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"Vous pouvez changer le monde"

En France, le HCR et des intervenants réfugiés s'invitent chez les plus jeunes pour un programme de rencontres et d’échanges sur la question des déplacements forcés.

Des élèves posent avec Ahlam, réfugiée yéménite, en faisant le symbole d'un abri/

"Vous pouvez changer le monde."

En France, le HCR et des intervenants réfugiés s’invitent dans les collèges pour un programme de rencontres et d’échanges sur la question des déplacements forcés.

Janvier 2022

Des élèves posent avec Ahlam, réfugiée yéménite, en faisant le symbole d’un abri.

Dans le cadre de ses activités de sensibilisation, le HCR a développé INTER’ACT, un programme éducatif qui rassemble les réfugiés et les élèves pour créer la rencontre, expliquer aux collégiens et aux lycéens la situation que vivent les réfugiés et montrer que l’espoir et des solutions existent.

Développé en 2017, le projet est réalisé en étroite collaboration avec des autorités locales, des acteurs de l’éducation, des associations locales, des intervenants réfugiés et les équipes éducatives des établissements participants. 

Au-delà de son objectif de sensibilisation, ce projet permet de renforcer la participation des réfugiés.

En identifiant des réfugiés et en les faisant intervenir comme intervenants dans les collèges, ce projet contribue à leur redonner une place d’acteur au sein de leur société d’accueil, en mettant l’accent sur les valeurs et les expériences communes et sur le dialogue interculturel comme source d’enrichissement mutuel.

Sur six années, plus de 100 réfugiés se sont portés volontaires pour intervenir aux côtés du HCR en France.

 

 

Si le projet s’est initialement développé en collaboration avec le Département du Calvados, dans le cadre du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre, il s’est aujourd’hui étendu à de nouveaux horizons. En 2021, INTER’ACT s’est déplacé en Corrèze, à Brive-La-Gaillarde et également à Monaco pour la première fois. En 2022, la sixième édition d’INTER’ACT a eu lieu à Nanterre et à Paris dans les 18ème et 19ème arrondissements. En ce début d’année 2023, le programme INTER’ACT se déroulera dans un premier temps dans quatre collèges des Hauts-de-Seine.

Dans le cadre du développement d’INTER’ACT, des outils pédagogiques ont été développés en collaboration avec les enseignants participants. En six ans, environ 100 enseignants se sont pleinement mobilisés avec le HCR.

Au total, plus de 12 554 élèves ont été sensibilisés à la problématique des déplacements forcés grâce à l’initiative INTER’ACT.

Chiffres clés sur INTER’ACT 

Plus de

Elèves sensibilisés

Source : UNHCR France

Plus de

Ateliers

Source : UNHCR France

Plus de

Enseignants mobilisés

Source : UNHCR France

INTER’ACT, un programme de sensibilisation à destination du public jeune

Le programme INTER’ACT se décline sous plusieurs formats.

INTER’ACT Day, un rendez-vous à destination des élèves de 3ème et des lycéens : un après-midi de rencontres, de projections et performances d’intervenants qui témoignent de leur parcours d’exil et de l’importance de la protection internationale pour ceux qui fuient la guerre et les persécutions.

INTER’ACT Tour, un évènement à destination des collégiens : une semaine de rencontres dans différents établissements pendant laquelle des intervenants témoignent et animent des ateliers pour encourager les élèves à porter un autre regard sur les déplacements forcés et échanger sur l’importance d’une réponse inclusive et solidaire.

« Pour nous au HCR, ce qui est important, c’est de créer une rencontre. C’est d’expliquer aux élèves quelle est la situation au niveau mondial et quelle est la situation des réfugiés. Mais c’est aussi de leur montrer la richesse de la rencontre, que l’espoir existe, et qu’ils peuvent agir à leur échelle. »

Céline Schmitt, Porte-Parole du HCR en France, revient sur le fondement du projet de sensibilisation INTER’ACT.

INTER’ACT Tour

Pendant plusieurs jours, le HCR, ses partenaires et les intervenants réfugiés s’invitent dans les collèges pour un programme de rencontres et d’échanges.

Au programme : des témoignages de personnes réfugiées, un quiz sur les déplacements forcés, une dégustation d’un repas préparé par un chef réfugié, la visite d’expositions, un atelier de réalité virtuelle, mais également des activités artistiques, sportives ou culturelles animées par les bénévoles réfugiés.

 « Il faut croire en son talent. Casser les barrières. Un sourire, un mot peuvent changer un destin. C’est pour ça que je suis là devant vous. »

Face aux collégiens, Azeez Sadeq, raconte son parcours. Le jeune homme a fui l’Irak en 2014 et a depuis obtenu la nationalité française. Il s’engage auprès d’organisations, dont le HCR, pour témoigner de son exil. Les jeunes gens, au départ plutôt timides, s’enhardissent à mesure que la conversation avance et plusieurs mains se lèvent.

Certains collégiens n’avaient jamais rencontré de personnes réfugiées, d’autres ne savaient tout simplement pas ce qu’être réfugié signifie. Bien qu’il ait témoigné des épreuves rencontrées lors de l’exil ou à son arrivée en France, Azeez, d’un naturel positif, a inspiré de nombreux collégiens présents dans la salle.

« C’est incroyable comment il arrive à garder le sourire face à ce qu’il a vécu. »

Le témoignage d’Hassan et la résilience dont il fait preuve ont marqué la jeune Maiwenn, 14 ans et ses camarades.

Après avoir quitté le Soudan, Hassan s’est retrouvé dans un centre de détention en Libye, avant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l’Europe à bord d’un canot pneumatique. Il a eu de la chance : il a survécu à la traversée, mais il a vu d’autres passagers périr lorsque le bateau a coulé.

Une initiative qui se développe sur le territoire

Pour la première fois, en 2021, le HCR a été invité par le lycée Bahuet, à Brive-La-Gaillarde en Corrèze, dans le cadre d’une initiative Erasmus +, de sensibilisation des jeunes aux thématiques de migration en Europe, soutenue par des fonds de la commission européenne. Ainsi, une trentaine de lycéens originaires d’Allemagne, de Chypre, d’Espagne, de France, d’Hongrie et d’Italie ont participé à un ensemble d’activités et de rencontres. Le HCR a également été invité par le gouvernement monégasque à organiser INTER’ACT Tour au sein de l’Institut François d’Assise Nicolas Barré (FANB) à Monaco, pour célébrer les 70 ans de la Convention relative au statut des réfugiés.

L’année suivante, le HCR en France a de nouveau étendu son programme INTER’ACT, en se déplaçant dans la ville de Nanterre au collège Jean Perrin, mais également dans les 18e et 19e arrondissements de la capitale. En 2023, le programme se déroulera dans un premier temps dans quatre collèges des Hauts-de-Seine.

« J’emporte le set de table pour le montrer à mes parents. Je leur dirai que le repas était très bon et que je voudrais essayer de cuisiner la même recette à la maison. »

Sur le temps de midi, les collégiens ont l’opportunité de déguster un repas préparé par des chefs réfugiés, comme Maryam, originaire d’Irak. Chaque jour, un chef élabore un menu inspiré de la culture culinaire de son pays d’origine, pour faire découvrir de nouvelles saveurs aux collégiens.

Dans les cuisines, les équipes des cantines des collèges travaillent main dans la main avec les intervenants réfugiés et les membres d’associations locales participants.

Un après-midi rythmé par divers ateliers avec les réfugiés

Après avoir gouté à un repas préparé par un chef réfugié, des activités animées par les réfugiés eux-mêmes sont mises en place. Une manière d’en apprendre un peu plus sur le parcours des réfugiés tout en partageant leurs passions et talents.

En cinq ans, de nombreuses salles de classes se sont ainsi transformées pour laisser place à divers ateliers : écriture de rap, journalisme, initiation au street art, au gospel, ou encore création d’origami.

« Si vous parlez à un adolescent de la guerre ou de la Syrie, il ne sera peut-être pas attentif. Mais si on lui parle en musique, si tu lui dis : aujourd’hui tu vas rapper, je pense qu’il sera intéressé. »

Yaser, réfugié syrien et membre du groupe Refugees of Rap, anime un atelier d’écriture de rap, avec son frère Mohamed, lui aussi membre du groupe.

À la fin de la session, les élèves ont pu présenter leurs textes sur des thèmes comme le racisme, la guerre ou encore l’amitié. Beaucoup d’entre-eux ont su dépasser leur timidité pour passer devant toute la classe.

La participation des réfugiés au centre du projet

Depuis 2017, de nombreux réfugiés ont apporté leurs témoignages et animé des activités dans le cadre du programme INTER’ACT. De même, des bénévoles réfugiés et en demande d’asile ont participé à la réflexion sur le contenu des ateliers à présenter aux enfants.

La participation des réfugiés, qui est au cœur des projets de sensibilisation et de plaidoyer du HCR en France, est centrale dans le programme INTER’ACT.

À Monaco en 2021, Azeez Sadeq, bénévole et ancien réfugié, a été rédacteur en chef pour le HCR, en animant les réseaux sociaux et en participant à l’élaboration de vidéos de sensibilisation le temps d’une journée. En 2022, la dernière édition INTER’ACT à Paris illustre à nouveau cette participation active des réfugiés. Trois femmes réfugiées en France ont été rédactrices en chef pour le HCR et sont parties à la rencontre des collégiens et des intervenants réfugiés.

Josiane est l’une de nos rédactrices en chef pour cette édition parisienne d’Inter’Act

Anastasiia part à la rencontre de jeunes et de réfugiés intervenants à Paris

Ikhlass nous emmène dans un collège parisien à l’occasion de l’édition Inter’Act 2022

« L’art est ma passion. En ce moment, j’aime peindre les yeux des femmes, c’est la seule chose que l’on peut entrevoir de leur corps ​au Yémen. »

Ahlam, réfugiée yéménite, a animé un atelier de street art avec les collégiens après avoir témoigné de son parcours. Au cours de la journée, une jeune fille nigériane s’est timidement rapprochée de l’intervenante. Arrivée en France lorsqu’elle était petite, elle s’est un peu retrouvée dans l’histoire de la jeune femme.

Touchée, cette dernière a passé du temps avec la jeune fille et ses amis. Ravis de partager un moment avec l’artiste sur les bancs de la cour de récréation, les jeunes se sont même trouvé une passion commune avec Ahlam : l’afrodance !

Expositions et atelier de réalité virtuelle

L’exposition du projet photographique The Most Important Thing, réalisé par le photographe américain Brian Sokol en partenariat avec le HCR, permet aux collégiens de comprendre les défis des parcours de réfugiés venus du Soudan, de République centrafricaine, du Mali, d’Angola ou encore de Syrie, mais aussi leurs rêves, via la chose la plus importante qu’ils ont emmenés.

Clouds over Sidra, premier film en réalité virtuelle produit et réalisé par les Nations Unies, offre quant à lui aux élèves un exemple concret de la vie dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie.

« Une photo m’a touchée particulièrement. C’est celle de Sébastien, qui pose avec la veste de son père. Il garde son sourire et sa joie de vivre malgré sa condition. »

Après avoir parcouru l’exposition The Most Important Thing de Brian Sokol, Lisa, commente la photo qui l’a le plus émue.

En fin de visite, les collégiens sont aussi amenés à imaginer et commenter la chose la plus importante qu’ils emmèneraient avec eux s’ils devaient fuir.

Ressources pédagogiques 

En amont de la semaine de sensibilisation INTER’ACT Tour, le HCR en France et ses partenaires du Département et de l’Académie de Normandie accompagnent les équipes pédagogiques grâce à plusieurs rencontres et des ressources.

Un dossier de ressources a été développé avec les enseignants participants à chaque édition depuis 2017. De même, des livrets pédagogiques développés par le HCR accompagnent les élèves. Un portail en ligne à destination des enseignants les aide aussi à créer un climat plus accueillant pour les élèves réfugiés.

Avec Clouds over Sidra, les collégiens sont immergés dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie. Ils font la rencontre de Sidra, une jeune réfugiée syrienne de 12 ans, qui leur raconte son quotidien en anglais.

Grâce à la réalité virtuelle, les collégiens peuvent observer où les réfugiés vivent et étudient. Cela permet de donner un visage humain à des événements lointains.

À la fin de l’atelier, un temps d’échanges avec les collégiens est organisé à l’aide des ressources pédagogiques.

Les Rencontres HCR-Ouest-France

Dans le cadre du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre et en lien avec l’Académie de Normandie, le HCR et le journal Ouest-France proposent un rendez-vous éducatif exceptionnel à destination des élèves de 3e et des lycéens normands : Les Rencontres HCR-Ouest-France.

Le temps d’une journée, des lycéens rencontrent des intervenants réfugiés qui témoignent de leur parcours d’exil et de l’importance de la protection internationale pour ceux qui fuient la guerre et les persécutions. Cet événement mêle rencontres, projections et performances artistiques.

« Une fois arrivée en France, j’ai voulu donner aux autres. Aider les réfugiés qui ont affronté les mêmes difficultés que moi. »

Ikhlass, réfugiée soudanaise, témoigne de son parcours devant les lycéens de la Région Normandie, lors de la 27e édition des Rencontres HCR-Ouest-France, aux cotés de Céline Schmitt, Porte-Parole du HCR en France, Azeez Sadeq, ancien réfugié, Mohamed Jamous, membre du groupe Refugees of Rap et Nina Gheddar, fondatrice du journal Guiti News.

« Ces frères syriens ont mis une ambiance explosive. Toutes les classes rassemblées étaient folles de joie. Cela nous a permis de les découvrir en tant que personnes, et non pas comme un “flot”, comme ils sont parfois dans les médias. »

Pour clôturer les Rencontres HCR-Ouest-France, les Refugees of Rap offrent un concert aux lycéens. Romane, participante à l’édition 2019, fait partie des centaines de lycéens qui, téléphones allumés en main, se sont balancés au rythme des deux rappeurs. Une des meilleures manières de terminer ces Rencontres, en musique et dans la communion.