DR Congo

République démocratique du Congo Plan de réponse humanitaire 2023 (février 2023)

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Avant-propos du Coordonnateur humanitaire

La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays de contrastes et d’opportunités, au potentiel humain et naturel impressionnant, un pays solution, notamment en lien avec les questions de lutte contre les changements climatiques et de transition énergétique. Cependant, ce pays à fort potentiel de développement socio-économique reste classé au 179eme rang sur 191 sur l’indice de développement humain, et demeure confronté, depuis plus de deux décennies, à une des crises humanitaires les plus complexes et sévères au monde, surtout à l’Est du pays.

En 2022, la situation humanitaire ne s'est guère améliorée, en raison d’une situation sécuritaire – vecteur principal de la crise – qui s'est détériorée avec la résurgence des violences armées à l'Est et l'émergence de nouvelles crises dans des zones généralement épargnées par la violence, notamment dans les provinces du Maï-Ndombe et du Kwilu.

La résurgence du M23 a marqué l’année 2022 et a eu des conséquences humanitaires sévères, avec notamment des déplacements de population supplémentaires dans le Nord-Kivu, en plus d’avoir des effets indirects sur d’autres provinces du pays, particulièrement en Ituri. Des progrès ont par contre été enregistrés en termes de stabilisation dans d’autres provinces, y compris au Tanganyika. Les conflits armés et les violations flagrantes des droits de l'homme, notamment les violences sexuelles et les violations graves à l'encontre des enfants, continuent de pousser des millions de personnes à rechercher la sécurité loin de chez elles : plus de 5,7 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur de leur pays, soit le nombre le plus élevé du continent africain.

Dans l'ensemble du pays, 26,4 millions de personnes- soit un Congolais sur quatre - sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë, malgré l'impressionnant potentiel agricole du pays. La malnutrition aiguë touche 6,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans. Enfin, des épidémies évitables de rougeole, de fièvre jaune, de choléra et de paludisme continuent de faire des ravages considérables.

Chaque heure en RDC, quatre femmes meurent pendant l'accouchement ou des suites d'une grossesse. Le pays se classe parmi ceux ayant le taux de mortalité infantile le plus élevé au monde : 70 sur 1 000 naissances vivantes.
Les crises multiples continuent d'exposer les femmes et les filles au risque de violence basée sur le genre, y compris le viol utilisé comme arme de guerre.

Je voudrais par ailleurs rappeler qu’à l’heure où des frontières se ferment à travers le monde pour ceux/celles qui fuient les conflits ou les catastrophes naturelles, la RDC a toujours été une terre d’accueil. Le pays héberge actuellement plus de 500 000 réfugiés en provenance des pays voisins. Une grande majorité des déplacés internes sont par ailleurs accueillis au sein de communautés hôtes, ce qui fait également montre d’une forte solidarité communautaire.

En 2023, la stratégie de réponse continuera à se concentrer sur les conséquences des cinq impacts humanitaires qui définissent l'analyse de sévérité intersectorielle: mouvements de population, insécurité alimentaire, malnutrition, épidémies et incidents de protection.

L’équipe humanitaire pays veillera à garantir la qualité de l'assistance humanitaire fournie, en faisant progresser la redevabilité à l’égard des populations ciblées, la responsabilité et l'engagement communautaire. Les objectifs stratégiques de la réponse sont axés sur la réponse aux besoins urgents et l'amélioration des conditions de vie.
Des indicateurs stratégiques ont été ajoutés pour évaluer la satisfaction des personnes affectées sur l'assistance reçue, leur niveau de confiance dans les acteurs humanitaires, ainsi que leur connaissance et leur utilisation des mécanismes de retour d'information, réaffirmant que les personnes que nous servons sont au centre de toutes nos actions. Une autre série d'indicateurs a été ajoutée pour identifier les capacités des acteurs humanitaires à prévenir l'exploitation et les abus sexuels, à identifier et répondre à la violence sexuelle, à assurer la transversalité de la protection dans l’assistance humanitaire et à garantirque l'assistance est sensible au genre, à l'âge, et aux besoins des groupes minoritaires. Atteindre les personnes les plus vulnérables, dont celles vivant avec un handicap, est une priorité. A cet effet, nous avons veillé à ce que la réponse à toutes les crises dans le pays prenne en compte les besoins spécifiques des personnes vivant avec un handicap et les risques de protection auxquels elles sont exposées. La stratégie place également le partenariat avec les organisations et associations congolaises au cœur de la réponse, de même que le renforcement des systèmes locaux et la valorisation de solutions locales.

S’attaquer de manière cohérente, à travers des efforts collectifs avec les acteurs de développement et de la paix, aux facteurs et aux causes qui créent les besoins humanitaires et rechercher des solutions durables nous concernera au plus haut point. De même, il conviendra de toujours prioriser plus les questions de prévention, de gestion des risques, de préparation à la réponse, de manière à prévenir et mitiger les crises et de ce fait réduire les besoins humanitaires.
Au-delà des conflits, il y a également lieu de s’attaquer aux causes structurelles, aux déficits de développement, qui entrainent des besoins chroniques. Les conversations autour du Nexus humanitaire - développement - paix (HDP) ont permis de faire certaines avancées en RDC, notamment dans les provinces du Kasaï, Kasaï Central et Tanganyika.

Dans cette perspective, l’EHP a décidé d'une stratégie pluriannuelle 2023-2024 devant permettre aux acteurs humanitaires d'accroître la collaboration avec les acteurs du développement et de la paix, en lien avec l'approche Nexus HDP, et d'assurer l'alignement entre le HRP et d'autres initiatives de planification stratégique telles que le Cadre d'assistance au développement durable des Nations unies (UNSDCF 2020-2024). Il conviendra sur la période 2023-2024 d’œuvrer de manière déterminée et ciblée, avec tous les acteurs concernés, étatiques, non-étatiques, centraux, provinciaux, nationaux, internationaux, publics, privés pour que ces stratégies se concrétisent avec des résultats effectifs et mesurables, y compris dans certaines des provinces les plus touchées par la crise humanitaire.

L’accès des acteurs humanitaires aux populations dans le besoin et l’accès de celles-ci aux services sociaux de base demeurent aussi essentiels. Rien qu'en 2022, au moins 860'000 personnes ont été privées à un moment ou à un autre d'une assistance vitale, parfois pendant de longues périodes. Les incidents sécuritaires et les attaques ciblées contre les humanitaires en RDC sont un grand défi pour l’accès humanitaire. En 2022, on a recensé environ 293 incidents de sécurité affectant directement les travailleurs humanitaires et les biens humanitaires contre 292 incidents en 2021. Neuf humanitaires ont été tués en 2022, 21 enlevés et 23 blessés. La menace d'enlèvement contre les humanitaires, les conflits localisés et l'insécurité qui sévissent sur plusieurs axes routiers sont parmi les contraintes les plus critiques qui affectent les opérations humanitaires. Dans le même temps, les contraintes administratives et la faible infrastructure routière continuent à être des importantes contraintes pour l’accès.

On note aussi depuis 2021 une érosion nette du respect du caractère civil des camps de déplacés et une augmentation des attaques contre des services médicaux et autres infrastructures civiles. Celles-ci, y compris les attaques dirigées contre les civils et les infrastructures civiles, y compris les unités médicales telles que les hôpitaux, sont strictement prohibées par le droit humanitaire international.

Nous appelons toutes les parties prenantes au conflit à garantir aux acteurs humanitaires un accès rapide, sûr et sans entraves à toutes populations affectées, dans le respect des principes humanitaires de neutralité, indépendance, humanité et impartialité.

Au nom des millions de Congolais, hommes, femmes et enfants contraints de vivre dans des conditions difficiles en raison de l’insécurité et de ses conséquences humanitaires, je voudrais remercier les bailleurs des fonds pour leur générosité, et les exhorter à continuer à prêter une attention particulière à ce pays. Leurs contributions financières sont essentielles aux interventions humanitaires comme aux interventions de Nexus humanitaire-développement- paix.

Je les encourage notamment à contribuer à travers le Fonds Humanitaire pays, un instrument clé pour renforcer la coordination des interventions ainsi que l’appui aux organisations nationales et à l’agenda de la localisation.
Je tiens à adresser ma profonde reconnaissance au Gouvernement congolais, aux communautés locales, aux partenaires humanitaires, ainsi qu’aux bailleurs de fonds pour leur engagement et soutien sans faille aux efforts visant à fournir une assistance vitale aux congolaises et congolais les plus vulnérables. Je me réjouis de continuer à travailler avec tous et toutes pour faire en sorte que l'aide humanitaire atteigne ceux qui en ont le plus besoin et complète les activités à plus long terme qui permettent à la population de se développer et de prospérer.

On est ensemble!

Bruno Lemarquis Coordonnateur Humanitaire

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