on fait état sur le site Web Albanian.com, les locuteurs [traduction] « des formes moins extrêmes [du gheg et du tosk] peuvent se comprendre mutuellement » (Albanian.com s.d.). L'ouvrage Ethnologue précise toutefois que les sous-dialectes arbanasi (zadar), srem (syrmia), camerija et korca du tosk sont, « dit-on, intrinsèquement incompréhensibles aux locuteurs du dialecte gheg de l'albanais » (1996). Derek Hall fait remarquer que le caractère accidenté, l'éloignement et l'isolement des terres albanaises ont donné lieu à des différences dialectales importantes (1994, 29). Dans les années 1970, on a mis au point en Albanie une langue littéraire uniforme qui mariait les éléments courants du gheg et du tosk (ibid.). Toutefois, selon Miranda Vickers, [traduction] « étant donné que le communisme albanais était né dans le sud de l'Albanie, c'est le tosk qui avait été imposé comme la langue officielle du pays dès le début. La grammaire du tosk n'a presque pas subi de modification, alors que le vocabulaire du gheg [...] a été "toskicisé" » (1995, 164-165).

Au Kosovo et en Macédoine, les habitants de souche albanaise parle des sous-dialectes orientaux du gheg, dialecte parlé dans le nord (Ethnologue 1996; Albanian.com s.d.; Vickers 25 mars 1998; Camaj 1984, 55). Selon Martin Camaj, linguiste et poète, [traduction] « malgré ses nombreuses variantes, le kosovar constitue une branche dialectale albanaise distincte » (ibid., 56). Selon des renseignements présentés dans un article consultable sur le site Web Albanian.com, le gheg comprend des sous-dialectes caractérisés [traduction] « dont les plus frappants sont les variantes qui sont parlées dans l'extrême nord et dans l'est, et notamment dans la ville de Shkoder (Scutari), dans les montagnes avoisinantes qui longent la frontière avec le Montégnégro, au Kosovo, en Macédoine... ». (s.d.; voir également Vickers 25 mars 1998). En 1968, les Kosovars ont adopté la langue littéraire officielle de l'Albanie, et en 1974, ils ont également adopté l'orthographe utilisée en Albanie (Yugoslavia: A Country Study 1992, 88; Albanian.com s.d.). L'historienne Miranda Vickers fait remarquer qu'il subsiste de petites différences entre l'albanais écrit du Kosovo et celui de l'Albanie; ces différences seraient comparables à celles qui existent entre l'espagnol écrit de l'Espagne et celui du Mexique (25 mars 1998).

Camaj fait remarquer que le gheg septentrional proprement dit, le gheg du nord-est, et la variante orientale du gheg central [traduction] « ont été introduits au Kosovo à l'époque des migrations de l'occident au siècle dernier » (1984, 57-58). Selon Camaj, il est possible que les composantes spécifiques du gheg oriental proprement dit soient des phénomènes indigènes du Kosovo (ibid.). Dans son article sur la typologie des dialectes du Kosovo, publié en 1984, Camaj examine plusieurs phénomènes linguistiques qui permettent de distinguer les dialectes du Kosovo de ceux de l'Albanie (ibid., 58-61). Il soutient que l'albanais kosovar a subi l'influence d'autres langues balkaniques, et notamment du serbe (ibid., 60). Selon Miranda Vickers, les dialectes ghegs parlés dans le nord de l'Albanie sont presque identiques à ceux du Kosovo, et les différences sont comparables à celles entre le dialecte de l'espagnol parlé à Madrid et celui parlé à Mexico (25 mars 1998). Vickers affirme que les particularités de la variante kosovare du dialecte gheg se manifestent de manière plus marquée dans les régions septentrionales du Kosovo, près de la frontière serbe. En particulier, les Kosovars de ces régions emploient plus souvent une variante serbe du phonème « l » (ibid.).

Vickers croit que la plupart des albanophones pourraient distinguer le dialecte gheg du Kosovo et celui de l'Albanie en raison des différences entre les deux (25 mars 1998). Le mot albanais signifiant « maintenant » illustre bien une de ces différences. En effet, on emploie le mot « tani » en Albanie et le mot « tashi » au Kosovo pour dire « maintenant ». Même si les ghégophones du nord de l'Albanie connaissent ou utilisent parfois le mot « tashi, », ils seront plus enclins à employer le mot « tani » qu'ils ont appris à l'école. Les Kosovars quant à eux n'utilisent pas le mot « tani » (ibid.).

Selon Vickers, les personnes de souche albanaise qui ont grandi au Kosovo après la Deuxième Guerre mondiale devraient pouvoir parler le serbo-croate[8]8 (25 mars 1998). Les enfants âgés de moins de 15 ans constituent la principale exception : ils ne savent ni lire, ni parler ni comprendre le serbo-croate et, selon Vickers, ils ne peuvent même pas lire l'alphabet cyrillique (ibid.; voir également The Washington Post 22 mars 1998). La plupart des Kosovars âgés de plus de 20 ans devraient pouvoir comprendre le serbo-croate, mais cette compétence varie un peu selon les régions (Vickers 25 mars 1998). Par exemple, les Kosovars qui habitent dans le nord du Kosovo, près de la frontière serbe, ainsi que ceux qui habitent à Pristina, sont plus nombreux à pouvoir parler le serbo-croate, alors qu'à Drinica et dans les régions qui avoisinent la frontière albanaise, les Kosovars ont plus tendance à parler le dialecte gheg de l'Albanie que le serbo-croate.

Vickers constate également qu'en général le taux d'alphabétisation est aujourd'hui très élevé chez les Kosovars, bien qu'il soit un peu moins élevé chez les femmes âgées de plus de 30 ou 35 ans. Chez les femmes kosovares âgées, le taux d'alphabétisation est « épouvantable » (ibid.).

3.2 Religion et traditions

Selon Derek Hall, [traduction] « le concept de la nation albanaise a généralement reposé sur la race et la langue plutôt que sur la religion » (1994, 42). Au cours de l'histoire, on pouvait néanmoins regrouper les terres albanaises selon la religion de leurs habitants; le nord était largement peuplé par des catholiques, alors que la plupart des habitants du sud, depuis le schisme byzantin de 1054, étaient des orthodoxes (ibid.). Pendant l'occupation ottomane, beaucoup d'Albanais se sont convertis à l'islam afin d'en retirer des avantages économiques et sociaux (Yugoslavia: A Country Study 1992, 87; Ducellier s.d.; Hall 1994, 42). Hall qualifie ce processus d'islamisation des terres albanaises de « lent et irrégulier » (ibid.).

La majorité des Kosovars sont aujourd'hui des musulmans sunnites (MRG 1997, 252; Vickers 1998, xvii; Yugoslavia: A Country Study 1992, 107, 112-113). Selon le Minority Rights Group (MRG) et Derek Hall, « il n'y a rien qui laisse croire à une montée d'intégrisme islamiste chez les Albanais » du Kosovo, même si les Serbes affirment le contraire occasionnellement (MRG 1997, 253; Hall 1994, 207, 210). Quelques Kosovars sont catholiques, mais les sources d'information ne s'entendent pas sur leur proportion. Vickers, dans son livre Between Serb and Albanian publié en 1998, affirme que 10 p. 100 des deux millions de Kosovars sont des catholiques (xvii), information que l'on retrouve également dans l'ouvrage Yugoslavia: A Country Study (1992, 87). Selon d'autres sources d'information, il y aurait de 50 000 à 70 000 Kosovars catholiques (Hall 1992, 87; MRG 1997, 252; The Washington Post 15 mars1998). Il y a également des Kosovars orthodoxes ainsi que des musulmans bektachites, membres d'une secte de derviches (ibid.; Yugoslavia: A Country Study 1992, 112-13). À l'époque de l'empire ottoman, le bektachisme était l'une des religions officielles du Kosovo (ibid.).

À la différence des habitants de l'Albanie, les Kosovars pouvaient librement pratiquer leur religion après la Deuxième Guerre mondiale, et beaucoup d'entre eux faisaient un pèlerinage annuel à La Mecque (Vickers 1995, 212; Hall 1994, 207). Les Kosovars pouvaient également célébrer les jours saints islamiques en Yougoslavie (IPS 10 mars 1998). Étant donné qu'il y avait peu de limitations en matière d'observance religieuse en Yougoslavie, la religion joue un rôle plus important au Kosovo qu'en Albanie (Vickers 25 mars 1998; Hall 1994, 44-45). Par exemple, au Kosovo, les prénoms, et surtout les prénoms masculins, sont souvent d'origine musulmane (Vickers 25 mars 1998). En Albanie, par contre, on décourageait activement les parents de donner à leurs enfants des noms à connotation religieuse; par conséquent, les enfants y portent souvent des noms sans signification religieuse ou des noms chrétiens, ce qui se produit rarement au Kosovo (ibid.; Hall 1994, 45). En outre, 30 p. 100 de la population de l'Albanie est de confession orthodoxe et, de plus, à la différence du Kosovo, l'Albanie a été grandement influencée par la culture grecque (Vickers 25 mars 1998).

Grâce au régime comparativement peu restrictif de la Yougoslavie, les Kosovars étaient relativement libres de conserver et de pratiquer leurs coutumes traditionnelles (Vickers 25 mars 1998; Yugoslavia: A Country Study 1992, 87). Par conséquent, certaines traditions albanaises ne subsistent aujourd'hui qu'en Yougoslavie (ibid.). Selon Yugoslavia: A Country Study,

[traduction]

pendant des siècles, la structure familiale de base des villageois albanais du Kosovo était la famille étendue — un groupe de 70 à 100 personnes dont le chef était un patriarche. Après la Deuxième Guerre mondiale, on a assisté à l'érosion constante de la structure traditionnelle de la famille étendue, mais on trouvait encore en 1990 des familles étendues de 20 à 40 membres qui habitaient des enceintes entourées de murs. Les vendettas, les mariages arrangés et la polygamie n'étaient pas rares. Beaucoup de femmes albanaises étaient confinées au foyer et subordonnées à l'autorité masculine, et elles n'avaient que peu ou pas d'accès à l'éducation (ibid., 88).

Vickers affirme que la société albanaise du Kosovo est toujours très patriarcale (25 mars 1998). La société kosovare met l'accent sur des liens forts entre frères; on y accorde généralement peu d'importance aux femmes (ibid.).

L'organisation sociale des Ghegs [traduction] « reposait sur la loyauté clanique traditionnelle » (Hall 1994, 26). Les aînés des clans jouaient un rôle puissant dans la société gheg qui était aussi fortement marquée par des vendettas (ibid.). Selon Hall,

[traduction]

on dit qu'au Kosovo, les meurtres de ce genre [provoqués par des vendettas] se produisaient de plus en plus souvent au cours des années 1960 : […] une trentaine de tentatives de meurtre entre 1968 et 1970 […] ont été imputées en grande partie à des vendettas; récemment, toutefois, les tentatives faites par des organisations de bienfaisance pour mettre fin aux vendettas en persuadant les parties de pardonner leurs ennemis semblaient jouir d'un certain succès (ibid., 27).

La structure des familles constitue l'une des différences culturelles entre les Kosovars et les habitants de l'Albanie (25 mars 1998). Selon le système communal de clans familiaux, 20 membres ou plus vivaient ensemble; il a été détruit après la Deuxième Guerre mondiale en Albanie où la plupart des gens appartiennent maintenant à des familles nucléaires (ibid.). Même si le taux de natalité a baissé dernièrement au Kosovo, il demeure encore une des raisons qui expliquent la taille considérable des clans familiaux dans cette région. Selon Vickers, il y a une quinzaine d'années, la famille kosovare moyenne avait peut-être 12 enfants, alors qu'aujourd'hui, elle en a probablement 8, et il se peut bien que les familles de l'élite instruite de Pristina n'aient pas, dans la moyenne, plus de 4 enfants (ibid.).

3.3 Presse et médias de langue albanaise

En 1997 et au début de 1998, il y avait au Kosovo deux quotidiens de langue albanaise (ICG 17 févr. 1998; AFP 12 mars 1998). L'un de ces quotidiens, Bujku, est pro-LDK et est tiré a quelque 8 000 exemplaires (ibid.; ICG 17 févr. 1998). Bujku a pris la relève du quotidien Rilindja qui a cessé de publier en 1990 (AFP 12 mars 1998). L'autre quotidien, Koha Ditor, est un journal indépendant fondé en avril 1997; il aurait un tirage de 27 000 (ICG 17 févr. 1998; AFP 12 mars 1998). Selon un article de l'AFP, toutefois, chacun de ces quotidiens serait tiré à une trentaine de milliers d'exemplaires (ibid.). La livraison des journaux aux régions periphériques et éloignées est incertaine (ibid.). On publie également au Kosovo un hebdomadaire intitulé Zeri (ICG 17 févr. 1998). Dans une interview qu'il a accordée à l'agence Tanjug, le secrétaire yougoslave à l'information Goran Matic a affirmé qu'il y avait 37 journaux albanais au Kosovo, y compris [traduction] « plusieurs quotidiens et deux magazines pornographiques » (20 avr. 1997).

Selon l'ICG, Bujku, Koha Ditor et Zeri ne sont pas censurés et, [traduction] « étant donné le sort des médias dans le reste de la Serbie, la presse du Kosovo se porte relativement bien et est de bonne qualité [….] Toutefois, il n'y a aucun poste de radio local uniquement de langue albanaise qui diffuse des nouvelles » (17 févr. 1998; voir également AFP 12 mars 1998). Pour ce qui est des émissions de télévision en albanais, les Kosovars se contentent de capter les émissions albanaises de Tirana retransmises par satellite (AFP 12 mars 1998; ICG 17 févr. 1998). La télévision de Tirana diffuse tous les soirs à 18 h 30 une émission de nouvelles d'une heure, consacrée au Kosovo (AFP 12 mars 1998).

4. ÉDUCATION

Au cours des dernières décennies, les possibilités d'instruction en langue albanaise offertes aux Kosovars ont varié énormément. Vers la fin de la période ottomane (avant 1912), les Albanais avaient le droit de fréquenter les écoles religieuses et laïques (Hall 1994, 200). Entre 1916 et 1918, pendant l'occupation du Kosovo par les forces austro-hongroises, environ 300 écoles de langue albanaise y ont été ouvertes (ibid.). Ensuite, pendant l'Entre-deux-guerres, l'instruction en Yougoslavie était dispensée en serbo-croate seulement; toutes les écoles de langue albanaise ont été fermées et tout matériel pédagogique de langue albanaise a été banni (ibid.; Yugoslavia: A Country Study 1992, 113; MRG 1997, 252). Les études primaires dans la période entre les deux guerres duraient quatre ans; environ 4 p. 100 des enfants yougoslaves passaient à l'école secondaire à cette époque (Yugoslavia: A Country Study 1992, 113). Dans beaucoup de localités rurales, il n'y avait pas d'école accessible (ibid.). Par ailleurs, les parents musulmans hésitaient souvent à envoyer leurs filles à l'école (ibid.). Pendant la Deuxième Guerre mondiale, après le rattachement du Kosovo à l'Albanie à l'époque de l'occupation italienne, un nombre [traduction] « important » d'écoles de langue albanaises ont été ouvertes (Hall 1994, 203).

Après la Deuxième Guerre mondiale, la Yougoslavie a repris possession du Kosovo et a accordé aux Albanais du Kosovo le statut de minorité nationale; la langue albanaise a été [traduction] « reconnue juridiquement », et on a accordé aux Kosovars le droit de se faire instruire dans leur langue maternelle (Hall 1994, 204; MRG 1997, 252; Yugoslavia: A Country Study 1992, 114). Selon l'historienne Miranda Vickers, entre 1944 et 1968 l'instruction se faisait en albanais seulement dans les écoles primaires (25 mars 1998); aux niveaux plus élevés, c'était le serbo-croate qui servait de langue d'instruction (ibid.). À la suite des modifications apportées à la constitution serbe en 1968, on a commencé à offrir l'instruction en albanais à tous les niveaux du système d'éducation (ibid.).

Dans la période qui a immédiatement suivi la Deuxième Guerre mondiale, le système d'éducation du Kosovo comprenaient des écoles distinctes pour les enfants de chaque groupe linguistique : ainsi, il y avait des écoles albanaises, turques et serbes (Reuter, Jens 1984, 259). Après 1953, les enfants de tous les groupes ethniques ont commencé à fréquenter les mêmes écoles; dans chaque école, les enfants appartenant à chacun des groupes ethniques pouvaient suivre les cours dans leur propre langue (ibid.). Jens Reuter, auteur d'un article sur la politique de l'éducation au Kosovo, signale également que dans la période qui a immédiatement suivi la guerre, il était difficile d'offrir le programme d'éducation en albanais en raison du manque d'enseignants qualifiés (ibid.). Toutefois, il fait remarquer qu'en 1973, plus de 70 p. 100 des enseignants au Kosovo étaient des Kosovars (ibid.).

Dans la période de libéralisation qui a commencé au Kosovo après 1968, l'éducation en albanais a fait d'autres progrès (Hall 1994, 205). En 1969, une université à caractère largement albanais a ouvert ses portes à Pristina, et le prestige de la langue et de la culture albanaises s'est accru dans les domaines des arts et du spectacle (ibid.; voir également Reuter, 1984, 260). En 1970, une entente entre les universités de Pristina et de Tirana a abouti à l'importation au Kosovo d'un grand nombre de manuels et d'autres types de matériel pédagogique de langue albanaise (Hall 1994, 205).

En 1981, 75 p. 100 des 47 000 étudiants de l'université de Pristina étaient de souche albanaise (Reuter 1984, 260). Par rapport aux autres groupes ethniques de la Yougoslavie, la proportion d'étudiants d'université était la plus élevée chez les Albanais (ibid.). Toutefois, selon Jens Reuter, il y avait peu de débouchés pour les milliers de diplômés kosovars qui sortaient de l'université de Pristina, et ce notamment en raison du manque d'emplois convenables au Kosovo (ibid.). De plus, c'était difficile pour les diplômés kosovars de trouver un emploi ailleurs, car à l'extérieur du Kosovo on dépréciait les diplômes conférés par l'université de Pristina; en outre, selon Jens Reuter, peu de jeunes Kosovars avaient [traduction] « une maîtrise du serbo-croate écrit et parlé » (ibid.; voir également Christian Science Monitor 21 mai 1981).

Entre 1945 et 1981, le nombre de Kosovars aux écoles primaires a décuplé (Yugoslavia: A Country Study 1992, 114). En 1958, une loi yougoslave sur l'éducation a porté la durée des études élémentaires de quatre ans à huits ans et a rendu obligatoire la fréquentation de l'école pour tout enfant âgé entre 7 et 15 ans (ibid.; Reuter, Jens 1984, 259). Malgré cela, Jens Reuter constate que beaucoup d'enfants kosovars, et particulièrement les filles, quittaient l'école après quatre années d'études élémentaires seulement (1984, 259; Yugoslav News Agency 19 mai 1988). La possibilité de faire des études secondaires dans les langues minoritaires s'est également accrue après la Deuxième Guerre mondiale (Yugoslavia: A Country Study 1992, 115), mais Jens Reuter fait remarquer que [traduction] « le réseau d'écoles secondaires […] au Kosovo était extrêmement sous-développé dans les années qui ont suivi la guerre. Même au début des années 1970, les sources yougoslaves officielles avouaient que les élèves de souche albanaises étaient manifestement sous-représentés aux écoles secondaires. Cette situation a changé très rapidement au cours des années qui ont suivi » (1984, 260).

Selon l'ouvrage Yugoslavia: A Country Study, [traduction] « les fonctionnaires espéraient que l'augmentation du niveau moyen de l'éducation au Kosovo entraînerait un ralentissement de la croissance de la population dans la région. Selon les données du recensement du 1981, 55,5 p. 100 des habitants du Kosovo âgés de plus de 15 ans avaient terminé leurs études primaires; ce chiffre ne s'élevait qu'à 5,2 p. 100 en 1953 » (1992, 115). En 1981, le Kosovo avait encore le taux d'alphabétisation le plus bas de la Yougoslavie, soit 82,4 p. 100 (ibid.).

À la suite d'émeutes estudiantines violentes qui ont secoué le Kosovo en 1981, l'éducation de langue albanaise a fait l'objet de quelques restrictions (Hall 1994, 206-207; Reuter, Jens 1984, 260-261). Après ces émeutes qui avaient commencé à l'université de Pristina, le système d'éducation du Kosovo est devenu une cible de prédilection des médias yougoslaves (ibid.). On a qualifié l'université de Pristina de [traduction] « "foyer de nationalisme et d'irrédentisme albanais" » et les médias yougoslaves [traduction] « donnaient l'impression que tout le système d'éducation du Kosovo avait été infiltré par "l'idéologie de la Grande Albanie" » (ibid.). Par conséquent, la collaboration et les échanges entre le Kosovo et l'Albanie dans les domaines de la culture et de l'éducation ont été réduits (ibid.; Hall 1994, 207). Les manuels importés de l'Albanie ont été remplacés par des manuels serbo-croates traduits en albanais (ibid.; Reuter, Jens 1984, 263). Les livres publiés au Kosovo ont été purgés de leur [traduction] « "contenu néfaste" » (ibid.). Plus de 260 étudiants et élèves ont été expulsés de leur université ou école et plus de 210 enseignants et professeurs ont perdu leur emploi parce qu'ils auraient participé aux émeutes (ibid., 261). Une publication du MRG fait remarquer que malgré cela, les Albanais jouissaient encore de droits considérables en matière d'éducation, de langue et de culture (1997, 252).

Après l'abolition graduelle de l'autonomie du Kosovo en 1989 et en 1990, le système d'éducation du Kosovo a subi d'autres modifications (Hall 1994, 209; HRW/H mars 1994, 112). Selon une dépêche de l'agence de presse Reuter, en juin 1989, le serbo-croate est devenu une matière obligatoire aux écoles secondaires du Kosovo[9]9 (2 août 1989). En 1990, un nouveau programme a été mis en oeuvre dans les écoles kosovares; ce programme a, semble-t-il, augmenté le temps consacré à la culture et à la histoire serbes et a réduit le rôle de la culture et de la langue albanaises (MRG 1997, 252; HRW/H mars 1994, 112; Vickers 1995, 226; Hall 1994, 209). En outre, selon les nouvelles règles élaborées par les fonctionnaires serbes, tous les élèves devaient réussir à un examen portant sur la langue et la littérature serbes avant de pouvoir passer à l'école secondaire (HRW/H mars 1994, 112). Selon l'ICG, les modifications du programme [traduction] « ont pour effet de bannir […] l'enseignement en albanais » (17 févr. 1998). Toutefois, un rapport publié par le gouvernement de la Yougoslavie en 1995 soutient que les Albanais ont toujours le droit de se faire instruire dans leur langue maternelle, et ce depuis le jardin d'enfants jusqu'au niveau universitaire, et que [traduction] « les cours sont donnés en albanais » (RFY oct. 1995). Selon le MRG et Amnesty International, après 1992, l'instruction en albanais s'est poursuivie dans les écoles élémentaires, mais la plupart des écoles secondaires et l'université de Pristina sont devenues des établissements unilingues de langue serbe (MRG 1997, 252; AI 2 janv. 1998). La proportion d'étudiants serbes à l'université de Pristina a été délibérément augmentée (MRG 1997, 252).

Quelque 6 000 enseignants ainsi que de nombreux professeurs d'université de souche albanaise ont perdu leur emploi, et ce notamment parce qu'ils avaient refusé d'abandonner le programme albanais et de signer un serment d'allégeance aux autorités serbes (MRG 1997, 252; AI 2 janv. 1998; HRW/H mars 1994, 112; ICG 17 févr. 1998; Hall 1994, 209). Un haut fonctionnaire serbe, cité dans une publication de HRW/H, nie que des enseignants aient été congédiés parce qu'ils étaient de souche albanaise (mars 1994, 113). Selon le haut fonctionnaire serbe, les seuls enseignants à avoir perdu leur emploi étaient ceux qui avaient violé [traduction] « les normes fondamentales en matière de droits de personne [...en participant] à des manifestations prônant le renversement du gouvernement » (ibid.).[10]1[11]0

En 1990, les Kosovars ont mis sur pied un système d'éducation parallèle (Hall 1994, 209; MRG 1997, 252; ICG 17 févr. 1998). Ce système parallèle devait être une mesure temporaire permettant aux enseignants de continuer de donner des cours à leurs élèves pendant qu'on cherchait des moyens de sortir de l'impasse (ibid.; DPA 16 nov. 1997). De 300 000 à 450 000 élèves et étudiants ont commencé à boycotté les classes officielles afin de fréquenter les écoles privées parallèles de langue albanaise (Samardzic juin 1995; Hall 1994, 209; Vickers 1995, 226; MRG 1997, 252). Selon l'ICG, [traduction] « plus de six ans plus tard, la plupart des écoles primaires et bon nombre d'écoles secondaires permettent aux enfants kosovars d'utiliser leurs locaux (mais seulement à certaines heures et dans les pièces désignées) pour suivre des cours en albanais qui sont conformes au programme kosovar. Par contre, on n'a jamais permis aux étudiants du niveau universitaire d'entrer dans les édifices de l'université. Ils étudient dans d'autres locaux : des mosquées, des garages, des appartements privés » (17 févr. 1998; voir également Commission parlementaire 12 août 1997). Les salaires des enseignants, qui proviennent du revenu produit par un impôt facultatif de 3 p. 100, seraient [traduction] « maigres » et ils ne seraient versés qu'à des intervalles [traduction] « irréguliers » (Vickers 1998, 275; ICG 17 févr. 1998; DPA 16 nov. 1997). Les diplômes et les certificats portent le tampon de la « République du Kosovo », mais ils ne sont reconnus ni dans les autres régions de la Yougoslavie ni à l'étranger (Samardzic juin 1995; ICG 17 févr. 1998; Kosova Daily Report 14 janv. 1997; RFY oct. 1995). Bien que les Kosovars soient fiers de leur système d'éducation parallèle, selon l'ICG, ce système ne comble pas [traduction] « les besoins de la population kosovare, et pourrait à terme sérieusement désavantager les générations futures [...] Les écoles primaires et secondaires sont à l'étroit dans les locaux dont elles peuvent se servir, et les parents sont obligés d'assumer une partie du coût de l'éducation. À tous les niveaux des études, et même dans les sciences, les enseignants disposent de peu d'outils pédagogiques » (17 févr. 1998).

Le 1er septembre 1996, le président Milosevic de la Serbie[12]11 et le chef kosovar Ibrahim Rugova ont signé une entente sur l'éducation en vue de permettre aux enfants, aux étudiants et aux enseignants de souche albanaise de retourner dans les salles de classe (Tanjug 2 sept. 1996; Facts on File 14 nov. 1996; AI 2 janv. 1998; ICG 17 févr. 1998). Selon Facts on File, les deux côtés ne se sont pas entendus sur la question d'un programme d'études en langue albanaise; selon l'agence de presse Tanjug, les Kosovars ont accepté d'utiliser le même programme d'études dont on se servait dans le reste de la Serbie (Facts on File 14 nov. 1996; Tanjug 2 sept. 1996). Une commission composée de Serbes et de Kosovars, connue sous le nom de Commission 3+3, devait se réunir régulièrement dans le but d'établir un échéancier pour le retour des élèves et des étudiants dans les salles de classe (Tanjug 2 sept. 1998; Kosova Daily Report 6 oct. 1997; ICG 17 févr. 1998). Toutefois, au début de 1998, la Comission 3+3 n'avait toujours pas fait de progrès dans l'application de l'entente (ibid.; DPA 16 nov. 1997). Amnesty International a rapporté que chacune de deux parties (les Serbes et les Kosovars) tenait l'autre responsable de l'échec (2 janv. 1998). De nombreux rassemblements et manifestations ont eu lieu partout au Kosovo entre octobre 1997 et janvier 1998 pour protester contre le fait que l'entente n'avait toujours pas été mise en application et pour réclamer la réouverture des écoles de langue albanaise (ibid.; Kosovo Daily Report 7 oct. 1997; AFP 29 déc. 1997; ibid., 4 janv. 1998; ATA 3 oct. 1997). Plusieurs étudiants qui manifestaent auraient été battus et arrêtés par la police (AI 2 janv. 1998; AFP 4 janv. 1998; DPA 16 nov. 1997; Kosovo Daily Report 7 oct. 1997).

Le 23 mars 1998, la Commission 3+3 a signé une résolution portant sur la mise en application de l'entente et prévoyant le retour des élèves et des étudiants de souche albanaise aux écoles secondaires et à l'université de Pristina (Kosova Daily Report 23 mars 1998; The Washington Post 24 mars 1998; RFE/RL 24 mars 1998a). Selon cette résolution, les élèves et les étudiants devaient commencer dès le 31 mars 1998 à rentrer graduellement aux écoles et à l'université[13]12 (ibid.; Kosova Daily Report 23 mars 1998). La résolution prévoit également que d'ici la fin juin, toute la structure scolaire publique de langue albanaise sera opérationnelle (ibid.; RFE/RL 24 mars 1998a). Pour ce qui est de l'université de Pristina, la résolution prévoit que l'année universitaire débutera comme d'habitude au mois d'octobre 1998 (Kosova Daily Report 23 mars 1998). La résolution ne prévoit que le retour des enfants de souche albanaise dans les écoles; ces enfants ne seront pas intégrés dans les mêmes classes que les élèves serbes (ibid.; The Washington Post 24 mars 1998). À l'université de Pristina et aux écoles secondaires partout au Kosovo, le matin sera réservé aux classes serbes et l'après-midi aux classes albanaises. L'ordre des classes serbes et des classes albanaises sera inversé tous les trimestres (ibid.; Kosova Daily Report 23 mars 1998). Les élèves albanais suivront des programmes de langue albanaise et leurs enseignants continueront d'être payés par les dirigeants kosovars plutôt que par Belgrade (The Washington Post 24 mars 1998).Des étudiants et professeurs serbes de l'université de Pristina ont organisé des rassemblements pour protester contre cette solution; selon eux, Slobodan Milosevic a trahi les Serbes du Kosovo en acceptant cet accord (AP 23 mars 1998; VOA 23 mars 1998; RFE/RL 24 mars 1998b). Le recteur serbe de l'université de Pristina a proclamé devant un rassemblement de 10 000 personnes que cet accord [traduction] « "signifie l'écroulement de l'État serbe". Il a ajouté que l'université "demeurera serbe" et que toute personne pourra y étudier, mais uniquement "en langue serbe" » (ibid.).

À PROPOS DE CERTAINES SOURCES

Camaj, Martin

Martin Camaj, décédé il y cinq ans environ, était un poète albanais et un professeur d'université en Allemagne.

Ducellier, Alain

Alain Ducellier est professeur d'histoire à l'Université de Toulouse en France. Il a collaboré à l'ouvrage Cambridge Illustrated History of the Middle Ages.

Hall, Derek

Derek Hall était maître des conférences en géographie à l'université de Sunderland (Royaume-Uni) en 1994. Également en 1994, il a publié le livre Albania and the Albanians. Derek Hall se rend régulièrement en Albanie depuis 1974, et il a publié plusieurs articles sur l'Albanie et l'Europe de l'est.

Kosova Daily Report

Le Kosova Daily Report est publié quotidiennement à Pristina en albanais et en anglais par le Centre d'information sur le Kosovo (Kosova Information Centre — KIC). Les numéros déjà parus du Kosova Daily Report sont archivés au site Web du KIC à l'adresse (http://www.kosova.com)

Vickers, Miranda

Miranda Vickers est une historienne qui a publié plusieurs livres et articles sur l'Albanie et le Kosovo, dont les livres The Albanians: A Modern History, publié en 1995, et Between Serb and Albanian: A History of Kosovo. publié en 1998. Miranda Vickers, qui habite au Royaume-Uni, a récemment été une invitée spéciale à la radio et à la télévision de la CBC (réseau anglais de la Société Radio-Canada), à titre de spécialiste des affaires albanaises.

RÉFÉRENCES

Agence France Presse (AFP). 12 mars 1998. Victoria Stegic. « Yugo Kosovo Television ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). 4 janvier 1998. « Police Hurt 82 Ethnic Albanian Students at Rally: Reports ». (NEXIS)

Agence France Presse (AFP). 29 décembre 1997. « Ethnic Albanian Students Set Protest Against Belgrade ». (NEXIS)

Albania: A Country Study. 1994. 2nd ed. Dirigé par Raymond Zickel et Walter R. Iwaskiw. Washington, D.C. : Federal Research Division, Library of Congress.

Albanian.com. S.d. « Language: Introduction, Dialects, History ». [Internet] (http://www.albanian.com/main/culture/language/introduction.html) et (http://www.albanian.com/main/culture/language/dialects.html ) et (http://www.albanian.com/main/culture/language/history.html) [Date de consultation : 18 mars 1998]

Amnesty International (AI). 2 janvier 1998. Urgent Action: Federal Republic of Yugoslavia (Kosovo Province) Ill-treatment/Possible Prisoners of Conscience. (AI Index : 70/01/98). Londres : AI.

Amnesty International (AI). Avril 1994. Yugoslavia: Police Violence Against Ethnic Albanians in Kosovo Province. (AI Index : EUR 70/06/94). Londres : AI.

Amnesty International (AI). Février 1994. Yugoslavia: Ethnic Albanians–Trial by Truncheon. (AI Index : EUR 70/01/94). Londres : AI.

Amnesty International (AI). Juin 1992. Yugoslavia: Ethnic Albanians–Victims of Torture and Ill-treatment by Police in Kosovo Province. (AI Index : EUR 48/18/92). Londres : AI.

Associated Press (AP). 23 mars 1998. « Serbs Demonstrate in Kosovo Over School Accord ». (Liste de diffusion de l'Internet : bit.listserv.albanian )

Associated Press (AP). 26 novembre 1994. « Former Ethnic Albanian Policemen Arrested ». (NEXIS)

ATA [Tirana, en albanais]. 3 octobre 1997. « Kosovo: Pristina Student Leader: Protests Could Continue ». (FBIS-EEU-97-276 7 oct. 1997/WNC)

Camaj, Martin. 1984. « On the Typology of the Dialects of Kosova ». Studies on Kosova. Dirigé par Arshi Pipa et Sami Repishti. Boulder, CO : East European Monographs.

Christian Science Monitor [Boston]. 21 mai 1981. Midwestern edition. Eric Bourne. « Yugoslavia Fails to Cool Bubbling Unrest in Kosovo ».

Commission parlementaire de l'éducation, des sciences, de la culture et du sport du Kosovo. 12 août 1997. « Report on the Situation of Albanian Language Education in Kosova ».

Current History [Philadelphia]. Novembre 1993. Obrad Kesic. « Serbia: The Politics of Despair ».

Deutsche Presse-Agentur (DPA). 16 novembre 1997. BC Cycle. Gregor Mayer. « Kosovo Albanians Feel Rising Frustration Amid Torture and Show Trials ». (NEXIS)

Ducellier, Alain. « Have the Albanians Occupied Kosova? » Toulouse. [Internet] (http://www.albanian.com/main/countries/kosova/documents/ducellier.html) [Date de consultation : 18 mars 1998]

Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997. 1996. 3rd ed. Londres : Europa Publications.

Encyclopaedia of Conflicts, Disputes and Flashpoints in Eastern Europe, Russia and the Successor States. 1993. Bogdan Szajkowski. Londres : Longman Current Affairs.

Ethnologue. 1996. 13th ed. Dirigé par Barbara F. Grimes. Dallas : Summer Institute of Linguistics. [Internet] (http://www.sil.org/ethnologue/countries/Yugo.html) et (http://www.sil.org/ethnologue/countries/Alba.html) [Date de consultation : 13 mars 1998]

European Action Council for Peace in the Balkans and Public International Law and Policy Group. 1er novembre 1997. Kosovo: From Crisis to a Permanent Solution. Washington, D.C. : Carnegie Endowment for International Peace and European Action Council for Peace in the Balkans. [Internet] (http://www.ceip.org/kosovo.htm) [Date de consultation : 10 mars 1998]

Facts on File World News Digest. 14 novembre 1996. « Kosovo Schooling Accord Reached; Other Developments ». (NEXIS)

The Financial Times [Londres]. 29 juin 1989. Judy Dempsey. « Yugoslavia 4; Milosevic Plays the Nationalist Card ». (NEXIS)

Hall, Derek. 1994. Albania and the Albanians. Londres : Pinter Reference.

Helsinki Watch (HW). Octobre 1992. Yugoslavia: Human Rights Abuses in Kosovo: 1990-1992. New York : HRW.

Helsinki Watch (HW) et International Helsinki Federation for Human Rights. Mars 1990. Yugoslavia: Crisis in Kosovo New York : HRW.

History Today. 1er décembre 1991. Vol. 41. Miranda Vickers. « What Cost Kosova? »

Human Rights Watch/Helsinki (HRW/H). Mars 1994. Open Wounds: Human Rights Abuses in Kosovo. New York : HRW.

Inter Press Service (IPS). 10 mars 1998. Dipankar De Sarkar. « Serbia: Embargo Shows Kosovo Not an Internal Problem ». (NEXIS)

International Crisis Group (ICG). 17 février 1998. « Kosovo Briefing ». [Internet] (http://www.intl-crisis-group.org/projects/kosovo/reports/kosbrf1.htm#1) [Date de consultation : 10 mars 1998]

The International Who's Who 1997-98. 1997. 61st ed. Londres : Europa Publications.

Kosova Daily Report [Pristina, en anglais]. 23 mars 1998. No 1380a. « Measures Agreed on Implementation of the Education Accord, 1996 ». (Liste de diffusion de l'Internet : bit.listserv.albanian)

Kosova Daily Report [Pristina, en anglais]. 7 octobre 1997. « Kosovo: Serb Rector Sees Pristina Students Protests as "Hostile" ». (FBIS-EEU-97-280 8 oct. 1997/WNC)

Kosova Daily Report [Pristina, en anglais]. 6 octobre 1997. « Kosovo: Education Talks to Resume 9 Oct After Student Protests ». (FBIS-EEU-97-279 7 oct. 1997/WNC)

Kosova Daily Report [Pristina, en anglais]. 23 avril 1997. « Albanian Students Blame Leader for "Abortive" Education Accord ». (BBC Summary 26 avr. 1997/NEXIS)

Kosova Daily Report [Pristina, en anglais]. 14 janvier 1997. « Ethnic Albanian Commission Denounces "Discrimination" ». (BBC Summary 17 janv. 1997/NEXIS)

Larrabee, Stephen F. 1994. « The Kosovo Problem, », dans Long Memories and Short Fuses: Change and Instability in the Balkans. Dirigé par Betts, Richard K. et al. Boston : Allyn and Bacon.

Minority Rights Group (MRG). 1997. World Directory of Minorities. Dirigé par le MRG. Londres : MRG International.

New York Times. 4 avril 1989. Late City Final Edition. John Tagliabue. « In a Yugoslav Province, Aflame for Six Days, the Resentments Still Smolder ». (NEXIS)

Pavkovic, Aleksandar. Septembre 1997. « Anticipating the Disintegration: Nationalisms in Former Yugoslavia, 1980-1990 ». Nationalities Papers. Vol. 25, no. 3. New York : Association for Studies of Nationalities.

People in Power. 1er novembre 1997. No 63. Cambridge : CIRCA Research and Reference Information.

Physicians for Human Rights (PHR) et la Fondation Johannnes Wier. Août 1991. Yugoslavia: Mistreatment of Ethnic Albanians: A Case Study. Somerville, MA : PHR.

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) Newsline [Prague]. 24 mars 1998a. Vol. 2, no 57, Partie 2. « Serbia, Kosovars Relaunch Education Agreement ». (Liste de diffusion de l'Internet : list.rferl.org)

Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL) Newsline [Prague]. 24 mars 1998b. Vol. 2, no 57, Partie 2. « ...But Serbian Students, Professors Slam It ». (Liste de diffusion de l'Internet : list.rferl.org)

Ramet, Sabrina P. 1992. 2nd ed. Nationalism and Federalism in Yugoslavia, 1962-1991. Bloomington : Indiana University Press.

République fédérative de Yougoslavie (RFY). Octobre 1995. « Truth about Kosovo and Metohija ». Belgrade : Ministère fédéral des Affaires étrangères. [Internet] (http//www.maximus.com/kosovo1.htm) et (http//www.maximus.com/kosovo2.htm) [Date de consultation : mars 1998]

Reuter, Jens. 1984. « Educational Policy in Kosova, » Studies on Kosova. Dirigé par Arshi Pipa et Sami Repishti. Boulder, CO : East European Monographs.

Reuter. 2 août 1989. Tony Barber. « Kosovo Albanian Miners Strike for Second Day ». (NEXIS)

Samardzic, Slobodan. Juin 1995. « Kosovo-Metohija–Political Aspect of the Problem ». Belgrade : Institute for European Studies. [Internet] (http://www.suc.org/politics/papers/kosovo/samardzic_kosovo.html) [Date de consultation : 18 mars 1998]

Tanjug News Agency [Belgrade, en anglais]. 20 avril 1997. « Radios Criticized for Relaying Foreign Broadcasters ». (BBC Summary 25 avr. 1997/NEXIS)

Tanjug News Agency [Pristina, en anglais]. 2 septembre 1996. « Education Accord Received "with Relief" in Kosovo ». (BBC Summary 4 sept. 1996/NEXIS)

Vickers, Miranda. 1998. Between Serb and Albanian: A History of Kosovo. Londres : Hurst & Company.

Vickers, Miranda. 25 mars 1998. Entretien téléphonique.

Vickers, Miranda. 1995. The Albanians: A Modern History. Londres : I.B. Tauris.

Voice of America (VOA). 31 mars 1998. Gil Butler. « Kosovo Demo ». [Internet] (gopher://gopher.voa.gov.70/00/newswire/tue/KOSOVO_DEMO) [Date de consultation : 31 mars 1998]

Voice of America (VOA). 23 mars 1998. Art Chimes. « Kosovo Demo(s) ». [Internet] (gopher://gopher.voa.gov.70/00/newswire/mon/KOSOVO_DEMO) [Date de consultation : 23 mars 1998]

The Washington Post. 24 mars 1998. Colin Soloway. « Kosovo Education Accord is Signed ». (Liste de diffusion de l'Internet : bit.listserv.albanian)

The Washington Post. 22 mars 1998. R. Jeffrey Smith. « Worlds Apart in Kosovo With Their Own Institutions, Albanians Ignore Ruling Serbs ». (Liste de diffusion de l'Internet : bit.listserv.albanian)

The Washington Post. 15 mars 1998. Final edition. R. Jeffrey Smith. « Albanian Catholic Minority Says it Faces Serbian Bias ». (NEXIS)

The Washington Post. 18 avril 1981. Dusko Doder. « Ethnic Rioting Poses Crucial Challenge to Yugoslavia's New Leader ». (NEXIS)

Yugoslav News Agency [en serbo-croate]. 19 mai 1988. « Illiteracy on the Increase in Kosovo ». (BBC Summary 28 mai 1988/NEXIS)

Yugoslav News Agency [en serbo-croate]. 13 octobre 1987. « Kosovo; Curriculum Adopted for Non-Mother Tongue Languages ». (BBC Summary 20 oct. 1987/NEXIS)

Yugoslavia: A Country Study. 1992. 3rd ed. Dirigé par Glenn E. Curtis. Washington, D.C. : Federal Research Division, Library of Congress.



[1]1.           L'appellation officielle du Kosovo est Kosovo-et-Metohija. Les Albanais le désignent par le terme Kosova. Dans le présent document, on emploie le terme Kosovo, l'appellation française la plus courante.

[2]2.           L'État yougoslave n'a été créé qu'en juillet 1917 avec la formation du Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes (Vickers 1998, 95).

[3]3.           Les habitants du Kosovo de souche albanaise sont désignés par le terme de « Kosovars » (ICG 17 févr. 1998).

[4]4.           Selon un rapport de la République fédérative de Yougoslavie (RFY), la population du Kosovo-et-Metohija en 1929 était composée de 61 p. 100 de Serbes et de Monténégrins et de 39 p. 100 [traduction] « d'autres » (RFY oct. 1995). Le même rapport signale que pendant la Deuxième Guerre mondiale, quelque 100 000 Serbes et Monténégrins ont été déportés du Kosovo et qu'un nombre à peu près équivalent d'Albanais ont quitté l'Albanie pour s'installer au Kosovo (ibid.) Selon un article du Washington Post, les Albanais ne sont devenus majoritaires au Kosovo que dans les années 1950, et ce en raison de leur taux de natalité élevé conjugué au départ de Serbes (22 mars 1998).

[5]5.           Selon un rapport publié en 1995 par le gouvernement yougoslave, après la fin de la Deuxième Guerre mondiale les Kosovars ont [traduction] « obligé » les Serbes et les Monténégrins à quitter le Kosovo, et ce en recourant à des menaces, à la violence, à l'incendie criminel, au chantage, à la destruction de cimetières, à l'assassinat et au viol (RFY oct. 1995). Selon ce rapport, [traduction] « les séparatistes albanais ont été le premier groupe en Yougoslavie à recourir à la politique de l'épuration ethnique, et ce dans le but de créer une zone ethniquement pure pour la fondation de la "République du Kosovo" illégale. Selon les données dont on dispose, quelque 400 000 Serbes et Monténégrins sont ainsi partis du Kosovo-et-Metohija au cours des 40 dernières années » (ibid.).

[6]6.           À la suite des émeutes qui ont eu lieu au Kosovo en 1981, les rapports entre la Yougoslavie et l'Albanie se sont détériorés, et la plupart des échanges culturels entre les deux pays ont cessé (Hall 1994, 206-07; History Today 1er  déc. 1991). La province a fini par [traduction] « entrer de nouveau dans une co-existence inconfortable avec la Serbie » (Financial Times 29 juin 1989).

[7]7.           En mai 1989 et une fois de plus en novembre 1989, Miloševiæ a été élu président de l'État de Serbie (Eastern Europe and the Commonwealth of Independent States 1997 1996, 841).

[8]8.           Depuis le debut des années 1990, il est courant de parler séparément du serbe et du croate plutôt que du serbo-croate.

[9]9.           Selon une dépêche publiée par laYugoslav News Agency en 1987, [traduction] « le conseil d'éducation de la Province autonome socialiste du Kosovo a adopté un programme pour l'étude du serbo-croate et de l'albanais comme langues non maternelles aux écoles primaires. […] L'étude de langues non maternelles dans cette province a commencé cette année dans les classes de première année » (13 oct. 1987).

[10]10.        Pour une analyse détaillée qui porte sur les accusations de discrimination au sein du système d'éducation et sur le congédiement, semble-t-il, d'un grand nombre d'enseignants de souche albanaise, veuillez consulter le rapport publié en mars 1994 par Human Rights Watch/Helsinki et intitulé Open Wounds: Human Rights Abuses in Kosovo. Des exemplaires de ce rapport se trouvent dans les centres de documentation régionaux de la CISR.

[11]10 Pour une analyse détaillée qui porte sur les accusations de discrimination au sein du système d'éducation et sur le congédiement, semble-t-il, d'un grand nombre d'enseignants de souche albanaise, veuillez consulter le rapport publié en mars 1994 par Human Rights Watch/Helsinki et intitulé Open Wounds: Human Rights Abuses in Kosovo. Des exemplaires de ce rapport se trouvent dans les centres de documentation régionaux de la CISR.

[12]11.        Slobodan Milosevic est devenu président de la République de Serbie en décembre 1990 (The International Who's Who 1997-98, 1034). En juillet 1997, il a été élu à la présidence de la République fédérative de Yougoslavie (RFY) (People in Power 1er nov. 1997, 211).

[13]12.        Selon un article de la Voix d'Amérique (Voice of America — VOA) publié en 31 mars 1998, certaines parties de l'université de Priština ont été ouvertes aux étudiants kosovars le 31 mars.

Copyright notice: This document is published with the permission of the copyright holder and producer Immigration and Refugee Board of Canada (IRB). The original version of this document may be found on the offical website of the IRB at http://www.irb-cisr.gc.ca/en/. Documents earlier than 2003 may be found only on Refworld.

Search Refworld

Countries